Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 80e Congrès de l’Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Concept dynamique, l’enfance est souvent pensée et repensée du point de vue des adultes au point qu’elle apparaît comme une invention, une construction. Dans l’espace et dans le temps, les conceptions de l’enfance se sont sans cesse renouvelées. Aussi l’histoire de l’enfance peut-elle se décliner en termes d’histoire culturelle. Abordée dans des cadres tels que la sociologie, l’anthropologie et l’éducation, l’enfance fait également l’objet de réflexions poétiques et philosophiques, par exemple, au siècle des Lumières chez des auteurs comme Herder, Novalis, Jean Paul et Tieck. À ce sujet, on peut se référer à l’ouvrage fondamental (paru en allemand, 1989) de Hans-Heino Ewers L’enfance comme forme d’existence poétique. Études relatives à l’émergence de l’utopie romantique autour de l’enfance au 18e siècle. Dans la même perspective, il est à noter que la littérature de jeunesse en Europe peut être comprise comme étant le produit de ces constructions poétiques et philosophiques de l’enfance au siècle des Lumières et du romantisme (Emer O’Sullivan, 2000).

Le contexte contemporain est marqué par de nouvelles représentations de l’enfance. Le statut de l’enfant a radicalement changé. Disposant désormais de divers droits qui le protègent et lui assurent une certaine autonomie, l’enfant devient ainsi un sujet, un acteur dans la vie sociale.

Le colloque se propose d’examiner les enjeux poétiques et esthétiques qu’implique le nouveau statut de l’enfant dans la littérature contemporaine (jeunesse et générale) d’expression française. Les œuvres vont-elles au-delà de la réalité de l’enfance, pour en proposer par exemple une nouvelle utopie ? Il s’agira d’appréhender les stratégies d’écriture mises en œuvre pour construire une poétique de l’enfance. On pourra étendre la réflexion au cinéma. Ce dernier porte-t-il un regard poétique sur l’enfance ?

Axes possibles : l’imaginaire enfantin, réflexions d’ordre théorique et philosophique, l’enfance heureuse, l’enfance comme utopie

Dates :
Responsable :

Programme

Communications orales

Enfance et mémoire

  • Mot de bienvenue
  • L'écriture de l'enfance dans Le dernier frère de Nathacha Appanah
    Véronique Chelin (UdeM - Université de Montréal)

    En ce qui concerne les littératures de l'océan Indien, l'une des problématiques inexplorées par la critique est l'écriture de l'enfance. Depuis une trentaine d'années, nombre d'écrivains comme Ananda Devi, Nathacha Appanah, Shenaz Patel, Jean-François Samlong et Axel Gauvin ont tous exploré ce thème par le biais de personnages ou même de narrateurs enfants dont l'imaginaire et les rapports avec la société constituent les moteurs de la narration. Nous proposons d'interroger un cas précis, celui du roman Le dernier frère de l'écrivaine mauricienne Nathacha Appanah, publié aux Éditions de l'Olivier en 2007. Dans cet ouvrage, l'univers de l'enfance permet à Appanah de jeter un regard neuf et original sur la société mauricienne des années 1940 et, surtout, sur un pan méconnu de son histoire : la déportation et l'internement, de décembre 1940 à août 1945, de quelque 1 500 Juifs européens à l'île Maurice. À l'aide d'une narration rétrospective et introspective, le narrateur raconte son enfance difficile à Mapou, le déménagement à Beau-Bassin, où son père obtient du travail à la prison, et la rencontre du petit David, l'un des enfants juifs internés. Notre étude tentera de répondre aux questions suivantes : Comment le personnage enfant est-il représenté? Quelles relations entretient-il avec son milieu et certains personnages-clés? Qu'en est-il du rapport à l'autre au sein de ce texte? De quelle façon Appanah aborde-t-elle les problématiques de la mémoire et de l'histoire?

  • Remémoration créative de l'enfance dans Antan d'enfance, Chemin-d'école et À bout d'enfance de Patrick Chamoiseau
    Isao Hiromatsu (UdeM - Université de Montréal)

    Depuis le début de sa carrière, l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau focalise son travail sur la reconstruction et la transmission des mémoires perdues ou en voie d'être oubliées dans les sociétés antillaises. Ses romans continuent de mettre en scène le narrateur-personnage nommé « Oiseau de Cham » qui lutte contre l'oubli de « mémoires collectives ».

    Toutefois, ce regard rétrospectif de l'auteur n'est pas seulement axé sur les temps révolus des communautés antillaises, mais aussi sur le passé individuel qui se trouve au bord de l'abysse de l'oubli. Écrite sur une période d'une quinzaine d'années (1990-2005), sa trilogie d'enfance — Antan d'enfance, Chemin-d'école et À Bout d'enfance — confirmera plus distinctement sa prédilection pour le thème de la reconstruction du passé. À la différence du narrateur-personnage de ses romans centrés sur les phénomènes plutôt collectifs, le narrateur de cette trilogie entreprend de saisir l'enfance fugitive au moyen d'un remontage ni consécutif ni chronologique de la « mémoire individuelle ».

    Quelle valeur narrative et théorique la figure de l'enfant porte-t-elle chez Chamoiseau ? Ce travail de reconstruction du passé ne nous montre-t-il pas une autre façon d'écrire l'histoire individuelle que la biographie ou l'autobiographie proprement dite ? Notre communication examinera une telle problématique dans la trilogie d'enfance de Chamoiseau.

  • Patrick Modiano, écrivain pour l'enfance et sur l'enfance
    Emna Beltaief (Université de Tunis)

    L'œuvre romanesque de Patrick Modiano a pour thématique majeure la mémoire, mémoire de narrateurs qui hésitent entre le souvenir et l'oubli, mémoire de narrateurs aux prises avec les « trous noirs » de la mémoire, mémoire d'une enfance douloureuse liée au passé obscur du père et à la mort du jeune frère auquel sont dédiés systématiquement les premiers livres. Mais, il existe aussi dans les écrits de l'écrivain, des textes appartenant au genre de la littérature de jeunesse. L'on pense particulièrement à Catherine Certitude, publié aux éditions Gallimard, en collaboration avec Sempé en 1988, au diptyque Une aventure de Choura et Une fiancée pour Choura (Paris, Gallimard, 1986 et 1987) ouvrages illustrés par Dominique Zehrfuss, ou encore à la fable Dieu prend-il soin des bœufs ?, illustrée par des dessins à la gouache de Gérard Garouste, livre rare édité à 160 exemplaires chez Acadia en 2003. Nous nous proposons d'analyser ces œuvres destinées à un jeune public car, tout en obéissant aux codes de la littérature de jeunesse, elles contiennent une dimension qui dépasse les frontières didactiques. Reprenant les thèmes modianiens, elles font écho d'une certaine manière aux obsessions de l'écrivain. Aussi peut-on parler d'une « poétique de l'enfance » modianienne qui donne sens à des écrits souvent relégués au second plan. Plus encore, l'intra-textualité qui caractérise l'œuvre de Patrick Modiano, rejaillit dans ces textes.

  • Pause

Communications orales

Enfance et utopie

Présidence : Emna Beltaief (Université de Tunis)
  • L'enfant-héros d'après-guerre en France : un « modèle transhumain » au service d'une représentation utopique et eutopique de l'enfance
    Aurélie Gille Comte-Sponville (Université d'Artois)

    Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le premier choc pétrolier de 1973, la France vit une période de croissance économique remarquable : les Trente Glorieuses. L'édition pour la jeunesse y participe pleinement et de nombreux romans jettent des enfants ou des adolescents ordinaires sur les chemins de l'aventure – surtout dans la collection « Signe de Piste » – ou au cœur d'enquêtes policières trépidantes – dans les séries à succès de la « Bibliothèque verte » par exemple.

    Cet enfant français d'après-guerre est le plus souvent d'une banalité confondante ; mais la grande liberté dont il dispose ainsi que les qualités qu'il révèle – vertu, courage, enthousiasme, honnêteté, désintéressement, fidélité –lui permettent de se distinguer de ses pairs. Confronté au mal récurrent qui prend souvent les traits de l'adulte, il se tient toujours du côté de la justice dans le combat manichéen qui oppose le bien au mal ; il résout l'énigme, rétablit l'équilibre et s'attire la considération admirative de sa famille comme des forces de l'ordre.

    Cette communication se propose d'interroger les enjeux de cette représentation trompeuse et idéalisée de l'enfance qui offre au jeune lecteur un « modèle transhumain » (Mircea Eliade) pour construire une représentation à la fois utopique et eutopique de l'enfance.

  • Le personnage de l'enfant poète dans La vie est ailleurs de Milan Kundera
    Myriam Béji (UdeM - Université de Montréal)

    Dans son dictionnaire intime publié dans L´art du roman (1986), Kundera donne un aperçu de la conception altérée de l´enfance à travers la définition du néologisme « infantocratie ». Celle-ci est selon lui « l´idéal de l´enfance imposé à l´humanité ». Comment Kundera conçoit-il le personnage de l´enfant et quel traitement lui réserve t-il ?

    Cette brève allusion à l´enfant dans son essai nous donne de prime abord une idée sur le traitement qui lui est réservé dans son œuvre romanesque. La seule présence infantile notable est celle de Jaromil, personnage principal de La vie est ailleurs (1987). Le roman est une biographie fictive dont la première partie est entièrement consacrée à l´enfance du futur poète Jaromil (les circonstances de sa naissance, la mort de son père et sa vie avec sa mère).

    Kundera se sert dans ce roman du thème de l´enfance comme assise lui permettant de développer l´un de ses sujets de prédilection, à savoir le lyrisme. Il ne s´agit pas pour l´auteur d´un traitement conceptuel purement esthétique. Kundera cherche à représenter une attitude individuelle vis-à-vis de soi-même et du monde. L´enfant est le représentant par excellence du lyrisme sous toutes ses formes et de l´éternelle jeunesse tant prônée par la société moderne. C´est donc à travers cette figure que Kundera se lance dans son entreprise de démystification.

  • Dîner

Communications orales

Figures de l'entre-deux

Présidence : Anaïs Nony (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))
  • L'enfance saisie par l'Histoire : les enfants-soldats dans les fictions francophones postcoloniales
    Marie Bulté (Université Rennes 2)

    Je me propose d'étudier une poétique particulière de l'enfance, celle qui met en scène des enfants-soldats dans la production africaine francophone contemporaine.

    Ce qui sera au cœur de mon étude, c'est la manière dont la fiction traite cette réalité factuelle des enfants-soldats. L'identité de ces enfants-soldats est problématisée dans Allah n'est pas obligé (2000) de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, Le Monde est gueule de chèvre (2007) de Joëlle Sambi, auteure d'origine congolaise, et Tarmac des Hirondelles (2008) du Camerounais Georges Yémy.

    L'enfant-soldat est marqué par l'hybridité – hybridité qu'il s'agira d'éclairer par les théories postcoloniales. Hybridité entre victime et bourreau mais aussi hybridité entre le monde de l'enfance et le monde des adultes. Cette expression d'« enfant-soldat » doit alors être repensée comme un absurde qui est en réalité une non-identité. Ce non-sens s'accompagne d'un monde à l'envers (Mikhaïl Bakhtine) qui rend compte du chaos de la guerre. Monde à l'envers dans lequel les armes ont remplacé les jouets de l'enfant, dans lequel on ne joue plus à la guerre mais on la fait.

    L'Histoire saisit donc l'enfance, la dérobe. Or, dans un dernier temps, j'étudierai la manière dont l'enfant peut en retour saisir l'Histoire par des moyens d'appropriation qui lui sont propres, moyens qui auront des conséquences sur l'esthétique romanesque.

  • L'ambivalence de la figure de l'enfant dans Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma

    La représentation figurative de l'enfant dans la littérature africaine a subi une évolution remarquée depuis quelques décennies. Arraché d'une situation de candeur puérile par l'absurdité des adultes, l'enfant, caractérisé par l'innocence et l'irresponsabilité, se métamorphose et opère un remaniement de soi pour tenter de trouver sa place dans un monde anomique. Cette nouvelle donne qui impose un comportement d'adulte chez l'enfant crée une ambivalence de la figure de l'enfant qui se situe dans un espace de l'entre-deux. Agissant selon une dualité qui se construit au gré des situations, l'enfant se détermine par une configuration interstitielle qui devient la dynamique motrice de ses actes et d'un processus de construction de soi. La dichotomie enfance/adulte s'estompe pour laisser la place à une ambivalence de comportements déterminée par la situation d'enfants placés dans un vécu adulte.

    Dans Allah n'est pas obligé, le parcours figuratif du héros-narrateur laisse entrevoir l'ambivalence de la figure de l'enfant-soldat. Au-delà des causes transcendantes comme l'embrigadement par la force, le spectre de la pauvreté et de la précarité devient le facteur et la dynamique qui modifient le comportement de l'enfant.

    Cette communication tente d'analyser la configuration du statut de l'enfant dans Allah n'est pas obligé pour voir comment cette ambivalence et cette identité interstitielle se manifestent dans la fiction.

  • Pause

Communications orales

Regards nouveaux sur l'enfance

Présidence : Véronique Chelin (UdeM - Université de Montréal)
  • Enfant chorégraphie de Boris Charmatz, regard sur un changement de perception
    Nilda Taskopru (Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris 10))

    Enfant a marqué la 65ème édition du Festival d'Avignon en été 2011. Pour sa création, le chorégraphe est parti du constat qu'un changement de perception sur l'enfance s'est opéré dans notre société : il y a trente ans, le mot enfant faisait référence à la joie de vivre, à l'insouciance (archétype de l'enfant mythique) ; alors qu'aujourd'hui nous pensons plus à la répression autour de l'enfance ; pédophilie, instrumentalisation Ces transformations de résonances retrouvent un écho dans Enfant dont la force symbolique s'affirme par une machinerie qui déplace des corps dansants et par les 26 corps d'enfants portés, traînés, ramassés par 9 adultes.

    Ma communication se veut une réflexion sur cette construction symbolique. En me basant sur ma recherche actuelle, j'y tâcherai d'appréhender l'écriture chorégraphique par les questions suivantes : Pourquoi une lecture de la pièce par stricte catégorisation (enfant, adulte, machine) s'annonce réductrice ? En quoi les machines finissent par apparaître comme des corps dansants et les corps enfants et adultes en corps machines? Comment les notions corporelles (porter, toucher, abandon du poids, inertie) établissent des liens entre les trois et renvoient au monde enfantin et à ses sensations ? Ces questions nécessitent une approche par l'œuvre (phénoménologique) secondée par l'analyse du mouvement dansé et la lecture critique du discours du chorégraphe pour relever le regard poétique sur l'enfance de cette pièce contemporaine.

  • Poétique du volatile et figures d'enfance dans l'œuvre littéraire de Kossi Efoui
    Anaïs Nony (Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3))

    Cette contribution propose d'analyser les figures d'enfance dans la poétique de Kossi Efoui, auteur et dramaturge francophone.[1]Nous détaillerons comment l'écrivain joue du motif de l'oiseau pour cueillir la singularité de l'humain. Nous identifierons le thème de l'envol créateur comme approche de ce que les hommes ont en commun : le devenir au monde. Dans cette écriture, la figure de l'enfant s'inscrit dans une poétique du volatile, que nous définirons, et devient la pierre de touche de l'auteur pour dire le refus du dressage de l'existence.

    Nous articulerons notre analyse selon deux axes. Un premier axe abordera la figure de l'enfant absent à toute parole (l'infans) dont les silences grouillent d'histoires. Ce sera l'occasion d'aborder la singularité du rapport entre le nourrisson et l'espace matriciel et nourricier de l'amour. Un second axe abordera la figure de l'enfant et son apprentissage de la langue des âmes dans la poétique de l'auteur. Enfin, nous ouvrirons plus généralement sur l'écriture de l'auteur qui invite à une lecture aérienne à travers le prisme de l'envol créateur.

    [1]Kossi Efoui est auteur de quatre romans, cinq nouvelles et dix-sept pièces de théâtre, majoritairement publiés aux éditions Le Seuil, Lansman et Le bruit des Autres.

  • Nouveaux enfants, nouveaux ogres
    Alain Montandon (Université Blaise Pascal)

    S'agit-il, dans une perspective de sociopoétique, de remaniements imposés par de nouvelles représentations de l'enfance ? De nombreuses questions se posent à propos des réécritures de Barbe Bleue qui nous serviront de fil directeur pour un essai de théorisation.

    Ma communication porterait sur la mutation des personnages « négatifs », autrefois terrifiants et qui ont été métamorphosés à l'ère contemporaine. Non seulement les dragons sont devenus gentils, mais les loups d'agréables compagnons pour des Chaperons rouges bien moins naïves et bien plus délurées que leur ancêtre. A travers différents ouvrages et album (j'analyserai à la fois les textes et les illustrations – ce qui implique bien sûr un power point -) mon attention se portera sur les ogres, les dévorateurs d'enfant, mais plus particulièrement sur la figure de Barbe Bleue qui dans les livres de jeunesse connaît de singulières réécritures.

    Comment des créatures terrifiantes autrefois sont-elles devenues aujourd'hui sinon des doudous du moins de gentils compagnons, pourquoi et comment ? Quelles sont les significations de ces bouleversements ? S'agit-il d'une pente lénifiante du néolibéralisme pour surmonter peurs et angoisses ? Ogres et Barbes bleues ont-ils à faire avec l'économie : thésauriser, amasser, dépenser, ingérer, mettre de côté (nouvelles soupes au caillou et nouvelles chambres froides ?)

  • Pause

Communications orales

L'enfance heureuse

  • Le royaume de l'enfance dans la nouvelle africaine d'expression française
    Kodjo Attikpoé (Memorial University of Newfoundland)

    Dans la littérature africaine contemporaine, l'écriture de l'enfance semble s'attacher à peindre les souffrances et les réalités mortifères auxquelles est confronté l'enfant africain. Cette écriture du trauma s'articule particulièrement dans le roman et autour de la figure de l'enfant-soldat, qui apparaît désormais comme un véritable topos littéraire. On notera que ce phénomène ne manque pas de retenir l'attention de la critique, comme en témoigne le dernier numéro de la revue Études Littéraires Africaines, (no 32, 2012, L'enfant-soldat : langages et images). Cette focalisation peut donner à penser que cette littérature africaine fait l'impasse sur le motif de l'enfance heureuse. Mais à y regarder de très près, l'on constate que celui-ci est décrit sous la plume de certains nouvellistes.

    En s'appuyant sur les recueils L'enfant des masques (1999) de Ludovic Obiang et Enfances (2008) d'Alain Mabanckou, cette communication vise à examiner comment la nouvelle, par les traits génériques tels que la concision, la densité narrative, le rythme temporel, traduit la poésie du monde de l'enfance.

  • Les « Enfants Terribles » ont grandi. Passage des générations et renouveau de la fable chez Alain Mabanckou et Kossi Efoui
    Célia Sadai (Université Paris-Sorbonne (Paris 4))

    Convoquer enfance et écriture dans les littératures africaines apparaît comme une tautologie. Des œuvres « classiques » telles L'Enfant noir de Camara Laye (1953), Ethiopiques de L.-S. Senghor (1956) ou L'Aventure ambiguë de C.H. Kane (1961) ont construit une imagerie folklorique et « ethnographique » de l' « enfance africaine », figée en topos littéraire où l'enfant est nécessairement solidaire du clan, de l'ethnie … Jusqu'à l'émergence de « l'enfant-soldat» dans les années 1990. Figure largement diffusée par les reporters de guerre à l'ère de la « solidarité internationale », l'enfant-soldat est un orphelin privé de droits et assujetti comme force militaire. Enfin, Tierno Monénembo rompt avec ce nouvel archétype dans Cinéma (1997) où il renoue avec une vision romantique de l'enfance, qu'une décennie de violence avait évacuée.

    Nous nous intéresserons aux manifestations de cette « enfance heureuse » chez Alain Mabanckou et Kossi Efoui. Proclamés « Enfants Terribles de la postcolonie », chargeant les nations despotiques qui les ont « enfantés », ils sont aujourd'hui Passeurs d'une génération et inscrivent le regard de l'enfant au cœur des textes. Défiant des voix d'autorité dogmatiques ou velléitaires, la voix d'enfance est dépositaire de ses propres savoirs, et nourrit une poétique du conte qui joue des pouvoirs de la fable pour porter la virtualité d'un monde trop actualisé. Sous la protection des Passeurs, l'enfant est désormais prédicateur de foi et d'innocence.

  • Mot de clôture