Informations générales
Événement : 80e Congrès de l’Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Le progrès scientifique prédisait le déclin, voire l’extinction de la religion. Pourtant, elle est d’actualité. Nous envisageons dans le cadre de ce colloque d’explorer les mutations du religieux dues à la migration. D’un côté, des immigrants reçus s’installent aspirant à être acceptés dans leurs identités culturelles, y compris religieuses. De l’autre, des réfugiés, privés des droits de citoyens, cachés du débat public, bien que présents dans la société tentent de préserver leurs pratiques religieuses. En parallèle, une émigration intra-religieuse se développe pour fournir des cadres ecclésiaux, là où ils sont en pénurie.
Comment les croyants issus de toutes les traditions participent-ils à la production de nouvelles catégories identitaires ? Est-ce qu’ils adoptent, rejettent ou négocient la religion ? Sujets citoyens, ils vivent, pour les uns, une « acculturation », c’est-à-dire un changement dans les modèles originaux de pratiques du fait d’un « contact continu et direct » avec des cultures différentes, et pour les autres, une « inculturation », c’est-à-dire l’insertion de leur expérience religieuse dans l’enrichissement de la culture religieuse de la société d’accueil. Au-delà de leur perception par les populations locales, l’installation définitive de ces croyants met en lumière des zones de tension souvent attribuées à un conflit axiologique plutôt qu’à des politiques d’intégration. Or, cette perception d’une opposition de valeurs semble bien illusoire, car il s’agit d’un processus complexe de négociation entre les valeurs d’ici et d’ailleurs, une négociation qui commence avant tout avec une reconnaissance réciproque et une déconstruction des préjugés. Ce colloque permettra de mieux cerner les transformations religieuses dans la perspective d’expériences issues de parcours migratoires particuliers.
Axe 1 – Femmes et religions
Axe 2 – Communautés religieuses et pratiques
Axe 3 – Gestion du religieux
Axe 4 – Questions théoriques
Axe 5 – Diversité religieuse et État
Dates :- Patrice Brodeur (UdeM - Université de Montréal)
- Denitsa Tsvetkova (UdeM - Université de Montréal)
- Samia Amor (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Axe 1 (Femmes et religions); Axe 2 (Communautés religieuses et pratiques); Axe 3 (Gestion du religieux)
-
Mot de bienvenuePatrice Brodeur (UdeM - Université de Montréal)
-
Du camp de réfugiés au CHUS : récit d'adaptation d'une Néo-Sherbrookoise d'origine népalaise entourant la naissance de son enfant au Québec et comparaison des dimensionsMarie-Noëlle Bélanger-Lévesque (UdeS - Université de Sherbrooke)
S'il semble évident que la naissance est une expérience humaine intense souvent entourée par une dimension spirituelle et religieuse, cet aspect demeure largement inexploré en contexte québécois contemporain où l'accouchement est largement perçu comme appartenant au monde médical. Cette originalité du contexte actuel de naissance pour tous les parents peut être particulièrement frappante pour un nouvel immigrant.
Cette présentation débutera avec un bref résumé des recherches de l'équipe interfacultaire SPIN (SPIritualité et Naissance) pour se concentrer ensuite sur l'expérience de cette mère. Une comparaison sera faite entre son vécu spirituel et religieux et celui de quatre couples « de souche ». Ainsi, malgré une appartenance à une tradition religieuse différente (hindouisme et catholicisme) et des défis propres à la migrante (difficultés à trouver une personne adéquate pour le rituel d'accueil de l'enfant, etc.), ces entretiens révèlent qu'étonnamment des parallèles se font, notamment sur la distance prise face à la religion traditionnelle de la communauté d'appartenance d'origine, les raisons invoquées pour les rituels religieux d'accueil et sur le manque de vocabulaire pour décrire le vécu spirituel entourant la venue d'un enfant.
-
Les Québécoises musulmanes d'origine algérienne (Qmoa) et l'acculturation du droit islamique dans l'environnement juridique du QuébecSamia Amor (UdeM - Université de Montréal)
Aujourd'hui, le rapport migration/ religion fait l'objet d'une visibilité universitaire par la combinaison de deux phénomènes : l'intensification du flux migratoire et l'apparition de certains signes religieux dans la sphère publique.
La recherche à l'origine de cette présentation, met en lumière les tensions dans les représentations, les modes d'identification et d'utilisation des référents religieux vécues par les Qmoa au moment de la prise de décision du divorce. Il s'agit d'un état qui résulte, entre autre, d'une « acculturation » au sens de processus de « changements du modèle culturel originel consécutivement à un contact continu et direct » avec une autre culture, en l'occurrence la culture québécoise.
La présentation se propose de faire état de 2 axes. Dans le premier axe sera étudiée, à partir de l'analyse des jugements rendus par la Cour supérieure du Québec, l'influence de l'élément religieux dans la prise de décision de la rupture matrimoniale. Dans le second axe sera exposé de manière sommaire, les résultats d'une analyse des entrevues sur la double reconfiguration, tant au niveau du rapport homme femme que du rapport à l'islam, du parcours migratoire. À partir de l'angle de l'acculturation, cette présentation conclura sur la recomposition identitaire religieuse en aval de l'équation Québécoises musulmanes d'origine algérienne – islam et migration
-
L'immigration de l'Église bulgare à Montréal : l'acculturation et l'inculturation du prêtre et du droit canoniqueDenitsa Tsvetkova (UdeM - Université de Montréal)
Peut-on parler d'immigration d'une église? Autant qu'il s'agisse d'un déplacement légalisé d'une institution dûment passée par la procédure juridique, le parallèle avec la définition d'immigration semble-t-il évident. Pourtant, le résultat d'un tel déplacement est une ecclésiologie renversée par rapport à ses principes de base, car les notions « Église locale » et « l'Église nationale »(Baillargeon 1989; Panev 1995) sont confrontées à une réalité « glocale »(Brodeur 2006). L'accommodement du mode de fonctionnement de l'église en diaspora est-il lié d'une perte identitaire et/ou d'un enrichissement? Une analyse comparative de deux codex de fondation qui découpent le fonctionnement de l'institution selon le droit civil et le droit canonique respectivement en Bulgarie et au Québec (Canada) démontre un glissement sémantique de la notion de l'Église. Comment le prêtre, lui-même immigrant, qui gagne sa vie pendant la semaine en travaillant dans la construction, perçoit les défis d'acculturation et l'inculturation? Quelle est la perception des immigrants bulgares de cette réalité?
La présente communication est une réflexion sur les questions émergeant de la réalité ecclésiale et communautaire des immigrants bulgares à Montréal, basée sur des entrevues semi-dirigées et sur une lecture parallèle de documents ecclésiaux de base.
-
Pause
-
La culture d'une pratique bouddhiste dans un temple au QuébecNancy Leclerc (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Au Québec, le vécu des pratiquants du bouddhisme tibétain est peu connu et encore moins, la pratique bouddhiste tibétaine. De nos jours, des pratiquants de différentes origines partagent non seulement des lieux communs, mais aussi à certains égards, une pratique bouddhiste commune. Dans cette ère moderne où des personnes québécoises avec ou sans passé bouddhiste se côtoient, il est à propos de vouloir comprendre comment la diversité culturelle se dessine et s'accommode dans le cadre d'une pratique culturelle particulière. La recherche qualitative, privilégiée dans cette recherche, permet de comprendre, par le discours et le vécu des pratiquants, leur pratique bouddhiste.
Notre objectif général est de comprendre la pratique bouddhiste de pratiquants québécois de trois origines différentes et ainsi, en dégager la culture de pratique d'un temple bouddhiste au Québec. Les objectifs spécifiques sont les suivants : 1) dégager les pratiques bouddhistes individuelles et collectives chez les Québécois d'origine québécoise, vietnamienne et tibétaine au temple bouddhiste Manjushri ; 2) dégager les transformations personnelles, sociales et culturelles qui surviennent au contact du bouddhisme tibétain ; 3) dégager les formes d'appartenance culturelle au bouddhisme tibétain ; et 4) dégager la culture de pratique du temple Manjushri.
-
D'hier à aujourd'hui : permanence et mutations du religieux selon les migrations chez les MennonitesRaphaël Mathieu Legault Laberge (UdeS - Université de Sherbrooke)
Je propose, dans le cadre de cette communication, d'adopter un point de vue socio-historique et anthropologique afin d'analyser théoriquement les mutations qui sont venues transformer, d'hier à aujourd'hui, le religieux des groupes mennonites en général, et plus particulièrement celui de la sous-dénomination mennonite Holdeman, qui étend actuellement ses ramifications jusqu'en Estrie. Comment le religieux s'est-il transformé suite aux multiples migrations des groupes mennonites et peut-on associer cette transformation à une acculturation ou à une inculturation? En fait, l'acculturation et l'inculturation se révèlent ici comme deux options non exclusives plutôt que comme des voies déterminées et irréversibles. Les identités religieuses mennonites qui émergent, selon une dynamique de schisme, se voient alors influencées et imbriquées aux données socioculturelles plus larges qui déterminent, jusqu'à un certain point, la mutation du religieux pour ces groupements. Ainsi, ces derniers conservent, d'une part, certaines croyances et pratiques selon une tradition teintée de rigidité alors que, d'autre part, certaines de leurs croyances et pratiques se transforment subrepticement sous l'influence des cultures ambiantes. Comme nous pourrons le constater, certaines situations permettent à la médiation, à la négociation et au compromis d'émerger pour certaines branches mennonites, alors que d'autres occasions poussent à la fermeture des groupes, voire à leur exil ou au schisme.
-
Dîner
-
Mémoire, silence et transmission : le cas de la communauté catholique laotienne de MontréalLamphone Phonevilay (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation tentera d'analyser le problème de la transmission intergénérationnelle de la mémoire d'exil que l'on retrouve au sein des familles composant la communauté catholique laotienne. La recherche a en effet permis de faire ressortir que les membres de cette dernière qui ont fui le Laos dans les années qui ont suivi l'implantation d'un régime communiste dans ce pays en 1975 ont peu parlé des circonstances et des raisons de leur exil à leurs enfants, gardant ainsi un silence plus ou moins généralisé sur cette période de leur existence. La présentation sera divisée en trois parties. Dans un premier temps, nous ferons un bref survol historique de la trajectoire de ces immigrés laotiens, de l'arrivée du communisme au Laos à leur installation au Québec et à la création de la communauté catholique laotienne de Montréal. Dans un deuxième temps, nous aborderons plus précisément la question du silence que gardent ces exilés relativement à leur mémoire d'exil, ses causes, ses motifs et ses effets sur leurs enfants. Enfin, dans un troisième temps, nous verrons que ce silence, quoique bien présent, ne demeure jamais absolu : il comporte des brèches, de telle sorte qu'il y a toujours, malgré tout, une certaine transmission intergénérationnelle qui s'opère de manière subtile, ce qui tend à démontrer que dans toute expérience ou mémoire « de souffrance », il y a quelque chose qui cherche à se dire et qui se refuse ainsi à être complètement oublié
-
Analyse comparative de la doctrine et des pratiques contemporaines de la voie soufie Burhaniya dans le monde arabe et en OccidentJason Sparkes (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation aura pour objectif d'observer les éléments de continuité et de transformation de la voie spirituelle d'Ibrahim al-Desuqi (13e siècle) par les cheikhs de la Tariqa Burhaniya, depuis environ un siècle. Après un survol de la généalogie spirituelle de la Burhaniya – en particulier ses racines shadhilites – la majeure partie du travail sera consacrée à la façon dont cet héritage a été perpétué et adapté aux réalités modernes. Le berceau de la Burhaniya est le Soudan et l'Égypte, où elle a été fondée dans les années 1930. Par contre, depuis les années 1980, elle évolue également dans un contexte cosmopolite et international, dont le Canada. Elle compte parmi ses adhérents des gens de tous les continents, dont plusieurs jeunes. Le chef actuel de la confrérie incarne lui-même cette réalité cosmopolite et complexe. Il a deux citoyennetés : soudanaise et allemande. Il est le premier Cheikh dans sa lignée à se marier à une Occidentale. Il pratique la médecine, qu'il a étudiée en Allemagne, tout en voyageant énormément dans le cadre de ses fonctions spirituelles. En plus d'une présentation des doctrines et des pratiques spirituelles de la Burhaniya, une partie du travail traitera des prises de position de cheikhs de la confrérie quant aux enjeux contemporains comme le néocolonialisme, l'extrémisme religieux, la modernisation et les relations interculturels.
-
Pause
-
Identités religieuses et médias : étude documentaire des controverses religieuses dans les médias francophones au Canada (2010-2011)Roger Alfani (UdeM - Université de Montréal)
Depuis les événements de septembre 2001 à New York, plusieurs spécialistes reconnaissent le rôle important que jouent les médias face aux tensions liées à la religion. On y fait écho à des faits traitant de la religion, sous des angles divers : revendications des adeptes d'une croyance ou d'une autre, diversité religieuse, conflits ethnos-religieux, etc. Cet exposé s'appuie sur l'analyse d'une banque de données constituées d'articles prélevés dans les principaux médias écrits francophones, entre avril 2010 et mai 2011. À l'aide du logiciel Ethnograph, nous avons codé les données selon une trentaine des catégories. Cette cueillette et cette analyse poursuivaient deux objectifs. Le premier objectif était de comprendre comment les principaux médias francophones au Canada et en particulier au Quebec ont relaté les grandes controverses ayant trait à la religion, en plus d'analyser comment s'y construisent et s'expriment les identités religieuses . Le second objectif cherchait à examiner quelques répliques d'individus ayant trait aux représentations de leurs croyances par les médias, en sélectionnant des controverses spécifiques. Ce projet a été mené sous la direction de Solange Lefebvre (Université de Montréal) et Peter Beyer (Université d'Ottawa), co-directeur de l'axe de recherche sur les identités religieuses, dans le cadre du Grand projet de recherche concerté sur la diversité religieuse au Canada, dirigé par Lori Beaman (Université d'Ottawa).
-
Les musulmans de Finlande face à un modèle de reconnaissance de la diversité : un défi ou une opportunité de gestion/politiqueTanja Riikonen (UdeM - Université de Montréal)
L'objectif de l'exposé est d'étudier l'islam en Finlande en relation avec les politiques de la diversité à l'œuvre dans le pays. La Finlande, un État-nation souverain depuis 1917, est majoritairement luthérienne et souvent décrite comme culturellement homogène. Pourtant, la visibilité des musulmans y a augmenté considérablement depuis les deux dernières décennies. Ceci est dû, entre autres, à l'accroissement de la mobilité internationale. L'État finlandais s'inscrit dans une optique dite de non-confessionnalité, mais un statut privilégié constitutionnel est accordé à l'Église évangélique-luthérienne de Finlande. Malgré la sécularisation croissante dans le pays, à l'instar de plusieurs États occidentaux, le but de l'État finlandais ne semble pas être la marginalisation ou la privatisation de la religion, ni de la majorité luthérienne, ni des minorités ethno-religieuses. Pourtant, ce contexte nordique paraît se caractériser actuellement par la montée du parti politique de droite nationaliste, ce qui modifie les attitudes publiques envers les minorités. Notre exposé examinera ce contexte particulier, et proposera une analyse de la situation des musulmans en Finlande. De plus, puisque chaque histoire nationale accorde une certaine place légale aux minorités dans la sphère publique et donc, contribue à forger leurs identités, notre réflexion débouchera sur une problématisation des politiques finlandaises de la diversité et de ses transformations critiques actuelles.
-
Discussion
Axe 4 (Questions théoriques); Axe 5 (Diversité religieuse et État)
-
Mot de bienvenue
-
Le problème des religions sans personne : pour un dialogue spirituelDaniel Proulx (UCL - Université catholique de Louvain)
Avant de pouvoir traiter de l'inculturation ou de l'acculturation issue des parcours migratoires et de la mise en relation de personnes ayant une foi, et ce, même si celle-ci est la foi de ne pas avoir foi : il faudrait se demander quelle est la relation entre religion et personne, car il faut constater qu'une religion sans personne n'est pas possible. De l'autre côté, la personne sans religion, l'individu, c'est ce qu'ont annoncé les perspectives sécularisantes. Métaphysiquement, dans les différents vécus spirituels de la tradition abrahamique, comment est conçue la personne et quelle est l'incidence de cette perspective sur les rapports établis par des personnes dans une culture donnée?
Y a-t-il une antériorité éternelle permettant de fonder ou de refonder la personne, faisant apparaître un fondement à partir duquel la perspective d'acculturation ou d'inculturation devient possible? Ne faut-il pas s'inculturer ou s'acculturer à partir de soi? Et si ce « à partir de soi », qui nécessite une personne, était simultanément « à partir de l'autre »? « Acculturation-inculturelle » et « inculturation-acculturelle » deviennent possibles et logiquement vécues par la personne lorsqu'elle est comprise comme le fondement profondément non contradictionnel des croyant(e)s et des croyances. Le dialogue comme « verbe » traversant et liant les personnes est alors possible et nécessaire comme acte d'emblée spirituel.
-
L'illusion identitaire : problématisation du concept « d'identité », de « religion » et de « culture »Jérôme Pilon (Université d’Ottawa)
Ces 3 concepts, c'est-à-dire « l'identité », la « religion » et la « culture » semblent aller de soi dans de nombreuses analyses. Mais le sont-ils vraiment ? L'évidence de ces concepts crée en apparence des « objets » facilement observables et délimitables. Une analyse discursive révèle qu'ils sont davantage une illusion discursive qu'une réalité concrète. Une remise en question des concepts « d'identité », « de culture » et « de religion » révèle une généalogie liée à la culture occidentale, et non une « objectivité ». De plus, l'illusion d'un phénomène homogène dénommé « culture » ou « religion » fait fi de l'hétérogénéité et de la complexité de la réalité.
En ce qui concerne le concept « d'identité », sa généalogie démontre une complicité avec l'ontologie et la métaphysique, c'est-à-dire la philosophie. Celle-ci délimite et circonscrit le concept même « d'identité ». Ce concept est intrinsèque au discours occidental. Le tout devient davantage problématique lorsque, juxtaposé aux concepts de « religion » et de « culture » – deux autres concepts intrinsèques au discours occidental –, ce discours prétend circonscrire et problématiser des enjeux « objectivement » réels. Ainsi, l'articulation de ces trois « entités » sera inévitablement légiférée et déployé par un discours philosophique occidental. Toutes problématisations ayant recours à ces trois entités sera circonscrite et délimitée à certaines variations toujours déjà inscrite dans un discours philosophique occidental.
-
Migrations et dynamiques religieuses : comprendre en passant par l'identité des personnesValérie Desgroseilliers (Université Laval), Nicholas VONARX
La migration représente une transition dans la vie d'une personne. Selon la pensée d'Alfred Schütz (2008), le passage d'un monde familier à un monde étranger implique des transformations existentielles profondes, qui confrontent toute personne à un nouvel « ordre social du monde ». Lorsque de telles conditions d'existence viennent ébranler un ordre du quotidien, le fait religieux/spirituel peut devenir une ressource significative et pratique qui permet de redonner du sens, et de retrouver des sentiments de cohérence, d'unicité, de continuité et de reconnaissance. Dans le contexte de la modernité, pour mieux comprendre comment le religieux participe à une réinscription de soi, il est important d'accorder une attention particulière aux formes religieuses que des personnes mobilisent au cours de leur trajectoire migratoire. Il devient essentiel d'explorer les référents qui composent les nouveaux contenus religieux dans la quête identitaire des migrantEs. Pour y parvenir, nous proposons une approche du religieux/spirituel qui ne se limite ni à l'institution ni aux systèmes de croire traditionnels. Cette approche reconnait la part de subjectivation à l'oeuvre dans les modes de croire contemporains, qui donne lieu à des religiosités personnalisées. Dans cette perspective, la forme et le sens du sacré relèvent de l'expérience, tout en évoquant des besoins personnels en lien avec la construction identitaire.
-
Pause
-
La reconstruction identitaire religieuse dans la société « des Autres »Hamid Nedjat (UdeM - Université de Montréal)
Les immigrants venus des pays de traditions fortes, au contact des autres « identités » dans des sociétés laïques et multiculturelles, tendent à se forger une nouvelle identité culturelle et religieuse. Pour cela, un processus de « reconstruction identitaire » se met en marche : il consiste à ré-organiser les marqueurs identitaires d'origine (langue, ethnie, religion, culture) d'une façon nouvelle, en leur donnant de nouvelles consistances. En ce qui concerne la religion,l'on pourrait constater les occurrences suivantes dans les sociétés sécularisées, modernes, et ouvertes à l'immigration, comme c'est le cas du Canada :
1. La religions'acculture : elle s'adapte volontiers à la culture dominante de la société d'accueil, à travers une série de changements significatifs et progressifs de comportement de ses adeptes en ce qui concerne la perception du religieux par rapport à la religion d'origine et ses normes.
2. La religion s'inculture : elle s'installe au sein de la culture d'accueil à travers les manifestations religio-culturelles de ses adeptes, la construction des institutions culturelles et religieuses, les temples et les lieux de prières, etc.
3. La religions'exculture : dans ce sens qu'elle se met en retrait de la culture d'accueil dominante. Ce retrait pourrait être passif et discret, auquel cas au contact de la société moderne elle s'y dilue au fur et à mesure, et n'aura pas de présence manifeste.
-
Religion, médias et identité : l'intégration des jeunes immigrants cubains de première génération au canadaRuiz Giomny H. (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation s'appuie sur une recherche doctorale en cours portant sur la dynamique d'intégration des jeunes immigrants cubains de première génération au Canada, et le rôle qu'y jouent l'identité religieuse et les médias. Peu si non aucunement étudiée, plusieurs éléments particularisent la minorité cubaine au Canada: immigration relativement récente, hautement qualifiée, provenant d'une société postcommuniste en lente transition depuis l'année 1992, sans pour autant échapper au contrôle totalitaire, possédant des pratiques religieuses complexes issues de la juxtaposition historique de plusieurs courants religieux que les doctrines communistes n'ont jamais pu éliminer. Dans un premier temps, la présentation décrit la situation de la communauté cubaine au Canada, en fonction de plusieurs variables statistiques et démographiques. Ensuite, une réflexion est apportée précisant les défis méthodologiques inhérents à l'étude de l'identité religieuse des Cubains au Canada, et les stratégies pour surmonter ces obstacles. Les premiers résultats de la recherche montrent que les caractéristiques de la dynamique sociale des migrants cubains en terre canadienne exigent, en tant qu'alternative possible, l'analyse qualitative innovatrice des nouveaux médias, qu'ils utilisent largement pour communiquer et constituer un réseau virtuel.
-
Dîner
-
Une problématisation des questions liées au droit d'association : le droit d'association religieuse comme véhicule d'acculturation et d'inculturationMichel Despland (Université Concordia)
Le droit d'association est une partie importante du corpus de lois affectant la vie des religions dans le contexte des sociétés dites sécularisées. Ce droit et la jurisprudence qui s'ensuivit sont par les chercheurs. Une fois qu'il s'est constitué en association religieuse, un groupe a le droit de lever des fonds, de les gérer, d'acheter du terrain d'y édifier un sanctuaire avec une variété d'espaces destinés à différentes acticités, dont certaines ne sont pas cultuelles. Le fil conducteur proposé par la problématique de l'association religieuse et par les termes de manifestation et de convictions me semble offrir un éclairage utile sur l'analyse culturelle contemporaine de la pluralité religieuse.
L'association religieuse est un véhicule d'acculturation. Une fois organisés en association, les migrants font face à de nouveaux défis pour ‘rester eux-mêmes' dans les nouvelles circonstances. Une association doit se donner des statuts, des méthodes pour l'élection des officiers et pour l'approbation d'un budget. Le leadership au sein de l'association devient, par nécessité, moins traditionnel et plus charismatique. Rendre compte des finances aux membres devient une possibilité, une obligation et peut-être une routine. L'association religieuse est aussi un puissant véhicule conduisant à l'inculturation. L'association permet en effet la manifestation des convictions religieuses sur la scène publique parallèlement aux manifestations d'autres associations.
-
Archives et spectres du catholicisme au QuébecLouis-Charles Gagnon Tessier (UdeM - Université de Montréal)
Au Québec, la sécularisation, la diversité croissante et la laïcité ont entraîné des transformations importantes du rapport au catholicisme. Durant les dernières années, deux commissions ayant abordé notamment cette question ont été mises en place : l'une sur la place de la religion à l'école (1999) et l'autre sur les pratiques d'accommodements reliées aux différences culturelles (2008). L'analyse de leurs productions (rapports et mémoires) à partir d'une perspective reposant sur des notions développées par Jacques Derrida, notamment les concepts d' « archive » et « spectre », permet de réfléchir sur le nouveau rapport au catholicisme. Mon hypothèse est que bon nombre de Québécois-es entretiennent avec le catholicisme des rapports « archivaux », c'est-à-dire conditionnés par des perceptions informées par son passé, plutôt que par son présent. De plus, ces perceptions du catholicisme nourriraient l'existence de « spectres » qui viendraient hanter les rapports des Québécois à tout ce qui a trait au religieux et à la diversité culturelle. Cette présentation vise à expliquer de quelle manière les discours sur le catholicisme au Québec relèvent souvent d'une logique de « l'archive », et à illustrer en quoi le catholicisme continue de hanter le Québec tel un « spectre ». Ce faisant, elle apportera une compréhension inédite du catholicisme québécois dans l'ère contemporaine.
-
Pause
-
Gérer les identités religieuses en contexte scolaire : l'École internationale de Manosque, FranceLudovic Robert (UdeM - Université de Montréal)
Les effets de la mondialisation se sont accrus dans les démocraties libérales, obligeant les populations locales et immigrantes, ainsi que les institutions, à composer avec la pluralité culturelle et religieuse.
Nous nous intéresserons à une école récemment ouverte à Manosque, à la demande du gouvernement français. En 2009, de nombreux travailleurs venant de 34 pays se sont installés à Manosque afin de participer au programme de recherche nucléaire ITER. Pour permettre la scolarisation des enfants de ces ingénieurs, la ville s'est vue dotée d'une école internationale ouverte à tous. Durant 2010 et 2011, durant les débats sur l'identité nationale en France, la direction de l'école a souhaité souligner les aspects de la culture de chaque élève et enseignant, et à demander d'établir ce que l'identité nationale représente pour ces derniers. Dans un tel cadre, soumis à la laïcité française, des confusions sont apparues, et des fêtes religieuses ont été présentées par les enfants. Les incompréhensions de certains enseignants, sur ce que peuvent faire ou ne pas faire les élèves, dans un contexte laïc, nous révèlent toute la difficulté du vivre-ensemble avec une telle diversité.
Notre analyse portera sur les échanges, les revendications et les incompréhensions culturels et identitaires au sein de cette institution gérée par plusieurs acteurs et soumise à des règles étatiques.
-
Gestion de la diversité religieuse par le gouvernement du Québec dans le secteur de la santéErin Lebrun (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation examine la gestion des questions religieuses et spirituel les par le gouvernement du Québec dans le secteur de la santé. En examinant les documents gouvernementaux, entre autres les lois, protocoles et les orientations relatives aux établissements de soins de santé, je propose un portrait de la façon dont le gouvernement provincial perçoit et répond aux besoins religieux et spirituels de la population dans ce cadre. Une attention particulière sera accordée aux intervenants en soins spirituels en tant qu'employés gouvernementaux, la spiritualité dans les soins palliatifs et l'utilisation de symboles religieux dans l'espace public. Je vais ensuite indiquer les questions controversées, qui pourraient éventuellement entraîner des contestations. Dans cette section, les questions liées à la satisfaction des besoins d'une population diversifiée ainsi que la protection du patrimoine Catholique au Québec va entrer en jeu. Actuellement, il y a une référence chrétienne dominante, quant au langage et aux symboles, lorsqu'il s'agit de répondre aux besoins spirituels et religieux dans les soins de santé. Finalement, je vais indiquée quelques sujets d'intérêt pour des recherches plus approfondies qui aideraient à mieux comprendre la complexité de la gestion des besoins religieux et spirituels des citoyens par le gouvernement du Québec.
-
Le programme d'Éthique et culture religieuse : un outil contribuant à l'inculturation des multiples croyances dans un milieu multiculturel et multireligieuxSylvie Tardif (UdeS - Université de Sherbrooke)
Avec l'intensification des mouvements migratoires de plus en plus diversifiés sur les plans culturel et religieux entre autres, les citoyens ont des attentes plus variées à l'égard de l'École. Cette dernière reflète-t-elle leurs valeurs ainsi que la vision de l'avenir qu'ils jugent souhaitables pour la collectivité ou simplement pour leurs enfants? Comment prendre en compte l'éthique et la diversité culturelle et religieuse au sein d'une école? Comment concilier l'appropriation par les élèves de toutes origines et en provenance de diverses croyances, d'un ensemble de savoirs générés par l'école et des valeurs démocratiques nécessaires à l'exercice futur de la citoyenneté?
Mon expérience en enseignement du Programme d'Éthique et culture religieuse est dans un milieu multiculturel et multireligieux. Cela me permettait d'entrer en contact avec des migrants et migrantes provenant de diverses croyances. La compétence disciplinaire portant le titre « pratiquer le dialogue » invite les jeunes à trouver un langage et un style permettant de dialoguer avec tous les élèves qu'ils soient chrétiens, musulmans, juifs, hindous ou autres, ainsi contribuer à l'inculturation des multiples croyances. Le but de ce programme n'est pas de remettre Dieu à l'école, mais un enseignement du fait religieux et plus spécifiquement les expressions du religieux. Cette pédagogie est nécessaire dans un monde pluraliste.
-
Mot de clôturePatrice Brodeur (UdeM - Université de Montréal)