335 - La négociation au sein des couples : processus et enjeux

Accueil et ouverture du colloque

Communication d'introduction au colloque

• 09 h 00
  La négociation au sein des couples : quelques réfléxions introductives
  Laurence Charton (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Joseph LÉVY (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Communication d'introduction au colloque "La négociation au sein des couples : processus et enjeux"

Relations de couple et négociations dans la sphère économique

• 09 h 20
  Le patron est maître à l'usine, son conjoint l'est à la maison. Partage des sphères d'influence et négociation du projet parental dans les familles en entreprise

  En vertu de la traditionnelle division sexuelle des
  tâches mais aussi en conséquence du temps de travail effectif des chefs
  d'entreprise (plus de 50 heures par semaine), son conjoint (le plus souvent une
  conjointe) se trouve en situation de contrôle et de pouvoir sur la sphère
  domestique. Aussi, si le charbonnier est maître chez lui, le patron ne l'est
  pas toujours. Une des conséquences de ce partage du pouvoir est que le patron
  n'est pas forcément en position de guider ses enfants dans leurs choix d'études
  et de carrière, avec les conséquences que l'on imagine dans le cas où il
  souhaiterait les voir intégrer l'entreprise familiale et à terme lui succéder.
  La littérature a ainsi souvent insisté sur le travail de dissuasion opéré par
  les épouses sur leur progéniture, les mères veillant à prévenir les enfants de
  la vie de labeur du petit patron en les encourageant à faire des études et à
  embrasser le salariat. Cette attitude est en effet répandue, mais elle n'est
  pas unique, tant s'en faut : on voit aussi des femmes du patron qui, pour
  des raisons de sécurité matérielle ou de concorde familiale, encouragent au
  contraire leurs enfants à suivre la voie paternelle. On s'intéressera aux
  contenus et aux modalités de la définition des projets parentaux au sein des « couples
  patronaux ». Ces observations et analyses se basent sur des cas de
  familles en entreprise belges et québécoises (des PME de moins de 50 salariés)
  étudiées sur plusieurs générations au moyen d'entretiens croisés.

• 09 h 40
  Les conditions de la négociation : pourquoi les couples ne négocient-ils pas autant que prévu ?
  Caroline Henchoz (Université de Fribourg)

  Selon la définition moderne de la
  conjugalité, les couples sont bâtis sur des relations contractuelles et
  démocratiques résultant de négociations et renégociations fréquentes. Or
  lorsqu'on interroge les conjoints sur leur organisation financière ou sur la
  manière dont ils se sont répartis la prise en charge des enfants, cela ne
  semble pas être autant le cas que prévu. Comment l'expliquer ? Après avoir
  présenté pourquoi les couples ne négocient pas autant les dimensions
  financières de leur relation que ce à quoi l'on pourrait s'attendre, je
  tenterai de mettre en évidence quelques conditions à la négociation. Que
  faut-il pour que les couples négocient ? Nous verrons que le processus de
  négociation requiert un certain nombre de conditions qui ne sont pas toujours
  réunies, comme par exemple des rapports de force plus ou moins équilibrés, une
  identification et explicitation des points de vue ou encore la volonté de
  rechercher un accord. Ces conditions ne sont pas propres aux individus et à
  leurs interactions. L'analyse d'entretiens effectués en Suisse sur
  l'organisation des finances et au Québec sur l'emploi du temps des ménages
  souligne le rôle central des facteurs structurels dans la production de
  négociations conjugales. Selon les sociétés dans lesquelles vivent les couples,
  les opportunités et contraintes auxquels ils doivent faire face, les hommes et
  les femmes sont plus ou moins en mesure de négocier différents pans de leur
  vie.

• 10 h 00
  Période de questions
• 10 h 20
  Pause

Relations de couple et négociations après la séparation

• 10 h 40
  Analyse des dynamiques conjugales suite à la séparation : une négociation/redéfinition des arrangements antérieurs ?
  Hélène Belleau (INRS - Institut national de la recherche scientifique)

  Au Québec, les familles sont de
  plus en plus nombreuses à occuper une place en marge du droit. On ne se marie
  plus autant qu'avant – parfois par choix, mais parfois aussi, semble-t-il, par
  une sorte d'inertie, ou par méconnaissance des effets juridiques de l'union
  libre. Lorsque survient une rupture, qu'ils soient mariés ou non, certains
  privilégient aussi de négocier des « ententes à l'amiable » à l'écart
  du droit, alors que d'autres passent par la médiation familiale ou font appel à
  des avocats pour régler leurs différends. Au cœur de se phénomène, se trouve
  une question centrale : le droit est-il en phase avec les normes qui
  façonnent les relations conjugales contemporaines ? Quelles conceptions les
  hommes et les femmes qui vivent en couple laissent-ils voir du
  droit lorsque survient une rupture ? L'examen des discussions et des
  pratiques conjugales qui suivent une rupture permettent d'examiner les
  dynamiques qui prévalaient durant l'union mais aussi les
  négociations/redéfinitions des arrangements antérieurs en lien avec deux
  univers normatifs, celui de la conjugalité et celui du droit. Centrés sur ces questions,
  cet exposé présentera les analyses préliminaires d'une étude en cours réalisée
  auprès d'une trentaine d'hommes et de femmes ayant vécu une séparation. Elles
  s'appuient sur un corpus d'entretiens qualitatifs réalisés en 2011-2012
  principalement dans les grands centres urbains du Québec.

• 11 h 00
  Communication collaborative et interférences éventuelles
  Liliana PERRONE (Institut de Formation et d’Application des Thérapies de la communication-Lyon-France), Reynaldo Perrone (Institut de Formation et d’Application des Thérapies de la communication-Lyon-France)

  La prise de décision au sein du
  couple peut s'inscrire dans un dialogue collaboratif ou être marqué par de
  fortes oppositions, la collaboration ne supposant pas, bien évidemment, « une
  pensée unique». Le dialogue collaboratif, respectueux des personnes qui y sont
  impliquées, ne serait possible, d'après l'hypothèse dont il sera ici question,
  qu'à partir d'une « construction commune minimum de la réalité». Il apparaît
  alors nécessaire, dès lors que le besoin d'une décision se fait sentir,
  d'explorer cette possibilité en préalable à toute négociation. Par ailleurs,
  sera évoquée, au cours de cette intervention, la présence de certaines
  interférences qui peuvent contrarier l'émergence d'une narrative collaborative.
  Les idées-forces de cette intervention font référence, d'une part, au «Modèle
  Groupal Narratif de Médiation» conceptualisé par Liliana Perrone et, d'autre,
  part, aux concepts définis par le docteur Ryenaldo Perrone à partir de diverses
  recherches-action menées dans le cadre des consultations cliniques auprès de
  couples. Les recherches cliniques ont eu lieu dans des services de Médiation
  familiale et de Thérapie de couple.

• 11 h 20
  Période de questions

Relations de couple et négociations dans la sphère amoureuse et sexuelle

• 11 h 40
  Négociation et gestion de conflits au sein du couple adolescent
  Martin BLAIS (UQAM - Université du Québec à Montréal), Mylène Fernet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sophie GASCON (UQAM - Université du Québec à Montréal), Martine Hébert (UQAM - Université du Québec à Montréal), Hélène MANSEAU (UQAM - Université du Québec à Montréal), Mélanie St Hilaire (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Les
  dimensions interpersonnelles des relations amoureuses à l'adolescence et les
  stratégies de gestion des conflits ont été peu documentées et font rarement
  appel à une perspective dyadique. Dans cette perspective, cette présentation
  explore la
  nature des problèmes vécus au sein du couple, la communication et les
  stratégies de gestion de conflits. S'appuyant sur
  un devis mixte (questionnaire et entrevue), cette recherche cible 40 couples
  hétérosexuels, âgés de 15 à 20 ans et d'origine canadienne-française. Les analyses
  indiquent que les participants cherchent une cohésion maximale et partagent un
  idéal de communication. Au quotidien, l'équilibre entre le besoin de proximité
  et d'indépendance peut être difficile à négocier. Lorsque les règles de
  transparence et d'exclusivité sont transgressées, les conflits apparaissent. Les conflits les plus souvent rapportés réfèrent au temps partagé avec
  le partenaire, aux relations avec les ex-partenaires et avec le sexe opposé.
  Devant un conflit, les couples flexibles se parlent calmement,
  cherchent une solution commune ou prennent du recul à l'égard des frustrations.
  Dans les couples rigides, les partenaires sont moins tolérants lorsque
  des règles sont enfreintes. Ils tentent d'imposer leur point de vue et ont
  davantage recours à la violence. Ces résultats témoignent de la pertinence de
  cibler les enjeux de communication dans les interventions de promotion des
  relations harmonieuses et égalitaires à l'adolescence.

• 12 h 00
  La négociation sexuelle chez les couples hétérosexuels
  Sophie BERGERON (UdeM - Université de Montréal), Mélanie Brousseau (Psychologues consultants Y2), Martine Hébert (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Les rapports sexuels peuvent occuper une place prédominante dans la vie
  d'un couple, que ce soit à des fins émotionnelles ou physiques. Le type et la
  qualité des rapports sexuels ainsi que la négociation les entourant peuvent
  influencer la satisfaction des partenaires. Lorsqu'il n'y a pas de négociation
  sexuelle saine chez les couples, il y a le risque de coercition sexuelle (CS).
  La CS est l'utilisation de tactiques coercitives (pression verbale ou physique)
  pour obtenir une activité sexuelle avec un-e partenaire. À l'aide d'un
  échantillon de 222 couples hétérosexuels, la présente étude visait à documenter
  le taux de victimisation et de perpétration de la CS chez les couples, l'accord
  entre les partenaires concernant la présence de CS, ainsi que le niveau de
  réciprocité des comportements coercitifs. De plus, l'étude a examiné la
  motivation sexuelle (les raisons pour lesquelles les gens ont des relations
  sexuelles), ainsi que des antécédents d'agression sexuelle comme facteurs de
  risque pour la victimisation et la perpétration de CS chez les couples. Les
  données démontrent que moins de 30 % des partenaires des couples sont
  d'accord face à la présence de comportements coercitifs dans leur relation amoureuse
  actuelle. Par contre, 50% des couples rapportent avoir vécu de la CS. Les
  résultats démontrent aussi que certaines motivations sexuelles sont des
  facteurs prédicteurs significatifs pour la CS. Ces résultats seront discutés en
  fonction de la théorie des scripts sexuels.

• 12 h 20
  Période de questions
• 12 h 40
  Dîner

Relations de couple et négociations dans la sphère reproductive

• 14 h 00
  La gestion de la contraception au sein des couples : entre non-dit, conciliation et négociation
  Laurence Charton (INRS - Institut national de la recherche scientifique)

  Les méthodes
  médicales de contraception en augmentant l'efficacité contraceptive ont
  contribué également à des changements de comportements individuels et entre
  partenaires. Les couples ne se sentent plus désormais astreints à une
  éventuelle continence périodique, et l'angoisse d'une grossesse non désirée se
  fait moins prégnante. Si les femmes ont accès aujourd'hui à une diversité de
  méthodes contraceptives plus ou moins efficaces, le choix contraceptif des
  hommes reste en revanche restreint, il se limite au condom ou à la
  stérilisation. Dans le cadre de cette communication, nous observerons la
  manière dont la gestion de la contraception est abordée (ou non) au sein des
  couples, dans une dynamique de couple et une trajectoire familiale. Cette étude
  se basera sur l'analyse d'entretiens menés entre 2005 et 2007 en France et au
  Québec auprès de femmes et d'hommes ayant eu recours à une stérilisation
  contraceptive.

• 14 h 20
  L'infertilité comme espace décisionnel : quand le désir d'enfant devient un enjeu conjugal
  Doris Chateauneuf (UdeM - Université de Montréal)

  L'augmentation des troubles de
  fertilité et le recours à la procréation médicalement assistée touchent de plus
  de couples dans les pays occidentaux. L'Association
  des obstétriciens et gynécologues du Québec estime qu'au Canada, entre 10%
  et 15% des couples qui désirent concevoir un enfant n'y parviendront pas au
  cours de la première année. Les couples qui n'arrivent pas à concevoir
  naturellement un enfant et qui recourent aux nouvelles technologies
  reproductives espèrent donc que celles-ci arriveront à combler leur désir
  d'enfant. Mais que se passe-t-il lorsque les tentatives médicales pour avoir un
  enfant biologique se soldent en échecs successifs et que le désir d'enfant
  devient alors un enjeu conjugal? Comment les couples arrivent-ils à prendre une
  décision capable de rallier les deux membres du couple dans une vision commune
  de la parentalité, de la famille et du lien filiatif? À partir de l'étude de
  témoignages d'une trentaine de couples qui, après avoir tenté naturellement
  puis par le biais de la médecine reproductive d'avoir un enfant, ont finalement
  pris la décision d'adopter, cette présentation discute des enjeux conjugaux qui
  se posent au moment où les couples décident de mettre un terme aux procédures
  médicales. Elle pose également une réflexion sur les représentations sociales
  et sur les transformations de la famille et de la parenté qui accompagnent et
  influencent les couples dans leur décision de finalement se tourner vers
  l'adoption.

• 15 h 00
  Période de questions
• 15 h 25
  Pause

Relations de couple, négociation et organisation familiale

• 15 h 40
  Relations de couple et relations familiales en contexte autochtone. Le cas des Naskapis, hier et aujourd'hui
  Carole Lévesque (INRS - Institut national de la recherche scientifique)

  De quelle manière se définissaient et se définissent
  aujourd'hui les dynamiques d'interaction entre les couples naskapis? Une
  question qui a toute fin utile n'a que très peu été abordée dans la littérature
  scientifique jusqu'à présent. En nous basant sur nos propres travaux de terrain
  avec la communauté naskapie de Kawawachikamach, qui se sont échelonnés sur plus
  de 25 ans, nous allons construire un argumentaire autour de ce thème en puisant
  des exemples à la fois à l'époque du nomadisme (jusqu'au milieu du XXe siècle)
  et à l'époque actuelle de leur vie communautaire. Nous mettrons en évidence les
  contextes autant que les stratégies en vertu desquels s'organisait la vie de
  ces familles de chasseurs mais aussi les transformations qui sont survenues
  lors du passage du nomadisme à la sédentarisation. Il s'agira également de
  voir, à l'heure de la globalisation et de la modernité, si ces dynamiques
  d'interaction présentent des particularités sociales et culturelles.

• 16 h 00
  Internet comme espace de transmission de savoir-faire sur les stratégies de négociation dans le couple
  Laurence CHARTON (INRS), Joseph Levy (RRSPQ - Réseau de recherche en santé des populations du Québec), Caroline MESSIER-BELLEMARE (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Avec l'avènement de
  l'Internet, le champ de la réflexion psychologique a pris une ampleur
  considérable, le cyberespace devenant ainsi un lieu de présentation, de discussion
  et d'apprentissages de savoirs et de savoir-faire touchant les différentes
  dimensions du quotidien du couple et de la famille. Les thérapeutes et conseillers ont ainsi investi
  ces nouveaux lieux pour proposer des conseils et des stratégies s'inscrivant
  dans les courants de la psychologie populaire qui tend à simplifier les
  concepts pour mieux les rendre accessibles à un vaste public. L'amélioration de
  la communication interpersonnelle dans le couple constitue un thème de
  vulgarisation important dans lequel les enjeux de la négociation occupent une
  place significative. Cette présentation aura pour objectif d'explorer le contenus de sites anglophones et francophones
  portant sur la présentation des normes à
  suivre dans l'établissement des modalités de négociation dans les champs
  divers : partage des tâches
  domestiques, finances, relations affectives et sexuelles. Nous comparerons les
  stratégies proposées afin de dégager les
  convergences et les divergences présentes dans les protocoles en ce qui concerne
  les conflits qui font l'objet de discussions, les principes de négociation à
  privilégier, les étapes à suivre et les obstacles à surmonter. Cette analyse
  permettra de voir comment Internet
  contribue à influencer les normes de comportements dans les relations de
  couple.

• 16 h 20
  Période de questions

Mot de clôture

• 16 h 40
  Mot de clôture