Montréal, le 31 mars 2023 – L’Acfas salue les annonces concernant la recherche et l’innovation dans le budget fédéral 2023-2024 du gouvernement Trudeau, rendu public le 29 mars, et reconnaît le caractère historique du soutien accordé à la promotion des langues officielles. L’Association demeurera toutefois vigilante quant aux besoins toujours criants de la relève en recherche et de l’évolution du financement de la recherche en général, qui ne reçoivent pas, dans le présent budget, les montants demandés et attendus.
L’Acfas se réjouit vivement de l’enveloppe pour les langues officielles attachée au futur Plan d’action pour les langues officielles – 2023-2028, qui comprend un financement supplémentaire de 373,7 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2023-2024. L’un des quatre piliers du plan d’action considère les langues officielles comme outil de développement économique et mentionne nommément la promotion de la recherche en français, qui pourra bénéficier d’une partie du financement supplémentaire de 117 millions de dollars accordé à ce pilier. Cette annonce constitue un message clair pour mettre en place les nouvelles initiatives du plan d’action à paraître le mois prochain, dont l’Acfas espère qu’il répondra aux besoins criants qu’elles a évoqués dans des rapports et mémoires récents, de même que ceux bien documentés dans le rapport issu des États généraux sur le postsecondaire en milieu minoritaire réalisés par l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne et la Fédération des communautés francophones et acadiennes. En matière de recherche en français dans la francophonie canadienne, l’Acfas demande aux conseils subventionnaires de mettre rapidement en place des mesures afin de mieux soutenir la production et la diffusion des savoirs en français au Canada.
Sur le plan du financement de l’écosystème de la recherche, des investissements sont requis pour permettre au Canada de répondre aux grands défis de société auxquels il fait face et, tout aussi important, pour être un chef de file mondial en matière de recherche et de diplomatie scientifique. L’Acfas convie le gouvernement à examiner attentivement les recommandations émises le 20 mars dernier par le Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, présidé par l’ancien président de l’Acfas Frédéric Bouchard, et à leur donner suite rapidement. L’Acfas a déposé un mémoire dans le cadre des consultations et est heureuse de constater que plusieurs de ses recommandations se retrouvent dans le rapport du comité, qui reflète adéquatement les besoins du milieu en matière de structure et de gouvernance du soutien à la recherche et aux talents au Canada. À cet égard, l’Acfas salue la recommandation 5 du rapport du comité et insiste sur la nécessité d’augmenter de 10 % pendant cinq ans le budget de base des conseils subventionnaires.
Il était vraisemblablement trop tard pour inclure de nouvelles sommes dans le budget fédéral présenté cette semaine, alors le prochain budget fédéral (2024-2025) sera décisif en la matière. L’Acfas tient tout de même à saluer le maintien des financements accordés aux trois conseils subventionnaires et à la Fondation canadienne pour l’innovation et apprécie que le gouvernement libéral reconnaisse, à plusieurs reprises, l’importance de la recherche fondamentale, notamment dans les investissements en matière d’économie verte, et dans divers investissements ciblés, surtout en santé et au bénéfice du CNRC. L’Acfas applaudit vivement les nouveaux investissements dans la recherche collégiale, avec l’octroi de près de 109 millions de dollars sur trois ans à compter de 2023-2024, pour élargir le Programme d’innovation dans les collèges et la communauté, administré par le CRSNG.
En revanche, l’Acfas est déçue que les investissements ne soient pas massifs pour le financement des étudiantes et étudiants en recherche et des stagiaires postdoctoraux. L’Acfas réitère sa recommandation que les conseils subventionnaires augmentent la valeur des bourses remises à la relève en recherche, valeur qui stagne depuis presque deux décennies. Que ces mêmes agences en profitent pour indexer cette valeur pour les années subséquentes, de façon à maintenir l’attractivité de la poursuite des études aux cycles supérieurs, serait grandement souhaitable. À l’heure actuelle, les besoins en main-d’œuvre et les salaires offerts sur le marché du travail n’incitent pas les personnes qui possèdent un baccalauréat à poursuivre leurs études aux cycles supérieurs. Cette situation représente toujours un réel frein à l’innovation issue de la recherche universitaire et, par conséquent, à la prospérité économique du Canada.
« Le gouvernement fédéral se doit de faire des investissements majeurs dans les prochaines années pour maintenir la capacité canadienne de recherche, notamment dans la recherche multidisciplinaire et interdisciplinaire, collaborative et internationale. Notre demande de soutien bonifié à la relève en recherche n’a malheureusement pas été entendue à sa juste valeur, alors que des augmentations substantielles et l’indexation de la valeur des bourses remises à la relève en recherche par les conseils subventionnaires sont cruciales. Nous nous réjouissons de la recommandation 6 du Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche à ce sujet. Il convient d’augmenter rapidement le soutien financier offert à celles et ceux qui décident de se consacrer à la recherche et à l’innovation et de qui dépendent, par exemple, une transition énergétique et une économie innovante », commente Jean-Pierre Perreault, président de l’Acfas.
Alors que le Canada est aux prises avec une rareté de main-d’œuvre qui aspire les diplomé·e·s du premier cycle vers le marché du travail, il est crucial de rendre plus attirants les études supérieures de 2e et 3e cycles et les postdoctorats. L’Acfas restera attentive et vigilante, notamment en matière de soutien à la relève et de promotion de la recherche en français partout au Canada dans la prochaine année. L’Acfas est impatiente de connaître les mesures concrètes qui découleront du rapport du Comité et souhaite collaborer avec le gouvernement afin d’assurer le développement d’un écosystème de recherche, d’innovation et de transfert dynamique et massivement financé.
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