Alexandra Lecours
Le prix Acfas IRSST-Doctorat 2016 a été remis par l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) à Alexandra Lecours, étudiante à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) au programme de doctorat en sciences biomédicales, option médecine expérimentale.
En quelle année le législateur québécois a-t-il écrit et adopté la Loi sur la santé et la sécurité du travail? Il y aura 40 ans de cela : en… 2019! Que le temps passe… Et pourtant, en préambule de son projet de recherche, Alexandra Lecours nous apprend, statistique à l’appui, qu’en 2014, 88 000 lésions survenues en divers milieux de travail ont été rapportées aux instances gouvernementales québécoises, nécessitant, pour cette seule année, un versement global de 410 millions de dollars aux travailleurs blessés. Loin de baisser les bras, l’étudiante de l’UQTR a résolu de faire valoir l’une des clientèles de travailleurs encore peu investies par les initiatives en santé et sécurité du travail: les élèves en apprentissage d’un métier dans une formation professionnelle.
« Les statistiques indiquent en effet que les jeunes travailleurs, même s’ils ont complété une formation professionnelle, constituent une population à risque de lésions professionnelles», observe la jeune chercheuse. Qui plus est « les résultats d’études suggèrent que […] l’offre d’enseignement visant le développement du comportement préventif des élèves en apprentissage d’un métier demeure inégale selon les programmes d’études », écrit-elle dans le descriptif de son projet de recherche. Son titre de doctorat est d’ailleurs admirable de clarté, au regard non seulement de sa cible, mais des objectifs qui vont déterminer son approche : Étude du développement du comportement préventif au travail lors de l’apprentissage d’un métier dans une formation professionnelle. Le directeur de thèse qui l’accompagne d’ores et déjà depuis l’amorce de ce parcours, en mai 2014, est le professeur Pierre-Yves Therriault.
Dans le libellé de son titre, Alexandra Lecours indique qu’elle souhaite se pencher d’entrée de jeu sur le « comment » de son objet d’études, c’est-à-dire « comment » se développe ce concept multidimensionnel que l’on appelle un « comportement préventif », et qui, lorsque bien internalisé par l’individu, précède chacun des gestes qu’il posera ensuite dans les mille et une situation de travail ou, dans ce cas-ci, à chacune de ses journées de formation professionnelle! Car l’étudiante a bien flairé la chose lorsqu’elle parle dans sa présentation que « les futurs travailleurs n’entrent pas sur le marché du travail avec le même niveau de compétences, rendant certains plus à risque de blessures. » Qu’est-ce à dire sinon qu’il y aurait – vraisemblablement – des variantes importantes, au chapitre de la transmission des valeurs et des pratiques de santé et sécurité au travail, d’un milieu de formation professionnelle à un autre?
Ce doctorat qu’elle mène avec brio – ayant accumulé jusqu’à maintenant, dans le volet proprement académique de la démarche, une moyenne parfaite de 4,33 ! – « tourne » donc déjà rondement depuis deux ans. L’étudiante a visé une belle diversité de formations professionnelles : onze enseignants et sept groupes d’élèves des programmes de coiffure, de cuisine, de secrétariat et d’électromécanique des systèmes automatisés de deux centres de formation professionnelle distincts sont pris en compte dans le projet. Dans chaque cas, la doctorante souhaite documenter précisément « les conditions d’enseignement/apprentissage du comportement préventif » telles qu’elles se vivent d’un centre à un autre; plus encore, elle veut documenter « comment le comportement préventif est développé et intégré par les futurs travailleurs en cours de formation ainsi qu’à l’entrée en emploi. »
Mais par-dessus tout – et doctorat ou pas ! –, Alexandra Lecours semble souhaiter vouloir faire une véritable différence… Sinon pourquoi aurait-elle pris soin d’inclure dans son devis de recherche « des ateliers de formation visant à développer un comportement préventif chez les élèves ; [des ateliers qui plus est] créés et implantés auprès de cohortes d’élèves des programmes participants ; des ateliers [enfin] adaptés aux spécificités de chacun des programmes en tenant compte de leurs réalités spécifiques quant à la nature des risques à la santé et à la sécurité? »
Son projet ne peut mieux « coller » à l’organisme qui la récompense, soit l’IRSST, puisqu’il s’inscrit en droite ligne dans l’un des axes principaux de son Plan quinquennal 2013-2017.