Le prix ACFAS Thérèse Gouin-Décarie 2017, récompensant un ou une scientifique s’étant distingué-e dans le champ des sciences sociales, est remis cette année à Michel Janosz, professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal.
Entrevue vidéo avec le lauréat au 73e Gala de l'ACFAS.
Comment lutter contre le décrochage et encourager la persévérance scolaire? Une question complexe et plus que jamais d’actualité, en ces temps de bouleversements culturels. L’éducation est un domaine dans lequel la recherche empirique quantitative est peu développée. Voilà un des enjeux où le lauréat, par ses contributions, a permis des passages de la théorie à l’application de connaissances menant à de meilleures pratiques. Depuis plus de vingt ans, ses recherches assemblent des disciplines aussi variées que la psychoéducation, la criminologie, la psychologie et la sociologie. Ils ont fait de lui un expert incontournable lorsqu’il s’agit d’intégration et d’adaptation scolaire chez les jeunes.
D’abord formé comme psychoéducateur, le lauréat termine son doctorat en sciences humaines et appliquées à l’Université de Montréal en 1995, et il amorce alors sa carrière de professeur. Depuis 2014, il dirige l’École de psychoéducation de l’Université.
Ses travaux portent sur l’adaptation et la réussite scolaires des jeunes. Il examine notamment les liens entre l’expérience scolaire, l’environnement scolaire et l’adaptation psychosociale, et ce, de la jeune enfance à l’aube de la vie adulte. Il s’intéresse à la prévention des problèmes scolaires et sociaux à l’école et tout particulièrement au décrochage et à la violence scolaires.
En projetant, par ses recherches, un éclairage nouveau sur la diversité des trajectoires menant au décrochage et sur l’hétérogénéité des décrocheurs, il contribue significativement à la prévention de ce phénomène en démontrant que les élèves qui abandonnent l’école ont des profils et des besoins variés qui commandent des interventions adaptées et ciblées. Témoignant d’une vision globale de ces enjeux, le chercheur s’intéresse aussi à l’(in)adaptation psychosociale des jeunes, comme la consommation de psychotropes, les violences à l’école ou la dépression.
L’œuvre du Professeur Janosz s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la discipline de la psychoéducation, car elle donne une place importante à l’application des connaissances. De fait, il a développé, selon les rigoureuses règles de l’art de la psychométrie, des instruments pour mesurer l’état du milieu de l’éducation primaire et secondaire. Ces outils ont été appliqués dans de nombreuses écoles québécoises dans le cadre de vastes projets d’évaluation de la réussite scolaire. En 2003, il conçoit avec des collègues le Questionnaire d’évaluation de l’environnement socioéducatif (QES) qui évalue la qualité de l’environnement scolaire (climats, pratiques, problèmes). Il développe une version pour les écoles primaires et une pour les écoles secondaires qui ont été utilisées dans plus de trois cents établissements du Québec. L’outil a également été adapté pour la France, la Suisse et le Liban et une version en ligne est maintenant disponible. Il est ainsi le premier chercheur au Québec à proposer des outils validés empiriquement destinés à soutenir les écoles dans l’évaluation de leur potentiel éducatif et dans l’identification des différents types d’élèves « à risque d’abandonner » (La Trousse d’évaluation pour décrocheurs potentiels – TEDP).
Sa méthodologie d’évaluation, originale grâce à ces différents instruments, lui a permis de se voir confier l’évaluation de programmes de prévention appliqués au Québec tout en prenant en compte systématiquement la quantité et la qualité de leur mise en œuvre.
Toujours soucieux de transférer ses connaissances pour une plus grande autonomie des milieux scolaires, il a adapté ses instruments pour favoriser l’autoévaluation et il a encadré des formateurs pour faciliter cette démarche.
Très impliqué dans la formation de jeunes chercheurs, il a suivi plus d’une cinquantaine d’étudiants à titre de directeur ou de codirecteur de maîtrise et de doctorat, dont quatre d’entre eux sont maintenant professeurs dans différentes universités québécoises. Il a également supervisé six stagiaires postdoctoraux parmi lesquels quatre ont obtenu des postes de professeurs dans diverses universités de la Francophonie.