Line Chamberland
Lesbienne, gaie, bisexuelle, transsexuelle et transgenre. La lutte acharnée pour la reconnaissance de leurs droits et l’amélioration de leurs conditions de vie menée par cette chercheure a été décisive. C’est toute notre société qui aujourd’hui tire un bien-être de ces avancées sociales et politiques. Vouée corps et âme à sa cause, la lauréate a consacré non seulement ses recherches, mais aussi sa vie à mettre en lumière les vécus singuliers de ces personnes et à se battre contre l’homophobie.
Très tôt, Line Chamberland s’est intéressée aux vécus atypiques des personnes gaies et lesbiennes dans des dimensions allant au-delà de la recherche biomédicale. De fait, jusque dans le milieu des années 1970, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale.
C’est aussi à cette époque que commence son engagement social. Elle participe alors aux premiers regroupements servant de lieux de conscientisation politique et d’entraide entre lesbiennes, à savoir la Coop-femme et l’École Gilford. En 1992, elle contribue à l’organisation du premier colloque international au Québec sur les études gaies et lesbiennes, à titre de membre du comité scientifique et organisateur.
Sa thèse de sociologie, soutenue en 1994 à l’Université de Montréal aborde la question du lesbianisme d’un point de vue historique, sociologique et culturel, tel qu’il est vécu à Montréal entre 1950 et 1972.
Après l’obtention de son doctorat, elle s’investit dans la recherche, parallèlement à sa tâche d’enseignement au niveau collégial. Elle multiplie alors les initiatives pédagogiques autour des questions de diversité sexuelle et de genre, notamment, et audacieusement, dans le programme de Techniques policières.
Alors que la résistance est encore marquée, elle réalise au sein de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) une recherche-action pionnière sur les discriminations envers les travailleurs et travailleuses homosexuels. Elle s’engage également dans le Groupe interdisciplinaire de recherche et d’études - homosexualité et société (GIREHS), le tout premier programme d’enseignement et de recherche sur les minorités sexuelles au Québec, mis en place à l’UQÀM en 1994. Elle enseigne également les études lesbiennes à l’Université de Concordia.
Dans les années 2000, sa production scientifique s’intensifie et s’accompagne d’actions concrètes dont les retombées sont structurantes tant dans le milieu universitaire qu’au sein de la société. Ce faisant, elle contribue au déploiement d’un domaine suscitant l’intérêt d’un nombre croissant de chercheurs. Ses travaux lui ont assuré un rayonnement au Canada et à l’étranger où elle a souvent été invitée à partager ses savoirs lors de rencontres avec des chercheurs et des décideurs politiques. Dans la foulée, elle a conçu en collaboration avec des partenaires, un programme de formation du personnel enseignant actuel et futur : L’homophobie chez les jeunes : réduire la violence et promouvoir l’inclusion.
La Chaire de recherche sur l’homophobie, dont elle est titulaire depuis 2011, constitue également, sous sa gouverne, un véritable incubateur de projets et d’initiatives sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres.
Aussi, l’implication de la chercheure dans divers groupe tels que le Conseil québécois LGBT, les Tables nationales de lutte contre l’homophobie des réseaux scolaire et collégial, la Coalition des familles homoparentales et autres, lui a permis de tisser des partenariats fructueux avec de nombreux acteurs sociaux.
Dès les premières heures, Line Chamberland a été associée aux luttes pour la reconnaissance sociale et juridique des droits des personnes de minorité sexuelles. Elle a su joindre les outils de la recherche universitaire pour amener un changement des mentalités, des pratiques et des lois visant à assurer l’égalité et le mieux-être des personnes, quelle que soit leur orientation ou leur identité sexuelle.
Plus qu’un exemple de détermination et d’engagement, Line Chamberland est une inspiration pour toutes les femmes qui, malgré le chemin parcouru ces dernières décennies, n’ont toujours que peu de modèles ouvertement et publiquement lesbiennes.