Dire de la pandémie de la COVID-19 qu’elle a de multiples effets sur nos sociétés relève à la fois de l’euphémisme et de l’évidence. Parmi ces effets les plus préoccupants, elle contribue notamment à accroître les polarisations sociales au sein de nos sociétés. Comme souvent en période de crise, l’anxiété collective, l’effet de sidération, l’imminence perçue d’une menace, la détresse psychologique, le besoin de réponses simples et intelligibles à des questionnements aussi légitimes que complexes et l’impératif d’agir constituent des facteurs susceptibles de nourrir les logiques extrémistes et les comportements polarisants. Si les objets de ces polarisations peuvent être multiples, ils renvoient, la plupart du temps, à l’Autre et aux multiples identités sociales.
L’altérité et les identités constituent ainsi des dynamiques centrales au cœur de la pandémie. Elles se manifestent d’abord au sein des groupes les plus touchés par le virus. Que l’on songe aux aînés, à certaines communautés culturelles minoritaires ou, plus largement, aux personnes issues des groupes socioéconomiques les plus vulnérables. Ces identités sont également omniprésentes dans le discours politique et le débat public qui tendent à construire des représentations de la crise à partir de groupes sociaux particuliers (les jeunes, les aînés, les petits entrepreneurs, les étudiants, la population urbaine, la population rurale, les groupes antimesures sanitaires, etc.). Par ailleurs, l’altérité est structurante dans les discours plus extrémistes et complotistes, dont l’appartenance au groupe et à l’identité de substitution est un facteur central, mais qui désignent aussi des coupables et des boucs émissaires (les communautés asiatiques, la communauté juive, les institutions publiques, les industries pharmaceutiques, les médias traditionnels, etc.). On retrouve, du reste, cette dichotomie eux/nous dans la posture de la majorité qui s’oppose à ces comportements minoritaires. Enfin, les notions d’altérité et d’identité sont indissociables de la réflexion sur les réponses à apporter à la crise, en particulier lorsqu’il s’agit d’intervenir auprès de certains groupes particuliers.
Ce colloque se propose donc d’analyser les dynamiques et les effets de la pandémie sur les polarisations sociales dans nos sociétés à partir d’une réflexion sur les notions d’altérité et d’identités que celle-ci contribue à mobiliser et à redéfinir dans le contexte actuel.
Remerciements
Nous remercions l'ensemble de nos partenaires pour leur contribution à cet évènement.