Encore peu de données sont disponibles au Québec et ailleurs dans le monde pour mesurer les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les violences intimes, familiales ou structurelles (VIFS). Toutefois, des travaux ayant documenté les effets de situations d’urgence et de crises humanitaires montrent que ces événements sont susceptibles de provoquer une hausse des VIFS (Bell et Folkerth, 2016; Parkinson, 2019; Yoshihama et al., 2019). Les observations faites sur le terrain depuis mars 2020 semblent aller en ce sens. On note en effet une augmentation du nombre de cas de 20 à 30 %, ce qui correspond à ce qui est observé dans d’autres pays (CSF, 2020). Une enquête de Statistique Canada (2020) dévoile qu’une femme sur 10 et qu’un homme sur 20 redoutait la violence familiale pendant la période de confinement. Les intervenants sur le terrain observent également une plus grande complexité des violences. Le confinement et les mesures d’urgence exceptionnelles mises en place semblent avoir créé un contexte de vulnérabilité accrue aux VIFS. L’isolement social, l’impossibilité d’accéder aux habituelles sources de soutien et l’amplification de certains facteurs associés aux violences contribuent notamment à ce contexte, qui pourrait affecter davantage des groupes déjà fragilisés (Bracewell et al., 2020; INSPQ, 2020).
En parallèle, on observe une modification dans les demandes d’aide, des barrières dans l’accès aux services (INSPQ, 2020), de même qu’une adaptation des organismes qui doivent composer avec les règles sanitaires et les craintes des employés et de la clientèle (Lavergne et al., 2020). En outre, la fermeture des tribunaux a entraîné des délais importants dans les audiences et rendu difficile l’obtention d’ordonnances de protection, augmentant ainsi les risques pour les victimes (Bracewell et al., 2020). La situation exceptionnelle que l’on connaît pose donc d’importants défis pour les organismes, en plus de soulever des enjeux éthiques.