En 2018, la bibliothèque numérique francophone Les Classiques des sciences sociales fête ses 25 ans. Lorsque ses activités ont commencé, les projets de diffusion des publications scientifiques en libre accès étaient peu nombreux dans le domaine des sciences humaines et sociales au sein de la francophonie. Les initiatives se sont multipliées à la fin des années 1990 et au début des années 2000. On peut mentionner, entre autres, la mise en place de portails de revues (Érudit, Revues.org, Persée), d’archives ouvertes (HAL-SHS) et de dépôts institutionnels, de plateformes de livres et de bibliothèques numériques (OpenEdition Books, Manioc [bibliothèque sur la Caraïbe, l’Amazonie et le Plateau des Guyanes], Bibliothèque idéale des sciences sociales, etc.). Des organismes, comme le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), ont également commencé à offrir une partie de leurs publications en libre accès. Toutes ces initiatives contribuent à une meilleure diffusion et une meilleure visibilité de la production scientifique ainsi qu’à son accessibilité. Cette question est particulièrement importante dans les pays du Sud, mais également pour différents publics des pays du Nord tels que les chercheurs indépendants, le personnel enseignant du collégial ou encore les acteurs de la société civile. Or, aujourd’hui, Les Classiques des sciences sociales font face, tout comme les autres plateformes, à des enjeux économiques, techniques, technologiques, juridiques, de préservation, etc., qu’il est primordial de cerner et de mettre en lumière. De plus, selon leur modèle, les plateformes, archives et bibliothèques numériques ouvrent différentes possibilités qu’il convient de répertorier et de présenter plus en détail. Enfin, il s’avère essentiel de réfléchir aux différentes conceptions du libre accès qu’elles proposent et aux différents modèles économiques pour diffuser les publications et les savoirs en libre accès qu’elles utilisent, des modèles qui sont tributaires, dans certains cas, des choix politiques effectués par les gouvernements.
À l’occasion de ce colloque, nous avons donc souhaité réunir différentes personnes engagées dans la création et la gestion de plateformes, d’archives ouvertes et de bibliothèques numériques en libre accès et des technologies qu’elles utilisent, des acteurs du monde des bibliothèques et de l’édition savante, mais aussi des chercheurs, des enseignants et des contributeurs qui s’intéressent à divers aspects de ces plateformes. Ce colloque nous permettra de réfléchir ensemble à différents enjeux auxquels sont confrontées les plateformes, les archives et les bibliothèques numériques francophones, mais aussi de discuter des possibilités qu’elles ouvrent et des effets qu’elles ont sur la recherche en sciences humaines et sociales.