Le maintien et la revitalisation des langues autochtones du Canada comportent aujourd’hui des défis énormes pour tous les acteurs concernés, que ce soit les communautés autochtones qui prennent en charge l’enseignement de leurs langues respectives ou les chercheurs et les praticiens qui collaborent avec eux. Par ailleurs, la coexistence de différents contextes d’apprentissage implique différentes clientèles cibles et différents lieux d’enseignement.
Le colloque sur les langues autochtones qui s’est tenu au 85e Congrès de l’ACFAS proposait un regard actuel sur l’apprentissage des langues autochtones, notamment pour la clientèle des adultes, celle en milieu scolaire et celle se trouvant dans d’autres contextes. Plusieurs enjeux et besoins ont été articulés pendant ce colloque, particulièrement le manque criant de matériel pédagogique. En effet, la gestion des questions linguistiques et culturelles peut être extrêmement décentralisée dans le cas de certaines communautés autochtones qui sont responsables localement des initiatives de revitalisation linguistique ainsi que de l’instauration et de la gestion des programmes scolaires, tandis que d’autres groupes, comme les Cris et les Inuits, possèdent leur propre commission scolaire et des organismes centraux. Comme la situation d’une langue autochtone peut varier d’un important déclin dans l’usage à une utilisation courante de la langue, il peut être difficile, même à l’intérieur d’une même nation, d’établir un consensus autour d’objectifs communs en matière de transmission de la langue, par exemple en ce qui a trait au choix et à l’évaluation du matériel ou des méthodes pédagogiques adaptés. Or, comme le souligne le gouvernement du Québec dans son Plan d’action gouvernemental pour le développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits (2017-2022), « le développement des communautés ne peut se réaliser sans un effort soutenu pour valoriser les langues autochtones, pour en augmenter le nombre de locuteurs et pour en promouvoir l’usage dans les activités du quotidien » (2017 : 34).
Dans le cadre du présent colloque, les coorganisateurs souhaitent donc réunir différents acteurs afin d’échanger sur des aspects tels que : les meilleures pratiques et les expériences concrètes en transmission ou en enseignement des langues autochtones, en portant une attention particulière à des sujets comme les méthodes et les outils d’apprentissage d’une langue autochtone en milieu scolaire (L1 ou L2), en milieu universitaire ou en milieu communautaire; les approches pédagogiques à privilégier pour pallier les niveaux variables de compétences en littératie dans la langue autochtone et dans la langue d’enseignement; l’effet d’une absence d’orthographe uniforme sur l’enseignement ou l’apprentissage d’une langue autochtone; ainsi que les expériences concrètes d’intégration de manuels d’apprentissage et de grammaires en langue autochtone dans l’enseignement, leur efficacité et leurs limites.
Remerciements
Les organisateurs tiennent à remercier chaleureusement la Première Nation ilnu de Mashteuiatsh d’accueillir les participants de ce colloque sur son territoire, de même que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur dont le soutien financier a grandement contribué à la mise en place de ce lieu d’échanges, de rencontres et de discussions. Un immense merci à ces deux partenaires!