430 - La situation dans la MRC du Granit trois ans après le déraillement du train de Lac-Mégantic : leçons tirées d’une catastrophe technologique

Les résultats présentés sont ceux de deux études mixtes réalisées trois ans après le déraillement de train auprès de 800 adultes et 978 étudiants âgés de 10 à 25 ans demeurant dans la MRC du Granit. Ces études visaient à documenter l’état de santé physique, psychologique et sociale en explorant notamment les perceptions en ce qui a trait à leur attachement et à leur sentiment de sécurité envers leur municipalité. Les études démontrent que les enfants des écoles primaires exposés à la tragédie se sentent moins en sécurité que les non-exposés. De plus, les élèves du secondaire demeurant à Lac-Mégantic croient davantage que la qualité de vie s’est améliorée depuis le déraillement de train et ceux exposés sont plus nombreux à percevoir des changements à la fois positifs et négatifs liés à la qualité de vie dans leur communauté. Les répondants âgés de 18 à 25 ans de Lac-Mégantic semblent moins satisfaits de leur municipalité que ceux provenant d’ailleurs dans la MRC. En effet, la moitié de ceux-ci estime que la qualité de vie s’est détériorée depuis le déraillement. De plus, un adulte sur dix fortement exposé à la tragédie ne se sent pas en sécurité dans son quartier et enfin, plus du quart croit que la qualité de vie s’est améliorée, alors que 15 % affirme le contraire. Aucune différence significative selon le niveau d’exposition n’est remarquée en ce qui a trait à la cohésion communautaire et au sentiment d’appartenance autant chez les adultes que chez ceux âgés de 18 à 25 ans.

Il est reconnu que certaines personnes âgées en raison de leur état de santé physique ou psychologique sont particulièrement vulnérables à développer des problèmes de santé post-désastre lorsque ces dernières sont exposées à un événement traumatique tel qu’un déraillement de train. Par exemple, les personnes âgées ayant peu de ressources personnelles, familiales ou sociales ont tendance à ressentir plus facilement de la détresse psychologique après leur exposition à une catastrophe. C’est dans ce contexte que 29 personnes âgées de 65 ans ou plus ayant été exposés directement ou indirectement à la tragédie ferroviaire de 2013 ont complété une entrevue semi-dirigée dans le cadre d’une étude mixte afin de documenter et de bien comprendre leur vécu trois ans après cet événement. Cette présentation aura pour principal objectif de présenter les conséquences négatives et positives à moyen terme qu’a engendré cet événement sur la santé physique et psychologique ainsi que sur la vie personnelle, conjugale familiale et sociale de ces répondants. Les 29 verbatims feront l’objet d’une analyse qualitative de contenu (analyse thématique) à l’aide du logiciel NVIVO’11 au courant de l’hiver 2018.

Cette communication propose de documenter les stratégies d’adaptation utilisées par les hommes au mitan de leur vie pour faire face aux différents stress vécus depuis la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, survenue en juillet 2013. Le cadre de référence utilisé dans le cadre de cette étude repose sur les modèles conceptuels de Lazarus et Folkman (1984), classifiant les stratégies d’adaptation en deux catégories: les stratégies centrées sur le problème et celles centrées sur les émotions. Ce modèle est complété par ceux de Hobfoll, Dunahoo, Ben-Porath, et Monnier (1994), de même que par la classification des stratégies de coping de Skinner, Edge, Altman et Sherwood (2003). Les données recueillies proviennent de 20 entrevues semi-dirigées menées auprès d’hommes au mitan de leur vie, soit des hommes âgés entre 35 à 64 ans vivant à Lac-Mégantic. Cette communication permettra de documenter les différentes stratégies d’adaptation utilisées par ces derniers pour faire face aux différents stress et difficultés qu’ils ont rencontrés dans le cadre de leur processus de rétablissement post-désastre. L’analyse du discours de ces répondants est présentement en cours. Les conclusions faciliteront la compréhension ce que vivent les hommes exposés à un sinistre ayant perturbé leur vie et celle des membres de leur entourage, ainsi qu’à mieux les soutenir.

Les catastrophes naturelles et technologiques sont de plus en plus nombreuses au Canada et dans le monde entier. À ce jour, les retombées positives de l’exposition à un tel évènement sont encore trop peu documentées. La communication proposée présente les résultats du volet qualitatif d’une recherche mixte menée trois ans et demi après le déraillement du train survenu à Lac-Mégantic en 2013 auprès de 800 adultes demeurant à la MRC du Granit. Dans le cadre de cette étude, 84 personnes résidant à Lac-Mégantic ont complété une entrevue semi-dirigée d’une durée moyenne de 90 minutes. Cette communication a pour objectifs 1) de décrire les principales retombées positives du déraillement de train énoncées par les répondants dans leur vie personnelle, conjugale, familiale, sociale et professionnelle, 2) identifier les différences entre les hommes et les femmes en ce qui a trait à la perception de ces retombées positives. Les 84 verbatims font l’objet d’une analyse qualitative à l’aide du logiciel NVIVO’ 11. L’utilisation de l’analyse thématique permet de dégager différents thèmes et sous-thèmes en lien avec les objectifs de cette communication.

Depuis la tragédie de Lac-Mégantic, les autorités de santé publique et leurs partenaires ont entamé une démarche de rétablissement psychosociale. Pour mieux planifier les interventions de cette démarche, nous avons examiné le rôle modérateur et médiateur d’actifs de santé dans l’association entre l’exposition à la tragédie et ses effets sur la santé mentale. Une enquête sur 800 adultes a été réalisé à l'été 2015. Les pertes humaines, matérielles et perçues causées par la tragédie ont été notées. Une mesure d’intensité de l’exposition a été construite (i.e. 3 types de pertes = intense, 1-2 types de pertes = modérée, 0 perte = pas exposition). Les issues de santé mentale sont la détresse psychologique et le risque de stress post-traumatique. Les actifs de santé sont le sentiment de cohérence, le support social et la résilience. Plus de 20% des adultes ont été intensément exposés à la tragédie (et 52.9% modérément). Un gradient est observé dans les associations entre l’intensité de l’exposition et les effets sur la santé mentale. Si aucun actif de santé n’est médiateur des associations entre l’exposition à la tragédie et la santé mentale, une résilience et un soutien social élevé sont modérateurs. Ces actifs diminuent la force des associations entre l’exposition à la tragédie et les issues de santé mentale négative. Des interventions de promotion de la santé visant à renforcer le tissu social et la capacité de gérer l’adversité doivent être coconstruites avec les citoyens.

Durant les trois premières années suivant la tragédie de Lac-Mégantic, la Direction de santé publique (DSPu) de l’Estrie, en collaboration avec l’UQAC, a réalisé trois enquêtes populationnelles auprès d’adultes de la MRC du Granit. Les résultats ont démontré des besoins importants et persistants en matière de santé psychosociale. En 2016, la DSPu a intensifié ses travaux avec divers partenaires locaux. Un plan d’action intersectoriel a été développé afin de promouvoir la résilience communautaire. Une des composantes de ce plan est la création d’une équipe de proximité permanente visant à rapprocher les services psychosociaux de la population. Cette équipe multidisciplinaire, soutenue financièrement par le MSSS et la Croix-Rouge, est située à l’extérieur des milieux cliniques. Composée de trois professionnelles à temps plein (travailleuse sociale, technicienne en travail social et organisatrice communautaire), cette équipe travaille étroitement avec un autre organisateur communautaire et trois agentes de promotion de la santé. Les principes qui guident leurs actions sont : santé globale, prévention, données probantes, approche positive, autonomisation, collaboration et inclusion. La participation citoyenne et le développement de la communauté sont au cœur de leurs services, qui incluent du soutien psychosocial, la détection et la réponse rapides à des besoins émergents et l’implication dans des projets de mobilisation communautaire.

L’équipe de proximité a été mise en place à la fin de l’été 2016. En un peu plus d’un an, l’équipe a participé et a initié différents projets. Ces derniers s’inspirent tous des connaissances tirées de recherches menées à Lac-Mégantic ou lors de catastrophes antérieures. Au travers d’exemples concrets d’initiatives réalisées à Lac-Mégantic, nous souhaitons démontrer l’importance de faire preuve de créativité, d’innovation et d’audace. La multiplication des projets permet de rejoindre différentes clientèles qui n’auraient probablement pas utilisé les services psychosociaux réguliers. Les retombées de ces projets sont multiples et observables dans l’immédiat : ils permettent la création de nouveaux liens sociaux, la réappropriation du territoire par la communauté et une meilleure compréhension des enjeux par la population. Nous présenterons différents projets qui sont le reflet de l’éventail de services que l’équipe tente de développer. En passant des « Greeters » mis en place par un comité de partenaires issus de différents milieux à l’ « Espace de mémoire » qui met de l’avant la participation et l’implication citoyenne, au projet « Leçons tirées » ainsi qu’au projet « Participation citoyenne jeunesse » qui fait suite aux préoccupations du milieu quant à la santé globale des jeunes de la MRC. L’équipe de proximité est en constante co-construction avec le milieu. Un constat se dégage : le chemin pour se rendre à la finalité est tout aussi important que la finalité en soi.

Que retient-on de ces conférences? Quelles leçons tirer de ces expériences, tant en recherche qu'en intervention