Les troubles de la personnalité (TP) se définissent comme des modalités durables de l’expérience vécue et des conduites qui dévient de la culture d’un individu en ce qui a trait à la cognition, à l’affectivité, au fonctionnement interpersonnel et au contrôle des impulsions. Le modèle catégoriel de classification des TP définit 10 troubles distincts à partir d’une série de critères diagnostiques, les plus connus étant les TP limite (instabilité de l’humeur, des relations et de l’identité, impulsivité), antisociale (mépris et transgression des droits et des normes sociales, impulsivité, absence de remords, tendances à tromper) et narcissique (fantaisies et comportements grandioses, besoin d’être admiré, manque d’empathie). Or l’approche dimensionnelle, voulant que des variations extrêmes ou des configurations particulières de traits de personnalité fondamentaux et universels (tels que le névrosisme et l’antagonisme) puissent donner lieu à des manifestations infracliniques, mais non moins problématiques, représente maintenant le nouveau paradigme en ce qui a trait à l’évaluation de la personnalité, tant dans la population générale qu’auprès de groupes cliniques. Les TP affectent environ 10% de la population générale et 40% des gens consultant en santé mentale. Au Québec, on note plus de 207 000 cas répertoriés, avec près de 29 000 nouveaux cas par année. En plus des coûts sociétaux associés à la présence de TP (hospitalisations répétées, utilisation massive des services communautaires), on note des coûts individuels importants: conflits et interactions conjugales problématiques, risque accru de violence conjugale et de rupture, comportements problématiques vis-à-vis des enfants (punitions sévères, discipline inconstante, supervision inadéquate, insensibilité). Enfin, la présence d’un TP chez une personne est aussi reconnue comme pouvant générer de fortes réactions affectives chez les intervenants, fragilisant l’alliance thérapeutique et l’efficacité des interventions.
Le vendredi 11 mai 2018