La préoccupation de la politique publique du Québec en regard de ses divers territoires est plus que jamais d’actualité. Remontant au début de la Nouvelle-France, elle fut historiquement surtout concernée par les concessions de ressources naturelles et la mise en place d’infrastructures de transport pour rendre accessibles les bassins et gisements à partir de lieux bien positionnés comme Québec, Montréal, Sept-Îles, Sorel. Le modèle de développement privilégié visait à attirer des immobilisations exogènes pour exploiter les ressources disponibles.
À partir des années 1960, la modernisation de l’appareil d’État québécois bouscule ce modèle traditionnel : la politique territoriale fut totalement renouvelée en misant largement sur les conditions endogènes du développement. Mises à part les municipalités qui furent renforcées par fusions et responsabilisations, deux nouvelles échelles territoriales ont été instaurées pour inscrire des mesures publiques en matière d’aménagement, de gestion publique et de soutien au développement culturel, social et économique. De nombreux enjeux territorialisés furent ainsi relevés dans plusieurs secteurs tels que la scolarisation, l’agriculture, le commerce, l’industrie, l’habitation, l’environnement, la culture, le transport collectif, l’organisation communautaire, l’économie sociale, l’innovation, etc. Des réseaux universels d’éducation, d’enseignement supérieur, de transport, de santé, de soutien entrepreneurial, de recherche et développement, de services sociaux, de sports, d’animation économique, etc. furent mis en œuvre partout sur l’espace québécois habité.
Cinq décennies après ce renouvellement endogène qui fut brusquement arrêté par un État plus dirigiste dans l’austérité, se pose ainsi la question du bilan ex post et de l’actualisation de la politique territoriale du Québec.