Informations générales
Événement : 86e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Ce colloque s’intéresse aux techniques et aux sciences dans la mesure où elles jouent un rôle structurant dans les systèmes symboliques de l’Occident moderne. Sans négliger le fait que les mythes sont d’abord des ensembles de signes (Barthes, 1957) et de paroles (Detienne, 1981), il propose de considérer les mythologies comme des matrices (Bouchard, 2007) ou des systèmes de pensée (Vernant, 2004) profondément enracinés dans l’ensemble des structures sociales et culturelles : institutions, imaginaires, pratiques quotidiennes, formes de corporéité, etc. Or, une grande part des mythologies de la modernité prend appui sur un système technicien et un imaginaire scientifique de plus en plus puissants. Ellul affirmait, en 1973, que ceux-ci avaient pris le relais de la transcendance chrétienne dans la structuration du rapport au monde. D’autres auteurs (Mumford, 2010; Miquel et Ménard, 1988; Musso, 2017) se sont appliqués à montrer que les développements techniques ont systématiquement contribué à la structuration de systèmes symboliques singuliers, y compris au cœur du monde chrétien. La science, son langage et ses découvertes y participent également en offrant aujourd’hui un cadre interprétatif global, que l’on trouve dans les discours de vulgarisation scientifique (Stoczkowski, 1994) comme dans les œuvres de fiction (Chassay, 2013).
Sous les termes mythologies techniques et scientifiques, on cherche à interroger des types de rapport au monde tels qu’ils sont affectés par des objets, des savoirs et des pratiques associés au dispositif technoscientifique. Les communications présentées dans ce colloque s’intéressent aux transformations des conceptions de la vie, de la mort et du temps engendrées par les techniques et les sciences, aux imaginaires du vivant et du corps en relation avec les biotechniques, aux représentations des nouvelles technologies dans les productions culturelles, aux idéologies qui supportent les imaginaires scientifiques et techniques ainsi qu’aux diverses formes de sacralisation de la technique et de la science dans le monde contemporain.
Date :Programme
Monstres, humains, machines : quand la fiction trace les frontières du naturel et de l’artificiel
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Communication orale
Du saurien au dinosaure: paléontologie et aventure, XIXe-XXe sièclePaul Faggianelli Brocart (Université Paris Nanterre)
Si la cartographie du vivant s’élabore sur le temps long d’une histoire des sciences naturelles qui court des systèmes linnéens à la figure aventureuse d’Alexander von Humboldt, le tournant du XIXe siècle marque en Europe un approfondissement temporel de l’histoire du vivant. Stratigraphie, paléontologie et archéologie contribuent à élaborer une connaissance de l’histoire longue de la vie sur terre. L’écriture de fiction s’engage à la suite de cette exploration spatiale et temporelle, pour romancer les découvertes scientifiques qui mettent en contact les chercheurs européens avec le passé «antédiluvien» de la vie.
Le saurien apparaît alors comme une figure fictive majeure de la littérature d’aventure au début du XXe siècle : de Verne à Conan Doyle, son ombre traverse de nombreuses œuvres. Cette proposition s’intéresse à la figuration d’un monstre scientifique dans le régime spectaculaire de la culture de masse. À partir de l’extension sémantique du terme, qui recouvre un ensemble de translations romanesques du discours scientifique, on s’intéresse à la circulation d’un imaginaire élaboré entre les galeries muséales, les sites de fouilles et les textes eux-mêmes. Le saurien devient l’horizon fantasmé de la fiction d’aventure impériale, qui anime les spécimens figés dans les galeries, pour projeter la vie préhistorique dans les périphéries inexplorées de la carte impériale du monde.
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Communication orale
Imaginaires techniques et vécus anthropologiques au sein de deux séries télévisuelles: Carbon Altered (2018) et Black Mirror (2011-2017)Mouloud Boukala (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À partir de séries télévisuelles où des êtres humains composent avec des technologies et usent de nouvelles formes d’incorporation, Carbon Altered (2018) et Black Mirror (2011-2017), cette communication vise à examiner comment de nouvelles technologies suscitent des façons inédites de percevoir l’autre et de se penser soi-même. Si ces séries portent sur les liens imaginables entre la corporéité et les technologies, elles nous engagent à penser les effets, réels et symboliques, de ces technologies au sein de nouveaux «milieux», c’est-à-dire de nouveaux «mondes d’action et de perception» (J. von Uexküll, 2004). Ces milieux, façonnés par des imaginaires techniques, soulèvent en effet de nombreuses interrogations qui feront la matière de cette communication: quelles sont les nouvelles possibilités physiologiques de ces implantations/incorporations? Quelles configurations sensori-perceptuelles et sensibilités suscitent-elles? Quelles idéologies sous-tendent-elles? Comment imprègnent-elles le registre du familier, du familial et modifient le rapport aux vivants et aux morts?
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Communication orale
L'intelligence artificielle a-t-elle un genre?Julien Fontaine-Binette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Alors que l’intelligence artificielle (IA) devient un sujet de plus en plus présent dans nos productions culturelles, cette communication propose une analyse des figures «féminines» dans quatre productions cinématographiques et télévisuelles. Si la plupart des productions culturelles posent l’IA comme un questionnement sur l’identité, les rapports de force, la conscience, le corps, la mort, certaines productions vont aussi interroger les rapports de genre en déployant des personnages féminins, souvent stéréotypés, qui incarnent des IA. Les thématiques abordées dans les productions culturelles touchant les questions de genre montrent des IA parfaites et séduisantes (Ex machina, 2014); amoureuses, mais désincarnées (Her, 2013); violées et en choc post-traumatique (Westworld, 2016); servantes et dociles (Humans, 2015). En formant quatre idéal-types d’IA «féminines», notre analyse, informée par la théorisation féministe (Haraway, 1984; Adam, 2001; Lafontaine, 2003) propose que les représentations des IA «féminines» dans ces quatre films ou séries télévisuelles perpétuent une pensée hétéronormative et genrée qui est issue des considérations scientifiques et techniques de l’IA. Ainsi, nous montrons que les représentations culturelles de l’IA, au delà de la question de leur réalisme, mettent en lumière les structures symboliques qui formatent une vision genrée de la société.
Les biotechniques : des institutions et de leurs imaginaires
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Communication orale
L'État au cœur de l'imaginaire technoscientifique. Les biobanques comme production d'un nouveau rapport à la vie et au corpsFabrice Colomb (Centre Pierre Naville, Université d'Evry-Université Paris Saclay)
Un des traits caractéristiques des imaginaires scientifiques et techniques contemporains est la valorisation économique de la vie en elle-même. Il s’agit en effet de produire de la «biovaleur» (Waldby et Mitchell, 2006) au sein de la «bioéconomie» (Lafontaine, 2014) grâce à l’utilisation massive de biotechnologies. Je propose d’analyser le rôle que joue l’État français dans le «processus de mythogénèse» (Bouchard, 2013) de l’imaginaire technoscientifique dans le domaine du vivant. D’une part, l’État fabrique et légitime cet imaginaire, et, d’autre part, s’assure qu’il produise des effets. Effets qui renforcent en retour la légitimité de cet imaginaire. Tout d’abord, je montre que l’État participe à l’institution de l’imaginaire technoscientifique par la production de normes juridiques, par la promotion de visions du monde et par la mise en place d'infrastructures techniques et scientifiques. Puis, je propose de caractériser les effets que produisent ces dispositifs sur le rapport à la vie et au corps. Je m’intéresse aux biobanques (populationnelles, scientifiques et thérapeutiques) qui engagent une image et un usage du vivant inédit. L’État contribue financièrement, réglementairement, humainement, techniquement aux biobanques. L’enquête que je mène sur ces dispositifs servira à montrer le rôle clé joué par l’État dans la production et la performativité de l’imaginaire technoscientifique.
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Communication orale
Les soins palliatifs: imaginaire du bien mourir à l’ère de la gestion biotechniqueMarie Melotte (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dès les années 1960, l’Occident entre dans une ère de la performance biotechnique. La mort du 19e siècle chargée de symbolique, familière, collective, ritualisée et à domicile est délogée pour une mort qui paraît, pour plusieurs, vide de sens, dans le silence et l’isolement, dans un lit d’hôpital. Le constat de la déshumanisation et de la désocialisation dans la prise en charge du mourir technico-scientifique contribue à l’émergence, dans les années 1970, du modèle biopsychosocial et spirituel, véhiculé par la culture transnationale palliative. En défendant une prise en charge humaniste de la souffrance totale du mourant, les soins palliatifs génèrent un imaginaire normatif du bien mourir moderne en créant une nouvelle réalité du mourir et de nouvelles pratiques, jusqu’alors inédites. Les dimensions psychologiques, sociales et spirituelles sont, désormais, considérées comme des lieux d’interventions soignantes.
Néanmoins, ce modèle inclusif ne serait-il pas, paradoxalement, devenu l’instrument contemporain de la gestion et de la médicalisation de la mort ? Alors que les soins palliatifs se sont construits sur base d’une critique des excès du biomédical, cette institution n’a-t-elle pas cependant substitué des techniques de soin qui s’inscrivent dans l’imaginaire de la biotechnique ? C’est cette matrice des pratiques des soins que nous désirons explorer dans cette communication, et ce, par l’analyse des techniques de soin déployées par les soins palliatifs.
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Communication orale
Les imaginaires modernes du vivant: le cas de la biologie de synthèseGaëtan Flocco (FRANCE), Mélanie Guyonvarch' (Centre Pierre Naville/TEPP-CNRS, Université d’Evry/Paris-Saclay)
La biologie de synthèse est un domaine apparu il y a une vingtaine d’années, dont nous proposons d’étudier les ressorts idéologiques, articulés à ses dimensions matérielles (Godelier, 1984), en termes de pratiques et de produits. Véritable «human engineering» (Anders, 2002), elle constitue l’une des concrétisations de l’imaginaire moderne du vivant, dans la mesure où elle vise à améliorer ce dernier ou à créer synthétiquement des fonctionnalités biologiques n’existant pas dans la nature. Certaines applications existent déjà, telles que des médicaments produits synthétiquement ou des outils de diagnostic du sida. D’autres, innombrables, font figure encore de promesses mais concernent de multiples secteurs de la vie, allant de la santé à l’agriculture, en passant par l’énergie, les matériaux ou l’environnement. Ce faisant, l’une des questions que pose l’émergence de cette technoscience est de saisir les imaginaires modernes du vivant dont la biologie de synthèse est à la fois le symptôme, par ce qu’elle révèle, et la matrice, par ce qu’elle fabrique. En explorant les mythes modernes sur lesquels se fonde la biologie de synthèse (Barthes, 1957), nous analysons sa conception du vivant et de son amélioration perpétuelle (Le Dévédec, 2015), sa vision de la mort dont on cherche à repousser les limites (Lafontaine, 2008), ainsi que celle du temps et de son accélération exponentielle (Rosa, 2010).
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Communication orale
Alimentation du futur et imaginaires sociotechniques: regard sur les promesses de la viande in vitroElisabeth Abergel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Août 2013 voit l’arrivée du premier hamburger in vitro, un morceau de chair de 85g produit à partir de cellules musculaires cultivées en laboratoire, prélevées sur deux vaches encore vivantes. En faisant office de preuve de concept, ce tissu comestible contribue à la fabrication d’imaginaires concernant la possibilité d’une économie post-animale et d’un nouveau paradigme qui est celui de l’agriculture cellulaire: la production de protéines animales dans des bioréacteurs. Des avancées dans le domaine de la biomédecine promettent ainsi de rendre plus efficace la biofabrication de tissus vivants comestibles. La communication explorera les promesses que ces avancées technologiques révèlent, notamment dans le domaine de l’éthique animale, de l’environnement et de la santé. Nous explorerons les aspects performatifs du discours technoscientifique de l’agriculture cellulaire à partir d’une analyse médiatique sur la viande in vitro. Plus particulièrement, nous étudierons la production d’anticipations de courtes et de moyennes portées servant à susciter l’intérêt et le soutien des scientifiques, des politiques, des innovateurs culturels, des investisseurs ou encore des consommateurs. Ces promesses de transformation radicale de l’agriculture et de la viande brouillent les frontières entre «science-réelle» et «science-fiction» et se nourrissent de visions utopistes des technosciences.
Dîner
Splendeurs et misères des nouvelles technologies : imaginaires du pouvoir et du salut
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Communication orale
L'ordinateur: Dieu qui met de l'ordre dans le monde. Fantasmes de pouvoir et auto-engendrement en informatiqueIsabelle Collet (Université de Genève)Présentation Slideshare
Dans les années 40, les pionniers de l’informatique ne cherchaient pas à construire un calculateur performant, mais à créer une vie artificielle, à s’auto-engendrer (Turing, 1950; Wiener, 1964). Nous partirons de leurs écrits pour montrer quels sont les fantasmes de pouvoir à l’œuvre autour de la création de l’ordinateur, terme créé par Perret en 1955 qui désigne «Dieu qui met de l’ordre dans le monde». Qui sont les individus qui contrôlent la machine qui se substitue à Dieu?
Nous avons recueilli les propos de 15 informaticien-nes qui nous expliqué leur choix d’études. À travers leur récit, l’informatique apparait comme un univers de pouvoir sur les machines, la société et les personnes. Plus l’informatique prend une place importante dans la vie de tous les jours, plus les informaticiens (en particulier les hackers) peuvent avoir l’impression que tout ce qui importe dans le monde peut se modéliser avec des ordinateurs, y compris des duplications de soi-même, ou des formes d’intelligences artificielles. L’univers informatique finit par se confondre sur un plan imaginaire avec l’univers réel. Ces deux univers ont bien un point commun: seuls des hommes sont légitimes pour en écrire les règles. Si un marché de l’emploi porteur a induit des politiques de recrutement privilégiant les hommes (Abbate, 2012; Misa 2010), le tournant de la micro-informatique a importé dans le grand public les fantasmes des hackers et a justifié l’exclusion des femmes de la discipline (Collet, 2009).
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Communication orale
La magie de l’algorithmeSylvain Martet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Apparu d’abord dans le champ des mathématiques, le concept d’algorithme recouvre toute succession d’actions systématiques suivant des étapes préétablies pour résoudre un problème ou obtenir un résultat. Le terme a cependant changé de connotation en deux temps: d’abord par le rôle de ces opérations dans le développement de l’informatique; puis par sa popularisation dans les discours médiatiques.
Dans ces discours, l’algorithme apparaît souvent comme une figure technologique puissante suscitant craintes et espoirs, aux côtés de celles du robot ou de l’intelligence artificielle. Des algorithmes sont effectivement présents dans les moteurs de recherche, les marchés financiers, la publicité en ligne et les applications permettant l’accès à des produits culturels. Des travaux récents (Cardon, 2017; Seyfert et Roberge, 2016) montrent cependant que ceux-ci sont avant tout des outils créés et mobilisés par des entreprises dans leurs stratégies de développement. Pourtant, le traitement médiatique insiste davantage sur leur pouvoir intrinsèque supposé que sur les raisons de leur existence. Ma présentation vise à comprendre pourquoi ce décalage dans la compréhension du statut des algorithmes perdure. Outre une revue de littérature scientifique sur les algorithmes dans le domaine culturel, ma présentation reposera sur l’analyse de leur description dans les médias contemporains ainsi que sur des entretiens avec des professionnels du milieu culturel.
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Communication orale
La main invisible des algorithmes: accès inédit à la liberté ou nouvelle hétéronomie?Frédéric Cassiani-Laurin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L'intelligence artificielle, par ses algorithmes, son apprentissage machine, par l'écosystème du big data, est en voie de changer nos vies; elle a déjà commencé à le faire dans diverses sphères de la vie humaine et sociale. Le monde du travail est aussi sur le point d'être révolutionné par une automatisation croissante des tâches et des emplois eux-mêmes.
Pour certains, comme le futuriste et transhumaniste R. Kurzweil, les transformations attribuées à la «quatrième révolution industrielle» sont la prochaine étape du progrès humain: il sera possible, grâce aux nouvelles technologies et aux développements en intelligence artificielle, d'améliorer la santé, de réduire le travail, de nous rendre plus productifs, plus efficaces, plus créatifs; bref, plus heureux et plus libres (Kurzweil, 2005). Pour d'autres, nous somme en train, par ce «nouveau normal» introduit par les algorithmes dans toutes ces sphères de nos vies, de devenir «dépendants de choses dont la compréhension nous échappe» (Paré, 2017).
Il semble clair, dans tous les cas, que l'intelligence artificielle est en train de changer notre rapport au monde, jusqu'à instituer un nouveau lieu de pouvoir où de nouvelles altérités guideraient ou dicteraient notre devenir à la fois individuel et collectif. Sommes-nous en passe d'entrer dans une nouvelle ère d'autonomie et de liberté ou sommes-nous en train de façonner une nouvelle forme d'hétéronomie à qui nous confierons notre liberté, voire même notre capacité de choisir?
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Communication orale
L’autre par ses traces: la relation entretenue avec les données numériques d’un proche défuntThomas Blouin (Université Laval)
L’augmentation toujours plus importante de la place prise par les technologies numériques a bien moins amené une dématérialisation de la vie sociale qu’une matérialisation d’une autre nature. Ce qui était autrefois éphémère ou uniquement partagé par quelques personnes devient aujourd’hui «objectif», s’archivant sur des supports à partir desquels on peut consulter le contenu. Par notre utilisation quotidienne de ces technologies, nous laissons une infinité de données numériques, pouvant ensuite constituer autant de traces de soi. Si la plupart de ces données nous restent invisibles et inaccessibles, une quantité importante peut toujours être consultée.
En joignant cette capacité d’explorer ces traces devenues «objectives» à ce que plusieurs ont qualifié d’intimisation des rites de mort, je me suis questionné sur l’utilisation des données numériques et leurs supports (cellulaire, ordinateur) laissés par un proche défunt. Devant l’insuffisance des rites de traditionnels éprouvée par plusieurs, les données numériques peuvent, en tant que traces de l’autre, aider à assurer une transition là où il n’y a, a priori, que rupture. Si certains investissent ces données d’un nouvel imaginaire de l’après-vie, la plupart trouvent dans celles-ci une possibilité de continuer, voire de modifier, la relation entretenue avec le défunt. Pour ces derniers, comme pour d’autres qui préfèrent en rester loin, ces traces de l’identité du défunt deviennent un élément important du rapport à la mort.
Les ruses de la technique, 30 ans plus tard
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Communication orale
Ruses de la technique: retour sur une intuitionGuy Ménard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Il y a trente ans paraissaient Les ruses de la technique (C. Miquel et G. Ménard, Boréal/Méridiens-Klincksieck, 1988). Dans le but de mieux comprendre ce «virage technologique» dont on nous annonçait l’arrivée à grand renfort d’enthousiasme et de lyrisme, cet essai proposait une histoire du symbolisme des techniques. En dialogue avec de marquantes réflexions contemporaines (Heidegger, Habermas, Ellul, Hottois), il le faisait en s’arrêtant à leur dimension mythique, éthique, rituelle et religieuse. Il partait du postulat que, depuis le premier silex jusqu’au dernier iPhone, toutes les techniques se sont trouvées insérées dans de puissants univers symboliques qui en ont largement déterminé la signification et la valeur. Impossible, donc, de comprendre l’impact réel de la technique sans interroger les univers symboliques dans lesquels celle-ci a été codée — depuis la préhistoire jusqu’à la révolution industrielle, en passant par la Grèce ancienne et le Moyen Âge occidental. Plus précisément encore, cet ouvrage suggérait que la technique, longtemps tenue en respect au pôle transgressif du sacré, avait fini par devenir le principal outil d’une resacralisation de l’ordre du monde. Il s’interrogeait enfin sur diverses avenues possibles du «destin» de cette figure contemporaine de la technique. Trois décennies plus tard, on reviendra sur quelques-unes des interrogations soulevées à l’époque ainsi que sur la pertinence des avenues de réponses qui avaient alors été esquissées.
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Communication orale
Réponse à «Ruses de la technique: retour sur une intuition»Eve Paquette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication d'une dizaine de minutes offre une réponse aux éléments saillants de la communication présentée par Guy Ménard. Elle propose également des pistes de réflexion pour la discussion.