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Informations générales

Événement : 86e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Les centres de recherche EXPERICE et RQHV ainsi que les constituantes UQAC, UQAR, PARIS 13 et LILLE 3 souhaitent ouvrir un espace de dialogue sur la recherche autobiographique et la recherche biographique en éducation, en création et en transmission culturelle. Nous voulons à cette occasion documenter au plus près le récit d’expériences subjectives comme production de savoirs biographiques (C. Delory Momberger) et rejoindre ainsi la discussion internationale reposant sur ce champ disciplinaire reconnu dans les pays anglo-saxons (Biography Research) et germaniques (Biographieforschung).

Les communications aborderont l’idée centrale de la narration biographique comme mode d’appréhension et de compréhension d’expériences subjectives (S. Morais, A. Dizerbo, P. Dominicé, G. Pineau, V. Melin, J.-M. Rugira, L. Gomès). Cette idée fera l’objet de discussions selon des vecteurs performatifs, transformateurs et créateurs afin de souligner ses enjeux spécifiques en éducation, en création et en transmission culturelle. Il s’agira de témoignages d’expériences de professeurs, de chercheurs, de chercheurs créateurs et d’artistes, chacun exprimant des échos biographiques singuliers qui seront mis en perspective épistémologique à travers des paradigmes herméneutiques, phénoménologiques et pragmatiques.

Walter Benjamin annonçait la « chute du cours de notre d’expérience » (Expérience et pauvreté, 1933), qui plonge les hommes et les femmes dans une pauvreté tout à fait nouvelle : nous sommes pauvres en expériences communicables. Ce colloque s’inscrit dans un mouvement contemporain qui fait cause commune avec les chercheurs, les chercheurs créateurs et les artistes qui ont choisi d’explorer des possibilités de recherche radicalement différentes et fondées sur la narration de l’expérience subjective. Par leurs récits de vie, leurs actes de création, leurs actions pédagogiques et culturelles, ils font en sorte qu’une humanité s’apprête à survivre à cette disparition de la culture annoncée par Benjamin. Ils poseront un regard transversal sur la recherche autobiographique et la recherche biographique en éducation, en création et en transmission culturelle avec l’intention de produire des connaissances nouvelles en interrogeant l’espace politique, poétique et éducatif que révèle la narration de l’expérience humaine.

Tout en portant une attention particulière aux enjeux épistémologiques, problématiques, méthodologiques et biographiques que soulève le récit d’expérience, le colloque invite à penser la recherche autobiographique et la recherche biographique selon trois axes de réflexion : en éducation, en création et en transmission culturelle.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

La recherche autobiographique

Salle : A0-1040 (Galerie) — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    La primauté de l’expérience dans la recherche biographique : vers quels savoirs?
    Sylvie Morais (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Le constat se retrouve chez Walter Benjamin qui annonçait « la chute du cours de notre d’expérience » (Expérience et pauvreté 1933) qui plonge les hommes et les femmes dans une pauvreté tout à fait nouvelle, nous sommes pauvres en expériences communicables. La recherche biographique s’inscrit dans un mouvement contemporain qui fait cause commune avec les chercheurs, les chercheurs créateurs et les artistes, qui ont pris pour tâche d’explorer des possibilités de recherche radicalement différentes et fondées sur la narration de l’expérience subjective. Par nos récits d’expérience, et aussi par nos actions poétiques, pédagogiques et culturelles, c’est toute une humanité qui s’apprête à survivre à cette disparition annoncée par Benjamin. Ce regard transversal posé sur la recherche biographique en éducation, en création et en transmission culturelle est pensé avec l’intention de produire des connaissances nouvelles, qui interrogent l’espace politique, poétique et éducatif que révèle le récit de l’expérience subjective.

  • Communication orale
    Quand s’expérimente l’art de se raconter et de mettre en image l’expérience vécue : retour sur un parcours photographique.
    Marcelle Dubé (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    M’appuyant sur la démarche pédagogique développée dans le cadre des séminaires mensuels que j’anime avec des stagiaires en travail social, cette communication vise à présenter, à rebours et sous la forme d’un « récit d’expérience de formation », les intentions de départ qui ont présidé à la mise en place d’un « projet photos » et à dévoiler la trame narrative. Ainsi, tout en interrogeant cette expérience autour des aspects suivants : l’accueil et la participation que les étudiant/e/s ont réservés à cette proposition, les photos soumises et le contenu des textes les accompagnant ainsi que la discussion et les échanges qu’elles ont générés, je tenterai de voir ce que donne à penser cette expérience et comment les intentions initiales ont cheminé offrant un espace créatif et subjectif qui a permis l’expression des identités professionnelles en devenir et les multiples cas de figures que donne à voir le maillage des différents savoirs (dire – faire – être ) dans l’exercice de cette profession. Au final le regard croisé que je compte poser à travers ces parcours photographiques des stagiaires, c’est également celui de ma pratique de professeure au sein de l’université et voir comment depuis mes débuts j’ai cherché à interroger de manière narrative et réflexive ces propositions pédagogiques parfois audacieuses que j’ai mises en place et qui proposent un dialogue et la rencontre entre la création et les apprentissages et oser faire autrement dans cet espace éducatif.

  • Communication orale
    Soutenir l’engagement existentiel et vocationnel des étudiantes en travail social par l’autobiographie en petit groupe : résultats préliminaires d’une recherche-action
    Marie Beauchesne (Université Laval)

    Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche-action réalisée au doctorat en service social, auprès d’un groupe d’étudiantes au baccalauréat en travail social dans une université du Québec. Cette recherche visait à permettre à ces étudiantes de réaliser une réflexion sur le sens de leur engagement dans leur profession, grâce à un travail autobiographique, en vue de formaliser un projet d’engagement existentiel, cohérent et porteur. Les étudiantes s’engagent en travail social notamment par un désir d’aider les autres et de rendre le monde meilleur. Néanmoins, cet engagement risque d’être désenchanté face aux nombreuses contradictions qui les attendent sur le terrain. La confrontation quotidienne à la vulnérabilité et à la souffrance humaine, couplée à des ressources limitées pour intervenir, provoquent un écart douloureux pouvant conduire à l’épuisement des travailleurs sociaux. La recherche visait à expérimenter un dispositif pédagogique permettant aux étudiants d’explorer un projet existentiel et vocationnel, susceptible de les soutenir dans l’exercice de leur fonction. L’approche autobiographique a été retenue comme modalité pédagogique. Les résultats donneront à voir les effets de la démarche sur la construction de l’engagement perçus par les étudiantes, ainsi que certains constats entourant la pertinence d’une telle démarche dans un cursus universitaire en travail social.

  • Communication orale
    Au cœur de la guerre, la plongée dans le récit performatif comme mise au monde d’une voie-voix métisse
    Violaine Courtois (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    D’aussi loin que je me souvienne, une quête de sens autour de la question de la relation à l’autre, des rapports de pouvoir, et d’un vivre ensemble m’anime profondément. Portée par celle-ci, la sensation d’être étrangère dans mon propre milieu et l’impuissance à m’exprimer dans l’espace « entre nous », mon parcours m’a mené de France à l’île de la Réunion puis jusqu’au Québec. C’est sur cette nouvelle terre que je me suis plongée dans une recherche biographique en première personne. A partir d’un processus de recherche-action-création réalisé préalablement autour de multiples pratiques performatives, la phénoménologie et l’herméneutique sont mises ici au profit d’une écriture performative qui témoigne d’un processus de transformation au cœur même de l’expérience de l’écrit. Guidée par l’acte créatif performatif à travers le mouvement, la sculpture et l’écriture j’ai redécouvert mon histoire de vie et la présence en moi d’une identité en survie. Le récit est devenu pour moi espace de recherche, espace de mise à nu, de rencontre, de dialogue où se révèlent et se renouvèlent les identités multiples et composites qui m’habitent. Espace de naissance d’une identité neuve, médiatrice et toujours en trans-formation. Cette communication est l’occasion de partager comment le récit en première personne m’accompagne dans la transition d’un état de guerre et d’une expression conditionnée à une posture de dialogue, assumant sa vulnérabilité face à l’autre.

  • Communication orale
    De l’impuissance à l’agir de la parole créative, un chemin de consentement au mouvement de la vie : le choix créatif d’un(e) mémoire en acte.
    Sylvie Hogue (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Cette recherche heuristique s’ancre dans une écriture à la première personne. Devant le retour des évènements du passé et les situations-limites de mon existence, je suis invitée à transiter par des thèmes comme le deuil, la colère et les séparations. Donnant un caractère autobiographique à ma recherche, j’explore les voies de sortie de la crise : un langage communicable permettant la sortie de l’errance de sens. Du rejet à l’inclusion de l’autre, celui qui est perçu dans mon histoire passée comme une menace me contraignant à l’impuissance, je cherche les racines de ma propre humanité : l’accueil, la bienveillance et le respect de l’amour à soi et de l’autre dans la parole d’oraison. À partir de mes blessures existentielles et de mes particularités cognitives, je crée le corpus des données. Le geste de l’artiste me permet de vous présenter les procédés méthodologiques et épistémologiques de la recherche. Ce mouvement d’existence et de vie neuve m’ouvre à l’exploration de ma communicabilité singulière. En instaurant une démarche à l’esprit phénoménologique et herméneutique, je vis ma compréhension dans émergence d’un présent de l’expérience de l’écriture, geste éthique de « consentement » à l’altérité et au mouvement évolutif de ma vie.


Dîner

Dîner

Salle : Dîner libre — Bâtiment : UQAC

Communications orales

La recherche biographique en transmission culturelle

Salle : A0-1040 (Galerie) — Bâtiment : UQAC
Présidence : Anne Dizerbo (ESPE de Rouen)
  • Communication orale
    Pratiques automédiales partagées en contexte d’ateliers d’accompagnement sensible au développement du soi-créateur
    Renée Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Produire un objet artistique suppose de prendre le risque de s’objectiver dans un acte d’interrogation et d’actualisation possibles d’un soi-créateur, et ce, tant pour la personne qui accompagne que pour celle qui participe. La recherche veut étudier les processus de subjectivation en place dans ce contexte spécifique d’ateliers de pratiques automédiales partagées.

    La création artistique fait appel à une démarche particulière de présence au monde, à soi et aux autres. Une relation sensible et authentique s’établit entre soi et la matière, que l’artiste concrétise dans un objet artistique. Cette pratique automédiale qui s’exprime autour de cette objectivation d’une intériorité est l’occasion de s’interroger et d’actualiser son identité d’artiste, son soi-créateur. En revanche, à l’âge adulte, il peut sembler difficile d’identifier ses propres ressources ainsi que celles de son milieu et de les mobiliser pour développer le soi-créateur. Ancrée dans ma propre identité d’artiste multidisciplinaire, médiatrice artistique et enseignante des arts, je cherche à accompagner des artistes-en-devenir dans le développement du soi-créateur par le partage de pratique automédiales. Je mets donc en place des ateliers de d’accompagnement sensible au développement du soi-créateur en contexte d’éducation non-formelle, afin de partager ces pratiques automédiales et étudier les processus de subjectivation qui apparaissent tant dans ma propre pratique que dans celle des participants.

  • Communication orale
    Autobiographie et création d’une comédie musicale : une voie d’accompagnement de l’autoformation existentielle
    Geoffrey Molle (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Je présente ici les résultats de ma démarche de maîtrise en étude des pratiques psychosociales. Mon mémoire présente une méthode d’intervention basée sur la création collective d’une comédie musicale. Pour produire mes données de recherche, je me suis appliqué à des techniques d’explicitation, d’autobiographie et de théâtre d’intervention dans le but de passer d’un paradigme de séparation des pôles « enfant-jeu-imaginaire » et « adulte- responsabilité-réel » à un paradigme d’union de ceux-ci. Le but de cette recherche mêlant autobiographie et création était de réconcilier ces deux opposés et de les faire se compléter. Il en a résulté une comédie musicale dont l’histoire symbolise la lutte entre ces pôles jusqu’à leur union, ainsi qu’une modélisation illustrant le trajet que fait chaque participant sur 3 axes bipolaires : individu-collectif, ancien paradigme-nouveau paradigme et imaginaire-réel.

  • Communication orale
    Co-construction du sens dans les pratiques de transmission et de valorisation des cultures autochtones
    Lisa-Marie Lapointe (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Les pratiques de transmission visent essentiellement la transmission de contenus culturels de valeur. En ce sens, la transmission culturelle fait référence à toute activité ou pratique impliquant le transfert – et donc un processus d’actualisation - des patrimoines matériels ou immatériels d’une culture. Nous voyons aujourd’hui émerger de nouveaux dispositifs de transmission des cultures autochtones. En revanche, ces dispositifs, déjà sous-représentés dans les institutions culturelles québécoises, ne semblent pas se déployer pleinement en-dehors de celles-ci, où l’art et la culture autochtone y est déjà très peu (re)connue. Comment alors susciter la rencontre ? Il me semble ici pertinent d’envisager la transmission culturelle comme dynamique trans-formatrice : comment les pratiques de transmission culturelle, lorsqu’elles s’articulent dans la concertation et l’action collective, participent à la co-construction des êtres et du sens ? Cette recherche-action se veut un espace de réflexion sur la création artistique et la transmission culturelle envisagés dans la co-construction de l’existence individuelle et collective. Pour ce faire, j’approfondirai d’abord les rapports d’autoproduction (autopoïétique) inhérents à la construction de soi sur le plan individuel et puis la co-construction du sens sur le plan collectif dans la perspective d’un interactionnisme social, et ce, dans un objectif plus large de renforcement du pouvoir d’agir (empowerment).

  • Communication orale
    Interculturalité sur le chemin de la résistance. Le lien entre la culture Innue et Haïtienne
    Jenipher Charles

    Haïtienne, tout récemment immigrée au Québec, j’ai eu l’occasion de rencontrer la culture autochtone, le peuple innu. Une culture dont je n’imaginais pas l’existence, mais pour laquelle j’ai ressenti un fort rapprochement avec ma propre culture, notamment en ce qui concerne l’acculturation. En effet, en contact avec une culture dite supérieure, celle des colonisateurs, les « Innus et Haïtiens » ont subi une oppression culturelle, qui a eu pour conséquence une perte d’identité. Cependant, tout n’est pas perdu, ces deux peuples ont lutté et luttent encore pour conserver leur mémoire, leur histoire, leur culture d’origine. Ce problème a déclenché en moi la curiosité d’en comprendre davantage sur ce rapprochement qui pourrait exister entre ces deux cultures à travers leurs danses, leurs pratiques religieuses et leurs croyances. Tout en essayant d’établir un lien entre ces deux cultures, ma recherche est aussi une quête d’identité sur ma propre culture. Il s’agit donc d’une recherche création auto-ethnobiographique, qui permettra d’aboutir sur la découverte des deux cultures dans une visée de création en médiation interculturelle. Selon une approche participative, j’ai l’intention de réaliser un film documentaire-fiction sur le thème de la résistance, tout en établissant ce rapprochement parfois étonnant, parfois fictif, entre ces deux cultures d’apparence si différentes.

  • Communication orale
    Enquête du chercheur migrant sur sa condition migratoire via le sujet enquêté. Eléments de compréhension et de transformation biographique
    Sofiane Sahoui (Paris Sorbonne cité)

    Cette contribution rendra compte d’une recherche inscrite dans le champ de la recherche biographique en éducation visant à comprendre comment les migrants « renvoyés » dans leurs pays d’origine –après une expérience migratoire mise à l’échec- vivent et se reconstruisent dans un environnement social. En tant que chercheur-sujet confronté dans mon « parcours de vie » à la réalité migratoire dont une « expulsion » faisait à juste titre partie de mon horizon de possibles, je me trouve témoin de la vie du groupe auquel j’appartenais. Les entretiens construits avec ces individus-expulsés produisent, à partir de nos expériences singulières et collectives, un « travail biographique » permettant de nous positionner en sujets-objets de nos échanges comme chercheurs créateurs de nouveaux savoirs liés à nos conditions de migrants. La parole dite, mise à l’épreuve de l’herméneutique, fait jaillir un faire biographique dans sa dimension politico-pragmatique pour dégager des pistes d’action visant à mieux faire ou faire autrement de ce qui a été la norme dans la perception de la migration, en se définissant différemment vis-à-vis de soi-même et de son environnement.

Communications orales

La recherche biographique en éducation

Salle : A0-1040 (Galerie) — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Interprétation d’un parcours en recherche biographique : articuler connaissances scientifiques et savoir biographique pour construire cohésion et cohérence identitaire
    Anne Dizerbo (ESPE de Rouen)

    Cette contribution mettra en sens un parcours de recherche encore jeune, inscrit dans la perspective de la RBE (recherche biographique en éducation). Une approche herméneutique de ce parcours montrera comment, malgré une apparente dispersion (il s’inscrit dans différents domaines et aborde différents objets), l’articulation étroite de la production de connaissances scientifiques avec l’élaboration d’un savoir biographique construit finalement de la cohérence et de la cohésion. Les processus hétérobiographiques à l’œuvre dans la RBE permettent au chercheur comme au sujet d’interroger de conscientiser ses valeurs, ses représentations, ses postures, de les affirmer ou de les infirmer et de transformer ses agirs. Je rendrai compte de cette dimension subjective de la recherche et de la manière dont la parole de soi constitue l’accès à un savoir et à un pouvoir permettant de se développer et d’agir en tant que « sujet » (Delory-Momberger, 2016).

  • Communication orale
    Biographie-corps-espace. Amorce d’une biopédagogie énactive en enseignement des arts
    Sylvie Morais (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Je m’interroge sur l'école de demain et les défis posés par « le grand récit » du monde qui irrigue notre société contemporaine. L’école peine encore à se dégager d’une conception unitaire et homogène du sujet qu’elle devrait éduquer et hésite à explorer la manière dont les sujets font signifier leurs expériences. Or, la recherche en neurosciences propose que tout apprentissage, qu’il soit formel ou informel, ne peut prendre sens pour le sujet en dehors de son expérience en action et en situation. L’apprentissage est énacté, il s’effectue d’après une boucle interactive qui engage notre biographie, (ce que nous sommes), notre corps en action (ce que nous faisons) et l’espace vécu (là où nous sommes). Grâce à une dynamique de biographisation, chacun acte son apprentissage dans une réactualisation, tant sur le plan individuel que collectif.

    J’ai voulu comprendre comment l’enseignant des arts peut activer cette dynamique de biographisation dans l’espace pédagogique. J’ai donc vérifié auprès d’étudiants un modèle situation d’apprentissage énactif et qui s’ajuste au cadre théorique de la recherche biographique en éducation. Les premiers résultats montrent la mobilisation d'une compétence empathique. Six niveaux d'empathie sont mis en évidence et agissent différemment sur la dynamique de biographisation. Je voudrais présenter les premiers résultats de cette recherche qui dans un contexte plus large, a comme objectif les conditions d’un enseignement des arts aujourd’hui.

  • Communication orale
    L’advenue de l’autre : un chemin de biographisation dans la pratique de création théâtrale au cegep
    Jean Potvin (Cégep de Chicoutimi)

    Dans l’étude du jeu dramatique, l’étudiant parcourt un chemin singulier vers un personnage pour inversement le faire advenir en lui-même (Stanislavski). L’étudiant doit a priori se connaitre lui-même afin d’aller à la rencontre de ce personnage qui prendra naissance dans son corps, tout en demeurant conscient de ces deux entités distinctes vivant en lui (Ricoeur, Levinas). De plus, dans le contexte d’une classe d’enseignement, il aura à composer avec d’autres étrangers — l’enseignant, les collègues et leurs personnages ainsi que les spectateurs. Je m’interroge sur l’altérité des rencontres qu’entreprendra cet étudiant dans sa pratique de création théâtrale et ce cheminement parallèle qu’il parcourt avec les autres où il compose son personnage et envers lui-même par la création du personnage qui le transforme. Que se passe-t-il dans le vécu biographique de l’étudiant entre le début de la création et la représentation devant public pour qu’advienne un autre de lui-même? Qu’adviendra-t-il à l’étudiant qui prendra conscience de ce cheminement? Je m’attends à voir naitre un chemin de biographisation (C. Delory Momberger) complexe de l’étudiant qui dans l’advenue de l’autre verra apparaitre de nouvelles perceptions du social portées par des attitudes et des habiletés intérieures tout aussi nouvelles.

  • Communication orale
    Récit et phénoménologie. Comment l'expérience d'écrire est un révélateur de mémoires biographique ?
    Clarinthe De Langie (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Travailler sans relâche, laisser libre cours à son imagination, pousser son corps à l'extrême, ressentir, vivre son art, créer dans la précipitation, avec un sentiment d'urgence, un besoin presque boulimique. Et puis l'oeuvre arrive à son terme, extirpée du plus profond de l'être qu'est l'artiste, la création devient autonome. Elle est œuvre, reflet d'une perception, miroir de l'artiste, trace d'un temps, allégorie du souvenir, témoignage symbolique de ses mémoire biographiques. Mais comment le dire, comment l’exprimer, comment le raconter ? C'est alors que la phénoménologie comme mode d’écriture devient un moyen pour entrer en pleine conscience de ce qui a été vécu. Via le récit d'expérience l'être de l’artiste prend pleinement conscience de son vécu sensible, de sa perception personnelle, présente lors de son geste créateur. Pour cette communication je voudrais raconter comment le récit phénoménologique, lorsqu’il est basée sur le ressouvenir et sur le « je » identitaire, m’aura permis de faire ressortir une conscience absolue, organisée par des perceptions et sensations (Husserl). C'est en plongeant dans mes mémoires biographiques par le récit phénoménologique que j’ai pu rendre consciente ma propre conscience.


Dîner

Dîner

Salle : Dîner libre — Bâtiment : UQAC

Communications orales

La recherche biographique en création

Salle : A0-1040 (Galerie) — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Narrathème et art action
    Constanza Camelo (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Cette communication permettra de réaliser un retour réflexif sur la nature esthétique et sociale du processus de création qui a émergé lors de rencontres performatives où l’altérité était mise en relief. C’est à partir du site web de l’artiste, des récits archivés des participants aux actions, que l’on abordera la notion de narrathème : forme métaphorique du témoignage personnel, d’une expérience esthétique, mais aussi politique et historique, qui annonce «ce qu’on fait, ce qu’on a fait, ce qu’on veut faire». Également, à partir des documents photographiques et vidéographiques de promenades collectives présents dans le site web, on présentera les diverses étapes de création d’un portrait vivant - et en mouvance – d’expériences humaines du déplacement, de la migration et de la mobilité contemporains.

  • Communication orale
    L’interdisciplinarité à travers l’art vivant : une phénobiographie en acte
    Patrice Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Pour cette communication, j’ai l’intention de présenter mon œuvre Le bord de l’eau de la mort à travers les archives accumulées lors de sa création dans le contexte d’une maitrise en art. Un processus de création qui va du théâtre jusqu’au performatif et faisant à une multitude de médiums dont, les arts d’interprétation, la poésie, la danse et les arts visuels. Un processus biographique de l’expérientiel, issu d’un vécu intime, mais que le partage finit par se libérer sous une forme poïétique. C’est à travers un chemin immersif que le pouvoir de raconter une expérience de vie s’exprime dans cette œuvre. Dans une tentative performative, je cherche à traduire dans le corps et à travers le corps ce vécu qui fait appel à un travail émotif et sensitif de l’espace qui devient sacré en se révélant à nous. C’est donc à partir d’un discours phénobiographique (Morais, 2017) que je retracerai le fil de mes expériences pour cheminer vers la création de mon œuvre interdisciplinaire et poïétique en art vivant.

  • Communication orale
    De l’errance à l’incarnation, un parcours biographique en recherche-création
    Aurélie Sasias (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Cette recherche création est une recherche existentielle sur une quête d’incarnation. Décidée à affronter ma problématique d’exilée volontaire je m’engage dans une recherche tout d’abord phénoménologique, pour plonger au cœur de mes expériences. Outre les écrits, mon intérêt pour les arts trouve un chemin dans une recherche création. Historienne de formation, je ne peux m'empêcher de trouver une importance primordiale à l’inscription de l’homme dans sa propre histoire. Voici pourquoi j’accorde un intérêt marqué à l’herméneutique que j'ajoute à cette recherche sous la forme du récit biographique. Créant ce que j'ai appelé « un processus inscriptif » comprenant le processus créer-décrire-écrire et inscrire, je pars en quête des parts fondatrices de moi-même dans le but de déraciner les peurs qui m'enserrent, me coupent des autres et me poussent parfois à l’autodestruction. Ainsi, je crée des œuvres artistiques qui sont rattachées à une expérience singulière que je décris par un processus d’écriture expérientielle, plongeant dans une verticalité de l’expérience. Puis le récit biographique vient tirer un fil horizontal, rassemblant toutes ces expériences entre elles. Par cette écriture, je biographise c’est-à-dire j’inscris cette histoire et je m’inscris dans mon histoire, opérant une maïeutique du passé par l’avenir.

  • Communication orale
    Du « fragment biographique » à une création théâtrale partagée
    Catherine Bouve (Centre de formation Saint Honoré, Paris 19ème)

    Cette communication s’appuie sur une expérience artistique menée par le metteur en scène Ricardo López Muñoz, avec des habitants de la région de Santiago de Chile, à laquelle j’ai participé, en tant que dramaturge. « Fragmentos de memorias, Grandes Historias Minimas »[1] a constitué en un laboratoire de création, dans le mouvement du théâtre relationnel, avec ces personnes et des jeunes artistes chiliens, à partir de matériaux : récits de vie, objets, lettres, autoportraits, chansons, musiques, poèmes, textes écrits, photographies, vidéos, sons, articles de presse, documents - vieux journaux, etc. apportés par les participants. Ces matériaux sont autant d’indices de parcours de vie, permettant l’expression de fragments biographiques, pensés comme appuis à la narration et au dispositif scénique. Ce processus - inversant la représentation et le rapport classique au théâtre - a débouché sur cinq créations, une par ville, et une sixième, pour un spectacle final, intitulé La gran cosecha[2], au centre culturel Gabriela Mistral de Santiago de Chile. Cette forme de théâtre relationnel affirme la valeur de l’expérience de chacun, favorise le lien social entre les participants, revendique la dimension humaine de cette parole partagée. Dans la communication, des vignettes de récits tenteront de donner à voir la dimension émancipatrice des récits de vie en création, à travers la parole, comme acte performatif.

    [1] Fragments de mémoire, grandes petites histoires.

    [2] La grande récolte.

  • Communication orale
    Habiter la parole
    Priscilla Vaillancourt (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    L'être humain se crée dans le langage qu'il propage dans les environnements. La construction de nos structures permettent de déployer nos habiletés techniques mais peuvent paraître d'une extrême complexité et rigidité qui nous gardent captifs. Dans un tel édifice poser le regard au-delà de nos champs de représentations s'avère difficile, voir impossible. En revanche la dimension du rêve peut être conjuguée au réel afin de faire éclore des espaces symboliques où notre part sensible peut s'y séjourner. C'est dans les arts, avec une pensée phénoménologique et littéraire, que je me confronte dans le tissu des réalités maillées aux rêves en vue de dégager des récits irradiant et s'imbriquant dans l'environnement. Pour ce faire, c'est à partir de l'architecture qu'est le langage, la spatialité et la subjectivité que je puise mes matériaux pour créer des installations narratives. Dans quelle mesure peut-on intégrer des histoires dans l'environnement et que celui-ci en retour puisse influer sur le récit? Comment peut-on détourner l'appareil rationnel pour invoquer directement l'imaginaire? Je propose dès lors des laboratoires d'expérimentations où la pluralité de l'être pourra se déployer afin d'explorer cette métaphore qu'est « habiter la parole ». Ma méthodologie glisse en mythodologie pour l'aspect poétique tandis que j'aborderai l'aspect formel dans une approche autobiographique. La lecture d'une œuvre annonce une écriture éclatée pour saisir les réels possibles.

  • Communication orale
    Le récit performatif de deux corps féminins au plus près du vécu sensible
    Isabelle Brassard (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    L’acte poétique proposé est une co-création réalisée par un duo d’artistes nommé IBZA. Il se déroule à la manière d’un récit biographique, ouvert et caractérisé par des actions performatives et théâtrales. Plusieurs langages cohabitent et le public est invité à s’imprégner de la proposition et à s’en biographiser. Les corps des deux protagonistes sont interreliés dans des actions scéniques, évocatrices et transitionnelles, et proposent un récit performatif traversé par leurs vécus sensibles en tant que femmes. Faire corps avec l’action, tout en laissant l’émergence des expériences vécues sensibles s’amplifier en temps réel dans un espace intimiste avec l’autre. À travers cette exploration biographique, le corps est un « moyen d’émancipation et d’affirmation » de l’identité féminine à la fois complexe, dense, exigeante et pluraliste (Babin, 2017). Des corps féminins, singuliers, réunis à partir d’une mise en commun d’extraits et de fragments de vie poétisée, qui touchent les réalités individuelles et collectives. Comment cette expérience de création biographique devient-elle un espace de formativité pour le regardeur? Qu’est-ce que ce récit performatif nous apprend sur nous-mêmes et notre propre vécu biographique?