Les pratiques discursives en santé publique s’objectivent à travers diverses interventions sociales dont la prévention des maladies, l’éducation sanitaire, la promotion, la surveillance et la protection de la santé. L’éducation à la santé a pour objectif de prévenir le développement des maladies et s’est élaborée à partir de savoirs épidémiologiques précisant non seulement les maladies, mais aussi les facteurs de risques et les populations vulnérables associées. Son but est de transmettre des savoirs légitimés par des normes scientifiques issues de la médecine à des groupes cibles pour modifier leur comportement à partir d’injonctions comportementales souvent basées sur la peur ou la culpabilisation. L’éducation sanitaire peut ainsi être lue comme une technologie de contrôle des gens et comme une technologie éducative pour « normer » les corps à partir de dispositifs éducatifs divers. L’éducation à la santé s’est ainsi structurée, non seulement en médecine, mais aussi en santé publique, comme « un nexus de pouvoir-savoir-vérité » exerçant un pouvoir par la construction de normes sociales. Autrement dit, les processus de référenciation de la normalisation biologique pathogénique gouvernent les corps. L’éducation à la santé est ainsi davantage centrée sur les formes de gouvernementalité du corps favorisées par la pathogenèse. Or, la salutogenèse (et la perspective qui en découle) privilégie de nouvelles stratégies éducatives pour fabriquer de la santé et des dispositifs éducatifs favorables au corps capacitaire. La salutogenèse ne peut toutefois être réduite au seul jeu de contre-pouvoir aux intérêts économiques et politiques de la pharmacologie, de la marchandisation des corps, ni de la critique de domination des savoirs rawlsiens qui s’établissent par les pouvoirs disciplinaires et les technologies de gouvernementalité d’auto-surveillance des corps. Elle nous oblige à penser de nouvelles formes d’éducation à la santé qui renvoient à diverses questions, notamment : 1) quelle sera la fabrique d’une éducation à la santé basée sur la salutogenèse?; 2) comment construire des dispositifs de prévention et d’éducation à la santé par cette approche positive?; 3) comment miser sur les forces, atouts, capacités et ressources pour que les individus et populations créent de la santé et du bien-être?; 4) comment les acteurs de santé publique peuvent créer des dispositifs basés sur la salutogenèse?; 5) est-ce que la salutogenèse participe à la libération des corps favorisée par le changement éthique de soi?; 6) est-ce une condition de résistance à la domination pathogénique?; 7) est-elle un contre-pouvoir à la pathogenèse?; et 8) comment la salutogenèse peut être source de production de subjectivité? C'est à ces questions que notre rencontre scientifique cherchera à répondre.
Du mardi 9 au mercredi 10 mai 2017