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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La prévalence des problèmes de santé mentale est une préoccupation majeure des sociétés contemporaines occidentales. Si les débats font rage pour comprendre les raisons de cette croissance que certains ont même qualifiée d’épidémie, il n’en demeure pas moins que l’accès aux services de santé mentale afin de prendre en charge la souffrance liée à ce trouble n’est pas toujours aisé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer les différences d’accès aux services de santé mentale et physique : les barrières socioéconomiques (Browen, 2001), le fait de vivre dans des régions éloignées (Browen, 2001), les croyances et pratiques culturelles (Shiao, Andrews et Helmreich, 2005) ainsi que l’alphabétisation (la littératie) médicale (Clerc, Colette et Clamageran, 2009). Dans ce contexte, appartenir à une minorité − qu’elle soit linguistique, ethnique ou religieuse − semble avoir une influence sur la santé mentale, mais aussi sur l’accès aux services spécialisés. Si, pour Bouchard (2009), « le rapport minoritaire-majoritaire semble traduire une inégalité sociale et d’accès aux ressources qui, traversée par les autres déterminants sociaux de la santé (statut socioéconomique, éducation et littératie, immigration) contribue de facto aux disparités de santé », d’autres études montrent qu’une forte identification « in-group » caractérisée par un sentiment de fierté présente une puissante capacité protectrice contre les symptômes dépressifs (Bombay et al., 2010, Picard et Allaire, 2005). Le présent colloque se propose d’offrir un espace de discussion sur la dynamique du rapport minorité / majorité en ce qui a trait à la santé mentale. En effet, si les études montrent que le fait d’appartenir à une minorité peut à la fois être protecteur mais aussi aggravant en ce qui a trait à la santé mentale (Hassan, Rousseau et Moreau, 2013), nous nous devons de mieux comprendre les liens complexes entre appartenance à une minorité et santé mentale afin de mieux adapter nos services de santé et sociaux.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Santé mentale et minorités linguistiques

  • Mot de bienvenue
  • Jeunes femmes francophones en situation minoritaire et demande de services de santé mentale : une analyse intersectionnelle
    Florina Gaborean (Ville de Gatineau), Lilian NEGURA (Université d’Ottawa)

    Depuis plus d'une décennie, plusieurs études ont mis en relief des disparités significatives de santé entre la minorité francophone et la majorité anglophone au Canada. Ces inégalités concernent autant l'accès aux services de santé que l'incidence des troubles de santé mentale. Ainsi, les jeunes francophones sont plus nombreux à souffrir de dépression mais font un usage limité des services qui leur sont offerts. Les dynamiques identitaires de genre et d'âge influent-elles sur la décision d'aller consulter ? Comment l'imbrication des rapports de pouvoir découlant du rapport majorité-minorité affecte la demande de services de santé mentale?

    A partir d'une enquête de terrain réalisée auprès de jeunes femmes francophones en situation minoritaire, cette communication présente les effets croisés des rapports ethniques, d'âge et de genre, au regard de l'accès aux services de santé mentale. En considérant les appartenances multiples en termes d'interactions, l'analyse s'intéresse à la manière dont le triptyque genre/âge /ethnicité influe sur la demande de services de santé mentale, l'attitude envers les troubles dépressifs et l'usage des services professionnels et non professionnels.

  • Barrières linguistiques et culturelles et santé mentale
    Louise Bouchard (Université d’Ottawa), Bolaji LAFLAMME-LAGOKE (Université d’Ottawa), Solange Van Kemenade (Université d’Ottawa)

    Une importante tranche de la population canadienne doit composer avec des barrières linguistiques et culturelles plus ou moins importantes lorsqu'il s'agit d'accéder aux services sociaux et de santé. En effet, trois populations auraient des difficultés à s'exprimer ou à comprendre l'une ou les deux langues officielles : les immigrants et réfugiés (250 000 nouveaux arrivants chaque année dont le quart dont le quart ne parle aucune des deux langues officielles), les locuteurs d'une des langues officielles en situation minoritaire (2 millions) et les membres des communautés Autochtones (1 million).
    Nous examinerons dans notre présentation les résultats d'une revue de littérature qui vise à éclairer l'influence de la langue et de la culture sur la santé, ainsi que les répercussions des barrières linguistiques et culturelles sur l'accès aux services de santé et l'état de santé. L'accent sera mis notamment sur la santé mentale et l'accès aux services de santé mentale pour les populations en situation minoritaire. Nous fournirons des exemples basés sur des études qui ont examiné la santé et l'accès aux services des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Nous examinerons enfin quelques interventions et modèles culturellement appropriées dans ce domaine.

  • La dimension sociale de la dépression : étude de la représentation sociale de la dépression des jeunes francophones de la région d'Ottawa
    Lilian Negura (CRIEVAT - Centre de recherche et d'intervention sur l'éducation et la vie au travail)

    Une enquête qualitative a été réalisée à Ottawa auprès d'un échantillon non-probabiliste par choix raisonné. Nous présentons les données obtenues par la méthode du réseau d'associations et des entrevues individuelles semi-dirigées auprès de 12 hommes et femmes, francophones, âgés de 18 à 30 ans, qui ont rapporté avoir souffert de dépression au cours de la dernière année. L'analyse des résultats obtenus a été effectuée selon la méthode d'analyse intégrée de contenu des représentations sociales. Les résultats de cette recherche montrent que les jeunes francophones associent la dépression essentiellement à l'isolement, à la tristesse et au désespoir. En même temps, la dimension sociale joue un rôle important dans leur rapport à la dépression. Les auteurs concluent que l'intériorisation des préjugés et du jugement social façonnent les processus identitaires de ces jeunes, ainsi que leur comportement de consultation des services de santé.

  • Pause
  • Une majorité minorisée : les politiques nationalistes québécoises et les services en santé mentale offerts aux personnes anglophones de Montréal, 1970-1990
    Isabelle Perreault (Université d’Ottawa)

    Dans la foulée du mouvement nationaliste québécois des années d'après-guerre, des hommes politiques prennent d'assaut les ministères de santé et de services sociaux avec le changement de garde qui s'opèrent dans les années 1960. Plus que le néo-nationalisme ambiant, c'est aussi un fort mouvement de sécularisation des institutions de santé qui guide ces hommes politiques. Les commissions d'enquête et les rapports ministériels qui suivent auront des effets considérables sur la réorganisation et la sécularisation des services de santé au Québec au cours des années suivantes. Des institutions psychiatriques confessionnelles comme Saint-Michel-Archange ou Saint-Jean-de-Dieu, il ne subsistera que les murs de ces institutions jugées vieillottes et au lourd parfum d'encens. Ces hommes politiques proposeront alors de réorganiser les services non plus sur des critères confessionnels mais bien linguistiques avec une primauté pour le français. Cette communication se propose de regarder de plus près les politiques québécoises en ce qui concernent les services offerts en anglais aux personnes diagnostiquées avec des troubles de santé mentale au cours de la période qui suit la Commission Castonguay-Nepveu. À l'aide des archives de l'Institut Douglas, des écrits des hommes politiques d'alors et des témoignages des acteurs de l'époque, nous entendons questionner l'impact de politiques linguistiques limitatives au Québec sur les services en santé mentale au cours des années 1970-80.

  • Dépression et rapport au temps : analyse du jeu normatif chez les francophones canadiens en situation minoritaire
    Nicolas MOREAU (Université d’Ottawa), Geneviève NAULT (Université d’Ottawa), Marie-Pier Rivest (Université d’Ottawa)

    La dépression est souvent abordée d'un point de vue strictement médical et/ou psychologique. Toutefois, un regard sociologique posé sur ce trouble nous permet de mieux saisir la chair du social. En effet, les troubles dits dépressifs présentent la caractéristique sociologique d'être des révélateurs des manquements aux impératifs normatifs. Dans le contexte de 27 entrevues semi-dirigées réalisées auprès de francophones en situation minoritaire (Moncton, Ottawa, Sudbury et Winnipeg) et ayant vécu un épisode dépressif, plusieurs participants ont tenu spontanément des propos sur leur rapport au temps, qui fut considérablement altéré lors de leur période dépressive. Ainsi, dans cette présentation, nous analyserons la symptomatologie temporelle des répondants et tenterons par le biais du « jeu normatif » (dépression comme marqueur par défaut des normes sociales) de mettre en lumière certains enjeux temporels actuels qui nous semblent essentiels.

  • Dîner

Communications orales

Santé mentale et population autochtone

  • Et si les Inuit vont bien? La recherche-action pour la transformation d'un narratif social
    Sarah Fraser (UdeM - Université de Montréal)

    1/3 des enfants Inuit du Québec sont signalés à la protection de la jeunesse. Près de 40% des jeunes présentent des idéations suicidaires et 45% des femmes ont vécu un abus sexuel. Mon âme missionnaire qui a voulu m'amener en Afrique et en Inde m'a entraîné beaucoup plus près: au Nunavik. À travers la recherche-action que nous menons actuellement, ce désir de sauver se transforme tranquillement en désir d'accompagner. Avec chaque séjour dans le nord, je vois un peu plus clair : les Inuit…Ils vont bien. Et non, je ne suis pas naïve. Je n'ai pas oublié ces statistiques. En fait, je fais partie de ces équipes qui les produisent. Si chaque Québécois avait la chance de voir et d'entendre ce que je vois et j'entends, peut-être aurions-nous alors un discours bien différent sur ces peuples soit disant « dépendants » et « alcooliques ». En empruntant des théories systémiques et interactionnistes, je propose d'explorer les narratifs sociaux que nous partageons en tant que citoyens et chercheurs en lien avec le bien-être et le mal-être Inuit. Nous explorerons les doubles contraintes que vivent les Inuit tel qu'observé dans notre recherche-action. Ensuite, nous réfléchirons au rôle de la recherche-action et des chercheurs dans la transformation d'un narratif social sur le bien-être Inuit. Je propose l'utilisation de méthodes qui passent par l'autobiographie et la praxis afin de sortir de l'analyse de « l'autre » et permettre un regard nouveau sur le bien-être au sein de ces communautés.

  • La santé mentale des Autochtones au Canada : une double peine transgénérationnelle
    Stéphane Grenier (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)

    Les autochtones forment une minorité différente des autres minorités au Canada. Lorsqu'on parle de santé mentale en milieu autochtone, il est presque impossible de ne pas parler du traumatisme des pensionnats et de la souffrance qui y est reliée. Ce traumatisme historique a laissé de lourdes traces. On parle d'une perte des repères culturels et d'une déstructuration des liens sociaux. La question de la santé mentale des autochtones devient importante à considérer. Les autochtones du Canada migrent vers le sud du pays en fuyant les conditions de vies difficiles du nord. Cette migration donne lieu à une nécessaire adaptation des services de santé mentale. Ainsi, La communication traitera de la question du rapport minoritaire/majoritaire des autochtones dans les services de santé mentale à partir des propos recueillis dans une étude sur le passage à la vie adulte des jeunes autochtones (Goyette et al., 2011) et de l'expérience terrain du chercheur. La communication se penchera sur les questions suivantes : 1) Est-ce que la discrimination a un impact tangible sur la prestation des services de santé mentale pour autochtones ? 2) Devrait-t-on offrir plus de services spécifique pour les autochtones en milieu urbain? 3) Comment devrait-on prendre en compte le traumatisme historique des pensionnats dans la façon dont on met en place les services de santé mentale? La communication se terminera par un rapide survol des solutions prometteuses mises en place.

  • Pause

Communications orales

Santé mentale et minorités ethniques ou statutaires

  • Entre les pratiques de colonisation et de différenciation : une interrogation des enjeux dans les services de santé mentale pour des personnes sans statut et réfugiées
    Magdalena Baczkowska (Université d’Ottawa)

    Compte tenu de leurs origines socio-historiques dans une tradition occidentale orientée vers l'individualisme, l'usage des interventions en santé mentale avec des groupes « minoritaires » appelle à un débat autour de leur pertinence. Une des questions qui émerge concerne le degré de la nécessité des services basés sur un ensemble de marqueurs prédéterminés, généralement issus des modèles de pratiques enracinés dans une notion particulièrement limitée de « culture »: Doit-on offrir plus de services pour les minorités? Cette communication propose de se focaliser sur des enjeux concernant les personnes sans-statuts et réfugiées. La spécification des services pour les migrants forcés a tendance à se fonder sur la condition de la «réfugitude» (Lacroix, 2004). Elle implique typiquement une justification basée sur le type de migration, le statut assigné, l'appartenance culturelle (souvent en termes ethno-raciales) et l'état psychologique. Nous pouvons identifier au moins deux tensions dans cette problématique: des processus de colonisation et de différenciation. Cette contribution propose d'interroger ces dynamiques: Existe-il une façon d'aborder les effets douloureux qui découlent de la réfugitude sans le recours, d'une part, à des pratiques colonisantes qui supplantent les savoirs locaux et, d'autre part, à la mise en place des pratiques de différenciation qui négligent la complexité et l'hétérogénéité des expériences individuelles? (Monk et al., 2008; Paré, 2013).

  • Santé mentale jeunesse en milieu pluriethnique : perspectives de parents, de jeunes et d'intervenants sur les services en soins partagés
    Janique JOHNSON-LAFLEUR (CSSS de la Montagne), Annie Jaimes (UQAM - Université du Québec à Montréal), Lucie NADEAU (Université McGill), Cécile ROUSSEAU (Université McGill)

    Bien que près de 20% des jeunes rencontrent des difficultés de santé mentale, seulement une minorité d'entre eux consulte et reçoit des services. Les jeunes issus de l'immigration sont encore moins susceptibles de recevoir des services de santé mentale, en raison de différents obstacles linguistiques, culturels et autres. La récente réforme du Plan d'Action en Santé Mentale 2005-2010 (PASM) visait notamment à améliorer l'accès aux services en favorisant la mise en place de soins partagés. Cette communication présente les résultats d'un projet pilote portant sur une évaluation des bénéfices et défis des soins partagés en santé mentale jeunesse offert par un CSSS en milieu multiethnique. Pour cette recherche exploratoire au devis mixte, des entrevues ont été réalisés auprès de 5 trios composés d'un jeune, d'un parent et d'un intervenant (n=15). Une évaluation quantitative de l'accessibilité, de la satisfaction, de l'efficacité a aussi été réalisée. Dans le cadre de cette présentation, nous examinerons plus spécifiquement les résultats issus du volet qualitatif qui concernent l'expérience contrastée des jeunes, de leur parent et de l'intervenant. Nous présenterons certains enjeux relatifs aux négociations transculturelles entre la famille et l'institution, ainsi qu'entre le jeune et sa famille, notamment l'importance de services culturellement sensibles et de la continuité des soins pour ces jeunes et leur famille issus de l'immigration.

  • Souffrance dans la rue : profilage social, paupérisation et santé mentale
    Émilie Couture-Glassco (Université d’Ottawa), Katharine Larose-Hébert (Université d’Ottawa), Geneviève NAULT (Université d’Ottawa)

    Le profilage social fait référence au traitement différencié de certaines personnes en raison des leurs conditions sociales. Elle est vécue plus particulièrement par certaines populations, telles que les personnes itinérantes, les personnes vivant avec une problématique de santé mentale ou les travailleuses du sexe. En novembre 2009, la Commission des droits de la personne a rendu public un Avis sur la judiciarisation des personnes itinérantes à Montréal et le profilage social qui souligne la présence de plus en plus visible au sein des centres urbains de populations marginalisées, paupérisées et désaffiliées socialement. Cette « visibilité dérangeante » fut accompagnée d'une réponse répressive de nature pénale, que l'on pourrait également qualifier de criminalisation de la pauvreté. Or, un profilage s'appuyant sur des fondements d'inégalités socio-économiques ouvre la voie à de multiples abus de droits. Pour les personnes ayant un vécu psychiatrique, les conséquences du profilage social se trouvent démultipliées par son interaction avec une autre forme de contrôle social, soit la médicalisation des comportements « déviants ». Ainsi, la pauvreté qui « dérange » se trouve à la fois médicalisé et criminalisé. Cette présentation balisera et contextualisera ce phénomène, en adressant spécifiquement l'état actuel de cette problématique en Outaouais et proposera une analyse sensible d'intervenants et d'usagers de leurs services soumis à cette « double peine ».

  • Période de questions
  • Mot de clôture