En 2008, le physicien français Étienne Klein, constatant un désintérêt des jeunes pour les sciences, se demandait «comment la science [avait] pu perdre aussi rapidement de ses attraits, de son prestige?» De fait, plusieurs études font ressortir que l’enseignement peut décourager de la science. Au primaire, les élèves sont fascinés par les grenouilles et les étoiles, mais de 13 à15 ans, au passage des équations, l’intérêt décroit et après 15 ans, ce sentiment se cristallise et ce, même s’ils réussissent.
Que s’était-il passé avec la libido sciendi, avec le désir de savoir dont parlait Aristote? Klein formulait l’hypothèse «que la science, au lieu d’être présentée comme une authentique aventure intellectuelle, avec son histoire, ses héros, ses problèmes, ses méthodes, est enseignée comme un simple savoir-faire, une suite plate de résolutions d’exercices, une friche morte où pâturent des équations sans âme?»
La présente table ronde s’attardera à cette aventure qui vise à donner le gout du savoir. Cinq intervenants, qui «en ont vu» du public, viendront réfléchir autour de leurs pratiques de «séduction». Il y sera question des relations entre émotion et cognition, de l’importance de l’ancrage affectif, de la motivation qui se nourrit de désir, de ces rencontres «faiseuses» de vocation, de la dimension neurologique du plaisir de connaître, etc.
«L’enseignement n’est pas un vase que l’on remplit, mais un feu que l’on allume», Montaigne.