On a beaucoup parlé au sein des sciences sociales de la perspective critique du chercheur, de sa neutralité et de sa capacité à se positionner comme un contrepouvoir (Bourdieu, Tuhiwai Smith, Appadurai, Panikkar). La neutralité dans la production des savoirs a également suscité beaucoup d’écrits (Foucault, Hobsbawm, de Certeau). L’activité proposée vise à poser une première réflexion sur le travail de recherche dans un contexte d’activité militante et sur la posture et le rôle du chercheur engagé.
Cette activité s’articulera autour de 3 axes de réflexion:
1. La signification du militantisme : comment le distingue-t-on de l’engagement et de la perspective critique? Quels sont les critères qui différencient le chercheur du militant? Quelle place occupe l’idéologie majoritaire dans la qualification de ces critères? Dans quelle mesure cette qualification est-elle fabriquée par des représentations intersubjectives entre les défenseurs de la recherche «objective» et les promoteurs de la recherche «engagée»?
2. La posture du chercheur-militant : comment ces acteurs arrivent-ils à définir leur rôle au sein d’un espace qui dépasse le cadre de l’université? Est-ce que le chercheur peut et doit devenir un militant comme un autre ou doit-il rester avant tout un chercheur? Comment en arrive-t-on à militer? Est-ce que certaines recherches-disciplines sont plus propices à l’engagement? Pourquoi le militantisme est-il encore un tabou dans le milieu universitaire? Comporte-t-il des risques?
3. L’articulation entre discours militant et recherche : le paradigme de la recherche objectivée est-il applicable? Si oui, quels sont les outils pour le garantir? Peut-on concilier perspective critique et discours militant (suscitant une réaction ou l’adhésion du public)? Comment sortir du paradigme de la neutralité? Si non, quelle est la valeur scientifique et l’utilité sociale du savoir produit?