Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Le CELAT (Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions) propose de tenir son colloque annuel à l’Acfas sur le thème « Lieux de passage et vivre-ensemble ». Depuis deux ans, notre centre développe une expertise sur le concept de vivre-ensemble, entendu comme les formes et les enjeux de la vie collective découlant de la diversité et du pluralisme, marquant les relations entre les groupes majoritaires et minoritaires ou minorisés et les individus qui les composent, leurs interactions et formes de vie et d’expression, leurs appartenances à des territoires, leurs langages, leurs mémoires et leurs expérimentations. Pour ce colloque, nous souhaitons explorer ce concept à travers les « lieux de passage » qui forment un véritable laboratoire des relations du nous-même au nous-autre marquant une évolution constante du vivre-ensemble. Nous entendons par lieux de passage autant des espaces physiques que des espaces temporels ou symboliques, dont les frontières sont inexistantes ou en perpétuelle redéfinition. À l’ère de la pluralisation croissante des sociétés et de la mouvance de celles-ci, le vivre-ensemble trouve toute sa pertinence dans ces lieux de passage.
Pour explorer cette thématique, une séance plénière organisée autour de ces deux notions permettra de réfléchir à ces deux notions envisagées différemment selon les implications (trans-)disciplinaires de chacun. Par la suite, quatre grands axes de recherche ont été identifiés afin de traiter de la question sous des perspectives différentes. Le premier concerne le vivre-ensemble appréhendé à travers les lieux de la mobilité pour saisir la reconceptualisation des frontières normatives, que celles-ci soient corporelles (corps et média), transnationales (mobilité franco-canadienne) ou sociétales (politique et artistique). Le deuxième axe se consacre à la trame narrative des lieux naturels et bâtis comme reflet de la collectivité, trame examinée à partir de la question de l’urbanisation diffuse à l’aune du développement durable. Le troisième explore la mise en représentation du vivre-ensemble à travers des sites patrimoniaux en crise qui connaissent une période de transition. Le quatrième s’articule autour de lieux sujets à la performativité du vivre-ensemble qui amènent une réflexion sur le rôle de l’art dans la sphère publique (l’art et la ville) ou scientifique (audio-vision et expériences du monde).
Dates :Programme
Les discours du savoir sur les lieux de passage et le vivre-ensemble
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Mot de bienvenue
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Vivre-ensemble et lieux de passage : qui a peur de la fragmentation ?Francine Saillant (Université Laval)
La notion de vivre-ensemble est née des préoccupations issues des conséquences de la fragmentation du social observées dans la modernité avancée. Cette fragmentation serait une atteinte aux possibles de la vie commune et au lien social. La notion laisse apparaître la hantise de ce qui fait obstacle à l'un et à l'indivisible de la nation imaginée. La mauvaise presse qu'ont eu durant les récentes années les mouvements sociaux dits identitaires (d'autres diraient communautaristes), jugés nombrilistes et auto-référenciels, en est un exemple. Dans cette présentation nous montrerons comment ces mouvements ont au contraire enrichi l'idée de nation en proposant par leurs pratiques et représentations l'enrichissement de l'idée de commune humanité. Cette commune humanité se définit par des actions diverses dont celles de performativité culturelle, qui sont chacune à leur manière des lieux de passage pour un vivre-ensemble capable de supporter en écho le fragment et le commun des identités et des expériences collectives.
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Le commun et le tempsAlain Bertho (Université de Vincennes Saint Denis (Paris 8))
Pour le meilleur et pour le pire,les gens vivent ensemble. La question contemporaine est celle de la subjectivité opératoire de cette situation. On sait qu'aujourd'hui, entre 25 et 30% des émeutes dans le monde sont des émeutes contre le voisin, l'autre proche. Les « communal riots » indiennes semblent faire école et le phénomène est sans doute plus grave que la « fear of little number » d'Arjun Appadurai. Les modes de gouvernement nationaux générés par la mondialisation alimentent cet éclatement. Les Gouvernements cherchent moins aujourd'hui à rassembler le peuple national dans sa diversité qu'à construire leur légitimité dans l'institutionnalisation de l'altérité et dans la peur de l'autre. Le défi est celui de la production d'un commun, des principes et des projets partagés, l'énoncé d'un « nous » par la multitude des singularités quelconques annoncées par Giorgio Agamben.
S'il y a des lieux de passage, ils s'identifient aujourd'hui par leur temporalité. Les moments de commun émergent dans la révolte quand celle-ci se dirige contre le pouvoir. C'est une telle affirmation du « nous » qui a vu resurgir la question nationale comme une grande question de notre époque à partir de 2011 (Québec, Tunisie, Sénégal, Espagne, Grèce, Egypte…). Cette affirmation est précaire, souvent temporaire. Un des grands enjeux contemporains est celui de la capacité de ce commun à faire institution – ou culture-, c'est-à-dire à durer au-delà de la séquence de mobilisation.
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L'expression « vivre ensemble » : nouveau « mot de passe » ou désignation de « l'impasse »
Les mots de l'immigration et de leur circulation s'actualisent dans une sémantique de l'antonymie, de la contradiction, du rejet ou de l'inachèvement. Nous semblons être en présence d'une "valse" de termes qui s'opposent et de termes alternatifs pour dire soit l'inadéquation soit l'inaboutissement conceptuels des expressions qui disent les enjeux de l'immigration et de la diversité. Nombreuses sont encore les critiques qui soutiennent que le foisonnement terminologique des mots de l'immigration ne nous sort pas d'une impasse: la tenace survivance de la rhétorique de l'ethnicisation des rapports sociaux, celle de l'essencialisation des origines et de la différence ainsi que celle d'une relation déséquilibrée entre les acteurs de la diversité. L'entreprise terminologique sur l'immigration est encore à la recherche d'expressions qui suggèrent le compromis, l'inclusion, la convergence. Une chose est sûre, les mots "commun", "ensemble", "société", "universel" ont conquis une plus grande disponibilité. De même que les expressions "faire société", "monde commun", "humanité commune", "espace public commun", "valeurs communes". «Le vivre ensemble» devient une expression à la mode au Québec et s'impose de plus en plus comme «formule et nouveau mot de passe» de co-reconnaissance des acteurs de la diversité. Mais cette expression fait elle réellement progresser le débat ? Dit elle quelque chose de plus que ce qui s'est déjà dit ? Nous tenterons de répondre à ces interrogations.
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La fiction de la fixité : qui vit ensemble avec qui ?Monica Heller (University of Toronto)
Certaines présuppositions sur le vivre-ensemble sont à remettre en questions. On suppose que l'intérêt de la question ne réside pas dans le vivre-ensemble d'individus interchangeables, mais plutôt d'individus en tant que membres de groupes ou catégories sociales, voire des groupes eux-mêmes. Or, comme Fredrik Barth l'a démontré, le groupe n'existe pas en tant que tel, il est le produit de processus de construction, de reproduction voire de contestation et de démantèlement de frontières. De plus, le vivre-ensemble suppose une co-présence qui peut en fait prendre plusieurs formes, et se pense peut-être mieux sous forme de relation, et donc encore de processus social. Finalement, les formes spécifiques de problématisation du vivre-ensemble qui préoccupent le Québec sont d'ordre ethnonational, avec ses propres enjeux idéologiques liant la nation au corps et au sol, ainsi qu'aux pratiques linguistiques et culturelles. Cet ensemble nécessite l'effacement discursif de formes de mobilités qui sont en fait constitutifs de la nation, et que les conditions actuelles nous forcent à sortir de l'ombre. Je suggère qu'un regard processuel nous oblige à recentrer nos questions, et de privilégier une analyse des frontières et leurs enjeux, plutôt que de la situation de groupes imaginés comme uniformes et figés. Cette orientation nous amène à examiner les liens entre les lieux imaginés comme figés et ceux imaginés comme des lieux de passage, pour enfin interroger la distinction entre les deux.
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Se penser ensemble dans le Québec d'aujourd'hui
L'expression lieu de passage renvoie au fait que les sociétés ne cessent d'évoluer par rapport à leur état d'être. Selon les moments, le cheminement sociétal est plus ou moins lent ou rapide, apaisé ou violent. L'état d'être d'une société coïncide avec un régime de vivre-ensemble (dont l'une des composantes est de se penser ensemble) qui contribue à la fonctionnalité de la société. L'idée de vivre-ensemble ne signifie pas la disparition des tensions, mais leur modulation dans des formes qui régulent la vie collective. Parfois, l'évolution de la société provoque assez de mutations pour modifier la configuration de l'état d'être de la société et son régime de vivre-ensemble. L'instabilité apparaît. On tente de recréer la concorde en agissant notamment sur le plan symbolique, lequel renvoie au mode de se penser ensemble. Le Québec connaît maintenant une situation mutationnelle. On ne parle pas de crise, mais de problèmes de conciliation entre identité et altérité, d'une part, et d'articulation entre référents collectifs établis et émergents, d'autre part.
Partant de la situation présente du Québec, il s'agira de voir comment les passages qui le marquent – et qui sont susceptibles d'impacter sur le mode de vivre-ensemble et de se penser ensemble comme Québécois – induisent des réactions diverses de la part des groupes sociaux, certains étant soucieux de ramener le Québec vers un état d'être acquis, d'autres poussant la société vers l'actualisation de ses figures identitaires.
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De l'utilisation fonctionnelle de l'espace public à l'accueil multiscalaire des mobilités socialesGérard Beaudet (UdeM - Université de Montréal)
Le siècle dernier aura graduellement réduit l'espace public à un agencement d'aires fonctionnelles d'emblée destiné, pour une bonne part, à favoriser l'efficacité des déplacements et, pour une autre part, à traduire des programmations vocationnelles exclusives. Cette évolution s'inscrivait dans la mouvance du mouvement fonctionnaliste et en accord avec les principes ségrégatifs qui lui étaient associés. À la machine à habiter de Le Corbusier correspondaient les espaces, dispositifs et équipements « à caractère public » exclusivement dévolus aux déplacements, à la consommation ou au loisir.
À l'heure des mixités sociales et fonctionnelles, quel défi pose aux aménagistes et gestionnaires publics, dans un contexte de transformation des mobilités et d'affirmation des différences, l'accueil et le déploiement dans les lieux de passage du vivre ensemble ?
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Discussion
Corps et médias : énonciation, négociation, contestation et réaffirmation
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Mot de bienvenue
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Discours moral et discours normatif : représentations du corps et de la subjectivité anorexiques dans les médias de masseLaurence Godin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
C'est énoncer une évidence que d'affirmer que les médias de masse se font aujourd'hui les apôtres de la minceur, synonyme à la fois de beauté et de santé. Aux corps minces sont rattachées un ensemble de qualités morales grandement valorisées, entre autres la maîtrise de soi, le contrôle son existence et la suprématie de la volonté sur les pulsions de la chair. Dans ce cadre les corps anorexiques, trop minces, trop contrôlés, apparaîssent comme une aberration qui vient montrer les limites de la logique mise en avant – celle de la minceur comme incarnation de la vertu. Dans cette présentation, je me propose de réfléchir la manière dont est représenté le corps anorexique dans cet univers discursif. En ayant recours au cas de l'obésité comme contre-exemple, nous verrons que le discours normatif sur le corps en est aussi un sur l'individualité, et que traitant des corps trop gras ou trop maigres, on disserte aussi et surtout sur les qualités morales de ceux qui les incarnent. Dans un univers où ce glissement sémantique à peine subtil est généralisé, comment faire sens d'un corps qui incarne la vertu, mais qui annonce la mort ? Répondre à cette question offrira l'occasion d'examiner le caractère moral du discours normatif sur la forme du corps, le corps acceptable indiquant aussi une subjectivité acceptable, et inversement
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Sexe, normes et courrier du cœur : un authentique travail des lettresNancy Couture (Université Laval)
Semblable au miroir magique rassurant la méchante sorcière de sa beauté, le courrier du cœur québécois répond aux lettres de femmes et d'hommes qui écrivent leurs secrets les plus intimes concernant leur vie sexuelle. Ces échanges épistolaires expriment le souci que vivent ces individus devant une réalité sexuelle qui ne correspond pas à ce qu'ils avaient imaginé ou à quoi ils s'étaient préparés. Souvent, les principes moraux de l'époque ne semblent pas toujours cohérents avec les situations décrites dans les courriers. Ce travail discursif et réflexif témoigne du fait que les individus questionnent les valeurs et les injonctions de la norme sociale en matière de sexualité. Ce questionnement traduit couramment l'intention d'adopter d'autres pratiques et de se conformer à d'autres modèles d'action, plus convenable pour soi, plus éclairé selon sa situation personnelle, familiale et possiblement différentes de celles prescrites par le contexte social du moment. L'objectif de cette communication est de présenter comment l'analyse des courriers du cœur publiés dans le Petit Journal et des Journal de Montréal et de Québec entre 1929 et 2000, permet de voir le changement en train de se vivre et de se faire. Les doutes, les hésitations et les questionnements de ces correspondantes caractérisent l'entre-deux d'une norme en train de changer ou permettent l'observation de la rencontre de deux normes concurrentes.
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Représentations du corps et sens de l'expérience corporelle chez des jeunes adultes québécois qui utilisent des médicaments stimulants pour améliorer leur performanceChristine Thoer (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L'utilisation non médicale des médicaments stimulants disponibles sous ordonnance, c'est-à-dire leur consommation en l'absence de trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) par des individus qui ne détiennent pas de prescription, a surtout été documentée chez les populations étudiantes qui ont recours aux médicaments stimulants comme aide à l'étude individuelle, pour améliorer leur concentration, leur capacité à rester alertes et leur productivité. L'utilisation de ces médicaments concerne aussi des populations adultes en milieu de travail, mais elle y a été moins documentée sinon en contextes académique et médical. Le sens que donnent les individus à l'expérience corporelle des médicaments stimulants reste aussi mal cerné. L'objectif de cette communication est 1) de cerner les représentations du corps des jeunes qui recourent aux médicaments stimulants, 2) de comprendre comment ils construisent le sens de l'expérience corporelle de la prise de stimulants et des effets qui lui sont associés, 3) de cerner les normes et les logiques d'usage auxquelles renvoient ces pratiques, et 4) de saisir le rôle que jouent les médias, parmi les sources d'information que mobilisent ces jeunes adultes, dans la diffusion des normes et des pratiques de consommation de médicaments stimulants. Cette recherche exploratoire s'appuie sur des entrevues semi-dirigées réalisées auprès d'adultes québécois ayant consommé des médicaments stimulants sans détenir de prescription.
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Discussion
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Le normal et le parfait. Rapport au médical et émergence de normes corporelles au sein des communautés anorexiques du WebAntonio Casilli (Télécom ParisTech ENST)
Les sites Web sur les troubles alimentaires qui affichent une posture pro-active, sont désignés de façon péjorative comme pro-ana (anorexie mentale) et pro-mia (boulimie mentale). Ils sont considérés comme porteurs de risques, pouvant radicaliser ou même déclencher ces pathologies alimentaires. Mais il s'agit aussi de lieux de sociabilité, qui aident leurs usagers à sortir d'un univers social souvent perçu comme trop clos. Les résultats de l'enquête ANAMIA menée entre 2010 et 2012 font, ressortir auprès de la population des internautes anglophones et francophones une recherche active de soutien médical en ligne. Loin d'indiquer un rejet des normes, cet aménagement des rapports entre patients connectés et médecins signale plutôt un déficit de suivi et de prise en charge de la part des institutions de santé. Paradoxalement, à l'intérieur de certaines de ces communautés, cette adhésion s'accompagne de l'émergence de postures radicales de quête d'une "perfection" physique souvent incompatible avec l'encadrement médical. Cette contradiction, qui peut être interprétée à l'aide de la notion de "cacophonie alimentaire", nous permet d'analyser le processus complexe de mise à distance du label "pro-ana", afin d'en désamorcer le porté stigmatisant tout en négociant une manière valorisante de vivre la détresse et l'exclusion associées aux troubles alimentaires.
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La déviance à l'ère d'Internet: Le cas des communautés de barebackersNicolas Saucier (Université Laval)
Dans les communautés gays, il y a, en ce moment, une pratique sexuelle de plus en plus présente qui inquiète beaucoup la santé publique : le barebacking (les relations sexuelles délibérément non protégées). On assiste à une renégociation des normes et de l'emprise de la santé publique sur les choix des individus. Dans la culture gay, le corps a une place centrale dans les luttes depuis longtemps, que ce soit par le culte du corps, l'éclatement de la sexualité et la multiplication des plaisirs du corps, la présentation des corps dans les parades dans les rues, etc. Les communautés gays sont aussi très familières avec les nouvelles technologies et les médias, utilisant internet depuis longtemps pour se créer des lieux de rencontre, d'échange et de discussion dans l'anonymat et à l'abri des regards désapprobateurs. Aujourd'hui, les communautés de barebackers ont des espaces en ligne bien à eux où les utilisateurs discutent et repensent le corps, la sexualité, la santé, les normes et la déviance. Cette présentation vise à éclairer la montée du barebacking et les pratiques de renégociation des normes auxquelles se livrent les barebackers qui revendiquent leur corps à travers des médias des plus désincarnées.
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De la normativité du corps à la normativité de la discussion dans une communauté en ligne de trans : l'utopie d'un vivre-ensemble sans normeCaroline DÉRY (Université Laval), Madeleine Pastinelli (Université Laval)
Désireuses d'échapper à une norme qui les relègue à la marge dans d'autres contextes sociaux, des personnes trans se retrouvent ensemble dans des communautés en ligne pour échanger et se donner un espace dans lequel se réapproprier leur expérience corporelle, avec des mots et un langage qui leur sont propres. Décriant l'absence de légitimité du pouvoir médical et psychiatrique qui statue sur leur expérience corporelle et s'avère déterminant de ce que peut ou non devenir leur corps, les participants d'une communauté en ligne de trans FtoM dans laquelle nous faisons enquête se montrent soucieux de reconnaître la diversité des expériences du corps, du sexe et du genre vécues par chacun et s'opposent farouchement à toute forme de jugement ou d'appréciation quant au rapport que chacun entretient à son corps. Pourtant, entre ceux qui aspirent à avoir un corps d'homme semblable à celui de ceux qu'ils appellent des « bios » et ceux qui, plus simplement, ne peuvent se reconnaître comme eux-mêmes dans un corps de femme, les expériences et les discours tendent à se polariser. Dans cette présentation, nous exposerons nos observations sur ce qui est en jeu dans cet espace et sur la manière dont ce découpage des expériences fait planer sur la communauté la menace d'un retour du jugement normatif des uns sur les autres, donnant lieu à de constantes interventions des modérateurs, qui luttent contre l'émergence d'une norme propre à la communauté en censurant constamment les échanges.
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Discussion
Politique et artistiques dans les mobilisations sociales contemporaines : usages, discours et enjeux sociaux
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Mot de bienvenue
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Pratiques performatives et politiques des Premières Nations au QuébecJonathan Lamy Beaupré (Inter, art actuel)
Comment une œuvre de performance véhicule-t-elle un discours politique ? Comment une protestation politique peut-elle comporter une dimension performative ? Cette communication mettra en relation des œuvres de performance d'artistes autochtones et des manifestations, afin de voir comment s'articulent les liens entre le politique et le performatif dans le Québec contemporain. Lors des activités entourant le 400e anniversaire de la ville de Québec, en 2008, Louis-Karl Picard-Sioui a présenté une performance, intitulée As-tu du sang indien ?, qui critiquait les paradoxes qui entourent les relations identitaires et symboliques entre les Premières Nations et les Québécois. Au printemps 2012, afin de faire valoir leurs revendications par rapport au Plan Nord du gouvernement libéral, des femmes innues ont entrepris une véritable performance, marchant de Sept-Îles jusqu'à Montréal (soit plus de 800 kilomètres) pour y tenir une manifestation. Lors de l'événement Os brûlé 5, qui réunissaient des artistes et poètes québécois et autochtones, Sonia Robertson a mis les spectateurs « en réserve » avant d'ingurgiter un grand nombre d'hosties rectangulaires, sur lesquelles elle avait inscrit des mots en rouge, dans un acte de décolonisation et de libération corporel. Ces différentes performances montrent que l'engagement politique et le discours contestataire, s'ils prennent d'habitude la forme de paroles, peuvent aussi passer par l'action du corps.
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Comment un quartier devient-il un champ de résistance et de transformation ?Nilufer Akalin (EHESS - École des hautes études en sciences sociales)
On 21 September 2010, when five newly founded, neighboring art galleries in Tophane, a neighborhood in Istanbul, jointly organized a Tophane Artwalk, there was a violent assault against a group of people who came to the openings. A group of men, armed with iron sticks and pepper gas, ‘attacked' the men and women who came to the openings. The incident started a major debate in Turkish cultural and political circles. The incident has left a question mark for some of the art spaces, about whether not only certain kinds of behavior, but also certain artworks and artistic contents might not be compatible with the neighborhood they were shown in. Tophane is undergoing a rapid process of change, renovation, and re-building –the newly founded art galleries being one of its apparent symptoms. Equipped with little economic but much cultural capital, artists and arts organizations repeatedly go into neighborhoods that are marked by disinvestment. A formerly problematic part of town gains attractiveness and becomes an object for redevelopment. The evolution of the neighborhood based mobilization, acts of resistance, reinterpretation and preservation of tradition, the perception of a community about the other community, the emergence of new identities leads us to such a question: What is the role of the interaction of artists' settling –including their conceptions and political standings that they express in their art- and the locality to shape the public sphere?
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Une nouvelle écriture visuelle de la politique, une nouvelle performance visuelle de l'action collectiveAlain Bertho (Université de Vincennes Saint Denis (Paris 8))
L'usage des réseaux numériques et des Tic dans les mobilisations contemporaines est d'abord alimenté par la production et le partage d'images. Photos, vidéos attestent la force de la mobilisation et de la présence de l'auteur mieux que tout discours. Elles sont plus qu'un témoignage : elles sont une forme d'écriture visuelle conversationnelle en lieu et place d'énoncés politiques dévalorisés. Dans ce contexte la création picturale, notamment dans les lieux publics, trouve naturellement sa place dans cette nouvelle grammaire subjective. En retour, le répertoire des mobilisations intègrent cette nouvelle dimension des récits collectifs et cette nécessité de performances visuelles transmissibles.
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Discussion
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Politique et art dans les mobilisations sociales : l'exemple du mouvement « Y en a marre ! »Mouhamed Abdallah Ly (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Dans cette communication, nous montrerons quelques-uns des enjeux de la conjonction entre politique et artistique dans les mobilisations sociales contemporaines en prenant exemple sur le mouvement Y en a marre qui est né en 2011 au Sénégal avant de faire des émules dans d'autres pays africains. Nous parlerons, en premier lieu, de ses initiateurs (des rappeurs), de la structuration et des actions du mouvement, de ses slogans, etc. En second lieu, nous analyserons l'expression Y en a marre ! pour montrer comment elle est apparue comme un référent social et comment elle a été dotée d'une performativitéqui a joué un rôle notoire dans l'avènement d'une transition démocratique et pacifique survenue, au Sénégal, en mars 2012.Ce travail sur l'expression, nous l'avons fait en nous inspirant des travaux, en linguistique et particulièrement en analyse du discours, sur la notion de "formule" (Jean-Pierre Faye, Pierre Fiala, Marianne Ebel, Alice Krieg-Planque...).
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De la silhouette au visage, une reconquête de l'espace urbain en imageRaphaele Bertho (Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3)
Alors même que la notion de participation est l'une des thématiques majeure des politiques urbaines contemporaines, voir même l'axiome primordial des processus de transformation de l'espace de la ville, les habitants semblent paradoxalement absent des représentations des projets urbains. Leurs mises en image, analysée ici à partir d'un corpus de projet d'écoquartier, ne lui accorde en effet qu'un place accessoire, voir même d'accessoire du bâti : ces silhouettes s'effacent littéralement pour laisser place à la structure architecturale.
Une disparition de l'individu dans l'iconographie institutionnelle du vivre-ensemble à laquelle répond des dispositifs artistiques de mise en image de ces habitants au sein de l'espace urbain. A travers un réinvestissement, et une forme de détournement, de cette iconographie dans le travail d'Alban Lécuyer. Mais aussi in situ, dans la ville elle-même, dans les lieux de passage de l'espace public, à travers les projets portés par l'artiste JR et dont le succès mondial permet d'élargir le questionnement.
Voilà près de 10 ans que le français placarde ces immenses photographies d'illustrent inconnus sur les murs du monde entier. Avec le projet Inside Out développé depuis 2011, le dispositif est réapproprié et sa puissance formelle mise au service d'une reconquête de l'espace public urbain par les sans-voix et sans –visages de l'espace politique et social, à travers l'exposition de ces anonymes devenus visages de la singularité quelconque.
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Le hip-hop : une esthétique marginale au service de la communauté, l'exemple brésilienSofiane Ailane (Université Lyon 2)
Cette communication porte sur la culture musicale transnationale dans un contexte brésilien en prenant pour objet le mouvement hip-hop, tel que j'ai pu l'observer au Brésil entre 2004 et 2010. Les hip-hoppers au Brésil sont devenus au fil des ans les représentants désignés d'une subculture musicale associée à un espace des plus stigmatisés au Brésil : les periferias. Cet espace de la ville où se concentrent à la fois, violence, misère et précarité et qui apparaît comme une zone à l'aura sulfureuse. Néanmoins, malgré le stigmate territorial qui pèse sur eux, les hip-hoppers sont devenus également des acteurs politiques au niveau local porteurs de fortes revendications sociales. Ils « représentent » la periferia et sont des interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics. Je questionnerai le processus d'institutionnalisation du hip-hop en vue de comprendre la construction d'un vivre-ensemble dans des zones urbaines où les défaillances de l'État sont perceptibles et de quelle manière le hip-hop s'est transfiguré d'une pratique artistique en instrument d'action politique. Pour cela, nous ferons un appel à l'histoire afin de comprendre la construction locale d'un hip-hop brésilien ; nous verrons comment l'action politique du hip-hop se conçoit en nous attardant sur les « lieux » d'expression du hip-hop dans la ville ; et nous essaierons enfin d'aller plus loin en analysant la portée des actions entreprises par les organisations du mouvement hip-hop et leurs limites.
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Discussion
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À vos devoirs, citoyens : expressions artistiques dans les mobilisations étudiantes au Chili et au QuébecAlfredo Ramirez-Villagra (Université Laval)
Les récentes mobilisations des étudiants au Chili et au Québec ont divers points en commun. Si la revendication pour une éducation plus accessible et autonome des préoccupations du marché économique est transversale aux demandes des étudiants aux deux extrêmes de l'Amérique, la manière dont se réalisent les mobilisations respectives est apparentée, en particulier en ce qui concerne le caractère artistique des actions. On peut utiliser ces expressions pour parler du rapport entre art et politique débouchant sur l'art engagé, ou encore de la construction d'espaces de création sociopolitique. Cependant, notre intention est plutôt de situer l'expression artistique sur le plan des revendications politiques exercées par la citoyenneté face à l'État et comme une manière de renouveler l'implication citoyenne dans la prise de décisions relative aux politiques publiques. Ces formes artistiques articulent autrement l'agir politique et l'implication du citoyen, réinventant le rapport politique entre ce dernier et l'État. J'explorerai donc la relation entre art, politique et implication citoyenne, et leur rapport avec l'État, à partir des moyens artistiques utilisés par les étudiants pour faire appel à la société civile et les rallier à leurs positions. La comparaison entre le Québec et le Chili permettra aussi de mettre en relief certaines des conséquences de ces manifestations et leurs apports au vivre ensemble dans des contextes et systèmes politico-législatifs différents.
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Esthétique de la politique et politique de l'esthétique dans le carnaval de Recife (Pernambuco, Brésil)Laure Garrabé (ufsm)
Le Carnaval Multicultural de Recife est une institution régie par des organes liés à la Ville depuis 1911. Cet événement social total exprime les dynamiques économiques, culturelles et sociales de la société pernambucana dont les tensions sont manifestes dans ses processus de singularisation et d'uniformisation face aux grands carnavals brésiliens et aux logiques globales de l'entertainment. Lieu de passages et navire liminal, il fait de sa « multiculturalité » une spécificité en s'appuyant sur la multiplicité et l'hybridité de ses formes d'expressions locales –autant de mouvements identitaires– dont il fixe la tradition en en énonçant les codes dans le règlement du concours annuel ; il organise l'espace festif en « pôles » dont les dénominations trahissent l'historicité de ses logiques sociales, et ainsi distribue les places et la visibilité des touristes, publics, agents de la tradition et de l'institution. En réinterrogeant l'expérience, les techniques et les modes d'appropriation de la tradition, de la multiculturalité et du gigantisme spectaculaire de l'événement par les « multitudes » –puissances du commun-, un mouvement inverse à celui de l'inversion sociale traditionnellement invoqué dans l'analyse du phénomène se dessine : les partages du sensible, plutôt que reconfigurés, sont renforcés dans la mise en place d'une « société de services », n'excluant pas que des re-collectivisations créent des poches d'émancipation contredisant le projet de l'institution carnavalesque
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Citoyenneté, reconquête du soi et usages politiques de l'artistique : réflexions à partir du cas du Mouvement des sans-terre du BrésilAlexis Martig (Université Laval)
Dans cette communication, nous nous proposerons de réfléchir aux enjeux de la présence et l'usage de pratiques « artistiques » en termes de citoyenneté et de reconnaissance sociale. Pour ce faire, nous montrerons comment le recours à l'artistique au sens large par le Mouvement des Sans Terre au Brésil, s'inscrit à la fois dans une reconquête de l'estime de soi des travailleurs ruraux, et dans une reconnaissance politique de leur lutte. En effet, alors que les travailleurs ruraux brésiliens ont été historiquement constitués comme une population subalterne, le message politique qu'ils portent dans les pratiques développées par le MST leur donne l'occasion de s'affirmer comme sujet politique, et comme citoyen.C'est pourquoi, nous nous interrogerons sur les manières de comprendre, et les enjeux de ce recours politique à l'esthétique et à l'affectif dans un contexte démocratique sensé garantir une égalité à ses différents citoyens.
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Grève étudiante québécoise de 2012 : une exemplification de l'omniprésence artistique dans les mobilisations sociales contemporainesEve Lamoureux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans cette communication, nous réfléchirons à la présence, de plus en plus significative, de pratiques culturelles et artistiques dans les diverses mobilisations/contestations issues de la société civile. À partir du cas de la grève étudiante québécoise de 2012, plusieurs questions seront explorées : quels facteurs sociaux, politiques et culturels expliquent cette omniprésence de l'art? Comment et à quelles fins les pratiques artistiques se déploient-elles? Quels sont leurs contours et leurs enjeux? Quelle valeur ajoutée ont ces stratégies particulières par rapport à des formes de mobilisations sociopolitiques plus classiques?
Nous souhaitons ainsi circonscrire certains éléments de la contribution spécifique des pratiques culturelles et artistiques dans les manifestations politiques des mouvements sociaux, ainsi que de réfléchir aux forces et faiblesses de cette stratégie.
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Discussion
L'urbanisation diffuse à l'aune du développement durable : défi d'aménagement réaliste ou quadrature du cercle ?
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Mot de bienvenue
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Développement durable et nostalgie de la ville compacteGérard Beaudet (UdeM - Université de Montréal)
La multiplication, depuis le début des années 1960, de néologismes destinés à rendre compte de la transformation radicale des modalités d'urbanisation des territoires s'est paradoxalement accompagnée, depuis trois décennies, de la construction d'un idéal urbain teinté de nostalgie, dont témoigne en particulier le courant du Nouvel urbanisme. Dans les milieux professionnels, cet idéal de la ville compacte s'est imposé comme la seule déclinaison normative possible du respect de l'injonction au développement durable. Mais, alors que l'adhésion enthousiaste aux paradigmes du progrès et de la croissance aura caractérisé les Trente Glorieuses, il n'en est pas de même du développement durable. La poursuite de l'étalement urbain montre qu'en ce domaine il y a dissociation entre le discours expert, les sensibilités citoyennes et les pratiques quotidiennes. L'idéal de la banlieue pavillonnaire mobilise toujours une part importante de la population. Comment, dans les circonstances – et compte tenu de l'importance de l'héritage engendré par plusieurs décennies d'urbanisation diffuse – relever le défi que posent aux urbanistes et aux aménagistes des modalités de production de l'établissement dont on connaît les coûts économiques, sociaux et environnementaux collectifs, tout en étant incapable d'en faire le fondement justificatif de politiques publiques susceptibles d'infléchir de manière « durable » les pratiques ?
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Discussion
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L'impact spatial de l'agriculture sur le territoire québécois de 1951 à 2011Julie Ruiz (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Aménager la zone agricole impose de bien saisir les tendances lourdes de l'agriculture qui marquent les territoires, ainsi que les enjeux soulevés par ces tendances. Or, depuis les années 1950, le passage d'une agriculture « domestique » à une agriculture « productiviste » puis « post-productiviste ou multifonctionnelle » est reconnu pour avoir eu des impacts majeurs sur le type et la distribution spatiale des activités agricoles. En prenant appui sur une analyse spatiale et statistique des recensements agricoles de 1951 à 2011 aux dix ans et à l'échelle des municipalités québécoises, cette étude a pour but de révéler l'ampleur, la vitesse et la direction des changements agricoles qui ont marqué les territoires. Avec des indicateurs comme l'évolution des superficies municipales en culture, la densité de ferme, le cheptel laitier, le nombre de fermes biologiques, etc. une typologie des trajectoires d'évolution de l'agriculture sur le territoire est mise à jour. Cette typologie permet par exemple de distinguer les municipalités traversées par une déprise périurbaine, par une intensification marquée, par une reprise agricole récente, etc. Ces tendances agricoles ainsi révélées sur une base spatiale offrent un cadre pour mieux saisir les principaux enjeux d'aménagement liés à la protection et au développement du territoire agricole au Québec.
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Le zonage de la zone agricole : vers un véritable aménagement de la campagneGuy MERCIER (Université Laval), Francis Roy (Université Laval)
Au Québec, le territoire agricole fait l'objet d'un régime de protection orchestré par la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. Bien que sa mise en œuvre repose sur la technique du zonage, ceci n'en fait pas pour autant une loi d'aménagement du territoire. Au lieu d'instaurer la planification de la répartition spatiale des usages et d'équipements, la loi établit plutôt une affectation prioritairement agricole de la zone agricole. L'agriculture y jouit d'un « droit de produire » qui, combiné avec la prohibition de morcellement des terres, concourt à transformer la campagne en parc réservé à la pratique de l'agriculture. Ainsi, la loi suppose l'existence au Québec d'une pratique de l'agriculture exempte de nuisances, alors qu'en réalité, elle laisse libre cours à des productions industrielles agricoles qui, au contraire, génèrent des conflits d'usage. C'est ce paradoxe qu'a révélé l'industrie porcine dont le développement rapide a provoqué une prise de conscience majeure face au « zonage agricole » : une activité agricole peut nuire à d'autres activités agricoles. Apparaissait donc la nécessité d'appliquer un zonage de type urbain afin de répartir à l'intérieur même d'une zone agricole des usages agricoles ayant un potentiel conflictuel. Malgré une timide évolution en ce sens, il faut aujourd'hui envisager plus systématiquement une pratique du zonage visant l'aménagement de la zone agricole et non seulement la protection de l'assisse foncière de l'agriculture.
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Période de questions
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L'étalement urbain : grandeurs et misères d'un conceptMartin Simard (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
L'étalement urbain est un concept désormais classique en géographie et en urbanisme. Le terme semble même un peu passé de mode au Québec. Non pas que la réalité spatiale qu'il dénonce soit révolue à cause des difficultés majeures à en faire un objectif politique prioritaire ainsi qu'à contrer le phénomène sur le terrain. Malgré tout, le concept d'étalement urbain suscite un intérêt croissant en France. De plus, la montée du paradigme du développement durable amène un nouvel angle d'analyse du phénomène qui favorise l'émergence de nouveaux concepts : ville compacte, collectivités viables, développement urbain durable, etc.
Dans ce contexte, le thème de l'étalement urbain mérite que l'on s'y attarde à nouveau. Ce sera donc l'objectif de cette communication. D'abord, ce sujet pose avec acuité la question de la « bonne forme » et l'injonction à la durabilité, qui pourrait advenir, passe par une augmentation de la densité des établissements. Deuxièmement, l'étalement urbain est généralement traité de manière assez théorique alors que les dilemmes associés au contrôle strict de l'urbanisation sont très nombreux : Quelle densité résidentielle doit être la norme ? Doit-on intervenir du côté des espaces commerciaux et industriels ? Où peut-on fixer la limite de la ville ? Quel sera l'effet sur les prix ? Qu'en est-il des droits à la propriété et à la mobilité ? Nous discuterons de ces questions à l'aide d'une revue de littérature et d'un regard sur différents exemples.
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La compacité au service d'une urbanisation durable : s'inspirer des collectivités du Baden-Wurtemberg (Allemagne)Vincent GALARNEAU (Vivre en Ville), Alexandre Turgeon (Vivre en Ville)
Malgré les 35 ans de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA), l'adoption récente de plans métropolitains d'aménagement et de développement (PMAD) et la révision en cours de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (LAU), le phénomène de l'étalement urbain est loin d'être endigué. L'empiètement sur le territoire agricole et forestier se poursuit dans nombre de municipalités québécoises. À l'opposé d'une urbanisation diffuse et désordonnée, une urbanisation responsable repose sur l'aménagement de collectivités compactes offrant la possibilité de réduire la dépendance à l'automobile et de préserver les milieux agricoles et naturels. De telles collectivités sont non seulement moins coûteuses au niveau des infrastructures, elles constituent des milieux de vie attrayants puisqu'elles sont plus favorables aux déplacements actifs et collectifs, offrent des commerces et des services de proximité ainsi que des espaces publics variés et de qualité. À partir d'expériences concrètes au Baden-Wurtemberg en Allemagne, cette présentation tentera de démontrer que l'aménagement de collectivités compactes en périphérie des grandes villes est non seulement nécessaire, mais qu'il est réalisable lorsque certaines conditions-clés sont réunies.
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Le paradoxe de l'étalement urbain au Québec : un fait encouragé bien que décriéMichel Côté (Université Laval), Guy MERCIER (Université Laval)
Malgré la forte critique que l'étalement urbain essuie et les mesures prises à son encontre, celui-ci se poursuit. Formulant l'hypothèse que l'étalement urbain tire avantage des moyens adoptés pour le contrer, nous concluons que la critique de l'étalement urbain propage une conception dichotomique de la ville et de la campagne, alors que les moyens mis en œuvre pour le contrer agissent selon d'autres critères, autorisant ce qu'on peut appeler une « urbanisation de la campagne », le mandat de la politique québécoise d'aménagement de l'étalement urbain étant d'assurer la meilleure urbanisation possible de cette campagne. L'objet de cette communication est d'explorer les motifs qui fondent ce mandat, afin de comprendre pourquoi la politique québécoise visant à contrer l'étalement urbain, du moins à le contraindre maximalement, le plus possible, favorise plutôt le contraire. L'hypothèse soumise est que le discours aménagiste se rallierait à un mythe qui serait plus fort que toutes ses bonnes intentions et ses savants calculs. L'analyse intertextuelle de la politique aménagiste québécoise montre en effet que la régulation opère à un autre niveau que celui de la politique et de la raison. Ce discours apparaît en réalité largement surdéterminé par un discours second, d'origine mythologique et à caractère pastoral, qui, dans la pratique, encourage l'urbanisation diffuse.
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Période de questions
L'urbanisation diffuse à l'aune du développement durable : défi d'aménagement réaliste ou quadrature du cercle ?
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Dynamique de construction territoriale et de gouvernance urbaine face aux enjeux du développement durableSharam Alijani (NEOMA Business School), François MANCEBO (Université de Reims Champagne-Ardenne)
Cette communication propose d'examiner la dynamique de construction territoriale et les trajectoires de croissance urbaine à la lumière des contingences auxquelles les territoires sont assujettis. Notre étude porte sur les caractéristiques des espaces métropolitains, leur développement et leur transformation en réponse aux impératives de l'organisation spatiale des activités humaines. Or, les choix d'acteurs et les actions collectives au sein des territoires impliquent des choix en matière de gouvernance des espaces urbain et périurbain et d'usage des ressources. Ceci n'est pas sans conséquence sur les modes de développement urbain et en particulier l'impact du développement durable sur la dynamique d'urbanisation des espaces ouverts. De même, les choix des acteurs sont générateurs des externalités qui affectent le lieu, le milieu et l'environnement. Il va ainsi de l'impact des activités humaines sur l'usage et le renouvellement des ressources, la création des richesses et le bien-être collectif. Comment accroître les richesses sans aggraver les équilibres spacieux ? Comment créer de nouvelles capacités sociales face aux enjeux d'équité intergénérationnelle et écosystémique ? Nous tenterons ainsi de restituer le débat sur les contingences de la durabilité en apportant une attention particulière au débat sur le défi du développement durable et en soulignant les limites des discours normatifs quant aux politiques d'urbanisation et de développement des territoires.
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Aménagement et développement durable à Gatineau : examen de l'influence de la participation publique sur le renouvellement des pratiques planificatricesMario GAUTHIER (UQO - Université du Québec en Outaouais), Lynda Gagnon (UQO - Université du Québec en Outaouais)
La ville de Gatineau, née de la fusion en 2001 de cinq villes, dont trois en milieu périurbain, fait partie intégrante de l'agglomération urbaine d'Ottawa-Gatineau et bénéficie d'une forte croissance démographique. La ville se déploie sur un vaste territoire de 380 km2 constitué à près de 40 % de terres agricoles et est découpée en cinq secteurs correspondant aux limites des anciennes villes. Or l'étalement urbain généré par la croissance démographique exerce de fortes pressions sur certaines zones périurbaines et menace l'intégrité du territoire agricole. La révision en cours du schéma d'aménagement et de développement durable de la ville vise à définir un cadre d'occupation du territoire qui réponde aux enjeux de gestion de la croissance urbaine, tels que la densification, la mobilité durable, la protection des milieux naturels et la mise en valeur du potentiel agricole. La Ville a choisi de réaliser cet exercice de planification en étroite collaboration avec sa population. Cette communication vise à présenter la démarche et les résultats préliminaires d'une recherche mobilisant le cadre conceptuel du collaborative planning pour analyser l'influence de la participation publique sur le renouvellement des pratiques planificatrices et sur la mise en œuvre des principes du développement durable. La communication explorera le défi de l'harmonisation des intérêts d'une pluralité d'acteurs et de communautés distinctes dans la recherche d'un nouveau mode de « vivre ensemble ».
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La cohabitation d'intérêts au sein des communautés rurales périurbaines : une critique des différenciations simplistes en aménagementChristopher Bryant (UdeM - Université de Montréal)
Depuis les années 1990, on assiste à une reconnaissance accrue de la complexité de la dynamique des communautés rurales périurbaines, en lien avec l'urbanisation diffuse et les transformations agricoles. Toutefois, est-ce que cette dynamique est si nouvelle? Par exemple, de nombreuses communautés rurales périurbaines depuis la fin du 19ième siècle en Europe ont été caractérisées par une complexité réelle en termes de compositions socioéconomiques et jusqu'aux années 1960 des populations non agricoles et agricoles vivaient très bien ensemble. Qu'est-ce qui a changé? La montée de valeurs différentes (ex. valeurs environnementales)? La recherche de services urbains dans les milieux ruraux périurbains? Les difficultés de cohabitation entre non agriculteurs nouvellement installés et les agriculteurs? Une solution pour limiter les problèmes a été la création de programmes de protection/conservation des terres agricoles. Mais est-ce que cette démarche est adéquate? De plus, quoi d'autre faut-il faire pour assurer la pérennité des ressources agricoles et pour maintenir une dynamique communautaire équitable? En bref, comment tenir compte de la complexité réelle de ces communautés y compris leurs populations et systèmes de production agricole en utilisant les principes du développement durable? Nous répondrons à ces interrogations avec une synthèse de la littérature pertinente depuis les années 1940 ainsi que des études de cas en France et en Amérique du nord.
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Période de questions
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La mixité fonctionnelle : nouvelle logique d'aménagement dans le périurbain francilienMonique Poulot (Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris 10))
Longtemps qualifié de contre-ville, voire d'anti-ville (Ripoll et Rivière 2007), le périurbain, qui concentre 3O% de la population française, sort peu à peu de son statut monofonctionnel de résidence et de consommation. Des solidarités territoriales se mettent en place, prenant des formes spécifiques dans un milieu caractérisé par des “densités dispersées” (Bres et Mariolle, 2009). Plus encore, à rebours des débats sur la durabilité condamnant la ville étalée au profit de la ville dense, les ménages périurbains en viennent à considérer leurs espaces de vie comme des lieux pratiques à l'éclosion de pratiques plus “écologiquement responsables et solidaires” (Desjardins et al., 2010). Dans ce contexte, la mixité fonctionnelle est devenue le maître-mot des aménageurs et des élus, notamment dans le périurbain francilien.
Notre propos est d'interroger ici un certain nombre de projets en cours dans ce périurbain francilien, particulièrement à l'Ouest de la métropole. Cette volonté d'une mixité fonctionnelle se retrouve d'abord dans des opérations de densification autour de la notion “d'urbanisme endogène” (parcs naturels de Chevreuse et du Vexin). Elle s'épanouit aussi dans le programme BIMBY (Built in my back yard) en réponse au NIMBY et à l'image d'un périurbain qui verse dans les clubs résidentiels (Charmes, 2005). Elle s'exprime enfin dans la mise en articulation des espaces agricoles (jardins familiaux et exploitations agricoles de proximité) et bâtis.
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Vers une méthode d'analyse morphologique urbanistique : une typologie de lieux d'arrimage pour penser des projets d'urbanisme physico-spatial en contexte périurbainJohanne Brochu (Université Laval), David PARADIS
Une nouvelle façon de penser la ville, grande et petite, est en émergence. Elle implique des approches plus larges, plus sensibles, porteuses d'une meilleure intégration des différents regards posés sur nos milieux de vie bâtis. Des avancées, notamment en morphologie urbaine, ont ainsi donné lieu au renouvellement des démarches de problématisation et d'élaboration des projets urbains et des interventions qui les incarnent. Fondées sur l'appréhension du territoire dans sa matérialité, dans ses multiples échelles et leurs articulations, ces démarches focalisent sur les rapports d'interdépendance entre le quoi et le comment faire, entre le penser et le faire, entre le souhaité et l'existant. Mais comment cela peut-il se traduire en urbanisme physico-spatial? Quel dispositif conceptuel pour penser des interventions à l'échelle des ensembles sans retomber dans les grands plans ni dans les collages fortuits de lotissements? L'élaboration d'une typologie de lieux d'arrimage devient le fil rouge d'une recherche sur le déploiement d'une approche morphologique urbanistique contribuant à esquisser des projets qui collent au milieu plutôt que de faire coller le milieu au projet. Une première version d'une telle typologie a été produite lors d'ateliers d'urbanisme portant sur des groupes d'établissements constituant la frange de la région métropolitaine de Québec. Un retour critique sur cet exercice permettra de mieux cerner les exigences et les implications du déploiement d'une telle approche.
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Explorer les nouvelles pratiques et fonctions des territoires ruraux à travers l'enseignement : l'exemple de l'atelier « Espace régional » de l'École d'architecture de paysage, Louis-Philippe ROUSSELLE-BROSSEAU (UdeM - Université de Montréal)
Depuis plus de vingt ans l'atelier «Espace régional » est à la fois un lieu de formation professionnelle et d'exploration de nouvelles pratiques et de nouvelles fonctions des territoires ruraux. Misant sur des collaborations étroites avec les collectivités locales, une grande diversité de situations y ont, au fil des ans, été abordées : territoires marqués par la déprise agricole, par de fortes pressions foncières, par l'intensification des pratiques agricoles, etc. Dans un premier temps, la présentation retrace l'évolution du contexte de l'atelier et, du coup, fait ressortir l'importante montée d'intérêt pour les dimensions qualitatives des territoires ruraux qui a marqué les deux dernières décennies. Dans un second temps, elle expose certains postulats à la base de l'atelier (ex. : complémentarité des liens entre recherche, enseignement et pratique) et certains défis qu'ils soulèvent. Enfin, elle présente des exemples de travaux réalisés au cours des dernières années. Tout aussi étonnantes qu'elles puissent paraître aujourd'hui, les propositions émanant de ces travaux (requalification des abords de ferme, aménagement de parcours à travers les terres agricoles, valorisation des paysages agricoles en zone de déprise, etc.) pourraient bien annoncer ce que seront les territoires de demain, soit des territoires aptes à supporter pleinement des fonctions de production, d'habitation, de récréation et de conservation.
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Période de questions
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Urbanisation en saut de mouton et repli des périmètres agricoles autour d'Alger. Comment peut-on envisager un développement urbain et territorial durable ?Mohamed Hocine (École Polytechnique d'Architecture et d'Urbanisme EPAU.)
La communication a pour objectif de mettre en évidence la vulnérabilité des périmètres agricoles dans le cas d'Alger (Algérie), une grande ville d'un pays en développement. La rapidité des changements socio-économiques y accélère l'expansion urbaine et génère la réduction des périmètres agricoles. Pour le moment les pouvoirs publics n'envisagent qu'un seul remède; la protection politico-juridique des sols arables. Néanmoins le sol et l'activité agricoles continuent à enregistrer des replis.
Nous pensons que la protection juridique est nécessaire mais pas suffisante, il y a lieu de l'associer avec une ingénierie et des techniques d'aménagement des territoires nouvelles plus intelligentes. En effet, un peu partout dans le monde des expériences de réconciliation entre les disciplines urbanisme et agriculture sont expérimentées et des résultats concluant apparaissant. Les programmes d'action ne sont sont accompagnés par des procédures d'association des populations, de diagnostics, de veilles.
En Algérie, les programmes de développement publics prennent souvent les agglomérations comme lieux de réalisation. Ces programmes dépassent rarement les limites des agglomérations et les programmes qui prennent en charges la campagne proprement dite sont maigres et irréguliers. Les périmètres agricoles sont alors une potentialité pour réaliser une métropole à l'avant-garde des innovations et avec une identité ancrée dans la préservation de son caractère agronomique.
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Mutation des zones de montagnes en Algérie : cas de la grande Kabylie, Lamia MEZIANE (USTHB - Université des sciences et technologies Houari Boumediene)
Parler de la grande Kabylie c'est parler du majestueux massif du Djurdjura et de l'attachement quasi mystique du Kabyle à sa terre et à sa montagne. Cette relation homme montagne qui a pu non sans encombre traverser l'histoire est aujourd'hui remise en cause par la perte d'un équilibre si longtemps préservé, par la destruction de l'économie traditionnelle et des institutions sociopolitiques séculaires. Cette occupation de l'espace par l'homme nous a donné un archipel de petits villages perché sur les crêtes des montagnes. La croissance démographique, les progrès technologiques et le développement économique se sont traduits par de profonds changements sociaux. Les zones de montagne de la grande Kabylie enregistrent une dynamique de transformations des structures villageoises. L'évolution intense de l'habitat villageois fait disparaître des pans entiers du patrimoine culturel architectural kabyle qui représentent l'expression tangible de l'identité culturelle des Kabyles. Ces nouvelles formes d'urbanisation causées par cette urbanisation diffuse engendrent de grands dysfonctionnements dans la gestion de ces nouvelles entités urbaines. Ces mutations ont fait de la grande Kabylie une région rurale dont l'économie repose peu sur l'agriculture. Il y a lieu de s'interroger actuellement sur la nécessité d'un retour à une urbanisation compacte de petits villages dans la fonction restera principalement résidentielle gravitant autour de grands pôles de services.
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Représentations, identité et antagonismes dans les actuelles formes de vie périurbaine au MexiqueCarlos Aparicio (UANL - Universidad Autónoma de Nuevo León)
En périphérie de Monterrey, les anciens petits villages sont devenus quartiers populaires, tandis que les territoires agricoles ont donné sa place à la multiplication de développements résidentiels fermés, car la gestion de la ville a été cédée aux développeurs immobiliers (Aparicio et al., 2011), accentuant les niveaux de "micro-ségrégation" ou "micro-fragmentation" de l'espace partagé (Capron et González, 2006).
Notre travail s'intéresse à explorer les relations de durabilité sociale et les inégalités socio-spatiales occasionnées par l'urbanisation diffuse. Pour étudier des patrons de vie ruraux coexistant avec les modes de vie contemporaine, nous intégrons de l'information historique et cartographique avec des outils théoriques et méthodologiques provenant des Représentation sociales (Abric, 2003), de l'Identité sociale (Tajfel, 1981) et du Capital social (Szauser et Castillo, 2003).
Les résultats montrent que dans un quartier traditionnel les représentations sont attachées aux racines et à l'identité sur une base symbolique (Jodelet, 1986), tandis que dans un quartier emmuré les représentations sont liées à la tranquillité, en raison de crainte à la violence ou la recherche de distinction (Enriquez, 2007). Même si les représentations entre les quartiers incluent des images négatives et des préjugés, dans le cadre de la durabilité sociale, les relations quotidiennes peuvent faciliter la génération de politiques visant à l'inclusion.
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Période de questions
Faire, défaire et refaire la nation canadienne : le cas de la mobilité géographique des travailleurs francophones
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Mot de bienvenue
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Quand l'ethnicité devient classe sociale : la mobilisation linguistique néo-brunswickoise à la lumière de l'émergence de la grande industrieMireille Mclaughlin (Université d’Ottawa)
Dans cette présentation, je tente de construire un cadre explicatif permettant de rendre compte des liens entre la (re)production des communautés linguistiques et les processus économiques. M'appuyant sur des données ethnographiques, j'explore en quoi la catégorie sociale francophone est mise à défi par l'effondrement du secteur industriel du Nord du Nouveau-Brunswick. Je trace, d'abord, un portrait historique des enjeux linguistiques liés à l'industrialisation pour ensuite explorer les tensions que soulèvent les restructurations économiques mondialisantes pour les idéologies linguistiques qui structurent la francophonie. J'avance l'argument que le militantisme linguistique Acadien des années 50 et 60 est à mettre en lien avec l'émergence d'une conception standardisante et «méritocratique » des langues qui en font à la fois un outil de mobilité ascendante et de discrimination sociale. Cette conception des langues a servi à la mise en place du cadre politique de dualité linguistique canadien. L'effondrement du secteur industriel du Nord du Nouveau-Brunswick mène à l'émergence d'une économie entrepreneuriale, axée sur la mobilité des individus, des ressources et des discours. Je conclus en explorant les tensions que soulèvent ces transformations économiques tant pour la francophonie que pour le cadre de dualité linguistique et le vivre-ensemble canadien.
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Communautés et/ou lieux de passage dans le nord de l'Alberta et les Territoires du Nord-OuestLindsay BELL (University of Toronto), Michelle Daveluy (Université Laval)
Daveluy et Bell explorent les tentatives de reproduction de la francophonie canadienne dans les contextes économiques émergents dans le nord de l'Alberta et les Territoires du Nord-Ouest. Elles étudient le décalage qui existe entre les tentatives institutionnelles (politiques et associatives) pour assurer cette reproduction et les motivations des francophones qui s'y trouvent à plus ou moins long terme. Elles discutent de cas localisés de relocalisation plus ou moins temporaire à Fort McMurray et Yellowknife. Elles décrivent les priorités des franco-albertain(e)s, acadien(ne)s, franco-ténoi(e)s et québécois(e)s dans le triangle du pétrole dans le nord de l'Alberta, et dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest. Qui participe à l'institutionnalisation des espaces francophones du nord ouest canadien et qui, au contraire, s'abstient plus ou moins délibérément d'y prendre part? Le positionnement dans les contextes locaux mis en place par les franco-ténoi(e)s et les franco-albertain(e)s révèle des formules identitaires inattendues mais pourtant prévisibles. Elle démontrent comment les tensions entre les un(e) et les autres s'expliquent en partie selon le rapport aux municipalités en tant que lieux de passage pour plusieurs mais communautés pour bien d'autres. Les franco-mobiles se distinguent en effet parmi les francophones quant à leur rapport à l'espace. Ils et elles le parcourent quand les francophones y habitent.
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Fixité et mobilité : les altermondialistes et le réseau institutionnel francophone dans le Grand NordMonica Heller (University of Toronto)
Comme partout à travers le Canada, il existe dans les Territoires du Nord-Ouest (TNO) un réseau d'institutions francophones (écoles, médias, centres culturels) censé fournir une “complétude institutionnelle” (Breton 1964) à une population minorisée. Cette population est conceptualisée comme une communauté nationale, fixée sur un territoire. Mais les TNO s'inscrivent dans un système économique qui les produit comme frontière ou périphérie de sorte qu'ils attirent surtout des populations mobiles. Dans cette communication, j'examine le cas spécifique des jeunes altermondialistes québécois en quête de capital symbolique et linguistique, qui passent par les TNO sur un circuit d'accumulation de savoirs et d'expériences écologistes. Ce groupe, établi pour la plupart pendant l'été dans un quartier de Yellowknife qui est « off the grid », est en symbiose avec le réseau institutionnel, qui leur offre des emplois temporaires tout en profitant de leur capital de francité authentique. Il permet au réseau de se reproduire, malgré la contradiction entre fixité et mobilité qu'il incarne. De même, le capital que les altermondialistes accumulent par le fait de leur mobilité est utile surtout une fois de retour au bercail, le point fixe québécois. Tout en rejetant les idées dominantes de l'État-nation, les jeunes altermondialistes en profitent; tout en rejetant la mobilité, le réseau national en dépend.
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« Pagayez, pagayez ensemble » – Congrès mondial acadien et mise en discours de la mobilitéHubert Noël (Université de Moncton)
Les Congrès mondiaux acadiens (CMA), tenus tous les cinq ans depuis 1994, sont des rassemblements d'envergure internationale où « la planète acadienne » est conviée à la célébration de son identité. L'organisation des CMA et la participation à ceux-ci dépendent largement des conditions de circulation de personnes, de biens et services, de capitaux et de productions culturelles et artistiques, à commencer par la mobilité de l'événement lui-même. Le CMA de l'été 2009 a eu lieu dans la Péninsule acadienne, une région du Nouveau-Brunswick à très forte majorité francophone. Comme d'autres bastions de la francophonie canadienne en milieu minoritaire, la Péninsule est la cible d'efforts nombreux et soutenus visant la diversification et la consolidation de son économie afin de maintenir sur son territoire une population relativement stable et fixe. Dans cette communication, j'explore les tensions discursives ainsi engendrées par la tenue du CMA entre, d'un côté, la fixité, la stabilité et la proximité et, de l'autre, la mobilité, la circulation et la distance. Je tente de montrer comment ces tensions, et parfois certains paradoxes, s'expriment à même les productions culturelles qui sont au centre desdites célébrations identitaires, s'inscrivant elles-mêmes dans des efforts de positionner la région en tant que destination touristique attrayante où il est possible de « faire l'expérience » de l'acadianité.
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Tourisme culturel dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse : l'émergence d'un nouvel espace francophoneMélanie Leblanc (Université de Moncton)
Depuis la fin des années 1990, dans un effort de revitalisation et de diversification de son économie, la communauté acadienne de la Baie Sainte-Marie – comme d'ailleurs d'autres communautés francophones minoritaires du pays – cherche à développer l'industrie touristique. La mobilité accrue des individus et la recherche d'expériences culturelles « authentiques » a rendu possible le développement du tourisme culturel dans les régions acadiennes de la Nouvelle-Écosse. Ainsi, la Baie Sainte-Marie accueille un nombre grandissant de francophones et francophiles en quête d'une expérience « authentiquement acadienne ».
Dans cette industrie culturelle où la langue fait partie intégrante du produit touristique, la variété régionale du français (l'acadjonne) est perçue par (une partie de) la communauté comme une marque d'authenticité recherchée par les touristes, donnant lieu à des discours sur l'authenticité de la communauté et sur la valeur marchande de l'acadjonne.
À partir d'un travail ethnographique réalisé entre 1999 et 2004, j'explorerai dans cette communication les discours sur la marchandisation de la culture et de la langue qui émergent sur le terrain du tourisme et qui viennent déstabiliser l'idéologie linguistique dominante dans laquelle la langue a surtout été envisagée comme un patrimoine à conserver et dans laquelle l'acadjonne a le plus souvent été investi d'une valeur symbolique et identitaire.
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La construction économique de l'immigrant francophone : analyse d'un processusChedly Belkhodja (Université Concordia)
Cette communication propose d'étudier le discours de l'immigration francophone au Canada depuis les années 2000. De plus en plus, ce discours semble insister sur des considérations économiques se rapprochant du paradigme dominant voulant que les immigrants les plus désirés répondent aux besoins du marché de l'emploi. D'une sélection à partir d'un système à point basé sur la capacité de l'immigrant à s'intégrer à la société d'accueil, le fameux capital social, il introduit une nouvelle approche définie autour de la recherche de compétences (Skills). A l'image de ce qui se fait en Australie et en Nouvelle-Zélande, le Canada entend cibler les migrants à partir des besoins spécifiques du marché et s'assurer que les «meilleurs » immigrants choisissent le Canada. Notre démarche d'étude se fera à partir d'une analyse de discours de documents officiels produits par différents intervenants en immigration (dont Citoyenneté et immigration Canada et la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada) et d'une observation personnelle de mon implication de plus de dix années dans le comité directeur sur l'immigration francophone au CIC-Communautés francophones en situation minoritaire (CIC- CFSM).
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Discussion
L'urbanisation diffuse à l'aune du développement durable : défi d'aménagement réaliste ou quadrature du cercle ?
L'art, le citadin et le site : habiter l'espace public à l'ère de l'image
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Mot de bienvenue
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Arquitectura Expandida (AXP); l'intervention urbaine, l'aménagement d'espace public et communautaire en ColombieMyriam Barriault-Fortin (UdeM - Université de Montréal)
Le collectif d'architectes Arquitectura Expandida (Architecture étendue) se décrit comme nomade, travaillant en réseau, participant à générer des lieux de rencontre et un microlaboratoire de spéculation culturelle. Le processus d'intégration de l'intervention dans l'espace public est au cœur de cette réflexion, ainsi que les moyens employés pour encourager la population avoisinante à participer. Ces interventions sont intégrées dans certains milieux, majoritairement défavorisés, et dédiées à des fonctions bien précises. À l'aide d'exemples, nous observerons les moyens du collectif pour produire une structure physique, parfois mobile, destinée à diffuser ou à être un lieu culturel ou d'échange pour la communauté qui reçoit l'intervention, afin d'activer un espace public. Le cadre architectural, comme celui produit dans la majorité des cas par le collectif Arquitectura Expandida, intègre une production artistique qui peut être externe au groupe ou être une collaboration ponctuelle. Des liens sont alors créés entre plusieurs collectifs d'interventions, mais également avec les communautés. Ces structures reflètent les motifs premiers du collectif. Le travail des collectifs en réseaux est également un aspect intéressant de ce type de production.
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La spatialité de l'être : identité construite à partir de variables spatialesPaolo Almario (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Le questionnement par rapport à comment la perception d'un espace définit la façon dont on l'habite, marque l'ensemble de ma pratique en tant qu'artiste et architecte. Mes explorations m'amènent à conclure que les expériences qui composent l'individu ne sont pas isolées. Par contre, elles sont directement liées à la plateforme spatiale qui leur permet exister. De cette manière, je conçois la « spatialité de l'être », un concept qui définit un type d'identité construite à partir de variables strictement spatiales. La « spatialité de l'être » ouvre un panorama de recherche-création énorme. Pour l'aborder, j'ai consolidé une méthodologie qui tient compte des études de cas. Le premier vise à répondre à la question: « Qu'est-ce qui arrive à un individu lors de la destruction de sa spatialité? ». Cette étude de cas m'a amené à conclure que, inévitablement, notre spatialité est liée aux décisions de tierces, qui ont des intérêts particuliers. Mon concept annonce que la relation individu-espace est définitive pour la partie humaine, car son être au complet sera structuré à partir des limites imposées par d'autres. Ainsi, je lance une de mes premières déclarations: l'individu doit être le concepteur de sa propre spatialité. Prématurément je conclus que la relation individu-espace est déterminante au niveau identitaire, que l'art est le point de rencontre qui permet étudier ces relations, et que la destruction partielle de la spatialité déclenche des processus d'adaptation chez l'individu.
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Les bruits artistiques dans l'espace public. Une alternative sonore pour l'expérience du flâneurKarine BOUCHARD (UdeM - Université de Montréal), Gabrielle Mathieu (UdeM - Université de Montréal)
De par sa définition physique, le son habite l'espace, il lui donne une matière auditive avec laquelle l'ouïe parvient à définir les limites et la structure du lieu. De plus, le son est le signe oublié. A lui seul, il parvient à activer la mémoire, l'imagination et la mythologie d'un individu. En d'autres mots, le son et l'image s'équivalent puisqu'ils évoquent des images mentales et les associent à un réseau d'idées plus grand construisant un discours, un récit. Il n'est alors pas étonnant de voir émerger en art actuel des pratiques questionnant le rôle de l'audition dans l'expérience spectatorielle et donnant lieu à des oeuvres strictement sonores. Ces pratiques prennent des formes multiples, architectures sonores, sculptures sonores, interventions furtives, les artistes ajoutent du matériel sonore ou en déduisent afin de concevoir de nouveaux lieux, de déjouer les attentes relatives à l'espace ou encore de produire des hétérotopies. L'écologie sonore de l'espace public s'en trouve ainsi profondément modifiée, ses signes et ses repères audios sont brouillés. Dans le cadre de ce colloque sur l'art et l'espace urbain, nous proposons d'explorer la dimension de l'expérience spectatorielle des oeuvres sonores dans un contexte d'interventions urbaines. Il s'agira d'établir une cartographie de la recherche en art sonore tout en s'interrogeant sur le nouveau rôle du flâneur baudelairien qui est mis en présence, malgré lui, de sons artistiques dans l'espace urbain.
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Discussion
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Artistes et urbanisme expérientiel, une synergie au service de la qualité de vie urbaineNoémie Lago (Université de Mons)
La capacité des espaces publics à être des lieux de convergence et de rencontre diminue face à la montée des enjeux sécuritaires. Néanmoins, les citadins apprécient les espaces proposant une ambiance particulière. Nos études de cas (Paris-Plages, City Lounge à Saint-Gall, Marseille 2013, L'ile de Nantes) soulignent le rôle essentiel de l'intervention artistique dans cette attractivité. En effet, les artistes apportent la créativité permettant de sortir l'usager de son quotidien, de lui faire vivre une expérience originale. Cependant, bien que la démarche artistique soit nécessaire, elle n'est pas suffisante à la recomposition de notre vivre ensemble. A cette fin, elle doit s'intégrer dans un processus urbanistique permettant la prise en compte des attentes des usagers et garant des aspects fonctionnels du lieu. C'est ce que nous proposons à travers le concept d'urbanisme expérientiel. L'urbanisme expérientiel permet d'inclure le ressenti des individus aux démarches traditionnelles de conception d'espaces publics. Il développe cinq dimensions sensibles de l'espace (le sensoriel, l'émotionnel, le cognitif, le comportemental et le relationnel) dont la cohérence est assurée par la présence d'un thème général. Des artistes sont impliqués tout au long de la démarche, pour transcrire sensiblement les intentions urbanistiques. Cette collaboration entre artistes et aménageurs au service des usagers permet le partage d'expérience sensibles dans l'espace, terreau du vivre ensemble.
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Circuits et tactiques d'interventions dans l'espace public. L'exploration d'intersections, de collaborations et l'art du dispositif TechNOMADJames Partaik (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
L'éversion dans l'univers de l'art numérique semble suggérer une expérience opposée aux technologies immersives qui règnent dans la mise en relation d'expériences humaines à celles du domaine numérique ou virtuel. Par l'entremise d'une utilisation créative de technologies « éversibles », des espaces augmentés sont créés et deviennent ainsi des zones activées de la vie quotidienne dans l'espace public. De manière analogue à l'idée de l'hypermédia, les interventions artistiques utilisant les dispositifs TechNOMAD animent l'espace urbain et ses infrastructures en révélant des enjeux implicites au site, les technologies elles-mêmes dans un contexte culturel spécifique et les actions créatives utilisées pour transformer l'espace public. Par des interventions artistiques, cette réalité médiatisée s'ouvre - à son tour - aux dimensions invisibles et potentielles de la situation.
Cette communication examine les tactiques spécifiques de l'occupation et de l'imbrication des infrastructures urbaines, des créations interdisciplinaires et des technologies faites maison. Les notions de réseaux sans fil entrecroisés, de piratage informatique et de technologies en temps réel étendent les paramètres de l'esthétique au domaine des forces invisibles de la dynamique pure, créant ainsi une réalité multicouche complexe. L'objet trouvé cède sa place au monde trouvé, alors que la myriade sans fin de l'environnement urbain est investie de systèmes technologiques mobiles ou de dispositifs TechNOMAD.
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De la Main au Quartier des spectacles : les lieux précaires du Montréal festifSimon Harel (UdeM - Université de Montréal)
Alors que le Quartier des spectacles prend son essor, qu'il a pour ambition de régénérer l'espace urbain, la Main a bel et bien reçu un œil au beurre noir. C'est en effet une ville laissée à l'abandon, un boulevard sans attrait, à demi mort, qu'il faut décrire, entre Sainte-Catherine et René-Lévesque. À l'instar de ces sans-abris qui errent autour de la Main, un génie du lieu qui possède tous les aspects de la souffrance se manifeste. En effet, la Main est tout le contraire de cet éloge de la festivité qui a pour enjeu de dynamiser la ville par l'entremise de la culture. Ainsi, l'idée d'un art à l'œuvre dans l'espace public doit s'entendre, tel que le perçoit l'ATSA, comme un dispositif mobile, comme une aire de combat qui bouge avec la conjoncture, c'est- à-dire avec l'esprit des lieux. Ce qui nécessite, dans le contexte d'une prise de parole de sujets marginalisés, un éclatement du cadre. L'expression est ambiguë. Qu'est-ce qu'un cadre? C'est un support, une règle, une limite tracée dans l'espace, un signifiant qui délimite un espace, la saisie d'une inscription dans un périmètre. Or, les fabulateurs de l'ATSA, artisans, artistes, sans-abris, bénévoles, tous réunis, font valoir, au cœur de la ville, en son site le plus violenté qu'est ici la place Émilie-Gamelin, la nécessité d'une inscription qui, d'une certaine manière, se passe de cadastre, ce qui traduit en somme, comme aux belles heures du mouvement étudiant, un affect insurrectionnel, un rêve de rébellion.
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L'artialisation, un processus géosymbolique ?
Nous inspirant de Bachelard, Cauquelin, Girardin et Heidegger, mais encore des préceptes de la géographie culturelle plus-que-figurative, cette communication cherchera à démontrer en quoi les arts, grâce à l'artialisation qui peut être faite de leurs œuvres lorsque celles-ci procèdent d'une imagination foncièrement créatrice, peuvent illustrer la richesse de la charge de sens du lieu. Une charge qu'elle étoffe même en ceci que, heuristique et transcendante, pareille artialisation affine (i) la trame symbolique où le sens du lieu prend forme et où le sentiment d'appartenance naît et se renouvelle comme (ii) la contexture des vocations relationnelles et identitaires où le lieu se révèle complexe, dynamique et unique. Réfléchissant sur son rôle quant à l'appropriation et à l'identification au lieu, cette communication s'emploiera somme toute à démontrer en quoi le travail de l'artiste, lorsqu'il parvient à s'ouvrir à l'indicible de notre condition géographique, peut élargir nos horizons de sens à la démesure du Réel et dès lors nous aider à mieux comprendre les valeurs et significations afférentes à notre territorialité.
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Discussion
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L'art dans l'espace public : nouvelles perspectives. Intervention d'artiste : Danyèle AlainDanyèle Alain (3e impérial, centre d'essai en art actuel)
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L'art dans l'espace public : nouvelles perspectives. Intervention d'artiste : Devora NeumarkDevora Neumark (Université Concordia)
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Synthèse
La mise en représentation du vivre-ensemble à travers les sites patrimoniaux, ces lieux de passage que l'on fréquente en périodes de crise... Ou comment patrimoines culturels et développement durable
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Mot de bienvenue
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Produire un environnement durable : histoire et nature des générations futuresNathanael Wabled (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le rapport Brundtland définit le développement durable comme « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Une telle définition semble adaptée à la gestion du patrimoine historique:les lieux d'histoire doivent être préservés et leurs usages utilitaires ne doivent pas compromettre leur valeur historique. Est maintenu un environnement où les générations futures seront capables de réaliser leur conscience historique, considérée comme un besoin social primaire. Sans cette conservation cette conscience se perdrait. De la même manière, sans développement durable un certain nombre de besoins primaires ne pourraient plus être garantis, dans la mesure où l'environnement naturel ne serait plus capable d'y répondre. Dans une situation de crise marquée par des incertitudes sur l'avenir, sur les plans sociétal et écologique, la mise en avant de ces deux concepts est donc susceptible de redonner une certaine confiance dans la pérennité du groupe social qui les utilise. Cette communication se propose d'analyser et de déconstruire les cadres sociaux et idéologiques dans lesquels la gestion du patrimoine et le développement durable apparaissent comme des évidences, c'est-à-dire la manière dont ils sont le résultat du mode selon lequel un certain groupe social fait signifier son environnement. Il s'agira de considérer que l'histoire comme la nature sont des productions culturelles naturalisées.
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Le patrimoine est il une marchandise ? Politiques de mise en valeur du patrimoine jésuite de l'Argentine. Le cas de San Ignacio Mini et Nuestra Señora de LoretoMarcelo Acosta (Université Laval)
Dans ce travail nous analyserons les difficultés qui existent dans la mise en valeur de sites archéologiques étendus et des stratégies afin de mettre en valeur ces sites. Nous prendrons comme exemple les 4 missions Jésuites en Argentine, considérées Patrimoine de l'Humanité depuis 1985, qui présentent différents degrés de préservation. Une de ces quatre (San Ignacio Mini) est largement favorisée par le financement de l'État Argentin alors que les trois autres sont sous-financées au profit de l'industrie touristique développée autour de San Ignacio Mini. La Province Jésuitique du Paraguay (1610-1767) comprenait trente missions dont quinze font maintenant partie du patrimoine Argentin et seule 4 font partie du patrimoine de l'Humanité. Située au centre du village de San Ignacio, la mission constitue le lieu le mieux financé pour ses attraits touristiques. Contrairement à San Ignacio Mini, la mission de Nuestra Señora de Loreto, située à 16 km au sud de San Ignacio Mini et à 3 km du village du même nom, a été sporadiquement fouillée. Ce qui a causé la détérioration et abandon du site et en conséquence des difficultés additionnelles pour la recherche. Les autorités gouvernementales considèrent typiquement, que toutes les missions Jésuites sont semblables et uniformes. Cette perception incorrecte explique en grande parties la distribution inégale, des ressources allouées à la recherche et le sous financement chroniques des projets d'explorations et de recherches de ces autres sites.
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Période de questions
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Les musées canadiens lors de la Seconde Guerre mondiale : un « effort de guerre muséal » ?Eve Laforest (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Si les histoires de musées pillés, de patrimoine utilisé, vendu ou désacralisé en temps de crise abondent et sont bien connues, les grands conflits du XXe siècle ont été au contraire le théâtre de toute une mobilisation culturelle importante. Les institutions culturelles des pays anglo-saxons, dont le Canada, furent très engagées dans la protection de leur pays respectif et leur travail commun pour la victoire durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre de cette présentation, il sera question des débuts de l'enracinement de la culture dans les problématiques sociales en temps de crise majeure, participant donc aux balbutiements de ce qui deviendra le développement durable plusieurs décennies plus tard.
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Les enjeux et les perspectives d'avenir du tourisme pour le développement durable du patrimoine militaireJohan Barthélemy (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le tourisme est une activité complémentaire du patrimoine militaire dans nos pays occidentaux qui ont tendance à se démilitariser. Il est une source de revenue importante pour un patrimoine encombrant, souvent mal valorisé et peu conservé. Pour les villes françaises, le tourisme offre des opportunités d'investissements et de sauvegarde dans la mesure où il permet d'entretenir et promouvoir ce patrimoine abandonné par l'armée depuis les années 2000. Le tourisme est le plus souvent une condition sine qua non à la mise en place d'une politique culturelle durable pour la préservation d'un patrimoine en perdition en France.
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Les lieux de passage témoins des guerres, des espaces autres porteurs de messages de paix et de mieux vivre ensembleAndré Kirouac (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Souvent lieux de passage obligés car routiers ou pédestres, mais aussi lieux de passage culturels et touristiques, les anciens champs de batailles, les cimetières militaires, les fortifications ou les expositions traitant des guerres ne livrent pas les messages qu'ils devraient transmettre. On les voit sans les remarquer, on les contemple sans les observer. Pourtant, y passer, c'est plonger dans des espaces autres tels que Michel Foucault le décrit dans son concept des hétérotopies. Les lieux patrimoniaux militaires font plonger l'humain dans des espaces «autres», ayant le potentiel de nous transporter dans une concrétisation de l'utopie. La communication proposée abordera le défi de la préservation des lieux et des objets du patrimoine militaire au cœur d'une époque de contradictions et de crises alors que le mieux vivre pour soi, source de fermeture aux autres, s'oppose au mieux vivre ensemble, source d'ouverture et de paix. Un défi qui va au-delà de la simple préservation du patrimoine tangible ou intangible du message que livrent ces lieux et ces objets. C'est pourquoi, allant au-delà des principes du développement durable, la communication propose de s'inscrire aussi dans le concept depaix durable où le musée militaire doit, comme finalité de sa mission, favoriser la conscientisation de la population aux impacts des guerres et aux valeurs de paix. Les musées se doivent d'être «ces feux allumés dans la nuit afin d'éloigner les bêtes sauvages» (P. Mayrand).
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Période de questions
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Le parc de la Gatineau : un impossible équilibre entre Culture et Nature ?Ève Wertheimer (UdeM - Université de Montréal)
À travers l'exemple du Parc de la Gatineau, cette présentation propose d'examiner le malaise qui subsiste au niveau de la gestion des traces d'occupation humaine dans les grands parcs canadiens, malgré une reconnaissance théorique grandissante du pilier socio-culturel du développement durable et de la notion de paysage culturel dans les politiques et cadres de gestion du territoire. Pour ses créateurs et pour la plupart de ses visiteurs aujourd'hui, l'attrait principal du parc réside dans l'image et l'accès qu'il offre à une nature sauvage, à quelques kilomètres de la capitale canadienne. Pourtant, comme la plupart des grands parcs canadiens, celui-ci est riche d'une occupation humaine continue et plusieurs fois millénaire, et recèle d'innombrables ressources témoignant de son occupation historique. Ce patrimoine en péril révèle les difficultés à réconcilier protection naturelle et conservation des ressources culturelles dans le contexte actuel du parc. Leur conservation paraît bien incertaine. La perception de menace à l'intégrité écologique du milieu, la volonté de sa renaturalisation systématique ainsi que le manque de ressources humaines et matérielles ont eu raison d'un nombre important de ressources patrimoniales, par leur abandon et démolition. Cette analyse cherchera donc à exposer plusieurs des débats fondamentaux qui opposent Culture et Nature, 'wilderness' et écologie humaine, patrimoine national et intérêt des communautés locales.
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Patrimoines culturels et muséologie nordique au pays de l'« El-Nord-Ado » : y aura-t-il une ruée vers l'art dans les villages inuits du Nunavik et du Nunavut ?
Depuis peu, États canadien et québécois investissent massivement en régions arctiques, tant pour en exploiter les ressources naturelles que pour y assurer la souveraineté de l'État dans ses limites nordiques. Or, la dimension culturelle et patrimoniale demeure peu considérée dans ces projets de développement et par conséquent largement sous-financée eu égard à l'ampleur de tels projets. Il y a pourtant volonté avouée des collectivités inuites de voir prospérer des infrastructures patrimoniales ou muséales où peuvent être exposées les productions matérielles et immatérielles propres à leur culture ancestrale. De telles infrastructures pourraient pourtant constituer un moteur de développement économique et touristique important en lien avec un véritable développement durable, dans la mesure où seraient accordés des moyens suffisants pour en assurer le déploiement et la pérennité. Il est donc légitime de poser la question, à savoir si ces projets ambitieux annoncés ne devraient pas faire davantage de place à des investissements de masse visant la valorisation culturelle et patrimoniale in situ de ces collectivités, au Nunavik comme au Nunavut ? En prenant le potentiel de valorisation d'œuvres artistiques, passées comme actuelles, généré par les villages inuits, l'auteur discutera des possibilités et limites d'une telle exploitation de ressources patrimoniales et des moyens à adopter pour que ce cheminement se fasse de manière harmonieuse au profit des collectivités locales.
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Entre le cercle et la ligne, la muséologie communautaire autochtone en crise ?Marie-Charlotte Franco (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Ancrée dans la thématique des patrimoines culturels et du développement durable en temps de crise, notre étude de cas du Musée des Abénakis (Centre-du-Québec) permettra de réfléchir au musée en tant qu'outil de développement identitaire et communautaire en contexte autochtone. Quels sont les moyens envisagés par le Musée des Abénakis d'Odanak à l'aube du cinquantième anniversaire de son inauguration, pour continuer à jouer un rôle fédérateur dans la construction identitaire et le développement communautaire de sa population d'attache ? Comment le Musée des Abénakis répond-il aux enjeux actuels de la muséologie nord-américaine à l'ère de la mondialisation ? Il s'agira, par une analyse chrono-thématique, de comprendre l'évolution du site patrimonial d'Odanak et de sa valorisation selon trois temps : le musée pour une communauté déterminée, la nette tendance à la professionnalisation, le tournant touristique identifié. La présentation des résultats de recherche permettra de comprendre la cristallisation des tensions ainsi que les conséquences de la mondialisation sur la muséologie communautaire et l'approche holistique autochtone. Finalement, deux logiques, la pensée circulaire propre aux Premiers Peuples et la pensée linéaire occidentale du temps, s'affrontent sur le terrain patrimonial au nom du redéploiement du musée pour qu'il sorte de sa crise identitaire.
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Période de questions
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Le patrimoine immatériel religieux du Québec : sauvegarde et mise en valeurLaurier Turgeon (Université Laval)
Cette communication vise à présenter les objectifs, la méthodologie, les résultats d'un vaste projet national de sauvegarde et de mis en valeur du patrimoine immatériel religieux du Québec qui a été mené par la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique du 2007 à 2012. Le projet était une réponse au rapport de la Commission de la culture sur l'avenir du patrimoine religieux au Québec (Croire au patrimoine religieux, 2006) qui faisait état en 2006 de la nécessité de procéder rapidement à la sauvegarde du patrimoine immatériel des communautés de religieux et de fidèles du Québec, menacé par la diminution de la pratique du culte et par le vieillissement des religieux et des célébrants. Les 880 récits de pratiques, de lieux, d'objets et de vies recueillis dans 45 communautés religieuses catholiques et 64 communautés de fidèles des grandes traditions religieuses du Québec ont été traités et constitués en fiches multimédias comprenant des descriptions textuelles, des photographies, des extraits sonores et des docu-clips accessibles en ligne au grand public à l'adresse web suivante :www.ipir.ulaval.ca. Le fichier numérique est conçu pour servir à d'autres projets de mise en valeur : l'enseignement en classe ou en ligne du patrimoine religieux, la recherche scientifique, la préparation d'expositions virtuelles ou en salle, et l'élaboration d'itinéraires touristiques.
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De clôture à ouverture : le patrimoine cultuel et le muséeAlexandra Leconte (Université Laval)
Confrontés à l'immensité du legs religieux et à une urgence d'agir, les intervenants du patrimoine cultuel se trouvent devant un problème de taille : que doit-on préserver des objets de culte? Nous examinons d'abord la notion de conservation, afin de déterminer les critères qui sous-tendent la sélection et les acteurs qui en sont responsables. Le corps de l'analyse est ensuite centré sur la façon dont le musée patrimonialise les objets cultuels. Y sont plus particulièrement étudiés le rite d'institution et l'esthétisation du patrimoine. Enfin, nous examinons le cadre et les règles qui régissent le concept de transmission. Nous partons de là pour répondre à la problématique et apporter des pistes de solutions à partir des constats tirés de cette étude. D'une part, le fait que la patrimonialisation moderne coupe l'objet de ses usages et le rend obsolète, l'empêchant d'agir, de se survivre, de se réactualiser. D'autre part, le fait que le type de mise en patrimoine actuellement privilégié valorise l'authenticité de l'objet patrimonial. Conséquemment, il se retrouve figé, voire fossilisé et refermé sur lui-même. Il faut cesser de penser l'objet cultuel en regard de son contexte d'origine et le considérer dans le champ de l'appropriable. Il faut réactualiser ce patrimoine dans cette ère nouvelle de la postmodernité, marquée par le multiculturalisme, les idéologies nouvelles et les identités multiples.
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Le vivre ensemble insulaire et le frottement des passés parallèlesMourad Boussetta (Université Laval)
Notre communication porte sur l'île de Djerba (sud-est de la Tunisie). Celle-ci se démarque par la cohabitation de quatre groupes ethniques (Berbères, Arabes, subSahariens, et juifs), lesquels ont vécu dans des zones distinctes. Nous relevons un constat frappant : comment ces minorités ont-elles su échapper au piège de « l'enfer c'est les autres » ? Car comme les protagonistes de Sartre dans « Huis clos » évoluant dans une chambre fermée, ces minorités ont vécu dans un isolat géographique, à savoir l'île. La cohabitation en question prend lieu sur une plaque tectonique très mouvante à savoir: la religion. Cette plaque tectonique connaît le frottement de passés parallèles qui cause généralement des contestations. Dans notre cas, le frottement des passés parallèles n'a pas mené à des irruptions de haine ou bien des séismes identitaires, mais a contribué à la dynamique du phénomène du tourisme et la conception des touristes pour la région. Sur l'île de Djerba, la richesse ethnique et culturelle attire les touristes et stimule leur curiosité. Ceux-là visitent dans une seule journée -dans le cadre d'un circuit que les guides locaux et les chauffeurs de taxi ont appelé le tour de l'île- les fabriques de poterie berbère et le musée de Guellala le matin, puis la mosquée « Sidi Yati » située sur le bord de la mer, pour finir la journée par la visite de la synagogue de la « Ghriba », avec au milieu un passage obligé aux boutiques des souvenirs et de l'artisanat.
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Période de questions
Scénographier la parole écrite et sa mise en espace dans La Route de Soi
Lancement officiel de l'exposition La Route de Soi et cocktail du CELAT
Activité spéciale de l'Acfas – Performance sur La Route de Soi
La mise en représentation du vivre-ensemble à travers les sites patrimoniaux, ces lieux de passage que l'on fréquente en périodes de crise... Ou comment patrimoines culturels et développement durable s'articulent face aux aléas de la mondialisation
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Les patrimoines oubliés et redécouverts. Les patrimoines oubliés et perdus à jamaisGuy Deschênes (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette présentation traite de la situation actuelle de patrimoines technologiques (expressions techniques et artistiques) relativement récents : des patrimoines où la sensibilisation à l'importance de leur sauvegarde et de leur protection est à degrés très variables, allant de l'absence d'intérêt menant à l'oubli et à la perte irréversibles des traces jusqu'à la réussite d'une préservation éclairée et projetée dans l'avenir. Les avancées technologiques, à commencer par celles introduites avec la première révolution industrielle, se sont développées à des cadences toujours plus accélérées, laissant trop souvent dans l'oubli les expressions (concepts et objets) du génie créatif humain pour faire place à la nouveauté, elle-même déclassée un peu plus tard et mise aussi au rancart, sous l'effet de prédicats économiques et marchands.
Dans le contexte de l'axe 3, la proposition portera donc sur ces divers états de fait avec exemples tirés du milieu du XIXe siècle jusqu'au début du XXIe siècle. Mettre en lumière la richesse de ces patrimoines pour les générations actuelles et futures à une époque marquée par une suite de crises économiques, culturelles et sociales est un grand défi que nous devons persister et réussir à relever. La présentation voudra traiter de solutions contemporaines à ce défi de taille.
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À la croisée des collections muséales : représentation et mobilité de ces fragments du mondeVanessa Ferey (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Nos sociétés de consommation surproductrices et génératrices d'une multitude de choses matérielles encouragent une muséalisation passive et dangereuse au sein des musées. Les objets qui s'amoncèlent au fil des acquisitions dans leurs temps et leurs espaces sont parfois difficiles à gérer malgré des solutions saines et intelligentes de préservation. Ce phénomène de muséalisation du monde pose la problématique d'une collection "durable" des biens culturels patrimoniaux en regard des temps de crises sociales, idéologiques, politiques et économiques traversés. Les effets de cette "thésaurisation compulsive" opérée par certains musées (in Desvallées et Mairesse, 2011) se ressentent dans la baisse des activités scientifiques sur les collections qui demandent de plus en plus de financements pour leur préservation. Face à des réductions budgétaires drastiques, comment muséaliser au mieux et dans quels buts ? Quel rôle le musée a-t-il à jouer demain dans la conservation des patrimoines en danger perpétuellement redécouverts par l'amélioration des conventions politiques qui les sauvegardent ? Comment allier la quantité de collections et la qualité de la recherche sur ces dernières tout en palliant les problèmes logistiques auxquels sont confrontés les acteurs du musée ? "Re-muséaliser" pour mieux nous comprendre ou "dé-muséaliser" pour mieux vivre ensemble, l'acte de muséalisation serait-il un acte de promesse envers des communautés culturelles en mal de collection reconnaissante?
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Les musées en crise : de la survie à la prospéritéSheila Hoffman (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Malgré toutes les perturbations, on n'observe pas de grand changement dans le modus operandi des musées. Gardiens du patrimoine culturel à travers l'histoire, les musées ont depuis toujours fonctionné en mode de survie à travers une vaste tradition de pratique muséale centrée sur l'objet, caractérisée par la thésaurisation et la restriction du patrimoine culturel. Au nom de la préservation du patrimoine historique, les musées en tant qu'écrins renfermant et protégeant ces trésors culturels, tendent à restreindre leur accès physique et leurs conditions d'exposition, de température, d'humidité, et même de photographie. De la même manière, les renseignements liés aux objets exposés dans les musées ont toujours été extrêmement protégés et sécurisés. Jusqu'où devra-t-on aller pour que le public se soulève enfin face à cette prise en otage du patrimoine par les musées ? Quelques prémices de changements se dessinent déjà au sein de la communauté muséale par rapport à cette philosophie centrée sur l'objet : on parle désormais de musées sans collections, de collections d'objets en format numérique et de patrimoine immatériel. Pour que les musées survivent aux perturbations de l'ère de l'information, ils n'auront d'autre choix que de lâcher prise et de renoncer à leur tendance à thésauriser le patrimoine et à en restreindre l'accès. Ils devront par contre adopter une philosophie visant à en favoriser l'accès, la propagation et la diffusion.
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Les nouvelles technologies au service de la protection et de la valorisation des objets ethnographiques et de la mémoire sociale provençaleEva Sandri (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Face à la fragilité des œuvres muséales, la numérisation des documents et la constitution de bases de données en ligne permettent leur pérennité. Les outils du numérique apparaissent également comme une façon de prolonger dans le temps et l'espace le discours muséographique car ils permettent de donner à voir des objets trop fragiles pour être exposés ou que le musée ne peut contenir. Cependant, au sein de ce qui parfois devient un « musée-médiathèque », le lien direct avec l'œuvre authentique tend à être occulté. A travers l'exemple du musée d'ethnographie d'Arles (France), il s'agira de comprendre les mécanismes sociaux et technologiques à l'œuvre dans la rénovation d'un musée de société dédié à la transmission de la culture provençale et confronté à plusieurs situations de crise. Dans un musée menacé par une crise identitaire entre un public régionaliste puriste qui craint que la rénovation détruise et change le discours du musée et un public davantage ouvert à une muséographie repensée et réflexive au sujet de l'ethnographie, la solution de la médiation numérique dessine une voie médiane entre ces deux tensions en permettant de montrer conjointement différentes réalités. C'est également la question de la mémoire sociale qui est en jeu car le patrimoine culturel provençal concerne une communauté soudée qui craint une désaffection de ses traditions. Comment alors penser la pérennité physique et symbolique des objets ethnographiques provençaux ?
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Période de questions
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Valorisation du patrimoine saharien tunisien et développement des territoires : enjeux et limitesNajem Dhaher (Ecole Nationale d'architecture et d'urbanisme de Tunis)
Aujourd'hui, alors que le tourisme paraît le seul espoir de sortie de crise pour certains lieux, la valorisation du patrimoine architectural saharien en Tunisie est devenue une préoccupation des acteurs publics et privés et un enjeu majeur non seulement de l'attractivité touristique mais aussi de recomposition sociale et de développement des territoires. Pour les petits pays comme la Tunisie, la délimitation de l'identité culturelle locale est considérée comme un impératif pour participer à l'enrichissement du patrimoine universel mais aussi pour faire de la sauvegarde du patrimoine un moyen de lutte contre la pauvreté et d'épanouissement social. Cette préoccupation semble aujourd'hui menacée dans ses fondements théoriques, aussi dans plusieurs pays en développement, pas seulement par des facteurs géopolitiques mais aussi par un changement plus général où la culture est « marchandisée » et astreinte à des logiques de compétition dans un marché globalisé. Cette ambiguïté qui entache aujourd'hui l'« héritage » est mise en relation avec celle qui touche le développement durable qui lui est conceptuellement lié. La question est de savoir dans quelle mesure les politiques locales de requalification et de valorisation du patrimoine saharien tunisien participent à un développement ancré dans les spécificités territoriales ? On s'intéresse à la multiplicité et la mixité des usages, à la vie quotidienne, à l'adaptabilité aux modes de vie et à la transmission aux futures générations.
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La mise en valeur du patrimoine immatériel dans l'espace public du Vieux-Québec : pour la rencontre du touriste et du résidentPhilippe Dubois (Université Laval)
Les tensions actuelles entre les résidents du Vieux-Québec et ses visiteurs sont bien réelles. La situation est critique à certains égards, alors que le centre historique, confiné spatialement, subit une pression importante en raison du tourisme. Cette réalité, présente à l'échelle mondiale, crée du mécontentement chez la population, qui souhaite contrer la muséification du quartier historique afin qu'il demeure «vivant et habité». Bien que les États généraux du Vieux-Québec (2010) aient engendrés certains résultats, plusieurs avenues permettant de favoriser le vivre-ensemble restent à explorer et à réaliser, dont la valorisation du patrimoine culturel immatériel (PCI).
Cette communication porte sur la mise en valeur du PCI comme moyen de favoriser la rencontre entre les habitants du Vieux-Québec et les touristes. Nous déterminerons en quoi sa représentation peut susciter cette rencontre dans l'espace public, en plus de rendre ce lieu interactif et fréquenté, en favoriser l'appropriation et engendrer un renforcement identitaire. Nous partagerons nos réflexions sur les modes de mise en valeur de ce patrimoine intangible adaptés aux lieux multifonctionnels que sont les places publiques et bénéfiques pour les acteurs qui souhaitent créer une expérience profitable socialement. Nous traiterons enfin de l'apport du PCI à la participation citoyenne et au développement durable, ainsi qu'à la place qu'il doit occuper dans la relation visiteur-visité en contexte patrimonial et urbain.
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Période de questions
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Le concept du patrimoine via les musées nationaux en Corée du Sud à l'ère de la mondialisationJi Young Park (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Notre étude a pour objectif d'effectuer l'état des lieux et de chercher le développement durable du concept du patrimoine via les musées nationaux en Corée du Sud. Ils ont été établis par un régime colonial japonais et révèle des variantes de ceux de l'Europe. Les musées nationaux en Corée doivent donc surpasser le décalage de contexte culturel existant entre l'institution et les objets –le patrimoine- dont il s'occupe. Après la libération, ces institutions se comportent comme une institution que le gouvernement coréen désire exploiter afin de rétablir l'identité nationale et la valeur patrimoniale altérée, alors qu'ils ont vu le jour en tant qu'outil de colonisation par les japonais. Par conséquent, la crise d'identité demeurait toujours à la notion du patrimoine en Corée du Sud. La communication proposée discutera, après un bref historique, des changements observés qui marquent la muséologie coréenne aujourd'hui. Cette démarche me permettra également d'évaluer les valeurs actuelles que la Corée accorde à son patrimoine par le biais de ses musées nationaux à l'ère de la mondialisation.
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Le retour des « petits patrimoines » ou « Small is beautiful* »Yves Bergeron (À determiner)
Devant les effets de la crise économique qui secoue le monde muséal, on assiste à un repositionnement des institutions qui ont pour responsabilité de conserver et de diffuser le patrimoine. Situation paradoxale puisque les musées doivent, devant le manque de ressources financières, effectuer des choix alors même qu'il y a consensus social pour reconnaître de nouvelles formes de patrimoines. Les conventions internationales et les politiques nationales du patrimoine reconnaissent la nécessité de sauvegarder les paysages, de recueillir les traces du patrimoine immatériel et de porter une attention particulière au patrimoine naturel intimement lié au développement durable, sans délaisser pour autant la protection du patrimoine matériel. Les responsabilités des institutions muséales n'ont jamais été aussi lourdes. La gestion du patrimoine est devenue complexe dans la mesure où le patrimoine est appréhendé de manière globale à la manière d'un écosystème sensible. La mondialisation de la culture entraîne des effets contraires de sorte que les institutions muséales se penchent maintenant sur la problématique des petits patrimoines témoignant de l'identité de communautés locales. À l'opposé du modèle de musée universel témoignant de l'histoire de l'humanité, surgissent de petits musées qui valorisent la culture populaire au sein de petites communautés. Quel est l'avenir de ces petites institutions muséales dans le contexte de crise financière que nous traversons?
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Période de questions
Vivre-ensemble et représentations des expériences du monde : en rendre compte par l'audio-vision
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Mot de bienvenue
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Entre machination et relation : l'image comme vecteur de l'être ensembleKaroline Truchon (Université Laval)
L'image est ce qui lie la visibilité et visibilisation. Elle est le résultat (la visibilité) d'un processus (la visibilisation). L'image est donc possible par une série de stratégies mises en œuvre par divers mécanismes qui permettent à celle-ci de s'insérer dans l'espace public et émotif de nos quotidiens. L'image est souvent conçue « comme un instrument d'un pouvoir sur les corps et les esprits » (Mondzain 2002 : 13) ou comme « un instrument de dominationdans l'inégalité entre les puissances productrices de nouvelles technologies et le reste du monde » (Triki 2008 : 9). Certains vont jusqu'à dire que« ‘la raison a beau crier', l'image aujourd'hui plus que jamais, nous tient sous sa loi » (Lavaud 1999 : 11). Or, l'image n'est pas que machination; elle peut également être un (re)liant entre plusieurs personnes. Ma communication montrera, d'un point de vue à la fois théorique et méthodologique, comment l'image peut s'avérer un vecteur de l'être ensemble à partir de l'expérimentation d'une infrastructure de visibilisation que nous avons implantée des résidents d'un complexe d'habitations sociales, des personnes significatives de leur entourage, des experts qui travaillent avec ces personnes et moi, l'anthropologue.
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Les dispositifs d'énonciation visuels et auto-représentationnels : approches, limites et enjeuxMouloud Boukala (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication porte sur les dispositifs d'énonciation visuels et auditifs (clips principalement) des jeunes Montréalais d'origine haïtienne. Il s'agit de présenter certains modes musicaux et visuels retenus par ces jeunes et comment par leur truchement ils s'offrent des occasions de s'exprimer, de s'affirmer et de se penser au sein de la société québécoise. Nous explorerons le rôle et les impacts de ces sons et de ces images dans le contexte des dynamiques d'inclusion et d'exclusion sociale et culturelle qui marquent la société cosmopolite montréalaise. Nous analyserons la portée identitaire et politique de ces modes musicaux et verrons s'ils entretiennent ou déconstruisent les préjugés et stéréotypes, souvent véhiculés par les médias, qui pèsent sur ces jeunes Montréalais d'origine haïtienne.
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Problématiques du mapping vidéo architecturalYan Breuleux (Centre NAD)
Les villes et municipalités ont de plus en plus recours aux talents des artistes et designers pour la création de “mapping vidéo architectural”. Comme forme d'art public, cette pratique artistique consiste à adapter des projections vidéo à des espaces et lieux architecturaux spécifiques. In situ, le mapping architectural se glisse désormais dans le paysage urbain. J'aimerais soulever un certain nombre de questionnements émergeant de divers projets artistiques. D'une pratique en marge des arts de la scène, le mapping architectural est devenu depuis peu une forme d'art à part entière. Popularisé par Robert Lepage, avec le Moulin à image et Moment Factory, avec la Sagrada Familia, la technique du mapping architectural est diffusée dans une très grande variété de styles. De l'art expérimental au commercial en passant par des projets d'intégration de l'image à l'espace public, cette forme d'art est l'œuvre d'artistes, de collectifs et d'entreprises. Mais quelle est la fonction du mapping? Vise-t-il à renouveler notre perception de façades ou de bâtiments désuets ou laissés à l'abandon? Est-ce la dimension expérimentale du mapping architectural qui permet de transformer notre expérience de l'espace urbain? De quelles manières le public peut-il s'approprier cette forme d'art? Par l'internet des objets (ordinophones et autres prothèses électroniques)? Plusieurs hypothèses de recherche seront ici exposées.
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Discussion
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Image et possession en Italie méridionale : archives d'une ethnographie intermédiale et plurielle (1950-1960)Jasmine Pisapia (UdeM - Université de Montréal)
Les archives ethnographiques italiennes regorgent d'images et de sons captés lors des expéditions menées par l'équipe dite « interdisciplinaire » de l'anthropologue Ernesto de Martino dans le sud de l'Italie, entre 1950-1960. Mon travail se concentre sur les images photographiques et filmiques de la possession et de la lamentation funèbre et leur (r)apport à la recherche ethnographique. Ces deux pratiques extatiques font écho aux techniques de reproduction d'images qui les documentent, sous le signe de leur temporalité et de leur performativité. De par leur déploiement corporel, ces rituels éveillent le désir d'une compréhension qui passe par l'analyse visuelle. Les images, reléguées officiellement par Ernesto de Martino au statut de simples illustrations de ses ouvrages, hantent de manière surprenante son processus de recherche et imprègnent son écriture; comme si ce pouvoir des images était refoulé. Malgré leur prétendu rôle ancillaire, les images permettent d'identifier ce qu'il appelle des « survivances » archaïques, repérables par la saisie visuelle du geste.
En présentant quelques images (photographiques, filmiques, dessinées) issues de mon corpus et en me basant sur des documents d'archives découverts lors d'un séjour de recherche à Rome, je tenterai d'expliciter les interactions entre les différents membres de cette équipe interdisciplinaire et les relations intermédiales des matériaux issus de leurs expéditions.
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Territoires et frontières de l'anthropologie visuelle : à propos de Solo Kinshasa, chroniques de l'audio-visionDavid Nadeau-Bernatchez (Université Laval)
De la même manière que les thèmes, les méthodes et les narrations privilégiés par les sciences humaines au vingtième siècle évoluèrent au fil des transformations géopolitiques et des nouvelles perspectives interprétatives, l'anthropologie visuelle s'appropria des technologies et des pratiques expressives en constante évolution. Né d'une tension entre la séquence-témoin (Regnault) et le film scénarisé (Flaherty), le spectre énonciatif du film anthropologique se retrouva régulièrement en « tension territoriale » avec certains films de la grande catégorie documentaire. Cherchant sa spécificité, le cinéma anthropologique se recroquevilla d'abord sur la notion de terrain et sur la figure de l'expert anthropologue comme balises d'authentification « scientifique », bientôt sur les enjeux éthiques de la captation et de la mise en représentation. N'empêche, le « feature documentary film », cristallisé dans le travail de cinéaste comme Rouch et Macdougall, apparaît comme le canon énonciatif par excellence de cette tradition. L'hégémonie de cette forme narrative correspond-t-elle à la complexité du spectre médiatique contemporain ? Centrée sur la présentation générale des douze chroniques audiovisuelles Solo Kinshasa, cette allocution travaillera en écho à ces questions générales afin d'expliciter comment, entre 2004 à 2012, j'ai envisagé le tournage et le montage filmique comme pierre angulaire de mon travail d'anthropologie musicale à Kinshasa (RDC).
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S'identifier à l'image de son corps moderne : l'image bidimensionnelle comme écriture du soi « moderne » dans l'espace congolais du 20e siècleBogumil Jewsiewicki Koss (À déterminer)
L'image bidimensionnelle est une modalité de représentation du monde et du soi dont les usages dans l'espace congolais dérivent de l'expérience de la photographie et du dessin naturaliste pratiqués par des explorateurs. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, ces derniers captent et archivent les réalités congolaises au moyen de l'image bidimensionnelle. Objets de cette course à enrichir la collection d'échantillons d'«histoire naturelle », les Congolais sont bien conscients que les images prises par des Occidentaux sont des artefacts plutôt que des échantillons de leur réel. À leur tour, ils se font producteurs et consommateurs de ces images afin de fixer et de soumettre au débat public des échantillons du monde introduit par des Occidentaux, du monde « moderne ». De part et d'autre, l'image constitue un dispositif permettant de défier le temps et de délocaliser des fragments du réel. Les Congolais s'en servent pour produire et faire circuler des images de leur corps et de leur identité « modernes ».
Un diaporama de quelques dizaines d'images dont la production couvre le long XXe siècle donnera à voir ce que font ces images et comment elles font la « modernité » des corps et des personnes dont elles tiennent lieu dans la production d'un vivre-ensemble dans le monde organisé par la commodification.
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Discussion
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Comprendre le son par l'image : un DVD sur les traditions polyphoniques du Nord-CamerounNathalie Fernando (UdeM - Université de Montréal)
Je me propose de présenter la composition et les modalités de conception d'un DVD Rom consacré à la musique de plusieurs popuations du Nord-Cameroun. Plusieurs thématiques abordées au travers de ce support ne font pas l'objet de verbalisation explicite par les détenteurs de la tradition. D'autres font état de relations complexes dont il est difficile de rendre compte dans un texte linéaire ou à travers le seul vocabulaire.
Il s'agira donc de démontrer comment la représentation graphique notamment et l'image permettent de comprendre ce qui est dit ou non dit par les tenants de la tradition, tant au niveau des savoir-faire musicaux, des instruments et de leur usage, que des répertoires musicaux et de leur signification symbolique. Le DVD permet à ce titre de rendre compte de façon la plus pertinente possible des savoirs endogènes et de la façon dont ils s'imbriquent, se combinent à l'intérieur d'une conception globale du monde.
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La leçon de musique, un court-métrage sur l'imaginaire et la transmission des épopées en Asie centraleFrédéric Léotar (UdeM - Université de Montréal)
Les bardes karakalpaks d'Asie centrale ont maintenu des traditions épiques qui jouent encore aujourd'hui un rôle symbolique et identitaire fort dans l'imaginaire social. Même si ces traditions ancestrales étaient moribondes dans les années 1960, l'accession à l'indépendance de l'Ouzbékistan en 1991 a donné une nouvelle impulsion à la transmission des épopées, avec notamment la création d'une faculté dédiée aux «Arts nationaux». Aujourd'hui, les jeunes générations de bardes karakalpaks témoignent à travers leur apprentissage des profondes transformations qu'a connue cette société depuis le 20ème siècle. Ils expriment aussi le désir de véhiculer une représentation traditionnelle du monde dans laquelle ils se reconnaissent, au moins en partie. L'audio-vision appliquée à la transmission d'une épopée par un professeur à son élève, est un cadre intéressant pour analyser les signes à travers lesquels un idéal est non seulement transmis mais actualisé. Suivre la relation entre enseignant et apprenant, depuis la salutation en entrant dans la salle de cours, l'accordage de l'instrument et jusqu'aux corrections ou validations apportées au jeu instrumental et vocal, permet ainsi une analyse des modalités selon lesquels les acteurs interagissent. L'analyse de ces modalités questionne et éclaire tout particulièrement la relation entre un modèle idéal de vivre-ensemble et sa réalisation à travers des attitudes, des gestes techniques et la transmission d'une parole mythique.
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Le festival comme espace de construction du « vivre ensemble »Jessica Roda (Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbaine, ESG-UQAM)
En France, à l'heure où les tensions entre les différentes communautés religieuses notamment entre Juifs et Musulmans sont de plus en plus palpables, de nombreuses actions sont engagées par des acteurs politiques et des associations privées afin d'encourager une société du « meilleur vivre ensemble ». Dans cette perspective, de nombreux festivals où les « trois cultures » monothéistes sont à l'honneur ont vu le jour dans l'hexagone et plus largement dans toute la méditerranée.
Le « Festival des Musiques Sacrées de Paris » est à ce titre en exemple révélateur de ce phénomène. Dans cette communication, je propose de montrer de quelle façon le « vivre ensemble » s'exprime au sein d'un tel événement circonscrit dans le temps et l'espace. Pour ce faire, l'analyse des outils médiatiques de présentation du festival, des discours des organisateurs et des subventionnaires ainsi que des performances du Sandra Bessis trio et de Marlène Samoun effectuées lors de l'édition 2010 seront au cœur de la démarche. Cette approche ethnographique ancrée dans l'usage de l'audiovisuel permettra de souligner les enjeux et les conséquences de cet événement au sein de la société parisienne et plus largement de réfléchir à l'impact des autorités publiques sur l'action culturelle dans le contexte de valorisation de la diversité culturelle.
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Discussion
La mise en représentation du vivre-ensemble à travers les sites patrimoniaux, ces lieux de passage que l'on fréquente en périodes de crise... Ou comment patrimoines culturels et développement durable
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Mot de clôture