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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Au Québec, les manifestations étudiantes contre la hausse des droits de scolarité et le « printemps érable » qui a suivi ont marqué l’année 2012. Sur le continent africain, cette année a également été celle de la protestation des jeunes Maliens contre l’occupation du nord de leur pays et du lancement par des « jeunes patriotes » d’une tournée pour la réconciliation et la paix en Côte d’Ivoire. Bien que se déployant dans des contextes fort différents, ces mouvements ont tous été catalysés par des jeunes. C’est ainsi qu’ils sont d’ailleurs décrits par les médias et l’opinion. Le colloque proposé porte sur la thématique de la « jeunesse », objet d’étude très sollicité dans les sciences sociales et surtout très actuel. Il focalisera son attention sur la région du monde ayant la population la plus jeune. Pour atteindre notre objectif théorique de pluridisciplinarité, le colloque couvrira trois axes.

Le premier axe, qui traitera de jeunesse et politique en Afrique, permettra de questionner comment cette jeunesse, que les structures politiques n’ont de cesse de vouloir encadrer, est de plus en plus « crainte et convoitée », en raison de leur poids démographique mais aussi parce que leurs comportements sont à la mesure de leurs frustrations. Il s’agira ensuite, dans le deuxième axe relatif à jeunesse et culture populaire, d’analyser comment les domaines de production tels que la musique, l’humour corrosif, et les nouvelles technologies de la communication se sont graduellement imposées comme un espace privilégié d’expression des jeunes. Prolongement des études, transition difficile sur le marché du travail et mise en couple retardés : les changements survenus dans le calendrier et les modalités d’entrée en vie adulte seront abordés dans le troisième axe du colloque. On s’intéressera ici aux nouvelles trajectoires et stratégies scolaires, professionnelles et familiales des jeunes et aux rapports sociaux (générationnels, de classe, de genre) qu’elles font émerger.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Citoyenneté et affirmation politique

Présidence : Moda Dieng (UdeM - Université de Montréal)
  • Mot de bienvenue
  • « Y'en a marre! Puis après? » — Le mouvement Y'en a marre au Sénégal : éphémère cri de colère ou dynamique juvénile d'affirmation citoyenne?
    Mamadou Dime (Université Gaston Berger - Saint-Louis du Sénégal)

    Les années 2011 et 2012 ont été marquées au Sénégal par une contestation violente du régime d'Abdoulaye Wade par des jeunes regroupés autour d'un mouvement dénommé Y en marre. Celui-ci, fondé et animé par des rappeurs surtout, s'est surtout illustré lors des émeutes qui ont embrasé Dakar et d'autres villes sénégalaises en juin 2011 et lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2012. Les jeunes Y'en a marristes ont ainsi été dans une posture de « Wade, dégage et après on verra ». Wade ayant été dégagé mais par les urnes, Y'en a marre s'est trouvé délesté d'une partie de ses arguments de mobilisation et du fondement même de sa stratégie protestataire qui lui a donné naissance.

    Réaction spontanée à la suite d'une prise de conscience, puis cri de protestation contre un régime et ses dérives, Y en a marre inaugure un nouveau chapitre dans sa courte histoire, celui de l'institutionnalisation comme structure de la société civile, avec ses pesanteurs, les risques de luttes de pouvoir, de logiques conflictuelles quant aux sens et attentes liés à cet engagement citoyen sans compter les tentatives récupération par le nouveau pouvoir et les appétits que les fonds alloués par certains bailleurs pour soutenir cette expérience juvénile d'organisation citoyenne pourront susciter.

  • Rôle de la jeunesse et de la diaspora face à la crise sociopolitique et militaire au Mali
    Armel Agbodjogbé (Université d’Ottawa)
  • Pause
  • Lutter avec les mots : les rappeurs et la société au Cameroun
    Jean Marcellin Manga Lebongo (Ulg - Université de Liège)

    Au Cameroun, les jeunes constituent une forte population démographique. On les retrouve davantage dans les centres urbains où ils sont généralement présentés à travers des images réductrices qui les enferment dans l'étroitesse des paradigmes de la délinquance et de la paresse. En faisant le choix d'étudier des textes de certains groupes de rap et de rappeurs qui s'activent dans la ville de Yaoundé, cette analyse se construit à l'envers de cette représentation hégémonique. Partant de l'interrogation qui est celle de savoir quels sont, d'une part, les messages que contiennent les chansons de rap et, d'autre part, ce qu'ils nous apprennent de la société camerounaise, l'argument développé est qu'une écoute du contenu des paroles chantées par les rappeurs de la capitale camerounaise permet de relativiser la prétendue résignation des jeunes à l'égard d'un système social, politique et économique qui les marginalise. Ils donnent également à voir la manière dont cette catégorie de jeunes interpelle, par des mots, divers protagonistes de la société, sur les travers à l'œuvre dans leur société d'appartenance. Pour convaincre, nous collecterons des chansons de rap produites entre 1990 et 2012. L'analyse thématique qui s'en suivra nous aidera à démontrer que le rap est un révélateur de l'éclosion, chez les jeunes citadins au Cameroun, d'une nouvelle grammaire de la participation à la vie politique à travers laquelle s'affirment leurs divergences avec les aînés et le pouvoir.

  • Mouvements de jeunesse et changements sociopolitiques en Afrique de l'ouest : le cas du Sénégal
    Mamadou Aguibou Diallo (UBO - Université de Bretagne Occidentale)

    Au Sénégal, ces dernières années, la participation des jeunes au changement politique s'esteffectué entre autres à travers deux mouvements: le M23 et Y'en marre. Ces deux structures,nées dans un contexte socio-politique particulier ont su s'imposer à l'opinion mais aussi auxacteurs politiques et contribuer à la démocratie dans le pays. Quelle est la particularité de cesregroupements de jeunes ? Peut-on considérer ces mouvements comme des forces dechangement politico-citoyennes durables?

    Ma communication vise à montrer le rôle de mouvements de jeunesse dans la dynamique dechangement au Sénégal. J'essayerai de faire une analyse sociologique de changement enpartant des spécialistes (G. Rocher), des journalistes (V. Savané et B. M. Sarr) et enmobilisation une littérature de la presse locale. Car, au départ combattue, ignorée, diabolisée,puis accepté, infiltrée, et actuellement, craintes et convoitées par les différents acteurspublics, la jeunesse regroupée au sein de ces deux structures, joue un rôle important dans lecombat pour la démocratie et l'engagement citoyen.

  • Période de questions
  • Dîner

Communications orales

Entrée en vie adulte et relations de genre

  • Diversité des trajectoires d'entrée en vie adulte au sein de deux cohortes à Cotonou : une analyse des tendances à la pluralisation des parcours sociaux chez les plus jeunes
    Judicaël Alladatin (Université Laval)

    Cette communication vise à explorer les similitudes et divergences entre générations en ce qui concerne les trajectoires d'entrée en vie adulte en milieu urbain africain sur la base d'une cinquantaine de portion de récits biographiques focalisés sur la période de passage en vie adulte et collectés auprès de deux cohortes : « jeunes » et « aînés ». Mon questionnement place au centre de l'analyse les processus de socialisation qui permettent d'appréhender les parcours sociaux dans leurs différenciations et leurs similitudes et de d'appréhender l'évolution du contrôle social sur l'individu.

    Les entretiens réalisés nous permettent de déceler au sein de chaque cohorte une diversité de parcours d'entrée en vie adulte. On note cependant qu'une large majorité d'individus de la cohorte des « Aînés » sont passé par une série de phases familiales, résidentielles et professionnelles ordonnées quasiment de la même manière. Cette tendance à la ritualisation semble abruptement stoppée au niveau de la cohorte des « jeunes » et remplacée par une pluralisation poussée des parcours d'entrée en vie adulte.

  • « Adamu et Mamadou se débrouillent » : survivre grâce au hip-hop ou la tactique de la stratégie dans l'industrie du hip-hop à Québec
    Marie Therese Atsena Abogo (Université Laval)

    Au Québec, la musique hip-hop est loin de constituer pour tous ses artistes une source de revenu stable, et de se faire une place signifiante dans l'industrie conventionnelle du disque et du spectacle (Leblanc et als, 2007). J'explore spécifiquement le processus d'industrialisation de la musique hip-hop à travers une ethnographie de la production et de la réception de la culture hip-hop réalisée entre 2011 et 2012 dans les deux communautés de Limoilou et de Montcalm à Québec. A partir de données ethnographiques, en l'occurrence d'entrevues semi-dirigées, d'expériences vécues, et de sources écrites (textes de rap), cette communication convoque à charge différents moments de la production de biens culturels dans le hip-hop (vidéoclip, disque compact, bande sonore mp3, vêtements). Je mets l'accent sur deux entrepreneurs africains, l'un d'origine congolaise et l'autre Ivoirien, vivant dans la ville de Québec, pour rendre compte de l'interaction de la race, du lieu d'origine, du sexe, et du « positionnement économique » dans la production des rapports de pouvoir dans l'industrie. Je tente d'utiliser le modèle de Stuart Hall de « codage-décodage » (1980) pour faire sens du travail quotidien dans la production, la promotion et la réception du hip hop dans la ville de Québec, ainsi que des stratégies développées par les deux entrepreneurs pour se positionner et créer un revenu.

  • Mobilité internationale étudiante et insertion professionnelle : parcours des migrants congolais en Belgique
    Andonirina Rakotonarivo (UdeM - Université de Montréal)

    La migration de la République Démocratique du Congo vers la Belgique se distingue par deux caractéristiques notables. Les migrants arrivent dans le pays de destination jeunes, souvent avant leurs trente ans et ils arrivent principalement dans le but d'effectuer des études supérieures en Belgique. Contrairement à de nombreux flux de migration africaine, qui sont davantage une migration de main d'oeuvre, c'est la mobilité étudiante qui représente la plus grande part de ce flux. Un tiers des immigrants congolais qui arrivent en Belgique viennent pour la poursuite de leurs études supérieures. La question du devenir de ces étudiants à l'issue de leurs études en Belgique se pose. Quelle part de ces étudiants obtient réellement un diplôme belge ? Le retour au pays d'origine s'inscrit-il dans la continuité du parcours de ces migrants, leur mobilité étant effectuée dans le seul but de terminer des études ? Entreprennent-ils d'intégrer le marché du travail belge ? A partir de données biographiques collectées dans le cadre du projet MAFE (Migration de l'Afrique vers l'Europe) auprès de migrants congolais résidant en Belgique et de migrants de retour en République Démocratique du Congo, ce travail se propose de retracer les trajectoires d'études et les trajectoires professionnelles des étudiants migrants en Belgique.

  • Pause
  • Les aventurières de la nuit à Dakar : postures cosmopolites et terrains de contestation urbains
    Thomas Fouquet (Université Paris Diderot (Paris 7))

    Cette présentation traite des arts de la citadinité subalterne parmi les jeunes d'Afrique de l'Ouest. J'évoque ainsi la créativité sociale et culturelle propre à ceux qui, dépourvus de pouvoir social, économique et politique, impriment néanmoins des cheminements traversiers dans la ville en jouant avec les frontières physiques et symboliques qui la jalonnent. C'est en étant guidés par un « esprit du large » que ces jeunes citadins déploient leurs trajectoires à l'ombre d'un ordre social et politique qui les marginalise. Ces arts de la citadinité subalterne s'imposent ainsi comme des façons d'être-au-monde, ouvrant à un examen du cosmopolitisme comme compétence sociale.

    L'option migratoire, qui s'impose comme une aspiration première pour une majorité de jeunes du continent, s'avère difficile à mettre en œuvre pour beaucoup, inaptes à réunir les conditions d'un départ. Dans ce contexte de « désirs inassouvis », je m'attacherai à interroger les conséquences socioculturelles et politiques locales des désirs d'Ailleurs, sous l'angle de l'ethnographie conduite depuis huit ans auprès de jeunes femmes dakaroises, que j'ai proposé de nommer des aventurières de la cité.

  • Les relations prémaritales de genre des jeunes d'Abidjan (Côte d'Ivoire) : la ruse dans l'intimité
    Boris Koenig (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Sous les effets conjugués du sous-emploi chronique, de la précarisation des conditions socioéconomiques et de la diminution du taux de mariage chez les jeunes urbains en Afrique, l'expérience des relations pré-maritales de genre s'allonge dans le temps et les identités de genre tendent à se redessiner. Basée sur une enquête ethnographique menée en 2012 dans un quartier d'habitat précaire de la métropole d'Abidjan, cette communication propose de discuter les linéaments d'une forme d'économie morale de la ruse balisant les relations pré-maritales de genre. Nous proposons tout d'abord de discuter en quoi la littérature sur le sexe transactionnel sous-entend une forme d'automaticité -un échange matériel contre des relations sexuelles- qui occulte la part de ruse et de duperie mise en oeuvre par de nombreuses filles qui n'ont pas recours aux relations sexuelles pour s'autonomiser par le biais de leur gestion de leurs romances avec leurs compagnons, ou, à tout le moins, pas de manière prédominante. Alors que l'usage de stratégies de présentation de soi, de techniques d'approche et de mise en confiance, tout comme l'élaboration d'une économie des fausses promesses, sont souvent centrales dans les relations intimes, nous discuterons dans un second temps en quoi les conceptions des jeunes d'Abidjan sur l'intimité et l'amour articulent subtilement des formes de liens croisés entre les affects, la ruse, et les échanges matériels.

  • Période de questions
  • Mot de clôture