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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La normativité est le champ d’étude privilégié de plusieurs disciplines (droit, sociologie, politique, philosophie, psychologie, etc.). Habitus, stigmate, discipline : au cours du 20e siècle, elle a été déclinée, observée, étudiée, sous différentes formes, selon des référents multiples. Néanmoins depuis quelques décennies, suivant l’évolution de l’organisation sociale, les perspectives théoriques se renouvellent, ouvrant la voie à de véritables postures épistémiques.

Référent singulier se déclinant de façon plurielle, la norme constitue un objet polysémique en constante transformation. À une époque où l’on décrit des phénomènes tel que la judiciarisation, la médicalisation, la psychologisation des rapports sociaux, les cadres normatifs se démultiplient et les normes se présentent sous les formes les plus diverses : encadrantes (juridique), internalisées (responsabilité individuelle, autonomie), symboliques (valeurs, standards, habitudes, idéaux), etc. Impossibles à mettre en œuvre, parfois ouvertement contestées, elles déclinent les infractions allant du risque à l’anormalité. Face au pluralisme normatif, l’individu contemporain se retrouve avec la tâche d'agencer, de coordonner et de donner un sens aux différents univers normatifs entre lesquels il circule, endossant des rôles multiples.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

La norme en mouvance, entre réduction et effacement

  • Mot de bienvenue et présidence
    Emmanuelle Bernheim (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • La norme en tant qu'objet fuyant : une approche par « l'endroit »
    Lisandre Labrecque-Lebeau (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À un style de socialité plus proche de la prescription et de la discipline a historiquement suivi une montée de la « norme-moyenne » (Canguilhem) par rapport à laquelle il est toujours possible de se positionner; on a aussi assisté à une multiplication des repères corollaire d'un pluralisme normatif important. On constate aussi de plus en plus à la référence à des univers positifs (la santé, la performance, le bonheur, la réalisation de soi, etc.) et les normes semblent être, plus que jamais, ce qui ouvre le champ des possibles dans le domaine de l'action. Face à ces changements, les individus, les groupes et les institutions se retrouvent avec la tâche de coordonner et d'agencer les différents univers normatifs en présence. Dans le cadre de notre thèse de doctorat, en analysant le récit de conversations, nous nous intéressons aux thématiques (de quoi on parle?), aux modalités (comment on en parle?) et à la réception (comment les reçoit-on?) des conversations. Les conversations quotidiennes sont un matériau riche en termes d'analyse de l'individualité promue et valorisée; nous verrons qu'elles font état de différentes normes en vigueur et permettent donc de repenser cet “endroit” de la normativité par rapport auquel on se positionne quotidiennement comme individu.

  • La norme en tant qu'objet fuyant : une approche par « l'envers »
    Guillaume Ouellet (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal)

    La norme sociale est une vaste question qui traverse l'histoire de plusieurs disciplines, mais aussi un objet fuyant, défini par ce qu'il n'est pas (le champ de l'anormal) ou ce dont il se rapproche (les valeurs, les standards, les habitudes, les idéaux, etc.). Dans cette présentation, nous explorerons la question de la norme sociale à partir des transformations dans le champ de la déficience intellectuelle (figure de l'envers). Le passage d'une logique de prise en charge institutionnelle à une logique de soutien dans la communauté s'est accompagné d'une profonde transformation du discours et des pratiques concernant les personnes ayant une déficience intellectuelle. Les orientations politiques sont claires, les aliénés d'hier sont aujourd'hui considérés comme des citoyens à part entière. Du point de vue sociologique, ce spectaculaire renversement demeure toutefois suspect. Vivons-nous vraiment dans une société juste et inclusive? Quelles places les personnes ayant une déficience intellectuelle se voient-elles octroyées dans la communauté? Et, en trame de fond, que signifie être citoyen à part entière? La mouvance dans le champ de la déficience intellectuelle constitue un point d'origine privilégié afin d'aborder, par “l'envers” -de l'anormal au normal- les contours de la normativité contemporaine.

  • Pause
  • Le citoyen réduit à l'usager. Santé mentale, participation et norme de gestion
    Baptiste Godrie (UdeM - Université de Montréal)

    La participation citoyenne dans le domaine de la santé mentale est une pratique promue par les institutions du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) québécois de la première à la troisième ligne. La rhétorique – soutenue par des plans d'action ministériels comme La Force des liens – n'est pas nouvelle, mais gagne désormais l'organisation des services, l'intervention et la recherche. Nous présenterons les tensions entre deux visions de la participation au sein d'un comité consultatif en matière d'organisation des services de santé mentale d'un établissement de première ligne du RSSS : celle portée par des gestionnaires, qui met l'accent sur les utilisateurs de services conçus comme des informateurs privilégiés sur les services, et celle portée par un groupe de citoyens avec une expérience vécue des problèmes de santé mentale qui cherchent à faire reconnaître l'impact de leurs conditions de vie sur leur santé. À la norme gestionnaire de la participation s'ajoute une norme qui régit les interactions entre les différents participants et a pour effet de stigmatiser les personnes avec une expérience vécue des problèmes de santé mentale. Nous appuierons notre analyse sur des exemples tirés d'une soixantaine d'entretiens réalisés entre 2010 et 2012 avec des citoyens-participants, des chercheurs, des gestionnaires et des intervenants dans deux terrains (un comité consultatif et un projet de recherche en santé mentale).

  • Discussion
  • Dîner

Communications orales

La norme plurielle : tensions et pratiques instituées

  • Comment penser la normativité?
    Patrick Turmel (Université Laval)

    Notre vie est structurée par un ensemble de normes qui nous dictent comment agir, ce que l'on devrait promouvoir et aussi ce que l'on devrait croire. C'est ce qui constitue l'espace de la normativité : il recoupe à la fois le domaine théorique et le domaine pratique, et touche aussi le problème de la motivation que nous avons en tant qu'agents de respecter ces normes pratiques et épistémiques. Il demeure toutefois difficile d'aborder ces questions comme appartenant à un même champ, qui serait celui d'une philosophie de la normativité. Même si ce travail de systématicité est nécessaire, je noterai trois difficultés associées à une telle entreprise. 1. Il existe de nombreux domaines normatifs qui touchent des sujets radicalement différents. 2. Les différentes normes - de la rationalité, morales ou épistémiques - ne semblent pas toujours répondre au même genre de problème. 3. Il y a une différence dans les effets que peuvent avoir les concepts normatifs. Qu'est-ce qu'ont à voir ensemble des normes qui nous contraignent et des valeurs qui nous poussent à vivre d'une façon ou d'une autre, ou à promouvoir quelque chose ? Les philosophes qui s'intéressent à l'éthique fondamentale partagent largement le postulat de la nécessaire préservation du caractère sacré de la morale, ou de l'autonomie de l'éthique, et élargir l'éthique fondamentale à la normativité menace cette autonomie, en nous forçant à réfléchir sérieusement aux raisons de distinguer norme sociales et normes morales.

  • Normativité juridique et linguistique : la dynamique internormative de la langue du droit
    Jean-Christophe Bédard-Rubin (University of Toronto), Tiago RUBIN (Université Concordia)

    Les études juridiques qui abandonnent l'approche positiviste permettent d'appréhender le phénomène normatif sous son aspect pluriel. À cet égard, les efforts de chercheurs québécois dans les dernières décennies (Rocher, Belley, Lajoie, Macdonald, etc.) ont contribué à élaborer un appareil conceptuel raffiné et efficace lorsqu'utilisé dans des recherches empiriques. Notre proposition tablera sur la distinction qu'établit Guy Rocher (Belley, 1996) entre les deux significations de l'internormativité pour offrir un cadre général d'analyse du développement dynamique des conflits internormatifs dans les sociétés contemporaines. Pour ce faire, nous présenterons d'abord une analyse brève des liens entre la sémantique et la normativité linguistique puis nous étudierons le caractère proprement normatif de la définition juridique. Nous esquisserons ensuite une trame historique à l'intérieur de laquelle peuvent s'effectuer des échanges et se développer des conflits internormatifs entre ces deux ordres (linguistique et juridique). Pour ce faire, nous illustrerons notre propos à l'aide d'exemples contemporains et tenterons de faire ressortir le potentiel empirique de cette trame interprétative pour l'étude d'autres dynamiques internormatives variées.

  • Pause
  • Normes identitaires communes de l'information et de la communication participative numérique
    Marie-Caroline Heïd (Université Montpellier Sud de France)

    La notion de culture participative semble aujourd'hui s'imposer comme une évidence dans de nombreuses pratiques ordinaires et professionnelles dans le domaine de l'information et de la communication en ligne. Nous proposons d'examiner les différentes normes qui circonscrivent cette notion et leur institutionnalisation progressive. Nous analysons dans un premier temps les normes identitaires communes de la presse participative, en prenant appui sur des données recueillies dans le cadre de notre recherche doctorale en sciences de l'information et communication. Pour mener une comparaison avec le secteur de la communication, nous convoquons également des données recueillies dans le cadre d'une enquête qualitative que nous menons actuellement sur l'institutionnalisation progressive des pratiques émanant du métier d'« animateur/gestionnaire de communautés ». Afin d'identifier les normes communes de ces différents médias, nous ne nous concentrons pas sur les usages effectifs, mais sur les usages prescrits, soit les affordances des dispositifs qui actualisent une gamme d'actions appropriées, accessibles dans l'immédiat (Gibson, 1977). À un niveau synchronique, nous analysons les éléments de cadres normatifs des dispositifs analysés, considérés comme des propositions d'actions stabilisées, par une analyse sémiotique situationnelle (Mucchielli, 2005). Nous étudions ensuite les évolutions de ces normes, à un niveau diachronique, en convoquant les référents de l'analyse institutionnelle.

  • Discussion
  • Mot de clôture