Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :L’expérience du BAEQ (1963-1966) devait initier une pratique de l’aménagement où les choix seraient fondés sur une connaissance scientifique du territoire; où la planification viserait la correction des inégalités socioéconomiques; et où les populations concernées devraient participer à l’aménagement. Leur participation, que l'on estimait nécessaire à l'acceptabilité d'un plan global d'aménagement pour le vaste territoire de l'Est-du-Québec, devait se réaliser par l'implication de membres de comités locaux dans la recherche et la prise de décision, depuis la définition de la situation et des problèmes, jusqu’au choix et à l’exécution des projets.
Cette expérience fut cependant l’objet de sévères critiques : refus des technocrates de discuter de la question politique du développement avec ceux qui revendiquent ou qui contestent; manipulation des populations pour qu’elles adhèrent au point de vue des aménagistes; décalage entre la rationalité technicienne et celle de la pratique; réduction de la participation à de la consultation.
L’importance du BAEQ réside selon nous en trois lieux de recherche sur le développement territorial. 1) D’abord pour son histoire : dans l’analyse d’un événement lié à d’autres interventions de développement économique et social où s’amorçait la reconnaissance de l'expertise et des savoirs citoyens, ainsi que la création de structures intermédiaires entre le provincial et le municipal. 2) Ensuite, pour sa conduite : dans l’analyse de la relation au symbole qu’est devenu le BAEQ comme fait fondateur-repoussoir du développement régional. 3) Enfin, pour la sagesse de ses projets : dans les efforts de renouveler la traduction en pratiques des idéaux de la rationalité, de la démocratie et du développement à travers des démarches participatives.
En liant ces trois lieux de recherche, ce colloque vise une meilleure compréhension des relations entre décideurs, chercheurs et autres citoyens transformées par l’épreuve de problèmes et de projets particuliers. La première séance revient sur l'idéal de la participation dans les années 1960 et sur sa mise à l'épreuve au BAEQ. Bien que décevante, cette expérience aura marqué la recherche et l'intervention publique sur le développement territorial, ainsi que la vie politique locale et régionale. La deuxième séance explore des lignes de continuités méconnues ou insoupçonnées entre l'expérience du BAEQ et les avancées de la pratique du développement dans les décennies suivantes. La troisième séance propose plutôt des regards rétrospectifs et des diagnostics sur la longue durée de l'après BAEQ. Les quatrième et cinquième séances conduisent enfin les discussions sur les relations entre décideurs, chercheurs et autres citoyens dans l'actualité d'un éventail de projets. L'appréciation des enjeux, des potentiels et de l'évolution des démarches participatives pourra prendre acte de cinq décennies d'expériences dispersées dans l'espace-temps du développement au Québec.
Date :Programme
Introduction générale et projection du film La participation réalisé en 1964 par l'ONF pour la promotion de la démarche du BAEQ
Au nom de la participation et du développement - les premiers élans
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Maîtres chez nous. La participation au Québec dans les années 1960Andrée Fortin (Université Laval)
Dans les années 1960, au Québec, la participation fait partie de la culture politique. Pour certains c'est un idéal, pour d'autres une idéologie. Chose certaine, tant dans les villes que dans les régions, dans les milieux culturels que sociopolitiques, la participation est dans l'air. Et à quoi participe-t-on ? À la définition de la situation, à la définition des changements souhaités, et aux prises de décisions. À cet égard, 1963 est un moment important, non seulement à cause de la mise en place du BAEQ, mais aussi de celle du premier comité de citoyens et de la fondation de la revue Parti pris ; c'est aussi l'année où les étudiants universitaires commencent à réclamer la cogestion. Mon objectif est de tracer les contours de cette culture de la participation dans les années 1960, d'en proposer un bilan et d'en tirer des questions toujours d'actualité quelque 50 ans plus tard.
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La participation au BAEQ, d'un projet ambitieux au résultat décevant d'une séquence de décisions mises à l'épreuve : retour aux archivesDominique MORIN (Université Laval), Pier-Luc Ouellet (Université Laval)
L'expérience du BAEQ est devenue un symbole de ce qui devrait être évité dans un développement territorial que l'on voudrait démocratique: l'annonce d'une démarche participative où la participation est finalement réduite à une consultation dispersée sur une esquisse de plan dont l'achèvement se négocie ailleurs. L'étude des archives du BAEQ révèle que de nombreux acteurs ont « participé », non sans tension, à la conception et à la redéfinition de ce projet. Cette communication balisera les inflexions du processus de définition et de révision du projet à travers lequel des chercheurs et des décideurs se disputaient sur la manière d'assurer une place à « la participation » de «la population». La chaîne des décisions contestées et révisées commence en l'absence du gouvernement, avec la commande d'études à des chercheurs de l'Université Laval sur les problèmes de la région par le Conseil d'orientation économique du Bas-Saint-Laurent (COEB). L'idée d'une participation de la population était déjà présente dans cette commande, et la délimitation des rôles des décideurs, des chercheurs et des citoyens apparaît une question épineuse lors de la soumission du mémoire par lequel le COEB interpelle le gouvernement Lesage pour qu'il crée le BAEQ. Québec ajoute ses conditions, une équipe d'aménagistes et de chercheurs s'approprient le mandat, et l'épreuve de sa réalisation donnera lieu à une séquence de discussions plus riches que ce qui apparaît dans les documents officiels du BAEQ.
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La création des comités locaux par le BAEQ : perspectives historiques sur l'exercice du pouvoir et les élites dans les communautés ruralesPhilippe Daigle (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jean-René THUOT (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Il y a cinquante ans débutait l'initiative du Bureau d'aménagement de l'Est du Québec (BAEQ). Fruit de l'aboutissement d'un long processus de concertation, sa création dans le sillon de la Révolution tranquille est souvent présentée comme un tournant dans l'histoire des pratiques d'aménagement du territoire. En marge des analyses sur les fermetures des villages et les esquisses de plans d'aménagement, le coup de force que représente l'introduction des comités locaux en 1963 a fait l'objet d'une attention somme toute limitée de la part des divers spécialistes des sciences humaines, particulièrement du point de vue de leur composition intrinsèque. L'évolution de l'organisation du pouvoir local dans les communautés locales, avec les valeurs et pratiques s'y rattachant, a-t-elle été suffisamment prise en compte dans les initiatives mises en branle par le BAEQ? La mise au jour de cette trajectoire des milieux ruraux laisse entrevoir dans un premier temps une réévaluation de la nature des élites en cause. Cette trajectoire des élites – elles-mêmes à définir - est susceptible de fournir de nouvelles perspectives sur les activités des comités locaux. Dans la mesure où les fruits de l'enquête-participative ont été évalués à l'aune des activités de ces comités, l'éclairage proposé apparaît d'autant plus nécessaire.
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De la nécessaire réhabilitation du BAEQJean-François Simard (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Les travaux scientifiques portant sur le BAEQ auront été fort prolifiques jusqu'au milieu des années 1980. Après avoir longtemps boudée cet objet de recherche, la communauté scientifique recommence enfin à s'intéresser à cette mythique période de l'histoire québécoise. À l'irrévocable verdict décriant le BAEQ comme le plus retentissant échec de la Révolution tranquille, le prototype même de la dérive technocratique, l'illustration parfaite de la faillite de la planification centralisée, s'oppose désormais une relecture des évènements qui déborde une analyse strictement anthropologique du développement régional. Un recadrage historique du BAEQ nous permet d'apprécier en quoi cette expérimentation politique des plus singulières laisse en héritage des innovations sociales qui, au fils du temps, se sont institutionnalisés dans les pratiques administratives de l'État. Vu sous cet angle, le BAEQ offre un nouveau visage : celui d'une étape marquante dans l'évolution de l'administration publique québécoise et la configuration de l'intervention étatique en matière de développement territorial.
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Période de questions
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Pause
Et si on continuait, mais autrement – critiques et résolutions
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Passer de l'enquête participation à l'enquête sur la participation : réactions et propositions de Gérald Fortin à la suite de l'expérience du BAEQDominique Morin (Université Laval)
Gérald Fortin fut associé au BAEQ, d'abord comme conseiller dans l'élaboration du projet où il encourageait l'inclusion d'une participation de la population au développement, puis comme directeur de sa section de recherche sociologique. Il occupa ensuite le poste de coordonnateur de la section Aménagement et développement de l'ISSH de l'Université Laval (devenu le CRAD), avant de devenir le premier directeur du Centre de recherche urbaine et régionale de l'INRS (devenu l'INRS-Urbanisation). Ce pionnier de la promotion, de la pratique, de la formation et de la recherche sur le développement territorial au Québec écrivait en 1971 que ses « réflexions sur la participation se sont élaborées dans l'action au BAEQ et dans une consultation auprès de la Commission Castonguay », tout juste avant son entrée à l'INRS. L'étude de ses archives et de celles du BAEQ révèle qu'il fut le critique d'un manque de vision de développement dans la conduite de l'aménagement au BAEQ, ainsi que d'attitudes anti-démocratiques y empêchant la participation telle qu'il l'idéalisait. Cette communication propose un bilan du legs de Fortin qui, à la suite de ses réactions dans le feu de l'action, s'est efforcé de clarifier la signification, les valeurs et les conditions de la pratique de la participation, telle que son expérience lui permettait alors de l'imaginer comme pratique de la démocratie.
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L'agronome de la Révolution tranquille : l'expertise et la participation au menu parlementaire, 1971-1973Julien Prud'homme (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Au Québec, les débats sur le rôle de l'expertise et la figure politique de l'expert parsèment la décennie 1965-1975. On peut suivre le fil d'une réelle généalogie des idées à ce sujet, qui relie les travaux du BAEQ (1963-1966), la commission Castonguay sur la santé et le bien-être social (1966-1972) et les discussions qui entourent la refonte des corps professionnels entre 1971 et 1974. Par-delà la révision des lois professionnelles, cette dernière réforme devait renouveler les rapports entre l'expert et le public, dans une optique qui doit beaucoup aux débats sur la participation tenus dans les domaines de la santé et de l'aménagement du territoire depuis 1960. La commission parlementaire créée pour l'occasion, à pied d'œuvre de novembre 1971 au printemps 1973, a donné lieu à de riches échanges et entraîné le dépôt de centaines de mémoires et de présentations, de la part d'autant d'organismes différents. Alors que certains appréhendent un recul de l'idée de participation ou interrogent le rôle de l'État, d'autres voient l'occasion de formaliser des expertises précisément nées des idéaux participatifs de la dernière décennie. Les débats sur les expertises liées à l'aménagement du territoire nous aident à apprécier les inflexions du discours public sur l'expertise après 1970. Ils nous permettent en particulier d'apprécier leur impact sur l'adoption du Code des professions en juillet 1973, principal régime québécois d'encadrement de l'expertise encore en vigueur de nos jours.
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Sur les traces de l'émergence des organismes de gestion en commun : une histoire d'audace et de déterminationMaude Flamand-Hubert (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
On retient souvent du BAEQ la décision unilatérale prise par l'État de fermer des dizaines de paroisses dites marginales. Suivant une première phase de délocalisation et face à ses conséquences (désorganisation du tissu social, faibles résultats en matière d'emploi), les Opérations Dignité ont vu le jour au tournant des années 1970. Ce mouvement a canalisé la volonté de toute une région pour la survie de ses paroisses. Cette volonté de prise en charge collective s'est élaborée autour d'un projet, celui d'une exploitation forestière par et pour les communautés. Encore aujourd'hui, les résultats sont mitigés. Mais une formule est parvenue à traverser le temps, soit celle des organismes de gestion en commun (OGC). Il a cependant fallu près de quarante ans pour que l'État reconnaisse pleinement le rôle, la fonction et la formule d'affaires de ces entités. Ces quarante années d'écart depuis la création des premiers d'entre eux permettent aujourd'hui de poser un regard historique sur l'émergence de ces organisations devenues des acteurs incontournables du milieu forestier. Ce retour sur les événements est une fenêtre ouverte sur l'audace et la détermination qu'ont eu l'État, les populations, et les chercheurs du Fonds de recherche forestière de l'Université Laval au début des années 1970.
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De la mobilisation collective à la mobilisation du citoyen dans un collectif! La grande porte de l'environnementNathalie Lewis (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Aménagement rationnel du territoire et animation sociale auront insufflé de l'énergie aux citoyens de l'Est apportant certaines visions locales à contre-courant d'un mode de développement national. Pour autant, au-delà du BAEQ et des Opérations Dignités qui s'en suivirent, les démarches de mobilisation collective n'étaient pas exclusives à ce coin de territoire. Quand il est question d'aménagement du territoire et de participation citoyenne, on ne peut faire fie de la montée accélérée du mouvement écologiste. Une montée longtemps lue sous l'angle des nouveaux mouvements sociaux, puis des questions environnementales, qui elles furent réfléchies hors des autres champs sociaux. Pourtant, les enjeux de ce mouvement concernent les habitants des territoires ; les habitants des régions dites « ressources », ces mêmes personnes que l'on avait secouées avec le BAEQ. Le questionnement sort du champ environnemental pour rejoindre celui social et politique, en termes de justice sociale et territoriale. Un questionnement symptomatique sur un territoire où les ressources naturelles et énergétiques sont sises dans des milieux moins densément peuplés et où les voix, tout en étant dynamiques, restent souvent inaudibles face à un « bien public » centralisé. Dès lors l'expérience du BAEQ revient par la grande porte, où en sont les relations entre décideurs, chercheurs et autres citoyens sur le territoire ?
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Période de questions
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Dîner
Plus ça change, plus c'est pareil? – Regards rétrospectifs et diagnostics
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Quel(s) rôle(s) et quelle(s) responsabilité(s) pour les chercheurs universitaires, aujourd'hui, dans les débats et les politiques sur le développement territorial?Serge Belley (ÉNAP - École nationale d'administration publique)
Quels changements sont survenus depuis l'expérience du BAEQ qui modifient les relations entre les représentants de l'État (élus et non élus) à tous les niveaux, les groupes organisés (privés, publics et communautaires), les chercheurs universitaires et les citoyens dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques et des projets de développement territorial ? Cette communication tente de répondre à cette question : 1) en rappelant les grandes transformations qui ont marqué le Québec sur les plans socioéconomique, politique et idéologique au cours des 50 dernières années; 2) en montrant comment ces changements ont affecté la production des politiques publiques, notamment du point de vue des instruments procéduraux de mobilisation, de concertation et de suivi que ces politiques cherchent à activer; 3) en soutenant que si ces «nouveaux» instruments modifient la nature des rapports de force entre les acteurs gouvernementaux et sociaux, ils ne dispensent pas le chercheur universitaire, notamment lorsqu'il intervient à titre d'expert-analyste et, surtout, de conseiller-consultant, de son obligation de prendre en compte l'impact de ses interventions, sur les décisions des autres acteurs et sur la société en général, à la lumière de la distinction que faisait le sociologue Max Weber en 1919 (dans «Le savant et le politique») entre l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité.
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La recherche en partenariat au Québec sur plus trois de décennies : ses dimensions institutionnelles, organisationnelles et épistémologiquesJean-Marc Fontan (UQAM - Université du Québec à Montréal), Juan-Luis Klein (UQAM - Université du Québec à Montréal), Benoît LÉVESQUE (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À partir de recherches réalisées par l'un ou l'autre des auteurs en partenariat avec des acteurs collectifs (associations citoyennes, des syndicats, des groupes communautaires et des organisations relevant de l'économie sociale) dans les domaines principalement du développement local et communautaire, nous proposerons une première classification de la recherche partenariale. Dans un premier temps, nous présentons quelques-unes de ces recherches qui nous semblent exemplaires : recherche-action (Coopératives de recherche-action de l'Est du Québec à la fin des années 1970), recherche militante sur la conjoncture du Québec du début des années 1980, recherche concertée dans le cadre du FCAC, recherches dans le cadre des services à la collectivité de l'UQAM (projet Angus et réingénierie des Caisses populaires) dans les années 1990, chantiers de l'ARUC en économie sociale et Réseau québécois de recherche partenariale en économie sociale dans les années 2000. Dans un deuxième temps, nous proposerons une classification qui montre la diversité de ces recherches tant du point de vue du financement et du rôle des acteurs collectifs dans la programmation de recherche (dimension institutionnelle) que de celui de la
production des connaissances à partir de l'organisation du travail de la recherche (dimension institutionnelle) tout en tenant compte des fondements épistémologiques pour évaluer le potentiel et les limites de ces expérimentations. -
De la participation à la gouvernanceJacques T. Godbout (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Depuis le BAEQ, le nombre et les caractéristiques des personnes jouant un rôle significatif dans les affaires publiques – que ce soit à titre de citoyens, usagers, clients, « co-producteurs »- ont-ils augmenté ou diminué ? Je tenterai de répondre à cette question en examinant l'évolution du secteur des affaires sociales.
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Période de questions
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Pause
Expériences de structures – Critiques et appropriations
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La participation citoyenne dans les Conférences régionales des élus (CRÉ) : la difficile ouverture à l'expérience démocratiqueMartin Robitaille (UQO - Université du Québec en Outaouais), Louis-Philippe SIROIS (UQO - Université du Québec en Outaouais)
En 2003 les Conseils régionaux de développement (CRD) ont été remplacés par les Conférences régionales des élus (CRÉ). Changement qui n'a pas été sans conséquence sur la démocratie participative qui, pour plusieurs, a connu son heure de gloire dans ce qui a été convenu d'appeler « le modèle québécois de développement partenarial ». En effet, la loi 34 est venue renforcer la position des élus locaux dans la gouvernance régionale des CRÉ en faisant disparaître le rôle prépondérant de la société civile dans la planification et la coordination du territoire. Dix ans plus tard qu'advient-il vraiment de la place de la société civile dans les CRÉ? A-t-on assisté au déclin du modèle participatif? Quelle forme pend maintenant la mobilisation citoyenne? Notre recherche qualitative nous a permis de mieux comprendre l'évolution de la présence de la société civile dans les CRÉ et les mécanismes structurant la participation citoyenne liés à leur mandat de concertation. Les résultats montrent que le « participatif » dans le développement des régions au Québec ne s'inscrit pas dans un temps long et dresse un portrait contrasté des pratiques des CRÉ au Québec. Dans la plupart des cas, le choc du passage à une gouvernance par des élus a provoqué une démobilisation de la société civile qui reste palpable. Dans les faits, il semble bien que le cœur de cette structure régionale balance plus souvent vers son mandat de gestion du développement que celui de concertation régionale.
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La place des citoyens dans la planification municipale : de la théorie à la pratique, le cas de la Ville de QuébecBoris Mericskay (Université Laval)
L'objectif de cette communication est de présenter de manière pragmatique le cas particulier des processus de planification participative dans la ville de Québec du point de vue de ceux que les vivent et les pratiquent. Les processus de consultation sont ici explicités et analysés selon deux échelles : d'une part les consultations publiques menées par les conseils de quartier en rapport avec l'urbanisme réglementaire; d'autre part les consultations publiques menées par la Ville relatives à l'urbanisme de planification. En s'appuyant sur un travail d'observation doctoral de deux ans (entretiens et observations), cette communication permet de resituer la véritable place des citoyens dans la prise de décision autour de l'aménagement, les manières dont ils s'organisent, les forces et les faiblesses des dispositifs existants et comment s'opèrent véritablement les interactions entre les autorités, les experts et la société civile. En complément à cette analyse, la communication revient également sur une série de problématiques connexes comme le rôle de l'institution, les modes d'organisation émergeants, la place du visuel dans le débat public, et l'usage grandissant des technologies de l'information dans les débats publics.
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Réussir une recherche partenariale : les enseignements de l'Alliance de recherche universités-communautés (ARUC) Développement territorial et coopérationMarie-Joëlle BRASSARD (Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM)), Bruno Jean (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
La recherche partenariale (qu'il faudrait sans doute mieux nommer « recherche multi-partenariale »), reprenant une longue tradition de recherche-action et de ses dérivées, est devenue à la mode ces derniers temps, en partie grâce à des programmes majeurs de financement de la recherche des organismes subventionnaires comme les ARUC du CRSH ou les Actions concertées de recherche du FRQ-SC. Cette recherche partenariale s'entend-elle comme un processus de co-construction de l'objet de la recherche et de co-réalisation des opérations de « recherche»? Avec ce type de recherche, ne glisserait-on pas des recherches « sur » vers des recherches « pour » avec une finalité plus pratique, utilitariste, en délaissant la mission d'avancement des connaissances? Si on peut poser plusieurs questions à la recherche partenariale, la présente communication, prenant appui sur une expérience concrète, explorera les dangers, les acquis, et les conditions pour réussir la recherche en partenariat. Nous postulons que ce type de recherche est possible si les attentes et les besoins des partenaires sont clairement définis et compris dès les premiers stades de la co-construction d'une recherche donnée. Des recherches «finalisées » sont alors possibles et souhaitables car elles ne dissocient plus le processus de production des connaissances et de celui de leur mobilisation dans l'action.
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Développement territorial et gouvernance participative : l'expérience de l'ARUC-DCC à Sainte-Flavie et Rivière-au-TonnerreSteve PLANTE (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Julia Santos Silva (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
L'occupation rapide de la zone côtière et les effets du changement climatique soulèvent plusieurs enjeux en termes de développement territorial pour les communautés qui y sont exposées. Celles-ci doivent anticiper les risques inhérents à ces phénomènes et s'adapter à ces nouvelles conditions. Pour aborder ce phénomène, nous retenons le concept de résilience qui peut s'appliquer à une personne ou à un groupe capable de se développer et se projeter dans l'avenir même lors d'événements déstabilisants. Ici ces événements découlent de la montée du niveau marin et des ondes de tempêtes que connaissent de plus en plus les communautés côtières de l'Est du Canada. Avec une perspective de gouvernance participative, notre recherche porte sur les défis de mobilisation de communautés au sein des mécanismes de prise de décision collective dans le contexte d'adaptation aux effets du changement climatique. Notre contribution scientifique s'insère dans une étude longitudinale multi-sites développée par l'Alliance de Recherche Universités-Communautés sur les défis des communautés côtières de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent à l'heure des changements climatiques (ARUC-DCC). Plus précisément, il s'agit d'une recherche action-participative avec deux communautés : Sainte-Flavie et Rivière-au-Tonnerre. Cette communication vise à présenter la démarche participative de l'ARUC-DCC et les leçons apprises à ce jour.
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Réfléchir ensemble à des milieux de vie durables et culturellement adaptés : les défis de l'aménagement collaboratif avec les communautés innues de la Côte NordAndré CASAULT (Université Laval), Geneviève Vachon (Université Laval)
À partir du travail mené à l'ARUC-Tetauan (CRSH, 2009-2014) sur les paysages culturels et l'habitat des communautés innues de la Côte Nord, nous proposons de discuter d'une approche de « réflexion dans l'action » sur l'aménagement culturellement adapté des réserves innues. Cette réflexion est menée dans un contexte de fortes pressions pour l'extension du territoire urbanisé de plusieurs communautés. En plus de tenir compte des nombreux défis sociaux et environnementaux, l'interculturalité constitue un enjeu majeur qui peut engendrer différentes incompréhensions mutuelles : décalages entre les conceptions de la gestion, clivages entre impératifs académiques et demandes locales, difficiles croisements entre compétences et expertises dans la co-production de savoirs, etc. Les processus participatifs dont il sera ici question ne sont pas standards. Il s'agit plutôt d'une approche par bricolage méthodologique fondée sur des activités dont la somme permet de poser les bases de la communication et de l'action interculturelles: les charrettes et projets en atelier de design et in situ, les consultations en petits groupes de professionnels, etc. Cette communication propose de brosser un portrait de cette approche en révélant ses limites et ses potentiels, tout en formulant des pistes pour la poursuite de réflexions similaires avec d'autres communautés locales.
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Période de questions
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Pause
Oser – Appréciations critiques d'expérimentations contemporaines
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Recherche-intervention – L'expérience de l'Incubateur universitaire Parole d'excluesJean-Marc Fontan (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans la tradition initiée par les University Settlement, nous retrouvons le partenariat établi entre des chercheurs universitaires et des intervenants du modèle d'action développé par l'organisme montréalais Parole d'excluEs. La présentation situera la contribution de l'Incubateur au renouveau de la tradition de la recherche action vouée au développement socioterritorial. Après avoir rappelé les fondements théoriques et méthodologiques de la recherche intervention, la filiation qui lie cette expérience aux travaux qui prirent place dans l'Est du Québec autour des Coopératives de développement de la recherche, nous décrirons les particularités de l'expérience menée par l'Incubateur universitaire Parole d'exclues. Nous nous attarderons plus particulièrement aux enjeux et défis posés par une recherche intervention qui se donne pour finalité d'accompagner des processus socialement innovant dans une perspective de participation à la transformation du modèle de développement des territoires. Nous nous pencherons plus spécifiquement sur l'analyse des avancées et des limites que permet une pensée dans l'action qui exige une implication politique des intervenants. Une intervention politique qui repose sur une exigence démocratique forte : redonner la parole aux citoyens et appuyer l'émergence d'actions collectives afin de donner un sens durable et solidaire au processus développemental des territoires.
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De la revitalisation intégrée à la gouvernance participative : les cas de deux expériences de revitalisation intégrée au SaguenaySuzanne Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Nous proposons d'examiner la question de la gouvernance participative en regardant les cas de deux expériences de revitalisation intégrée dans la région du Saguenay. Le premier est celui de l'Éco-Kartier du centre-ville de l'arrondissement Chicoutimi et l'autre cas concerne le village de Petit-Saguenay situé dans le secteur Bas-Saguenay Sud. Ces deux territoires, l'un urbain et l'autre rural, ont la particularité de vivre une situation de dévitalisation similaire et les acteurs du milieu, soit les citoyens et citoyennes du centre-ville de Chicoutimi dans le cas de l'Éco-Kartier et les citoyens, élus municipaux, acteurs socio-économiques du village de Petit-Saguenay, se sont mobilisés et ont mis en œuvre des projets pour favoriser la revitalisation sociale, économique et écologique de leur milieu. Au cœur de ces expériences, on retrouve la participation citoyenne et la prise en charge des populations par elles-mêmes. La notion de gouvernance participative y apparaît omniprésente puisque dans chacun de ces cas, l'expérience de revitalisation est basée sur la participation citoyenne. Comment la participation citoyenne permet-elle de réaliser ces projets de revitalisation intégrée et de mettre en œuvre une forme de gouvernance participative? Nous tenterons de répondre à cette question en présentant les résultats de nos recherches.
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Du BAEQ au Laboratoire vivant : la participation à revisiter et à renouvelerDanielle Lafontaine (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Initiée par le CEFRIO et intitulée Des laboratoires vivants pour des territoires innovants, la démarche de recherche-expérimentation dont nous traiterons a visé l'appropriation d'une méthodologie expérimentée en Europe et ailleurs, celle du Laboratoire vivant (Living Lab) dans le but d'estimer son intérêt pour la mise en œuvre de « réponses » innovantes face à divers problèmes vécus aux seins des communautés locales ou régionales. L'appropriation et l'adaptation de cette méthodologie a impliqué son expérimentation à travers l'initiation de deux Laboratoires en Gaspésie et dans l'Agglomération de Longueuil, ces deux territoires présentant des profils distincts. Comme nous l'indiquerons, la question de la participation occupe une place triplement centrale dans 1) cette démarche de recherche-expérimentation 2) par rapport à la méthodologie du Laboratoire vivant et 3) et au sein des deux Laboratoires où la méthodologie a pu être expérimentée (2011-2013). À la lumière de la démarche de recherche, de ses résultats et de recherches évaluatives, des comparaisons portant sur plusieurs dimensions seront effectuées entre le Laboratoire vivant et deux autres dispositifs de soutien au développement et à l'innovation déployés depuis 2001 (créneaux ACCORD et pactes et laboratoires ruraux). Les trois approches seront comparées avec certains aspects de la démarche du BAEQ engageant une conceptualisation de la participation qui, bien que limitée, peut être utilement revisitée et renouvelée.
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Recherche, design et participation : croiser les approches pour mieux agir et enseignerCarole Després (Université Laval)
Malgré l'omniprésence du discours sur le développement durable et les bâtiments verts, le nombre des citadins se rendant au travail en voiture et qui possèdent ou rêvent de posséder une maison unifamiliale ne semblent pas diminuer. Cette situation illustre bien la complexité de transformer les pratiques et les représentations rattachées aux configurations urbaines existantes. La recherche de solutions écologiquement et socialement acceptables est d'autant plus difficile que persiste un écart entre les savoirs scientifiques, professionnels et artistiques, dû à une division sectorielle des responsabilités entre les architectes et urbanistes, mais aussi une certaine rigidité dans les traditions disciplinaires. Pour ne pas en rester là, les activités du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues (GIRBa) associent recherche empirique, design et processus participatif autour de problèmes liés à l'étalement urbain et au vieillissement démographique des banlieues. Cette communication illustre comment on y induit la collaboration entre universitaires, professionnels et décideurs, ainsi que la formation qu'y acquièrent des étudiants en architecture, en urbanisme et en sciences sociales. Au-delà de la définition de problèmes, de diagnostics et d'orientations pour l'intervention, la participation sert ici la communication des savoirs, leur diffusion et l'apprentissage d'une collaboration entre agents de changement tirant avantage de la diversité des expertises et des considérations.
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Période de questions
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Mot de clôtureJean-Pierre Collin (INRS - Institut national de la recherche scientifique)