Plus que la somme de politiques et de programmes au premier abord disparates, le modèle agricole et agroalimentaire québécois est le fruit d’un projet, tacite ou explicite, formulé par la société québécoise : celui d'une maîtrise collective des leviers structurant l’économie agricole et l’occupation du territoire rural. Cette volonté a rendu possible la mise en place, tout au long du 20e siècle, des composantes stratégiques de ce modèle que sont la protection du territoire agricole, le soutien du revenu des agriculteurs, les coopératives agricoles, la mise en marché collective, la gestion de l’offre et le mode de représentation des agriculteurs. Aborder et évaluer la portée de l’une ou l’autre de ces initiatives sans les rapporter à l’idéal sous-jacent pour lequel elles ont été instituées conduit à éclipser la question fondamentale de leur sens pour la société québécoise.
Cette question se pose à nouveaux frais aujourd’hui, alors que des dynamiques ont mis à l’épreuve les politiques destinées à soutenir l’agriculture et l’agroalimentaire québécois. L’accélération de la mondialisation, la gestion des grands distributeurs, les problèmes liés à l’installation de la relève, l’endettement des fermes, l’accaparement des terres par des fonds spéculatifs, toutes ces dynamiques mettent le modèle agricole québécois sous tension. Plus : elles ont entraîné ce dernier dans un processus de redéfinition dont l’issue dépendra largement de la capacité des acteurs concernés à réactiver le projet qui lui a donné corps.
Le colloque porte sur l’analyse des tensions, des transformations et des voies de renouvellement du modèle agricole et agroalimentaire québécois. Il souhaite mettre en lumière les caractéristiques des phénomènes de longue portée affectant le devenir de l’agriculture au Québec, soulever les enjeux que posent ces phénomènes aux parties prenantes du modèle québécois, ainsi qu’explorer les propositions susceptibles de relancer l’avenir des communautés rurales et agricoles.