Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La religion est souvent abordée comme un facteur de clivage social ou comme un obstacle à la participation sociale et au bon établissement des immigrants. Les communications du colloque visent à jeter une nouvelle lumière sur la thématique religion/intégration en lien principalement avec le contexte québécois. Prenant l’intégration comme un fait de la société plutôt que des individus ou des groupes ethniques, nous examinons le potentiel du religieux comme espace et comme outil d’intégration sociale. Quatre sous-thématiques seront plus précisément abordées : 1) le rôle des groupes religieux dans l’insertion des immigrants (entraide, soutien moral, vecteur de sens qui aide à vivre l’exil, l’éloignement familial, la déqualification…); 2) les milieux religieux à Montréal et dans les régions comme des sites de relations interethniques où les minoritaires sont souvent majoritaires; 3) les conceptions de l'intégration sociale qui sont véhiculées au sein des groupes religieux et des institutions religieuses de même que les représentations idéales du rapport que leurs membres devraient entretenir avec le reste de la société, ainsi que l'intégration tel qu'imaginée par les immigrants et les institutions qu'ils ont établies; 4) les conceptions de l'intégration sociale qui sont véhiculées au sein du groupe majoritaire et des institutions publiques en ce qui concerne l'appartenance religieuse des citoyens, de même que les représentations idéales du rapport à la citoyenneté que les croyants devraient entretenir, et les normes juridiques qui devraient la baliser.
En bref, nous proposons de questionner l’opposition souvent établie entre la religion et l’intégration, tout en cernant des créneaux d’ouverture entre des groupes différents au sein du religieux, sans négliger les instances où les clivages sociaux (ethniques ou autres) trouvent expression dans la religion.
Date :Programme
Religion et intégration dans un Québec pluriel et séculier
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La religion et l'intégrationDeirdre Meintel (UdeM - Université de Montréal)
Souvent la religion est abordée en tant que facteur de clivages sociaux. Nous arguons que, en fait, la religion contribue à l'intégration de la société québécoise et ce, à la base de recherches portant sur plus qu'une centaine de groupes religieux à Montréal. Nous montrerons 1) les diverses façons que les groupes religieux aident à l'insertion des nouveaux arrivants ; 2) que les groupes religieux constituent des sites de relations interethniques où celles-ci se présentent différemment que dans l'ensemble de la société; 3) que le chéminement religeux (ou « spirituel ») des acteurs religieux touchés par notre étude, qu'il soient nés au Québec ou ailleurs, semble leur rendre tolérants de la religiosité des autres.
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Les lieux de culte comme espaces d'intégration pour les nouveaux arrivants : l'exemple de l'EstrieClaude Gélinas (UdeS - Université de Sherbrooke), Michèle Vatz-Laaroussi (UdeS - Université de Sherbrooke)
À l'inverse de ce qui prévaut à Montréal, les nouveaux arrivants qui s'établissent en Estrie ont rarement tendance à se regrouper à l'intérieur de groupes religieux composés d'une majorité de migrants. Actuellement, seuls les musulmans font exception à cette règle. Ceci implique que ce sont des groupes religieux composés à majorité de citoyens natifs et de tradition chrétienne qui accueillent les migrants et qui deviennent, dans ce contexte, des espaces interculturels. Notre objectif ici consiste à saisir comment, d'une part, ces groupes religieux permettent ou non aux nouveaux arrivants de maintenir et d'exprimer leurs particularismes identitaires et culturels et comment, d'autre part, ils favorisent ou non l'intégration plus large de ces derniers à l'échelle de la population estrienne. Nous prenons appui sur les résultats préliminaires de deux projets de recherche parallèles portant respectivement sur le parcours migratoire des familles immigrantes en Estrie et sur l'état du pluralisme religieux dans la même région.
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Jeunes chrétiens et musulmans au Québec : quelle intégration pour quel espace public?Josiane Le Gall (CSSS - Centre de santé et des services sociaux de la Montagne), Géraldine Mossière (UdeM - Université de Montréal)
La littérature empirique considère habituellement les primo-immigrants comme une génération sacrifiée au profit de la mobilité économique et sociale de ses enfants. Les études se fondent sur le plurilinguisme des jeunes et sur leur méconnaissance des pratiques culturelles de leurs parents pour présenter cette catégorie d'immigrants comme une génération de l'entre-deux, permettant de faire lien entre les nouveaux arrivants et la société d'accueil. Dans cette présentation, nous proposons de dépasser ces paramètres en présentant nos recherches ethnographiques sur la religiosité de jeunes immigrants de confession musulmane et pentecôtiste à Montréal. En décrivant comment ces derniers maintiennent voire revitalisent la religion de leur parents ou se tournent vers d'autres traditions religieuses, nous examinerons leurs modes d'appartenance sociale et de participation publique qu'ils traduisent. Nous montrerons ainsi que ces comportements religieux s'organisent le long de réseaux sociaux transnationaux, au sein d'espaces de moralité globaux, qui invitent à repenser les notions de société d'accueil, d'espace public et d'intégration.
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Religion, citoyenneté et groupes minoritaires:Le cas de trois écoles – juive, musulmane et Steiner – en contexte montréalaisStéphanie Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans les débats publics actuels, la religion et la citoyenneté sont souvent perçues comme deux formes d'appartenance en relative concurrence. Cette question se pose plus particulièrement dans le cas des écoles privées privilégiant une dimension religieuse ou spirituelle, suspectées d'endoctriner les enfants ou de les « ségréguer » selon leurs croyances. Or, notre observation ethnographique menée au sein de trois écoles de groupes ou de courants minoritaires – juive, musulmane, Steiner – ne semble pas confirmer cette hypothèse. Nos résultats illustrent en effet que ces trois écoles développent des conceptions de la citoyenneté qui imbriquent dans un « particularisme universel »(Riedel, 2008) une ouverture à la diversité et une volonté de participation au reste de la société à la transmission d'un vecteur spirituel ou religieux particulier, servant de « dais sacré » aux valeurs civiques. Ainsi, dans l'école Steiner, nous avons observé que les enseignants opéraient une « universalisation » du spirituel tel que conçu par l'anthroposophie, alors que dans l'école musulmane, ils cherchaient à développer des citoyens à la fois Canadiens/Québécois et musulmans, ancrés dans leur « culture » religieuse et impliqués dans la société plus large. Les acteurs de l'école juive transmettaient, dans la même perspective, des valeurs définies comme « universelles », archivées dans le judaïsme, tout en encourageant l'implication dans des activités caritatives, à l'intérieur et hors de la communauté juive.
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Période de questions
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Pause
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Intégration et naturalisation des nouvelles pratiques spirituelles dans la région de LanaudièreDaniela Moisa (UdeM - Université de Montréal)
Plusieurs études ont déjà tiré le signal d'alarme sur l'abandon des lieux de
culte catholiques, sur la diminution de l'importance de la religion dans la société québécoise. Cette image est encore plus puissante lorsqu'on sort des grands centres urbains tels que Montréal. Or, une recherche dans la région de Lanaudière sur les spiritualités alternatives et le renouveau catholique révèle l'existence d'une dynamique spirituelle inattendue, plus ou moins visible, qui anime les anciens lieux de culte et qui engendre des nouveaux espaces de partage et d'échange spirituels. En laissant de côté la vision pessimiste de la
vulnérabilité religieuse, nous allons présenter comment la région de Lanaudière intègre et concilie une diversité de groupes d'immigrants en
recherche de nouveaux lieux d'attachement et de performance religieuse, aussi bien que des pratiques spirituelles et des croyances qui, souvent,
n'ont rien à voir avec la religion traditionnelle, catholique. De plus, cette réalité spirituelle locale est connectée et intégrée à une pluralité de réseaux sociaux et spirituels globaux, ce qui nous amène à se questionner sur la signification de lieu religieux, d'intégration et de convivialité religieuse. -
La diversité religieuse au-delà de la métropole : visibilité et reconnaissance des minorités religieuses à SaguenayYannick Boucher (UdeM - Université de Montréal)
La problématique liée aux minorités religieuses en région est un sujet encore peu exploré par les sciences sociales, en comparaison de Montréal. Que ces minorités soient le fait de l'immigration, comme dans le cas de l'islam, ou d'une religion implantée récemment comme le bahaïsme (union mixte); ou bien même qu'elles émergent d'une minorité historique comme les protestants évangéliques (québécois natif); on ne peut parler d'un pluralisme québécois sans prendre en compte la réalité des régions. L'objectif de cette communication est donc d'apporter un éclairage sur les questions de la visibilité et de la reconnaissance des minorités religieuses à Saguenay. Ces enjeux sont complexes et comportent de multiples dimensions (urbaine, citoyenne, communautaire et individuelle), où l'international, le national et le régional s'entremêle et influence le vécu quotidien de ces groupes. Nous attacherons ici une attention particulière à la dimension régionale afin d'y obtenir des points de comparaison avec les autres grands centres urbains du Québec.
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Quand le religieux devient « hors-la-loi »David KOUSSENS (UdeS - Université de Sherbrooke), Marie-Pierre Robert (UdeS - Université de Sherbrooke)
Si la circulation des pratiques, des acteurs et des institutions sur le marché mondial des biens symboliques a favorisé l'émergence d'inquiétudes similaires dans de nombreuses sociétés occidentales, les réponses juridiques qui y sont apportées s'inscrivent traditionnellement dans des contextes socio-historiques spécifiques à ces sociétés et s'ancrent dans des univers normatifs différents. Toutefois, la convergence des inquiétudes semble aujourd'hui susciter des réponses partageant elles-aussi certains traits communs. À cet égard, on observe que, depuis une dizaine d'années, le doit pénal est de plus en plus souvent convoqué pour lutter contre des religiosités dont l'expression choque la majorité: délit de «manipulation mentale» pour lutter contre les sectes en France (2002) ; interdiction du voile intégral en France (2010) et en Belgique (2011); débat sur la criminalisation de la polygamie en Colombie-Britannique (2011) ; jugement allemand associant la circoncision à une blessure corporelle (2012). S'inscrivant dans ce contexte, cette communication propose : 1) d'analyser les formes de criminalisation du religieux qui ont pu être retracées au Canada ces dernières années ; 2) d'interroger la tolérance de l'État canadien à l'endroit de minorités religieuses socialement mal acceptées auxquelles s'imposerait désormais une exigence d'adhésion visible à des valeurs communément partagées, sous peine d'être juridiquement condamnées à la mort civile.
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Discussion
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Période de questions
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Synthèse