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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Dans le cadre de ce colloque, nous invitons les personnes intéressées à la réflexion sur le rapport entre la traduction et la notion de frontière, tant physique que métaphorique, afin d’analyser le rôle que la traduction et les traducteurs jouent dans les échanges interlinguistiques et interculturels.

La frontière, cette limite entre deux territoires, prend parfois la forme d’une véritable région frontalière, avec toute la complexité que cela implique. En traductologie, l’un des principaux apports des théories « culturelles », néo-coloniales, et féministes a été de formuler la problématique de la traduction en termes pluriels, en dépassant l’aspect binaire de la culture source et de la culture cible. La traduction se présente alors comme un espace d’échange, de mixité, de métissage linguistique (aspects linguistiques, culturels, sociologiques, voire anthropologiques de la traduction); mais aussi un lieu de pouvoir (création des identités nationales, contrôle des influx migratoires et des influences étrangères, question des politiques linguistiques et culturelles), et potentiellement, de conflit (enjeux politiques et diplomatiques de la traduction, rôle des traducteurs et interprètes comme médiateurs).

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Regards canadiens et frontière

  • Du texte à la performance : les multiples frontières du texte de théâtre hétérolingue et de sa traduction
    Louise Ladouceur (University of Alberta)

    Le bilinguisme des Franco-Canadiens a donné lieu à de multiples représentations théâtrales dont les formes ont varié selon les époques et les contextes de production et qui ont fait appel à diverses stratégies de traduction. Les premières manifestations d'hétérolinguisme sur les scènes franco-canadiennes à l'ouest du Québec contribuent à l'affirmation de la langue vernaculaire qui a marqué les années 1970 (Ladouceur 2010a). Comme c'est le cas de Je m'en vais à Régina du Franco-Manitobain Roger Auger, produite à St-Boniface en 1976. La nouveauté de cette écriture bilingue suscite des réserves et la pièce n'a pas fait l'objet d'une traduction. Quelques années plus tard, l'auteur franco-ontarien Jean Marc Dalpé propose des textes hétérolingues où l'anglais occupe une place minime et accessoire (Ladouceur 2010b). Créée en 1988, sa pièce Le chien fait l'objet d'une traduction anglaise qui efface les traces d'hétérolinguisme du texte initial.

    La communication envisagée traitera des défis que posent à la traduction ces textes de théâtre hétérolingues, des frontières qu'ils tracent et des procédés mis en œuvre par la traduction pour les franchir ou les déplacer. Elle fera voir, enfin, les obstacles que rencontre la traduction d'une écriture hétérolingue où les frontières entre les langues deviennent de plus en plus poreuses et où le sens de l'énoncé réside dans la perméabilité des divers codes linguistiques en présence.

  • Les retraductions des Anciens Canadiens : un cas unique dans la littérature canadienne-française du 19e siècle
    Alexandra Hillinger (Université Concordia)

    Dans le cadre de nos études doctorales, nous nous penchons sur les traductions de quatre romans canadiens-français écrits au XIXe siècle et qui entrent dans la catégorie des premiers romans canadiens-français, à savoir L'Influence d'un livre, Les Anciens Canadiens, Angéline de Montbrun et À l'œuvre et à l'épreuve. De ces œuvres, seul Les Anciens Canadiens a fait l'objet de retraductions (une première traduction a paru en 1863, une deuxième en 1890 et une troisième en 1996).

    Dans notre communication, nous nous proposons d'explorer le contexte sociohistorique qui a mené à la production de la dernière traduction des Anciens Canadiens. Par la suite, nous nous pencherons sur la traductrice de la troisième version, en explorant sa « position traductive » et son « projet de traduction » (Berman, 1995, p. 73‑74). Nous croyons qu'il est important d'aller à la recherche de Jane Brierly, puisqu'elle a réfléchi sur les deux premières traductions avant de rédiger la sienne et elle a affirmé que les deux premiers traducteurs « failed to genuily rediscover the author » (Gaspé, 1996, p. 16). Nous examinerons donc les traductions de termes issus de la langue populaire canadienne-française afin de démontrer que Brierly se distingue de ces prédécesseurs.

  • Traduire à la frontière de l'humour : ne pas trépasser (no trespassing)
    Pier-Pascale Boulanger (Université Concordia)

    La traduction d'un texte humoristique amène le traducteur à rencontrer la frontière parfois étanche des cultures, car ce qui fait rire le lecteur source ne fera pas nécessairement rire le lecteur cible; il faudra adapter le texte. Par son jeu de mots, notre titre annonce que la tâche de traduire le texte d'humour est éprouvante, mais qu'il ne faut pas succomber face à la difficulté. Dans son versant anglais, il annonce la visée ethnocentrique assumée de la traduction du texte d'humour, selon laquelle le traducteur ne doit pas laisser le texte original empiéter sur sa traduction.

    À partir de notre traduction du roman Here Comes Hymie! (1990), qui raconte avec beaucoup d'humour la vie à Montréal d'un Juif hongrois ayant fui les camps nazis, nous définirons ce qu'est la traduction ethnocentrique et illustrerons les cas où elle a été nécessaire afin d'accomplir la visée du texte : faire rire.

  • Pause

Communications orales

Frontières linguistiques et sociales

  • Le rôle de la traduction de littérature catalane vers l'espagnol pendant la dictature franquiste
    Maria Dasca (Université Pompeu Fabra (Barcelona))

    Objet de persécution, la littérature catalane publiée entre 1950 et 1975 subit des problèmes pour reprendre le contacte avec les lecteurs. Certains écrivains en catalan, tels que les romanciers Mercè Rodoreda et Francesc Benguerel, essayent d'élargir la diffusion de leur œuvres à travers la traduction (ou auto-traduction) vers l'espagnol. Dans ce processus, ils introduisent des changements dans la conception et révision de leurs textes. Dans ce sens, la traduction entre des langues proches peut être considérée comme une partie intégrante du processus de création. Cette opération n'est possible qu'avec la complicité d'un marché éditorial en émergence et le déploiement d'un système bilingue de prix littéraires.

    L'objectif de cette communication est d'établir un bilan sur le rôle de la traduction vers l'espagnol dans la création littéraire catalane entre 1950 et 1975. Dans notre étude, on vaprendre en considération : a) le contexte de parution de chaque ouvrage et le degré d'intervention de la censure, b) le rôle des acteurs du marché éditorial, c) le modèle linguistique et littéraire sous-jacent à chaque version des textes.

  • Lectes et gabarits : imaginaire translectal dans Allah n'est pas obligé
    Christian Uwe (Université Catholique de Lyon)

    La question de la traduction peut faire l'objet de plusieurs approches parmi lesquelles la perspective théorique de la traductologie, celle du praticien-traducteur ou encore selon une conjugaison des deux perspectives. Il arrive cependant que la littérature se saisisse aussi — et d'emblée — du problème des frontières linguistiques et/ou lectales auquel, du reste, les œuvres littéraires ne semblent guère pouvoir échapper. Si ces frontières sont intuitivement conçues entre deux langues différentes, il n'est pas moins vrai qu'elles peuvent aussi contribuer à révéler la pluralité inhérente à une même langue. C'est pareille pluralité que relève, tel un défi, le jeune narrateur d'Allah n'est pas obligé, dont l'ambition est de s'adresser aux « francophones de tout gabarit ». La négociation linguistique de l'enfant-soldat double ainsi la négociation existentielle qui conditionne son errance, entraînant au passage l'analyste à interroger le rapport de la langue avec sa propre diversité, mais aussi avec le style, l'histoire, voire avec les cultures.

  • Dîner

Communications orales

Pratiques traductionnelles et frontières définitoires

  • Les paratextes de traduction : zones marginales, zones frontalières
    Marie-Alice Belle (UdeM - Université de Montréal)
  • À la limite de la traduction : le cas de Pierre-Antoine de La Place
    Marie-France Guénette (UdeM - Université de Montréal)

    En 1745, Pierre-Antoine de La Place (1707-1793) publie la première « imitation » française d'Oroonoko, or the Royal Slave (1688), célèbre récit d'Aphra Behn. La Place lui donne « un habit français » (Behn, 1745) et y incorpore des éléments de l'adaptation théâtrale d'Oroonoko par Thomas Southerne (1699). Tel une adaptation, son texte témoigne d'« une certaine liberté du traducteur – à qui il serait alors permis des modifications [...] au texte de départ, pour mieux le plier aux récepteurs visés » (Gambier, 1992, p. 1).

    Cette présentation vise à expliquer en quoi l'Oronoko de La Place est à la fois une traduction, une imitation et une adaptation des deux textes originaux anglais. Nous nous appuierons sur la théorie d'Yves Gambier selon laquelle toute traduction est adaptation, et vice versa (1992). Nous montrerons comment La Place a su brouiller les frontières entre les diverses pratiques traductives pour créer une œuvre nouvelle.

  • Traduction transdisciplinaire : entre différence et répétition
    Salah Basalamah (Université d’Ottawa)

    S'appuyant sur la métaphore de la Bildung, Berman avait défini l'objet d'étude de la traductologie comme à la fois un processus et un produit (1984). La traduction étant en même temps le mouvement de l'action de traduire et le résultat de celle-ci. Aujourd'hui, après les tournants culturel et sociologique, le champ définitoire de la traduction s'étend de plus en plus loin de son centre de gravité linguistique pour franchir les frontières des autres disciplines. Pas tant parce que la traductologie a trouvé un élan « impérialiste » (Kaindl, 2004) qu'elle a, en réalité, peut-être commencé à constater la dissémination transdisciplinaire de son objet, non plus comme outil pratique ou le détonateur d'effets culturels, mais bien plutôt comme concept heuristique à vocations multiples. Si la philosophie de Ricœur a proposé le « paradigme de la traduction » (2001) comme un mode de compréhension de l'altérité et d'hospitalité de celle-ci, elle n'en a pas pour autant investigué les portées interdisciplinaires et transdisciplinaires. Ainsi conçu comme un archétype de « la transformation réglée » (Derrida, 1972), le paradigme traductif nous permet d'observer la présence et l'évolution de la traduction dans les autres disciplines (des sciences humaines et sociales dans une première étape). Une tâche que nous voudrions tenter dans un projet de recherche en cours.

  • Pause

Panel / Atelier

La traduction à  la  croisée  des  frontières  linguistiques,  temporelles,  culturelles,  politiques,  sociales,  poétiques,  scientifiques  et  autres

Participant·e·s : Salah Basalamah (Université d’Ottawa), Judith Lavoie (UdeM - Université de Montréal), Danièle Marcoux (Université Concordia)

Communications orales

Frontières et espaces politiques (I)

  • L'idéologie comme frontière : la traduction des discours politiques canadiens
    Chantal Gagnon (UdeM - Université de Montréal)

    Parce que l'idéologie renvoie aux croyances et aux valeurs partagées collectivement par un groupe social (Hatim et Mason 1997), cette notion constitue un excellent outil pour étudier la question identitaire. Par exemple, nous avons déjà montré que pour défendre le nationalisme canadien, le gouvernement fédéral a mis l'accent, en français, sur les valeurs démocratiques en utilisant des termes comme « citoyens » ou « concitoyens », alors que pour les mêmes extraits, l'anglais présentait des valeurs patriotiques, avec « fellow Canadians » (Gagnon 2009). On comprend qu'au Canada, l'idéologie reflète les frontières sociales, politiques et culturelles qui séparent les communautés linguistiques officielles. Les études canadiennes en traductologie ont bien montré que la traduction joue à la fois un rôle de rapprochement (on pense aux travaux de Sherry Simon) et d'éloignement (les travaux de Brian Mossop, par exemple). La présente communication étudiera la façon dont la frontière idéologique se manifeste dans les discours du trône de la Chambre des communes canadiennes au cours du XXe et du XXIe siècle.

  • La traduction, les paratextes et les textes politiques : l'encadrement des référendums québécois sur la souveraineté
    Julie Mcdonough Dolmaya (Collège universitaire Glendon)

    Au Canada, les années 70, 80 et 90 ont donné lieu à la publication de plus de mille ouvrages—et une
    centaine de traductions—portant sur le nationalisme québécois, les mouvements indépendantistes et les
    référendums sur la souveraineté. Malgré la diversité de ces publications (biographies, analyses
    politiques, essais polémiques, etc.), presque tous ces ouvrages portaient sur des thèmes qui ont
    provoqué la controverse au Canada. Les paratextes qui se trouvent dans les traductions de ces textes
    sont donc une ressource importante qui illumine les différences perçues entre les opinions politiques
    des lecteurs anglophones et francophones. On y retrouve aussi une indication de la façon dont on
    concevait la traduction dans ce domaine : est-ce c'était une activité à soutenir ou à résister, et pour
    quelles raisons?
    Cette communication aura pour but d'analyser les paratextes dans les traductions anglaises et françaises
    de ces textes. Elle va démontrer la façon dont les textes français qui soutenaient la souveraineté ou qui
    condamnaient le fédéralisme canadien étaient présentés aux lecteurs anglophones, et la façon dont les
    textes anglais qui attaquaient les Québécois francophones ont été par la suite présentés à ce public
    critiqué. Enfin, elle va étudier les caractéristiques partagées par les paratextes anglais et français,
    examiner les différences entre ces derniers, et tenter de déterminer pourquoi ces différences et ces
    similarités existaient.

  • La traduction du discours de Philadelphie : une frontière culturelle, paradigmatique et stratégique
    Delphine Olivier-Bonfils (UdeM - Université de Montréal)

    Le 18 mars 2008, Barack Obama, alors sénateur de l'Illinois et candidat à l'investiture du parti démocrate pour l'élection présidentielle américaine de novembre 2008, exprimait au musée de la Constitution de Philadelphie ses convictions sur les rapports raciaux aux États-Unis lors d'un discours acclamé par la presse internationale, dont la traduction en français était publiée dès mai 2008 par la maison Grasset (Paris). Il apparaît que, loin de n'être qu'un texte frontière de plus entre États-Unis et Europe francophone, cette traduction constitue également une frontière entre politique et humanisme, ainsi qu'une frontière entre savoir du traducteur et pouvoir de l'éditeur. L'étude du paratexte (Genette, 1987) dans le cadre de l'approche socioculturelle (Lépinette,1997, 2003) et celle de la taxonomie des glissements en analyse du discours (Gagnon, 2006, d'après Chesterman, 1997) permettent d'appréhender cette réalité.


Communications orales

Frontière, altérité, interculturalité 

  • Les limites de la traduction et l'émancipation des colonies espagnoles en Amérique du sud
    Alvaro Echeverri (UdeM - Université de Montréal)

    n linguistique, la définition des concepts de base tels que mot ou sens est loin d'être un problème résolu ou anodin. Une situation similaire se présente dans le cas de la traductologie et la définition du concept de traduction. Comme l'exprime Maria Tymoczko dans le chapitre de son ouvrage Enlarging translation, empowering translators (2010 : 60-100) consacré à la définition du concept de traduction, la définition de traduction doit rester ouverte afin de s'adapter aux besoins de la communication et des interaction transfrontalières.
    Dans notre communication, nous nous pencherons sur les pratiques traductionnelles adoptées par les traducteurs des textes politiques entre 1780 et 1820 en Amérique Latine. Les pratiques d'appropriation, d'adaptation et d'imitation auxquelles ont eu recours ces traducteurs repoussent les frontières définitoires de la traduction et révèlent une poétique propre à un moment historique, à une région et à une conception de la traduction.

  • Frontière et évangélisation : l'importance de la traduction
    Jonathan Crête (UdeM - Université de Montréal)

    Dès sa fondation en 1540 à Rome, la Compagnie de Jésus franchit les frontières afin d'évangéliser les peuples éloignés de Rome et de combattre l'hérésie. En 1570, plusieurs membres de la Compagnie se rendent en Amérique dans l'objectif de convertir les autochtones à la foi catholique. Les jésuites sont les derniers à prendre part à la conquête spirituelle du Nouveau Monde, et les premiers à quitter celui-ci en 1767, ce qui ne les a pas empêchés d'avoir un impact considérable sur l'évangélisation des autochtones par le biais de leurs activités langagières. Dans une approche descriptive (Toury, 1995 et Lépinette, 2010), nous étudierons ces activités langagières plus particulièrement dans la Province du Venezuela, à savoir la traduction de catéchismes et autres textes religieux, l'élaboration de glossaires et de grammaires et l'enseignement des langues.

  • Dîner

Communications orales

Frontière et espaces politiques (II)

  • Le front de l'est et le méridien : traduire l'après-guerre en personne
    Marc-Alexandre Reinhardt (UdeM - Université de Montréal)

    Dans le cinéma de Konrad Wolf et l'écriture de Paul Celan, ces deux figures liminales – Le front de l'est et le méridien – sous-entendent les déplacements, géographiques et langagiers, occasionnés par la deuxième guerre mondiale. Si dans les deux cas l'expérience de guerre a été vécue en personne, leurs œuvres présentent un rapport différent à l'histoire et révèlent une disposition éthique particulière dont témoigne à certains égards la matérialité même de leurs médiums respectifs. Cette communication propose une étude comparative du film Ich war 19 (1968) de Wolf et de quelques écrits (poèmes et prose) de Celan afin de montrer comment le récit audiovisuel autobiographique de Wolf, soldat interprète pour l'armée russe durant le conflit et médiateur culturel de premier plan en RDA, se distingue de la réponse à l'histoire donnée par Celan, traducteur et poète notoire de la littérature germanophone d'après-guerre. La figure épistémologique de la traduction sera ainsi explorée dans sa dimension métaphorique et éthique afin mettre en lumière, d'un média à l'autre, certains enjeux relatifs aux tensions identitaires en lieux de conflits, aux modalités de transmission historique et à la manière d'être au temps dont l'acte de traduire constitue une expérience paradigmatique. Il s'agira, en filigrane, d'esquisser une démarcation entre deux conceptions de la traduction, l'une extensive et l'autre intensive, qui participent chacune singulièrement à l'économie du savoir.

  • Traduire ou (re)composer les frontières : l'expérience poétique et politique du concert dans l'Elégie à Pablo Neruda de Louis Aragon
    Margaux Valensi (Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3)

    Souvent envisagée comme borne, limite, point de séparation ou de démarcation, la frontière peut se comprendre aussi comme un lieu de partage, d'hospitalité, de polyphonie où s'entrelacent des voix, des accents et des images. Lorsque Pablo Neruda perd sa demeure suite au tremblement de terre de 1965 au Chili, son fidèle ami Louis Aragon écrit Élégie à Pablo Neruda. S'improvisant traducteur d'Estravagario de Pablo Neruda, le poète français investit l'espace textuel comme un lieu de concert, où deux voix poétiques s'accordent et habitent le texte. L'Elégie à Pablo Neruda se métamorphose en demeure, un espace commun, politique au sens littéral du terme, capable de penser un « nous » dans la catastrophe.

    L' « hospitalité langagière[1]» et politique qu'offre Aragon au poète chilien se double dès lors d'une réflexion poétique dans la mesure où Aragon abolit la frontière entre intertextualité et traduction : la traduction se veut aussi fusion et appropriation de la voix de l'autre. Pour Louis Aragon traduire rime ainsi avec réunir et abolir, deux procès qui nous invitent à repenser la notion de frontière qu'elle soit géographique, politique ou poétique.

    [1]RICOEUR Paul, Sur la traduction, éd. Bayard, 2004, Paris.

  • La traduction comme révélateur du désir de frontière : tension entre nationalisme et cosmopolitisme dans le Mexique du 20e siècle
    Cécile Serrurier (Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3)

    Articuler les notions de frontière et de traduction est insuffisant si l'on ne fait pas de la frontière un seuil, refusant l'idée de ligne pour lui substituer celle de tiers-espace, où le geste interculturel est moins de l'ordre du passage que de l'hybridation. La frontière Mexique-USA est un exemple connu d'espace où il y a métissage car passage (souvent violent : voir l'hétérolingue Borderlands/La Frontera : The New Mestiza, de Gloria Anzaldúa). Une autre zone frontalière m'intéresse : celle qui sépare les écrivains-traducteurs mexicains du début du XXe siècle, à la recherche de capital culturel (modernismo et Ateneo de la Juventud), de la France qu'ils traduisent ; ils ne passent aucune frontière mais perturbent le rêve ethnocentrique que se formule la culture mexicaine alors en construction. Les réactions qu'ils suscitent révèlent le désir de frontière des partisans du nationalisme culturel, phénomène caractéristique d'une société postcoloniale ; je les évoquerai en parallèle avec les différentes relectures de la figure historico-mythique de la Malinche, paradigme tour à tour de la traduction, de la traîtrise ou de la bi-culturalité.

  • Mot de clôture