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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

En raison du contexte colonial qui fut le sien, l'Amérique française a connu depuis quatre siècles des configurations identitaires travaillées par de constantes transformations, des migrations de populations d'origines diverses elles-mêmes soumises aux continuités et aux ruptures successives des ensembles socio-historiques dans lesquelles elles s’inscrivaient mais non sans impliquer la construction de rapports spécifiques à la langue autant dans les pratiques que dans les discours (Woolward : Language Ideologies 1998). Partant du projet « Le français à la mesure d’un continent » lequel a pour principal objectif d’observer justement les idéologies et les pratiques linguistiques dans des sites précis de la francophonie nord-américaine (l’Acadie, le Québec, la Louisiane, etc. ) et européenne, le but de ce colloque sera de nous interroger, dans une démarche comparative, sur les discours qui caractérisent ces pratiques et d’analyser les idéologies linguistiques qui les sous-tendent tout comme leurs expressions – autant dans leurs similitudes que dans leurs différences.

Définissant les idéologies comme des croyances intériorisées qui ont partie liée avec les formes de pouvoir, et qui, de ce fait, sont historiquement et socialement produites et situées (Woolard 1998), celle qui est la plus présente dans les divers sites de la francophonie, est celle de l’idéologie du standard (Lodge 1997). Toutefois, la dominance que cette dernière a exercée est aujourd’hui battue en brèche par les rapports inédits que différents groupes de francophones établissent avec la langue française. Vivant au quotidien dans l’hétérogénéité des pratiques, ces groupes construisent de nouveaux imaginaires linguistiques et se détachent du modèle standard.

Ce colloque sera donc consacré à une réflexion sur les pratiques et les idéologies linguistiques propres aux différentes régions observées (l’Ontario, le Québec, la Louisiane et l’Acadie,) ainsi qu’aux continuités et aux ruptures que ces dernières recouvrent. En effectuant un retour sur les données relatives aux divers sites et aux matériaux d’observation recueillis (recherche archivistique, entretiens, corpus écologiques), les communications fourniront un éclairage pertinent sur les diverses modalités du vivre ensemble des francophonies nord-américaines. De plus, en croisant les observations faites sur les différents terrains, les communications permettront de comprendre comment les francophones se construisent selon les milieux où ils vivent et dans lesquels le français est, selon les contextes, majoritaire ou minoritaire et en analysant ces situations comme autant de preuves des nouvelles façons de vivre et de penser la francophonie.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Le français à la mesure d'un continent : des idéologies aux pratiques linguistiques

  • Le français à la mesure d'un continent : des idéologies aux pratiques linguistiques
    France Martineau (Université d’Ottawa)

    L'histoire de l'Amérique française est une suite d'adaptations, d'intégrations et d'innovations, dans un contexte de conflits coloniaux, de remodelages subséquents des frontières politiques, de mouvements de populations eux-mêmes liés à la colonisation et aux grands courants socio-économiques qui traversent le continent nord-américain et le monde occidental. Il en est résulté des brassages identitaires et des contacts linguistiquesqui ont façonné des identités linguistique et sociale complexes. Dans une perspective interdisciplinaire, le projet Le français à la mesure d'un continent (CRSH/GTRC) vise à comprendre les tensions entre idéologies et pratiques linguistiques dans des communautés de la francophonie nord-américaine (l'Acadie, le Québec, la Louisiane, etc. ) et européenne, du 17e au 21e s. Nous présentons les grands axes de ce projet ainsi que les questions théoriques qui le sous-tendent (par exemple, quels sont les critères structurants d'une communauté? quelles sont les principes cognitifs opérant dans le transfert linguistique? comment les modes migratoires influencent-ils l'intégration des nouveaux arrivants? Comment se déploient les nouveaux discours sur la francophonie et qui en sont les acteurs sociaux?). Puis nous discutons du corpus FRAN (Français d'Amérique du nord) issu du projet, premier corpus comparatif sur l'Amérique du Nord, et des exigences méthodologiques et théoriques dans l'élaboration de ce corpus.


Cocktail

Réception

Communications orales

Les idéologies ou le discours des acteurs sociaux en Acadie

  • Idéologies linguistiques en concurrence dans la construction de l'acadianité
    Mélanie Leblanc (Université de Moncton)

    Les communautés acadiennes ont subi des transformations importantes sur le plan socio-économique, notamment depuis les années 1990 alors qu'elles ont été forcées à repenser leurs stratégies de développement économique et culturel. Par le fait même, elles ont dû repenser leur façon de se construire comme communauté acadienne et/ou francophone. La création de programmes d'appui aux communautés minoritaires francophones par les gouvernements a permis aux communautés acadiennes de se réorganiser en développant, entre autres, le tourisme culturel, l'immigration francophone ou encore des partenariats d'affaires dans des marchés de plus en plus diversifiés. Alors qu'une idéologie du standard et du monolinguisme a été/est dominante dans l'espace acadien et dans la construction de l'acadianité, ces nouvelles réalités mettent au jour des discours idéologiques qui y font parfois concurrence.

    À partir d'un corpus d'entretiens réalisé auprès d'acteurs sociaux francophones, je me pencherai sur les idéologies linguistiques qui se manifestent dans deux communautés acadiennes, soit la région du Grand Moncton (Nouveau-Brunswick) et la Baie Sainte-Marie (Nouvelle-Écosse). Il s'agira de voir comment les nouvelles stratégies de développement socio-économique adoptées par ces communautés viennent renforcer ou encore déstabiliser l'idéologie linguistique dominante.

  • La circulation des femmes dans les espaces académiques et la (re)production des idéologies linguistiques en milieu minoritaire

    Avec l'ère actuelle de la mondialisation, il existe un mouvement accru de circulation des biens, des savoirs et des personnes à travers différents espaces francophones. Cette circulation est particulièrement évidente dans le cadre des espaces académiques où les francophones se déplacent pour étudier à l'extérieur de leur région d'origine. Ce flux vers les espaces académiques signifie également une multiplication des contacts entre francophones de différentes zones géographiques. La diversité linguistique est une réalité prégnante dans ce contexte et forcément, nous y retrouvons des discours sur la langue. En effet, à travers l'analyse de dix-huit entretiens menés en Acadie avec des personnes identifiées comme faisant partie de l'élite, nous chercherons à dégager comment leur parcours universitaire a contribué à façonner leur discours sur la langue française. Qui a étudié où et pourquoi? Quelles sont les idées qui circulent sur la langue en Acadie chez ces locuteurs? En quoi l'interaction avec d'autres francophones peut-elle reproduire certaines idéologies linguistiques en milieu minoritaire?

  • Être francophone à Moncton en Acadie : les artistes et le marché linguistique mondialisé
    Annette Boudreau (Université de Moncton)
  • Pause

Communications orales

L'approche écologique

  • Des « données écologiques » : les récolter, les comparer, les exploiter
    Françoise Gadet (Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris 10)), Anaïs MORENO (Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris 10))

    Notre réflexion méthodologique sera appliquée aux procédures de recueil de données, et à l'incidence des choix initiaux sur les possibilités de comparaison et d'exploitation. Les premiers corpus sociolinguistiques ont montré ce qui pouvait être tiré de données d'interviews sociolinguistiques, mais on peut aussi réfléchir à la diversification des sources de données. Ce qui ouvre des questions sur les qualités linguistiques comparées de faits langagiers venant soit d'interviews classiques, soit de données écologiques. Nos réflexions bénéficient de l'expérience de la constitution de deux corpus de francophonie accueillant des données écologiques: CIEL_F sur l'ensemble de la francophonie, et MPF sur les banlieues parisiennes.

    On souhaite ainsi mettre au point un recueil écologique sur plusieurs terrains du projet Le français à la mesure d'un continent. Quels faits linguistiques ou langagiers, absents ou peu documentés dans les interviews, se manifestent dans les documents écologiques? On illustrera la réflexion avec deux séries de faits; des phénomènes conversationnels ordinaires comme les chevauchements, et des faits grammaticaux comme le discours rapporté. Le terrain observé est ce qui servira de point de comparaison en France par opposition au Canada: des repas ordinaires enregistrés en Normandie.

  • Enquête écologique à Gatineau, le français autour de la table
    Jade DUMOUCHEL-TRUDEAU (Université d’Ottawa), France Martineau (Université d’Ottawa)

    Nous présentons les fruits d'une recherche sociolinguistique menée à Gatineau, ville québécoise limitrophe de l'Ontario. Par leur situation de contact étroit, les zones frontalières donnent lieu à la redéfinition d'enjeux sociopolitiques et linguistiques. Dans le cadre du projet Le français à la mesure d'un continent, différentes communautés frontalières ont été sélectionnées afin d'examiner les transferts linguistiques et les discours identitaires qui s'y déploient. Bien que majoritairement francophone, Gatineau présente d'importantes ressemblances avec les minorités francophones car la concurrence de l'anglais y est davantage ressentie qu'ailleurs en région au Québec. Nous avons entrepris une enquête de nature écologique auprès de locuteurs en situation d'interaction spontanée, lors de repas de famille ou entre amis. Nous analysons les formes linguistiques en variation (par exemple, l'absence de « que, » les prépositions orphelines) et nous les comparons avec celles d'autres terrains d'enquête, notamment Rouen, Moncton et Montréal, de façon à circonscrire la spécificité des variétés linguistiques. Nous montrons également l'effet du contexte de production libre sur les pratiques, par une comparaison de nos résultats à ceux obtenus en contexte variationiste. En nous interrogeant dans un contexte de mondialisation sur l'opposition entre milieux francophones minoritaire/majoritaire, cette recherche s'inscrit ainsi dans une réflexion sur les enjeux de la francophonie contemporaine.

  • Dîner

Communications orales

Les pratiques linguistiques à Montréal

  • Alternance de code et déplacement linguistique parmi des étudiants bilingues montréalais
    Eva Valenti (UdeM - Université de Montréal)

    L'alternance de code est un phénomène linguistique où un locuteur alterne librement entre ses deux langues (codes) dans un même énoncé ou tour de conversation ou à l'intérieur d'une conversation. Les études sociolinguistiques de l'alternance de code arrivent souvent à faire la distinction entre un code « nous » et un code « eux » selon les niveaux d'aise respectifs du locuteur par rapport aux deux langues concernées. Ce classement est plus complexe dans le cadre du Québec bilingue, car l'anglais et le français pourraient tous les deux être considérés soit comme un code « nous » soit comme un code « eux » selon la langue maternelle du locuteur, ou même selon son identité nationale ou politique. Le présent projet comporte une étude comparative des modes d'alternance de code d'étudiants francophones inscrits dans des institutions anglophones (Concordia & McGill) et d'étudiants anglophones inscrits dans des institutions francophones (l'Université de Montréal & l'UQAM). Le fait que ces étudiants soient linguistiquement « déplacés » (quoique volontairement) donne une idée de la façon dont ce phénomène se manifeste parmi des locuteurs qui se trouvent hors de leur « zone de confort » linguistique. Cela, par conséquent, donne un aperçu plus profond sur d'autres questions liées à l'identité québécoise, telles que la façon dont les anglophones et les francophones comprennent leur propre rôle linguistique dans le plus vaste tissu bilingue de la province.

  • La sociolinguistique montréalaise à l'échelle d'un quartier : mixité sociale et variation du français à Hochelaga-Maisonneuve
    Hélène BLONDEAU (University of Florida), Anne Bertrand (UdeM - Université de Montréal), Mireille TREMBLAY (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication porte sur les défis méthodologiques liés à la constitution d'un nouveau corpus de données documentant le français parlé à Montréal, dans le cadre du projet Le français à la mesure d'un continent. Nous présentons le premier volet du corpus qui comporte des entrevues sociolinguistiques de type variationniste dans un quartier francophone de la métropole. Sous forme de retour de terrain, nous prenons la mesure des enjeux de la francophonie contemporaine à l'échelle d'un quartier montréalais.

    Après avoir expliqué les motivations entourant le choix du quartier Hochelaga-Maisonneuve comme premier site d'enquête, nous montrons comment les changements récents dans la composition sociale du quartier ont entraîné davantage de mixité sociale. Cette mixité sociale se reflète d'ailleurs dans la composition de l'échantillon de locuteurs de notre corpus. Ceci nous amène à revoir comment les travaux sociolinguistiques antérieurs ont traditionnellement considéré ce quartier.

    Ensuite nous présentons les méthodes de cueillette, de transcription et de manipulation des données. Puis à titre d'illustration, nous examinons l'usage de deux variables morphosyntaxiques chez quelques locuteurs du corpus. Des observations sur la variation dans le système de la négation de même qu'entre entre les formes simples et composées du pluriel nous permettent de développer quelques hypothèses sur la relation entre les changements socio-démographiques du quartier et la variation sociolinguistique.

  • Pause

Communications orales

Des pratiques linguistiques à l'écriture

  • L'idéologie linguistique antillaise dans le discours littéraire
    André Thibault (Université Paris-Sorbonne (Paris 4))

    Les Petites Antilles françaises (essentiellement, la Martinique et la Guadeloupe) sont un territoire où les questions de langue occupent un terrain privilégié. Les phénomènes de contacts polyglossiques complexes entre créole, français régional antillais et français standard ont fait couler beaucoup d'encre, non seulement dans de nombreux essais (on pense bien sûr, entre autres, à Éloge de la créolité de Bernabé, Chamoiseau et Confiant), mais également dans la littérature, genre textuel qui permet aux auteurs d'exprimer leurs vues sur la question mais aussi d'expérimenter en passant de l'idéologie à la pratique. Dans le cadre de cette communication, nous nous pencherons sur quelques extraits particulièrement représentatifs des courants idéologiques qui révèlent les attitudes linguistiques dominantes dans les Petites Antilles, puis nous tenterons de voir jusqu'à quel point les productions discursives des auteurs antillais reflètent leur positionnement idéologique tel qu'il s'exprime parfois dans des essais, voire dans leurs romans mêmes, et enfin nous essaierons de voir en quoi l'expérience antillaise se rapproche mais aussi se distingue de ce que révèlent les terrains de la francophonie nord-américaine.

  • Ad fontes ou le français des origines en Louisiane
    Sylvie Dubois (LSU - Louisiana State University), Natacha JEUDY (LSU - Louisiana State University)

    Notre présentation porte sur la création d'un corpus épistolaire francophone, essentiellement de nature religieuse provenant de la Louisiane et de la France. Il s'agira de déterminer les caractéristiques sociolinguistiques de la hiérarchie francophone de l'Église catholique en Louisiane à trois périodes historiques. La première (1685-1725) correspond plus ou moins aux débuts de la colonisation de la Louisiane et comprend des lettres provenant d'évêques, de représentants d'ordres réguliers, d'ingénieurs et d'intendants vivants soit en Louisiane, soit en France avant leur depart pour l'Amérique. La deuxième débute peu après l'établissement de la Nouvelle Orléans et se termine vers la fin du régime colonial espagnol (1727-1800). La correspondance recueillie provient des archives de la communauté des Ursulines à la Nouvelle Orléans. La troisième période est composée de lettres écrites à partir de 1833, au moment où Antoine Blanc devient Évêque du Diocèse de la Nouvelle Orléans. Ce sous-corpus est composé de correspondance de prêtres séculiers, de prêtres réguliers, de religieuses et d'évêques qui utilisaient tous le français dans leur vie quotidienne en Louisiane. Cette population religieuse spécifique, composée majoritairement d'immigrants récents venant de France, exprime les énormes changements démographique et linguistique auxquels elle a dû faire face en Louisiane. La numérisation de ce corpus est en cours et sera intégré au corpus FRAN du projet GTRC.

  • Mot de clôture

Communications orales

Idéologies, identités et pratiques en Acadie, au Québec et en Picardie

Présidence : Hélène Blondeau (University of Florida)
  • Idéologies, identités et pratiques en Acadie, au Québec et en Picardie
    Julie Auger (IU - Indiana University)

    L'pére à Marie i connaît toute. Cette phrase, qui pourrait être produite tout aussi bien par un Acadien, un Québécois que par un Picard, illustre plusieurs traits qui distinguent chaque variété du “bon français” décrit dans les ouvrages prescriptifs. Un accès accru à un enseignement en français, une plus grande ouverture sur le monde et des réseaux de communication plus internationaux que jamais ne peuvent manquer de résulter en une plus grande conscience de tels “écarts”. Comme l'on peut s'y attendre, une telle conscience favorise l'abandon de nombreuses formes locales et l'adoption de mots et structures autrefois inconnus ou rares. Cependant, l'on observe aussi, de façon concomitante, une rétention de certaines formes, voire même une augmentation de leur usage dans des contextes qui devraient favoriser le recours à des formes standard, de même qu'un refus de certaines formes standard. Dans cette conférence, j'examinerai les discours et les pratiques en me concentrant plus particulièrement sur le Québec et la Picardie mais je tirerai aussi des comparaisons avec l'Acadie. Cette approche permet d'identifier des pratiques nettement distinctes dans les différentes communautés et m'amène à les interpréter en fonction des situations linguistiques particulières dans chaque communauté.