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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Dans le contexte des travaux poursuivis par les équipes de « La vie littéraire au Québec » et de « Penser l’histoire de la vie culturelle », notre colloque souhaite approfondir la compréhension de la rupture culturelle majeure qui survient dans le champ canadien-français au cours des années 1940. Cette rupture, dont diverses manifestations apparaissent tôt dans la décennie, scinde la vie littéraire en un « avant » et un « après ». Dans la grande presse, quatre facteurs présagent la métamorphose : la stabilisation de la page littéraire dans les grands journaux, la régularisation du personnel qui signe les critiques littéraires, l’approfondissement des commentaires sur les œuvres, l’augmentation significative d’œuvres canadiennes commentées. Généralement, les analystes ont interprété cette rupture comme un point tournant du processus d’autonomisation de la littérature canadienne-française. Ils ont eu tendance à restreindre leur perspective à la portion la plus légitime de la production culturelle, de même qu’à la presse spécialisée qui émerge à cette période, plutôt que de considérer son effet global sur l’ensemble du champ, alors qu’ils accordaient une plus grande attention aux arts plastiques, mais moins à la musique ou au cinéma. Ainsi, plusieurs traces de ces bouleversements sont laissées dans l’ombre, tant les différents lieux que les différents moments d’un continuum par lequel se met en place une modernité médiatique qui, pour le Canada français, précède la modernité esthétique et agit sur son éclosion. La pleine compréhension de la complexité du système qui provoque cette rupture offre l’occasion d’une saisie inédite de la façon dont la vie culturelle fait sens dans l’ensemble de la société. Ce sont les modalités du saut qualitatif qui apparaît dans la production culturelle de cette époque qui nous intéressent ici, dans la mesure où à la fois le pôle médiatique, le pôle restreint, le marché, la critique et les institutions acquièrent d’un coup une maturité nouvelle.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

La fiction en temps de guerre

Présidence : Marie-Frédérique Desbiens (Université Laval)
  • Mot de bienvenue
  • La fiction sous influence : fiction et média
    Denis Saint-Jacques (Université Laval)

    Cette communication veut éclairer les conditions de production et de distribution déterminant le profond changement qui affecte le champ de la fiction littéraire au Québec durant les années de la Deuxième Guerre mondiale, alors que la littérature ne semble que peu portée à la thématiser explicitement. L'examen ne touchera pas uniquement le domaine des œuvres publiées en volume, romans ou récits brefs, mais également celles publiées en périodiques et en fascicules, ainsi que celles diffusées à la radio. Le champ mis en cause comportera donc tant le circuit restreint que celui de grande diffusion.L'enquête permettra de voir que, si la littérature légitime se réoriente de façon décisive vers des sujets, plus urbains, et une esthétique nouvelle, « psychologique », la fiction radiophonique tant narrative que lyrique exploite opportunément les thèmes aussi bien militaires que civils fournis par la conjoncture immédiate. Elle fera comprendre que, en bonne part, ces évolutions se trouvent fortement déterminées par les nouvelles conditions de diffusion qui s'organisent à cette époque et que la guerre, quand elle apparaît comme sujet explicite de représentation, doit cette visibilité à des demandes expresses. La littérature légitime échappe à de telles sollicitations, à moins que…

  • Évolution du roman urbain (1934-1945) : du roman bourgeois au roman du peuple
    David Décarie (Université de Moncton)

    Dans les manuels d'histoire littéraire québécois, le roman urbain se résume souvent à deux œuvres : Au pied de la pente douce de Lemelin (1944) et Bonheur d'occasion de Roy (1945). Je me propose ici de jeter un regard sur la production romanesque des dix années qui précèdent ces œuvres afin de nuancer le tableau et de mieux saisir leurs particularités. L'étude de cette période révèle que l'action de très nombreux romans a lieu en ville. Apparaissant sous la plume d'écrivains souvent prolifiques (Adrienne Maillet, Geneviève de la Tour Fondue, etc.), la ville se décline dans des romans aux thématiques et aux styles très variés. Un fil conducteur apparaît toutefois dans ceux-ci : la bourgeoisie. La majorité des romans urbains peignent en effet le portrait de cette classe sociale et cherchent à traduire ses aspirations, ses goûts, sa langue. L'urbanité de ces romans découle en bonne partie des milieux qu'ils mettent en scène : la bourgeoisie s'étant acclimatée aux grandes villes, les romanciers décrivent les lieux – bien souvent les quartiers huppés – où ils habitent. En examinant l'arrière-plan des romans urbains bourgeois, j'essaierai de mieux comprendre la spécificité des oeuvres de Lemelin et de Roy. Leur originalité ne réside pas seulement dans leur urbanité mais également dans leur intérêt pour une classe sociale très peu mise en scène dans le roman québécois jusqu'alors : celle du peuple. La ville décrite est avant tout celle des quartiers populaires Saint-Sauveur et Saint-Henri.

  • Période de questions
  • Pause

Communications orales

Enquête et prose d'idées

  • D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? Enquête sur la culture canadienne-française durant la Seconde Guerre
    Marie-Thérèse Lefebvre (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication présentera les résultats d'une vaste enquête sur l'existence d'une culture canadienne-française distincte, suscitée par André Laurendeau dans L'Action nationale, et ses répercussions au Quartier Latin, à La Revue populaire, au Jour, à La Revue moderne et dans Amérique française, entre le printemps 1940 et l'automne 1942. L'analyse cherchera à faire ressortir les perspectives différentes des 53 répondants, entre ceux issus du milieu intellectuel et ceux provenant du milieu artistique.

  • L'essai canadien-français : vers de nouvelles frontières?
    Karine CELLARD (Cégep de l'Outaouais), Anne Caumartin (Collège militaire royal de Saint-Jean)

    Dans le vaste domaine de l'essai canadien-français, si une rupture s'opère au cours des années 40, elle est sans doute liée à la conception et aux frontières du genre lui-même. En effet, les histoires littéraires publiées alors permettent de constater qu'en l'espace d'une dizaine d'années, une réévaluation majeure de la « valeur » de ce que l'on avait traditionnellement considéré comme de l'essai s'effectue. Simultanément à la fondation de plusieurs institutions consacrant la professionnalisation d'une pratique savante, Camille Roy, dans la réédition de 1939 de son Manuel, supprime par exemple l'entrée «science» préalablement incluse dans la table des matières de ses ouvrages. Une dizaine d'années plus tard, dans son Histoire de la littérature canadienne-française (1946), Berthelot Brunet élimine tout ce que les chapitres auparavant consacrés à l'essai comportaient d'éloquence, de sociologie, de politique et d'éducation pour ne plus retenir que la chronique, le journalisme et la critique littéraire. Quelles sont au juste les nouvelles frontières de l'essai ? Est-il légitime de reléguer au statut de non-littéraire un grand nombre d'ouvrages sur la société ou l'identité publiés par des intellectuels pour se concentrer sur un corpus d'articles de journaux et de revues ? Quelles sont les principales formes de subjectivité (le «je» essayistique) qui sont susceptibles de s'y déployer ? Telles sont les interrogations principales auxquelles nous tâcherons de répondre par cette présentation.

  • Saillies et paradoxes : Amérique française et l'émergence de l'essai
    Élyse GUAY (UQAM - Université du Québec à Montréal), Michel Lacroix (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Période de questions
  • Dîner

Communications orales

À la radio et à la scène

Présidence : Denis Saint-Jacques (Université Laval)
  • La chanson populaire et les années 1940 : point culminant ou rupture?
    Sandria P. Bouliane (Université Laval)

    La Deuxième Guerre mondiale met un frein à l'importation de disques européens et états-uniens; plus encore, la forte demande du matériau utilisé pour la fabrication des 78 tours force les maisons de disques à réduire leur production. Un premier constat est le suivant : jamais auparavant les artistes de la chanson canadienne-française n'auront occupé autant d'espace sur les ondes et dans les salles de spectacles. Avec les chansons de guerre naît la chanson country-western canadienne, avec les chansons d'après-guerre jaillissent les cabarets-spectacles. Les éditeurs profitent aussi de l'occasion pour rassembler la population autour de chants patriotiques et folkloriques publiés dans des recueils de chansons canadiennes qui se retrouvent partout à l'école, à la maison et dans les lieux de loisir. Le second constat est le retour en force et la volonté pressante d'une culture populaire musicale et nationale puisant dans le folklore. Par ailleurs, en prenant acte du fait que les métamorphoses suscitées par le microsillon (le 45 tours), par l'utilisation d'instruments électrifiés et par le rock'n'roll ne marquent pas le paysage de la chanson avant le milieu des années 1950, nous pouvons ébaucher un troisième constat sinon poser la question suivante : les années 1940 témoignent-elles d'une rupture ou du point culminant de l'évolution de la musique populaire de la première moitié du 20e siècle ?

  • La révolution du temps au théâtre
    Lucie Robert (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Période de questions
  • Pause

Communications orales

Synthèse et discussions

Discutant·e·s : Denis Saint-Jacques (Université Laval)