L’écriture testimoniale répond aux attentes actuelles de notre société où se manifeste une propension à livrer publiquement l'expérience vécue d'un événement traumatisant. Proche de l’écriture biographique, le témoignage met de l’avant des questions éthiques, politiques et sociales. En amont de l’écriture testimoniale, on trouve une expérience et l’urgence de la raconter, tandis qu' en aval, se développent diverses pratiques du récit visant à reconstruire la mémoire collective. Comment s’effectue cette transition entre l’expérience et le récit? Comment définir et caractériser ce type d’écriture? Nous proposons d’aborder ces questions à partir de deux volets. Dans le premier, nous nous interrogerons sur les rapports qui existent entre, d’une part, le témoignage, les histoires et les expériences racontées et, d'autre part, entre l’Histoire et la refondation d’une mémoire collective. Selon cette perspective, le témoignage exprimerait ce que chaque expérience a d’unique et d’individuelle, mais il le ferait aussi selon l'horizon d'attente propre à chaque époque. Quels enjeux idéologiques mettent en lumière les récits de témoignage et que nous apprennent-ils sur la société dans laquelle vit le témoin?
Dans le second volet, nous voulons aborder les diverses formes d'énonciation de l'expérience vécue. On peut en effet envisager l’écriture testimoniale comme le lieu d’un échange entre le lecteur (ou l'auditeur) et le témoin au cours duquel celui-ci cherche à attester la valeur de son expérience pour éviter que les faits ne tombent dans l'oubli. Comment se négocie alors la frontière entre l'espace public et l'espace privé dans la circulation des discours et des écrits testimoniaux?
Les propositions de communication pourront porter sur des travaux théoriques, des analyses de textes ou des études comparatives, que ce soit sur les récits de témoignage ou sur des œuvres littéraires qui problématisent ces questions.