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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Domaine

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Deux sessions sont offertes cette année en ce vaste domaine. La première est consacrée à l'histoire de la philosophie, et va de maître Eckhart, en passant par Spinoza, à la discussion de thèmes contemporains tels le récit de fiction (P. Ricoeur), le corps (G. Bataille, Jean-Paul II et M. Henry), le soi (Hegel), l'expressivisme herméneutique (C. Taylor), la laïcité et les principes du discours politique conservateur canadien. La seconde session porte quant à elle sur des thématiques liées à la santé, au bien-être et aux soins. Un accent particulier y est mis sur l'expérience de la mort.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Histoire de la philosophie

  • Le corps au coeur de la mystique de Georges Bataille
    Marion Avargues (UdeM - Université de Montréal)

    Nous nous proposons de mettre en lumière le rôle que joue le corps dans la quête mystique de Georges Bataille. Ce dernier n’a en effet cessé de tendre vers ce qu’il appelle la communication sans bornes avec le cosmos, à savoir une communion qui est de l’ordre du sentiment océanique. Nous tâcherons plus précisément d’éclaircir l’horizon de sa quête en décryptant sa valorisation de l’ « acéphale » (l’homme sans tête).

    Nous nous pencherons tout d’abord sur le fait que Bataille opère un complet renversement du rôle joué par le corps dans la mystique chrétienne traditionnelle. Nous verrons que, bien loin de considérer le corps comme une prison pour l’âme, il préconise au contraire sa complète libération. Nous tenterons par la suite de comprendre en quoi l’expérience érotique, soit une expérience à la fois du corps et du dedans, frôle le champ de la mystique. Enfin, nous rapprocherons cette expérience d’une œuvre taoïste de la Chine ancestrale : le Zhuangzi, de façon à démontrer que la valorisation du corps ne se limite pas à l'oeuvre de Georges Bataille, mais épouse le coeur d'autres mystiques.

  • De la théologie à la philosophie du corps
    Alex Deschênes (Université Laval)

    Depuis une dizaine d'années, la Théologie du corps de Jean-Paul II rencontre un succès considérable tant dans les milieux universitaires que populaires. Certains n'hésitent pas à qualifier celle-ci de « tournant, non seulement dans la théologie catholique, mais aussi dans l'histoire de la pensée moderne1 ».

    Devant ce succès de plus en plus incontestable, la question s’impose de savoir quelle pertinence a la Théologie du corps en dehors du christianisme. Est-il possible de dégager de la Théologie du corps une philosophie du corps, afin de la mettre en dialogue avec les philosophes contemporains qui ont réfléchi sur la question, entre autres Michel Henry, Michel Foucault et Judith Butler?

    À l'opposé des thèses de Butler et Foucault, Jean-Paul II considère le corps comme l’expression de la personne. Le corps a la capacité de manifester les émotions et les intentions les plus profondes. Par son sexe, il a surtout la capacité unique d’exprimer l’amour. C'est par le corps que l’être humain s’extériorise et s’accomplit dans le monde. Pour Jean-Paul II, la masculinité et la féminité ont une signification profonde, soit la capacité d’exprimer le don de soi par lequel l’être humain s’accomplit comme personne. Certains aspects de sa pensée révèlent une proximité étonnante avec la phénoménologie du corps de Henry.

    Cette confrontation avec la philosophie révèle sans conteste l'originalité de la Théologie du corps et sa pertinence pour la pensée moderne.

    1G. Weigel, Jean Paul II, p. 427.

  • Feinte et vérité dans le récit de fiction
    Joël Bégin (Université Laval)

    La fiction est, au premier abord, dénuée de référent : elle semble renvoyer à un travail libre de l’imagination qui, sans être complètement dissocié du réel, ne dit en fait rien du monde actuel. Or j’aimerais explorer, grâce à l’appareil conceptuel développé par Paul Ricœur dans La métaphore vive et le triptyque Temps et récit, l’hypothèse selon laquelle le discours fictionnel détient une référence et est à même de prétendre à une forme de vérité. Cette hypothèse est sous-tendue par l’idée que le langage porte toujours sur quelque chose, sur ce qui est. Comment soutenir cette assertion alors que le langage fictionnel, contrairement au discours ordinaire, fait advenir grâce à l’imagination cela même qu’il affirme? Il convient de se réapproprier, face à cette difficulté, le concept ancestral de mimèsis qui constitue, aux yeux de Ricœur, la dimension dénotative de la fiction. La mimèsis, loin d’être une pâle copie de la réalité, est à la fois soumission au réel et invention fabuleuse. C’est dire qu’une tension entre vérité et artifice est inscrite au cœur même de l’invention, auquel mot il faut restituer son double sens de découverte et de création. Il ne saurait y avoir de fiction sans une part de vérité. Le statut de cette vérité demeure toutefois ici indéterminé : il nous faudra tenter d’en asseoir le concept ailleurs que dans les sphères conventionnelles du vérificationnisme, de l’adéquation et de la cohérence logique, tout en en critiquant la portée.

  • Maîtrise et servitude : pour en finir avec Kojève
    Mathieu J. Lainé (Université Laval)

    Le rapport de la maîtrise et de la servitude n’a pas la signification que lui attribue ordinairement le commentaire. Ce rapport oppose deux faces antagoniques d’une seule conscience de soi, et non pas deux antagonistes (ou deux classes sociales). Contrairement, donc, à ce que prétendait Alexandre Kojève - dont l'interprétation de Hegel a été érigée en doxa dans la tradition marixenne ainsi que dans la tradition hégélienne - , le rapport de la maîtrise et de la servitude ne peut pas être lu valablement comme la matrice de la lutte des classes chez Marx. En fait, la lecture de la Phénoménologie de l'esprit et de la Philosophie de l'esprit révèle que ce rapport a une signification ontologique et non pas une signification sociologique, historique ou politique. Nous nous proposons donc dans le cadre de cette présentation d'expliciter la véritable signification de la dialectique du rapport de la maîtrise et de la servitude et de contribuer par là a expliciter la philosophie hégélienne elle-même.

  • L'expressivisme herméneutique de Charles Taylor
    Guillaume St-Laurent (UdeM - Université de Montréal)

    Dans le cadre de cette communication, mon objectif est d’esquisser les lignes directrices de l’‘expressivisme herméneutique’ de Charles Taylor en adoptant pour point de départ une brève analyse comparative du concept d’‘authenticité’ chez ce dernier et Heidegger. Cette discussion schématique me permettra de mettre en relief, en deçà des similitudes évidentes, les thèmes « expressivistes » (ex : « sources morales », « ressourcement », « identité », etc.) essentiels à ce qui pourrait être caractérisé comme son ‘hégélianisme modeste’. À l’encontre d’une interprétation influente de sa position (cf. Smith, 1997), je soutiendrai qu’une opposition trop forte entre les structures transcendantales formelles (les « cadres incontournables » ou « existentiaux ») et les identités historiques contingentes (les « ontologies morales » ou situations « existentielles » particulières) risque de rendre inintelligible ce que notre auteur décrit comme son « anthropologie de la liberté située » et sa problématique centrale de l’« individuation expressive ». Loin d’un simple exercice de relativisation historique, le dialogue herméneutique auquel invite toute l’œuvre de Taylor présuppose et exige tout autant l’articulation des limites concrètes de notre capacité de désengagement historique : essence et existence se nouent dans le « phénomène herméneutique » de manière beaucoup plus complexe que ce que pourrait laisser apercevoir une réflexion trop formaliste sur la finitude humaine.

  • Laïcité et vivre-ensemble dans les sociétés démocratiques et pluralistes
    Christian Alain Djoko Kamgain (Université Laval)

    Les sociétés occidentales sont de plus en plus en marquées par la diversité morale et religieuse. L’expression de cette diversité est cependant source de plusieurs frictions d’intensité variable. Dans ce contexte, la question qui nous intéresse prioritairement concerne les conditions de pensabilité et de plausibilité d’un Nous politique, dans lesquelles les citoyens libres et égaux, bien que profondément divisés entre eux en raison de leurs doctrines morales et religieuses (incompatibles entre-elles bien que raisonnables), souhaitent néanmoins vivre ensemble. Plus spécifiquement, on s’intéressera aux liens entre laïcité et vivre-ensemble dans les sociétés pluralistes contemporaines.

    Ainsi, l'hypothèse que nous voulons risquer dans les limites étroites de notre communication est la suivante : La laïcité en tant que principe politique visant l’équilibre optimal entre le respect de l’égalité morale et la protection de la liberté de conscience, est la plus à apte à prendre en charge les difficultés liées à la construction du vivre-ensemble dans les sociétés pluralistes.Toutefois, on montrera que si un certain degré satisfaisant de stabilité et de cohésion sociale peut être atteint par cette forme de laïcité dite libérale, il reste que l’effet de cette dernière en ressortirait renforcé si elle était assortie d’unprojet éducatif conséquent qui repose en dernier ressort sur une éthique de la reconnaissance et du bien commun.

  • Raison et justice au cœur du discours conservateur canadien, de John A. Macdonald à John Diefenbaker : une analyse du discours
    Éléna Choquette (UdeM - Université de Montréal)

    Quiconque se penche sur la question conservatrice se bute à quelques embûches, dont a) le peu de littérature savante consacrée à la circonscription conceptuelle du mouvement conservateur et b) la proposition répandue voulant que les dispositions conservatrices ne se théorisent pas. Il apparaît ainsi difficile de définir le rôle que le conservateur canadien confère à la raison, comme dispositif capable de discriminer le bien du mal, et tout aussi laborieux de circonscrire les formes de justice disponibles à l’esprit conservateur. De cette tension se dégage une question fondamentale : à travers l’histoire canadienne, quel rôle les conservateurs ont-ils octroyé à la raison et quelle forme de justice s’en est trouvée instituée? Pour répondre à cette question symptomatique du rapport ambigu des conservateurs à l’éternelle distinction « bien/mal » et au mécanisme capable de les départager, nous procèderons à une analyse du discours conservateur dans l’histoire canadienne depuis la Confédération jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Diefenbaker. Nous défendrons l’hypothèse selon laquelle le conservatisme s’assoit sur une épistémologie particulariste incapable de séparer le bon grain de l’ivraie avec méthode et système, mais que les formes de justice promues par elle ne s’en trouvent étonnamment pas moins définies. Nous en tirerons quelques conclusions pour la philosophie politique canadienne à partir du travail conceptuel entamé par Oakeshott (1962), Freeden (1996) et Dart (2004).


Communications orales

Questions de santé, soins et mortalité

  • Analyse philosophique des valeurs de l'ergothérapie
    Marie-Josée Drolet (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Comme toute profession, l’ergothérapie se fonde sur des valeurs. Cette axiologie à la base de la profession constitue une part importante de son essence. Une recension des écrits montre des désaccords sur les valeurs au fondement de l'ergothérapie. De fait, différentes valeurs ont été mises de l’avant par divers auteurs. Que penser de ce pluralisme axiologique? Parmi la diversité de ces discours, peut-on repérer certaines valeurs partagées par l’ensemble des écrits? Le but de cette communication est de présenter les résultats d’une étude qui a analysé des discours sur les valeurs de l’ergothérapie. Afin de répertorier ces documents, une recension des écrits a été effectuée. Pour ce faire, plusieurs bases de données ont été consultées utilisant plusieurs mots clés. L’étude qualitative des documents a été effectuée suivant la méthode analytique usuelle en philosophie. L’analyse des écrits montre qu’aucune valeur n’est partagée par l’ensemble des textes étudiés. Cela dit, une valeur, la participation occupationnelle, est partagée par une majorité d’écrits. L’analyse des discours permet aussi de constater que cette valeur repose sur une conception de l’être humain qui s’inspire des philosophies de Marx, Rousseau, Sartre et Kant. L’analyse révèle également des confusions conceptuelles présentes dans les écrits quant à ce qu’est une valeur. Des clarifications conceptuelles sont proposées afin de distinguer les valeurs des croyances, attitudes, principes et concepts non évaluatifs.

  • Le lieu caché du bien-être et de la santé
    Jean-François Dupeyron (Université Montesquieu - Bordeaux 4)

    Cette communication est incluse
    dans un projet de recherche bi-disciplinaire (philosophie et psychologie
    clinique) européen (Danemark, Grèce, France) qui vise à explorer la notion de bien-être
    dans l’expérience des écoliers. En effet, cette notion est fréquemment employée
    de façon confuse, soit parce qu’elle n’est pas interrogée alors même qu’elle
    figure dans les programmes d’éducation à la santé, soit parce qu’elle est
    employée au sein d’approches méconnaissant le vécu intime des publics scolaires
    pour leur préférer une vision quantitative vouée au seul contrôle social, soit
    enfin parce qu’elle est présentée accompagnée d’injonctions à une normalité qui
    laisse de côté la variété des formes et des composantes de la santé vécue
    singulièrement par les sujets.

    L’argumentation philosophique
    proposée pour la communication développera une variation conceptuelle autour
    des définitions de la santé et du bien-être, dans une optique empruntée aussi
    bien au pouvoir de normativité de la vie chez Canguilhem qu’aux principes
    phénoménologiques à l’œuvre dans une démarche d’approche au plus près du vécu
    enfantin, dans le sillage de la phénoménologie de la vie de Michel Henry, mais
    aussi de l’herméneutique de la santé chez Gadamer.

    Le focus mis sur la notion de bien-être étudiera ainsi la notion
    de « lieu caché du bien-être »,. In fine, il s’agira de rendre
    à la notion de bien-être son caractère
    concret et personnel, au plus près du vécu des personnes.

  • L'expérience de mort imminente comme événement phénoménologique signifiant, comme situation-limite, et son incidence herméneutique sur le plan ontologique
    Jonathan Morier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Au coeur de tout accès au monde, au coeur de tout comprendre et de tout affect - enchâssés au monde de par un principe d'intentionnalité - subsiste une conscience d'être indivisible. Une ipséité englobant chaque être humain pensant et ressentant. Paradoxalement, c'est au frontière du cadre de son monde, au détour d'une situation-limite, que l'être humain arrive à saisir, l'espace d'un instant, l'englobante impression d'être, authentiquement. Or que la conscience théorique de sa mort prochaine peut entraîner l'humain vers une angoisse qui soulèvera la question insigne de l'être, le processus de mort, comme personnellement, phénoménologiquement éprouvée, représenterait l'ultime situation-limite pour qui relate avoir vécu une EMI, une expérience de mort imminente (18% de ceux ayant survécu à un arrêt cardio-vasculaire garderaient souvenir d'une telle expérience selon l'étude de Pim Van Lommel publié dans le Lancet en 2001). Cette expérience phénoménologique, par delà son caractère réel ou illusoire, laisse chez qui l'expérimente une trace durable : l'expérience du surgissement de leur être, à la fois transcendant et immanent, semblant perdurer au delà de toute contingence, de matière, de temps, d'espace.

    M'appuyant sur des études de cas décrites par Moody, Ring et Alexander, cette conférence s'attardera à tisser des ponts entre les vécus phénoménologiques rattachés aux EMI et le travail de réflexion de penseurs tels Heidegger, Arendt, Cioran, Jaspers, Jung, May et Van den Berg.

  • Repenser le rituel à travers l'expression des émotions dans les rites funéraires : évidences d'une maison de soins palliatifs québécoise et de chants de lamentation au Brésil
    Jean-Bruno Chartrand (UdeM - Université de Montréal), Julien SIMARD

    Les rituels funéraires ont souvent comme fonction d'accompagner le corps et l'esprit, aider les endeuillés dans l'expression de leur douleur ainsi que de rétablir un certain équilibre social (Van Gennep 1960;Fellous 2001).Si le rituel permet l'expression ou le partage d'émotions liées à un deuil, il convient de se demander si de telles expériences peuvent être qualifiées de « thérapeutiques », puis si une institutionnalisation des émotions liées à la mort, comme cela se produit dans les soins palliatifs en Occident, est toujours dans l’orbe du thérapeutique. Il est en ce sens intéressant de comparer deux terrains, soit une maison de soins palliatifs québécoise ainsi que les pratiques d'un groupe de pleureuses situées au Brésil afin de qualifier les formes différentielles d’expression des émotions liées à la mort. Aux soins palliatifs, le patient est inscrit dans une série de « petits moments » qui peuvent ici être considérés comme les éléments d’une micro-ritualité axée sur l’individu plutôt que le collectif (Cheal 1998; Seale 1998). Les chants de lamentation permettent, pour leur part, une expression ponctuelle à la fois individuelle d'une émotion liée à la mort ainsi que la "communion de sens" autour d'un sentiment partagé (Turner 1986;Lea 2004).L'étude comparative nous permet donc de jeter un regard critique sur le rituel tel qu'il est vécu selon ses fonctions sociales en plus de comparer ses effets à l'intérieur ainsi qu'à l'extérieur d'un contexte institutionnel.

  • La danse dans la formation en soins de santé
    France Cloutier CLOUTIER, France Joyal (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Notre communication présente les résultats d'un projet de pédagogie universitaire intégrant des exercices de danse aux programmes de formation en psychologie, pratique sage-femme, sciences infirmières et ergothérapie.

    La relation d'accompagnement inhérente aux soins de santé physique et psychologique implique une proximité qui fait appel à la conscience corporelle de l’intervenant. La danse permet d'aborder kinesthésiquement des notions telles que la confiance, la vulnérabilité et l’empathie qui sont généralement abordées théoriquement dans la formation des soignants. Elle amène l’étudiant dans une démarche réflexive et heuristique propice à la construction de son identité personnelle et, par extension, professionnelle. Une telle approche favorise le développement des intelligences kinesthésique, relationnelle et spatiale qui sont moins souvent sollicitées dans le cadre des cours théoriques ; elle devient un complément de formation indispensable.

    Le projet a eu un impact important sur la prise de conscience des étudiants mais également sur l'expérience des formateurs concernés qui y trouvent un lieu de rencontre interdisciplinaire des plus intéressants et un espace de réflexion sur la pédagogie universitaire.

  • Réflexion socio-éthique sur la violence structurelle et la coercition reproductive exercée sur les femmes, dans le contexte du statut du fœtus et de la sélection prénatale du sexe
    Chantal Bouffard (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La demande du député Woodworth, de créer un comité spécial pour déterminer à quel moment un foetus deviendrait humain, de même que celle pour les tests prénataux servant à déterminer le sexe des fœtus, s’appuient sur la science et les traditions religieuses et culturelles. Elles partagent aussi le pouvoir de forcer les femmes et les jeunes filles à se reproduire ou à mettre fin à une grossesse. Ces revendications rendent compte d’une forme de violence structurelle dont il a été très peu question jusqu’ici. Cette présentation 1) explore les types de coercitions reproductives qui sont exercés sur les femmes et 2) la contribution de la reprogénétique à la perpétuation et au raffinement de la violence structurelle.

    Méthodologie : Analyse thématique et socio-éthique de la littérature (PubMed, ERIC, FRANCIS, etc).

    Résultats :Les femmes subissent plusieurs formes de coercition reproductive relatives à l’obligation d’enfanter ou d’avorter. Les débats sur le statut du fœtus, de même que le développement des tests de diagnostic prénatal non invasifs, nous obligent à nous demander quel est, au prix de leurs corps, de leur vie et de leur santé, le tribut qu’on exige des femmes pour perpétuer certaines valeurs et idéologies culturelles.

    Conclusion : Nos sociétés de savoir placent encore le corps des femmes et des jeunes filles, à l’interface du contrôle de l’organisation sociale et de la consolidation des intérêts et des pouvoirs familiaux, politiques, religieux ou autres

  • Toxicomanie et parentalité : un chassé-croisé psychique?
    Caroline BARET, Anne-Marie Emard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Evelyne GAGNON, Sophie GILBERT

    La toxicomanie et la parentalité se posent souvent comme antinomiques, notamment aux yeux de la loi. Pourtant, du point de vue psychique, et particulièrement au regard du mode d’investissement de l’objet, l'objet-drogue et l’enfant pourraient partager certaines caractéristiques, ou encore s’inscrire dans une solution de continuité tout aussi révélatrice du passage possible pour les parents d’un mode de vie de consommation à une parentalité exempte de celle-ci. Une telle compréhension pourrait s’avérer fertile pour l’intervention auprès des parents toxicomanes.

    Notre étude vise à explorer les fonctions de la prise de drogue dans le parcours de jeunes parents dits «en difficulté» et, en parallèle, les fonctions psychiques de l’enfant chez ces parents. Une seconde étape de la recherche s’intéresse aux parallèles possibles entre les fonctions accordées à ces deux objets par les jeunes parents.

    Pour ce, nous avons mené une analyse qualitative «à l’aide de catégories conceptualisantes» (Paillé et Mucchielli, 2012) d’entretiens semi-directifs recueillis dans le cadre d’une recherche du GRIJA portant sur la parentalité chez les jeunes adultes en difficulté. Nos résultats laissent entrevoir des croisements entre le mode d'investissement et les fonctions de l'objet-drogue et de l'enfant, lesquels permettent d’envisager des alternatives dans la compréhension des difficultés du maintien de l’abstinence chez ces parents, ainsi que de nouvelles voies pour l’intervention en ce domaine.