Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Le domaine "Cultures, religions et civilisations" est représenté par quatre séances distinctes dont la composition respective reflète bien le dynamisme animant ces champs de recherche. Les deux premiers termes de l'intitulé du domaine sont chacun l'objet d'une séance fort bien garnie. Dans les deux cas, -"Autour de la culture : représentations, identité et diversité" et "Religion, athéisme et spiritualité"- le spectre très large des sujets est impressionnant et le recoupement des perspectives et des approches qu'il invite promet des échanges stimulants. Vient ensuite une séance "Archéologie, culture matérielle et patrimoine" où le regard s'étend sur des horizons multiples tant sur le plan chronologique et géographique que méthodologique et conceptuel. Enfin, le programme est complété par une séance abordant diverses perspectives en histoire européenne, allant de l'histoire sociale du 14e siècle aux bombardements de la Seconde guerre mondiale en passant par des opéras célèbres.
Dates :- Eve Paquette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- E. Allyn Smith (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Religion, athéisme et spiritualité
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La notion indienne de service (sevâ) dans le roman Godân (1936) de l'écrivain du Nord de l'Inde Premchand: un exemple de transformations religieusesClaudia Nadeau-Morissette (Université Laval)
Dans le roman Godân (1936) du romancier et nouvelliste du Nord de l'Inde Premchand (1880-1936), la notion de service (sevâ) traverse l'intrigue en s'y présentant chargée de différents sens. La pratique du service semble trouver son achèvement dans le récit lorsqu'elle prend la forme d'un « service social ». Le personnage de la femme médecin Malti en représente en quelque sorte l'illustration ultime, en choisissant dans l'intrigue finale de consacrer sa vie au service des pauvres et des malades. Dans l'hindouisme, la pratique du service est traditionnellement l'expression d'une soumission, prenant sens à l'intérieur d'un monde extrêmement hiérarchisé. À partir du XIXe siècle, sous l'impulsion de réformateurs socioreligieux, la notion de service est réinvestie en Inde d'une charge humanitaire. Des hindous influents comme Gandhi (1869-1948) et Vivekananda (1863-1902) font alors la promotion du service à travers une pratique sociale et humanitaire qui paraît calquée sur l'action des missionnaires chrétiens. D'une forme hautement valorisée de soumission, la pratique du service passe, dans l'idéologie commune, du côté de l'action sociale et humanitaire. La réinterprétation de la notion de service présente un exemple récent de tensions et transformations au sein de la tradition hindoue. C'est ce que cette présentation cherchera à illustrer, à partir de l'analyse de la notion de service dans le roman Godân de Premchand.
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Existe-t-il un kitsch théologique?Benoit Mathot (Université Laval)
Dans son roman L’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera aborde le thème du "kitsch", et le définit comme un "accord catégorique avec l'être", c’est-à-dire comme "la réduction de toute pluralité à une réalité unidimensionnelle, idéalisée et mensongère". En redéployant à notre tour cette notion de kitsch, nous nous interrogerons d'abord sur la nécessité pour la théologie de s’inscrire dans cette critique kundérienne, spécialement à l’heure où s’affirment de plus en plus, tout à la fois le rétrécissement et l’éclatement des pratiques religieuses. Nous montrerons ensuite comment le conservatisme de certaines pratiques religieuses traditionnelles, tout comme l’universalisme véhiculé par certains mouvements spirituels et ésotériques, sont en réalité solidaires d’une même structure qui les rapproche du kitsch kundérien. Enfin, un troisième moment cherchera à repenser le "retour du religieux" dans les termes d’une "pratique de l’écart", dans la continuité de la critique kundérienne, ainsi qu'au moyen de certains acquis de la psychanalyse lacanienne.
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Pentecôtismes et discours sorcellaire au CamerounSariette Batibonak (UAM-Université Aix-Marseille)
Le processus de libéralisation politico-économique du début des années nonante a culminé dans l’adoption de plusieurs lois ouvrant l’accès à l’exercice public des associations religieuses favorisant le foisonnement des pentecôtismes sur le territoire camerounais. Dans ce sens, Boyer (2005) constate que le pentecôtisme encourage « l’effervescence » par la « puissance » et les dons du « Saint-Esprit ». Ces charismes constitueraient un « capital » permettant de présenter une offre religieuse plurielle fondée sur la lutte contre les « sorciers » souvent issus du cercle familial.Comment le discours pentecôtiste contribue-t-il à l’imaginaire sorcellaire, à l’imaginaire des croyances dans la société et en particulier chez les adeptes ? Comment expliquer la récurrence des discours porteurs de violence des pasteurs au sujet de la sorcellerie ? Cette réflexion vise à ethnographier le vaste champ des églises de guérisons et de délivrances au Cameroun, traversé par les politiques de délivrance basées sur la « witchdemonology ».
Dans cette dynamique culpabilisatrice, le tissu familial, base de la structure sociale, est touché par les discours sorcellaires constructeurs de l’imaginaire des membres de la société. Ce paradoxe de la famille potentiellement source de danger et espace de sécurité, incline à présager un équilibre fragile et précaire l’exposant aux turbulences débouchant parfois sur des sociabilités nouvelles.
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Dieu est mort, encore : regard critique sur le "nouvel athéisme"Pierre-Luc St-Onge (Université Laval)
Le « nouvel athéisme » est un mouvement américain né du contexte socioreligieux trouble du début du millénaire. Avec le poids politique pris par le lobby chrétien de droite aux États-Unis, le débat sur l’enseignement du dessein intelligent au Kansas, la polémique des caricatures du Jyllands-Posten et le spectre des attentats de septembre 2001, l’anxiété publique face au fanatisme religieux semble être à son paroxysme lorsque Sam Harris publie The End of Faith en 2004. Aussi son manifeste athée et ceux de Richard Dawkins, Daniel Dennett et Christopher Hitchens bénéficient-ils d’une couverture médiatique importante lors de leur parution. C’est la ferveur populaire cristallisée autour des quatre auteurs qui consacrera leur union intellectuelle et l’avènement du « nouvel athéisme ». Pour l’intellectuel averti, les prémisses positivistes et la dialectique du mouvement sont difficilement conciliables avec une approche philosophique postmoderne et raisonnable de la religiosité. Aussi ce « nouvel athéisme » apparaît-il revêtir un caractère tout aussi intégriste que les groupes religieux qu’il vilipende et sa littérature a été peu considérée au sein des milieux académiques. En saluant son succès auprès du grand public et la pertinence de son questionnement, nous entendons ici situer la mouvance dans son contexte sociopolitique et déterminer si son argumentation résiste à un examen philosophique rigoureux.
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Discours sur le catholicisme au Québec : l’exemple de deux commissionsLouis-Charles Gagnon Tessier (UdeM - Université de Montréal)
Au Québec, la sécularisation, la diversité croissante et la laïcité ont entraîné des transformations importantes du rapport des Québécois envers le catholicisme. Durant les dernières années, deux commissions ayant abordé notamment cette question ont été mises en place : l’une sur la place de la religion à l’école (1999) et l’autre sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles (2008). Des centaines de mémoires ont été déposés à ces deux commissions provenant des divers acteurs de la société, allant des partis politiques aux simples citoyens. L’analyse de contenu de ces mémoires a permis de faire ressortir ce qu’ils renfermaient concernant le catholicisme et les différents discours à son endroit. Autrement dit, elle a permis de voir quelle était la perception d’une partie de la population à l'endroit du catholicisme et de comprendre en quoi ce dernier demeure encore présent dans la société québécoise. L’objectif de cette présentation est donc de dévoiler ces discours sur le catholicisme dans les deux commissions mentionnées plus haut et de voir comment celui-ci demeure important dans notre société postmoderne.
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Enseigner l'athéisme : quel espace pour l'incroyance en Éthique et culture religieuse?Pierre-Luc St-Onge (Université Laval)
L’implantation du cours d’Éthique et culture religieuse dans les écoles du Québec en 2008 fut accompagnée d’un investissement massif des médias par ses détracteurs. Étonnamment, ce mouvement d’opposition regroupait et regroupe toujours des acteurs se situant aux deux pôles de l'appartenance religieuse. Associations pieuses et militance laïque se rejoignent ainsi pour réclamer l’abolition du programme ou le droit à l’exemption. Alors que les premiers allèguent l’atteinte à la liberté de religion des parents croyants, les militants sécularistes dénoncent eux une glorification de la pensée religieuse et la mise au rancart de l’athéisme, de l’humanisme et de la pensée scientifique dans le curriculum. Suivant cette ligne de pensée, l’absence d’un traitement satisfaisant de l’athéisme aux côtés des différentes traditions religieuses priverait le jeune élève d’une concurrence des discours nécessaire au développement de sa pensée critique. Ces constats appellent à une réflexion sur l’espace qui devrait être aménagé ou non pour l’incroyance dans les contenus en Éthique et culture religieuse. Le caractère secondaire qu’y occupe l’athéisme est-il justifiable au regard des perspectives et finalités du programme? Comment la notion devrait-elle être abordée par le matériel didactique? Sur la base de considérations normatives, d’une définition opératoire du concept et d’un examen du matériel pédagogique, nous entendons ici apporter des éléments de réponse à ces interrogations.
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Animation chrétienne/catholique sur les campus universitaires au Québec : questions de formation identitaire et de diversité religieuse au cœur d’un espace public laïqueSabrina Di Matteo (UdeM - Université de Montréal)
La majorité des universités en Occident ont un service d’animation religieuse chrétienne ou catholique sur leur campus : «aumôneries» en Europe, «chaplaincy» ou «campus ministry» aux États-Unis et au Canada anglais. Au Québec, une «pastorale universitaire» chrétienne/catholique est présente, sous des formes diverses, dans presque toutes les universités. Leurs orientations et pratiques sont influencées par plusieurs facteurs : processus de sécularisation au Québec, expérience minimale de l’Église et manque de repères religieux parmi les jeunes générations. S’ajoute la diversité religieuse sur les campus, et les modalités variables de l’institutionnalisation des pratiques de pastorale, selon les statuts de chaque université.
Cette présentation apporte des données sur la pastorale universitaire au Québec. Elle examine les processus d’accréditation par lesquels une pastorale chrétienne/catholique existe sur les campus, et démontre comment cela module les approches d’intervention et activités offertes. Elle relève ensuite des observations sur les profils des jeunes engagés en pastorale universitaire. Enfin, la présentation formule des questions liées à la construction des identités chrétiennes/catholiques, à la gestion de la diversité religieuse dans l’espace public et laïque universitaire, et à la pertinence d’une animation œcuménique et interreligieuse pour des jeunes adultes qui seront, dans un avenir proche, les acteurs de la société et de leurs institutions religieuses.
Archéologie, culture matérielle et patrimoine
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Occupation, mise en valeur et intégration des espaces de confins : le cas des Monts du Livradois-Forez (France) dans la cité des Arvernes (fin de l’Âge du Fer - début du Moyen Âge)Franck Fassion (Université Laval)
Cette communication présente les résultats d’une cotutelle internationale de thèse de doctorat. Cette recherche a pour objectif de cerner les modes et les rythmes du développement des secteurs de montagnes aux confins de la cité des Arvernes de la fin de l’Âge du Fer au début du Moyen Âge. Les sources écrites sont peu abondantes sur ce secteur ; le recours à d’autres types de recherches s’avère indispensable. Les Monts du Livradois-Forez fournissent un cadre de recherche privilégié par l’ancienneté et la diversité des recherches en cours. La recherche est menée selon trois axes. Le premier vise à reconstituer les dynamiques d’occupation humaine par le dépouillement de la bibliographie archéologique et par des prospections archéologiques. Le second axe concerne la reconstitution du paysage « naturel » par des analyses palynologiques, diatomologiques et celle des macrorestes végétaux. Le troisième met en œuvre des études géoarchéologiques afin de déterminer les influences des activités humaines sur le milieu. Toutes ces données ont été intégrées et cartographiées à l’aide d’un SIG. L’association de ces différents types de recherches a permis de mettre en évidence une occupation dense des espaces des confins ainsi que plusieurs cycles économiques, reflets de modes de mises en valeur différents selon les époques et les espaces géographiques retenus. Enfin, ces résultats suscitent de nouvelles interrogations quant aux relations entre le centre et les périphéries.
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Paysage naturel et paysage culturel : témoignage d'une identité culturelleMélanie Rousseau (Université Laval)Il est suggéré par la géographie physique que la gestion du territoire est l’un des nombreux reflets de l’identité culturelle. En effet, la différence entre le système de lotissement français en seigneuries et le cantonnement britannique en est un exemple éloquent. En acceptant ceci comme prémisse, je suggère que « qui nous sommes détermine comment nous interagissons avec notre milieu, qui à son tour modifiera qui nous sommes » et qu’ultimement, cette identité culturelle transparaisse archéologiquement. C’est donc cette hypothèse qui servira de fil conducteur, non seulement dans le cadre de la présentation, mais également dans le cadre de la thèse, qui elle se basera également sur la palynologie et la micromorphologie des sols. Plus précisément, cette présentation portera sur l’apport des analyses archéoentomologiques dans la compréhension des changements environnementaux liés à l’activité humaine, soit plus précisément la transition d’un paysage naturel à un paysage culturel. Le projet de recherche en cours se base sur des données recueillies sur le site archéologique du palais de l’intendant (CeEt-30), en Basse-Ville de Québec, qui est également le chantier-école en archéologie historique de l’Université Laval. L'archéoentomologie se base sur deux prémisses, à savoir que les insectes n'ont pas changé de physiologie depuis les derniers millions d'années, et qu’ils n'ont pas changé d'écologie non plus. Conséquemment, cette méthode analytique est un puissant outil dans la reconstruction des paysages du passé.
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Le magasin de l'habitation Loyola en Guyane française, 17e siècleAntoine Loyer Rousselle (Université Laval)
L'habitation Loyola est une ancienne habitation agricole située en Guyane française et exploitée par les jésuites entre 1668 et 1769. Cet établissement esclavagiste était destiné à la production de sucre, d'indigo, de café, de cacao et de coton, afin de produire suffisamment de revenus pour financer des missions d'évangélisation chez des groupes amérindiens d’Amérique du Sud. Le magasin de l’habitation servait à l'entreposage d'outils, de denrées, d'alcools et autres objets d'importation. La seule représentation connue du magasin figure sur le cartouche d'une carte de 1730 produite par Dessingy.
Notre présentation portera sur les résultats des opérations de fouilles menées sur les vestiges du magasin en 2011 et 2012. Nous présenterons le mobilier et les vestiges architecturaux découverts au cours des fouilles et de la découverte d’un vestige immobilier nous permettant d'établir plus d’une phase d’occupation à l'emplacement du magasin. Placée sous les vestiges du magasin, cette structure indéterminée semble associée à une couche de sol noire qui s’apparente au dépôt d’une forge. La relation entre le magasin apparaissant sur l'illustration de 1730 et les vestiges présents à Loyola sera également abordée.
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La notion de paraître au sein de l'élite coloniale française : évolution de l’expression du statut social au site de l'îlot des Palais à QuébecOlivier Roy (Université Laval)
Le site archéologique de l’îlot des Palais abrite les vestiges des résidences des intendants de la Nouvelle-France, qui ont occupé cet endroit de 1684 à 1759. Le palais de l’intendant était également le siège du pouvoir administratif et accueillait les réunions du Conseil souverain, ce qui lui conférait une grande importance au sein de la colonie. En tant qu’héritiers d’une société française d’Ancien Régime hautement influencée par un système de convenances misant sur l’image projetée en société, les intendants se devaient de perpétuer cette nécessité de manifester leur statut social à travers tous les aspects de leur vie quotidienne permettant de rendre compte de leur pouvoir, de leur richesse et de leur rang.
Tel qu’illustré par des travaux antérieurs analysant l’architecture au site de l’îlot des Palais, il semblerait que l’expression du statut d’intendant ait passablement évolué au cours du Régime français, gagnant vraisemblablement en importance et en puissance au fur et à mesure du développement de la colonie. L’objectif principal de notre projet de recherche est d’effectuer une analyse comparative de la culture matérielle associée aux intendants, le tout en relation avec le contexte historique lié au développement de la Nouvelle-France. Les deux résidences de l’intendant s’étant succédé dans le temps, il sera intéressant d’identifier certains des éléments indicateurs d’un changement dans le désir des hommes ayant occupé cette fonction de magnifier leur rang social.
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« Pas de raquettes, pas de Nouvelle-France! ». Illustrations d'une « sportification » du patrimoineMathilde Lamothe (Université Laval)
De prime abord, le sport et le patrimoine culturel peuvent apparaître comme deux sujets a-priori antinomiques. Pourtant à travers les sports apparaissent en filigrane des marqueurs identitaires d'un territoire, en étant caractéristiques d'une société spécifique et d'un espace géographique localisé. Au Québec, les raquettes, comme le canot, font parties de ces emprunts culturels et techniques aux autochtones du Nord de l'Amérique. Au-delà, elles témoignent de l'évolution d'une pratique traditionnelle sur cette aire géographique, d'abord utilisée à des fins d'exploration (telles les découvertes de Radison ou de Cavelier de la Salle), de commerce (les coureurs des bois) ou de survie (pour la chasse), avant de devenir un divertissement à la fin du XIXe siècle et un trait culturel des sports et des loisirs actuels suivant le mode d'utilisation, en famille ou en compétition comme les courses ou le trekking. Mais pour que ces pratiques traditionelles vivent, il faut qu'elles aient une fonction (politique, économique ou sociale) dans la société dans laquelle elles s'inscrivent; c'est pourquoi elles peuvent être « revivifiées » suivant les besoins. L'analyse de ces expressions permettra notamment d'expliciter la relation qui se noue entre sport et patrimone, dans la transmission de certaines traditions et dans leur reformulation. Il s'agit de saisir ces circonvolutions humaines qui assurent des permanences d’expressions culturelles et identitaires.
Perspectives en histoire européenne
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Le sérieux du rire, le jansénisme et la comédie polémique autour de Saint-MédardSimon Gosselin Rodière (UdeS - Université de Sherbrooke)
Pourquoi et comment la controverse janséniste autour de Saint-Médard s’est trouvée à s’exprimer par la comédie et comment cet usage du théâtre peut-il nous renseigner sur la querelle janséniste des Lumières ?La comédie du père jésuite Guillaume-Hyacinthe Bougeant, Le saint Déniché ou la banqueroute des marchands de miracles (mai 1732) et celle d’un janséniste, qui est une réplique directe, Arlequin esprit folet (juillet 1732), permettent de parcourir une voie jamais empruntée pour rejoindre l’histoire de la polémique autour du jansénisme convulsionnaire à Paris. Elles ont surtout l’avantage de faire voir, selon le parti, une représentation de l’adversaire suivant une conception caricaturée et polémique de l’altérité. Faire voir au public, par une lecture comique, le danger de l’autre selon un dessein grossier de celui-ci. Les échos littéraires de la querelle janséniste révèlent un déplacement des modalités habituelles d’affrontements ainsi qu’une modification du contenu discuté.
Le cadre méthodologique que Roger Chartier a développé en ce qui concerne l’analyse des sources imprimées se révèle tout à fait pertinent pour mon analyse. Il se résume dans ce triptyque : œuvre, support, réception.
L’originalité historiographique réside véritablement en ce que ces comédies ne firent jamais l’objet de recherches systématiques. Le résultat de nos recherches participe, à sa mesure, à un meilleur savoir sur le jansénisme convulsionnaire et, donc, sur la France religieuse moderne.
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« Io non so se son valacchi, o se turchi son costor ». L'image du turc dans le Così fan tutte de Mozart et Da Ponte. L'évolution d'une perception dans l'Europe du 18e siècleEnrico Orsingher (EHESS - École des hautes études en sciences sociales)
« Je ne sais pas si ces deux-là sont des Turcs ou des Valaches ». Comme on peut voir, entre autres, de la traduction de ce passage du livret de Da Ponte, la présence des turcs est centrale dans le jeu de déguisement à la base du Così fan tutte, opéra de Mozart et Da Ponte mis en scène à Vienne, en 1790. Le Così fan tutte, dernière des trois fructueuses collaborations du musicien autrichien avec le librettiste vénitien, n'a jamais suscité l’appétence du public, surtout des critiques du XIXe siècle, qui l'ont toujours considérée comme une comédie frivole, non digne du génie de Mozart. Son élément turc a subi le même sort, toujours négligé par les analyses des historiens et musicologues ou relégué dans le vaste ensemble de la mode turquisante et orientalisante qui caractérise la culture et les arts européens à partir du XVIIIe siècle. Loin d’être un simple phénomène de mode, la présente communication veut, à travers une analyse attentive du livret de Da Ponte, reconsidérer l'importance et la prégnance de cette structure turque de l'opéra. En débusquant les références cachées entre les lignes, on découvre ainsi la vraie portée tragique de cette présence turque dans le récit masquée d'une patine comique. En suivant cette démarche, le Così fan tutte s'avère un miroir privilégié pour tracer une évolution de la perception de l'image du turc dans les esprits européens du XVIIIe siècle et en général de l’époque moderne.
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L'allaitement autour de 1800 : discours, enjeux et expériences. Études de cas basées sur la correspondance de familles bourgeoises de Munich et NurembergMartina Chumova (UdeM - Université de Montréal)
Dans l’Europe de la seconde moitié du 18ème siècle, on voit apparaître de nombreux traités prônant l’allaitement maternel – le plus souvent en opposition à l’allaitement par une nourrice. Écrits par des médecins, philosophes et moralistes, ces textes situent l’allaitement maternel au cœur d’importants enjeux médicaux, sociaux et même politiques : cette pratique est entre autres présentée comme nécessaire au maintien d’une population nombreuse, source de richesse.
Si ces traités nous montrent comment des discours « maternalistes » ont pu véhiculer des intérêts sociaux et politiques, ils restent silencieux quant aux expériences et enjeux de l’allaitement vus par les femmes elles-mêmes. Ce dernier point sera le point focal de cette communication ; pour l’illustrer, nous nous baserons sur la correspondance de deux familles bourgeoises du sud de l’Allemagne, au tournant du 18ème au 19ème siècle.
Dans ces sources, l’allaitement est abondamment discuté et débattu : entre mère et fille, entre mari et femme, mais aussi entre belle-mère et beau-fils. En suivant la trace de plusieurs « situations d’allaitement », nous mettrons en évidence les enjeux (émotionnels, corporels et relationnels) soulevés par cette pratique. Par là, nous montrerons que si les femmes bourgeoises semblent avoir intériorisé l’équation « mère qui allaite = bonne mère » véhiculée dans les discours imprimés, leur entourage met de l’avant d’autres priorités.
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La censure manquée du Nabucco de Giuseppe Verdi. Rois babyloniens et blasphémateurs punis dans la culture européenne de la première moitié du 19e siècleEnrico Orsingher (EHESS - École des hautes études en sciences sociales)
Le Nabucodonosor de Giuseppe Verdi, créé en 1842 dans le Milan habsburgique sur le livret homonyme de Temistocle Solera (1840), a toujours été considéré comme l’opéra par excellence du Risorgimento italien. L'histoire du peuple juif vaincu et exilé qui entonne le célèbre chœur Va' Pensiero, apparaît en effet comme une allusion explicite à la situation du peuple italien sous le joug autrichien. Satisfait par une lecture si aisément pertinente à la poétique verdienne de l'auteur engagé et fonctionnelle à la rhétorique nationale italienne, on ne se pose pas une question capitale: pourquoi la censure autrichienne n'a pas remarqué une si évidente allusion et censuré la pièce? La présente communication veut proposer une solution à cette question. En laissant de côté l'opéra proprement dit, on se concentre sur le livret de Solera, l'objet qui effectivement passa au crible de la censure. A travers une analyse du texte narratif, de l'iconographie des rois babyloniens à l'époque moderne, de la vie et de l'action de Solera et des contextes politiques-culturels de la période, on découvre ainsi l’existence d'un écart entre la composition conservatrice voire réactionnaire de Solera, et la mise en musique de Verdi, caractérisée, au contraire, par un élan progressiste. En suivant cette démarche, on peut donc comprendre pourquoi une pièce qui avait été jugée inoffensive voire fonctionnelle à l'ordre établi, devient un des hymnes du peuple italien révoltant sur les barricades de 1848.
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Les Juifs d’extrême droite en France de l’affaire Dreyfus à 1940Romain Dupré (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
Minorité d’une minorité, les Juifs d’extrême droite en France n’ont guère intéressé la recherche. De l’affaire Dreyfus aux périlleuses années 1930, des Juifs militent pourtant dans des mouvements d’extrême droite. D’autres sont de simples sympathisants. Quelques-uns sont même à l’origine d’une organisation qui s’adresse d’abord aux Juifs. Mais avant de peindre ce paysage, nous nous arrêterons un instant sur la méthodologie employée. Vu le petit nombre de ces personnes et l’absence presque générale de la mention de la confession dans les archives publiques, travailler sur ce sujet n’est en effet pas aisé.
Nos pinceaux affutés, nous chercherons à comprendre le positionnement politique de ces Juifs. Assurément, leur adhésion sympathisante ou militante à des mouvements antisémites ou qui ne tarderont pas à l’être puise à des degrés divers dans « la haine de soi ». Sont-ils antisémites pour autant ? Nous verrons que l’anticommunisme et un patriotisme exacerbé né avec la Grande Guerre peuvent également peser dans ces ralliements. Mais comment ces individus sont-ils intégrés dans les groupements non-juifs ? Plus largement, peut-on établir une typologie des Juifs d’extrême-droite ? Notre propos reprendra la bibliographie existante, qu’il complètera avec des sources archivistiques et imprimées parfois inédites ou oubliées, comme des rapports de police, la presse d’extrême droite et juive, des archives privées. Il s’appuiera sur des parcours individuels et des traces de vies passées.
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Bombardons l'Allemagne! Le bombardement de l'Allemagne nazie vue par le London Times, le Daily Herald et le Manchester GuardianJean-Michel Turcotte (Université Laval)
Entre 1939 et 1945, l'aviation alliée, principalement américaine (USAAF) et britannique (RAF), largue plus de deux millions et demi de tonnes de bombes sur l'Allemagne nazie. Le résultat de ces opérations est dévastateur. En plus d'un nombre incalculable de maisons et d'infrastructures détruites, les bombardements dits « stratégiques » causent plus de 600 000 victimes chez la population allemande. Le point culminant de cette stratégie demeure l'une des attaques les plus connues de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, soit le raid sur la ville de Dresde. En réaction à la destruction engendrée par cette stratégie, le commandement allié fut largement critiqué dans l'après-guerre en raison de l'envergure des bombardements face aux impacts réels sur le déroulement de la guerre et aux dommages perpétrés à la population allemande. Mais qu'en est-il des critiques émises à l'époque de la guerre soit entre 1939 et 1945 ? Outre les critiques connues issues de quelques voies individuelles quelle a été la réaction d'acteurs plus importants au sein de la société britannique face aux bombardements ? Particulièrement la presse écrite ? Cette présentation présente les résultats d'un mémoire de maîtrise en histoire et répond à ces questions. De manière plus précise, l'analyse porte sur la position soutenue par le London Times, le Daily Herald et le Manchester Guardian, trois journaux de tendances politiques différentes, au sujet du bombardement de l'Allemagne entre 1939 et 1945.
Autour de la culture : représentations, identité et diversité
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Représentations de l'Inde dans la presse québécoiseSabrina Zeghiche (Université d’Ottawa)
Cette communication vise à examiner le discours journalistique au Québec en ce qui a trait à la gestion de la diversité en Inde. Lors d’une conférence, l'éminent professeur de politique indienne, Rajeev Bhargava (2010) avançait que l’Inde pourrait servir de « modèle » aux pays occidentaux en matière de respect de la diversité religieuse. Il s’appuyait sur ce qui fait la spécificité de l’Inde, soit le fait que la diversité intra- et interreligieuse constitue le fondement même du sécularisme indien. Mais qu’en est-il dans les faits? En réalité, force est de constater que le multiculturalisme en tant qu’objet d’analyse sociologique est souvent confiné au contexte « occidental ». Qu’il renvoie à une perspective normative, à des politiques publiques ou à des stratégies de résistance, le multiculturalisme « envahit » le discours scientifique (Parsanoglou 2004) (sauf lorsqu’il désigne une réalité démographique), mais le centre névralgique de la réflexion intellectuelle reste en « Occident ». En prenant le cas de la presse québécoise, j’ai voulu examiner ce qu’une partie de l’Occident « voit » lorsqu’elle tourne son regard vers l’Inde. Quels événements attirent son attention et comment sont-ils traités? Ce traitement est-il révélateur d’une certaine perception « occidentalocentrique » de l’Inde? Fait-il écho à la situation au Québec? Et, au-delà de toutes ces interrogations, est-il pertinent de parler de « modèle »?
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La polygynie au Burkina Faso. Le couple juridique : état, religion et coutumeMarie-Eve Paré (UdeM - Université de Montréal)
Cette proposition s’inscrit dans un contexte d’internalisation des droits humains et de la complexité empiriquement constaté de leur réception dans des contextes culturels locaux différenciés. On ne peut nier l’existence de transferts juridiques au Burkina Faso et de leur impact particulièrement au sein des mariages burkinabè. Il en découle des processus de syncrétisme, de résistance et de métissage. La confrontation entre ces archétypes ne génère pas une simple juxtaposition d’éléments disparates puisqu’elle révèle des traits culturels inédits engendrant une réalité nouvelle. Ce phénomène s’exemplifie parfaitement dans le cas de la polygynie. En effet, si les transformations des formes de conjugalité engendrent de nouvelles modalités familiales, la polygynie demeure élevée en dépit des modifications démographiques. De surcroît, l’État a légiféré en faveur d’une polygynie illimitée sous certaines conditions. Dans ce contexte où se conjugue droit étatique, droit religieux et droit coutumier, je propose d’explorer les effets juridiques et sociaux de la polygynie à partir de cas observés et des statistiques relevées au cours de mon terrain ethnographique à Koudougou de septembre 2011 à mai 2012. Ces données ont été recueillies à partir d’entretiens, de récits de vie et d’une ethnographie des tribunaux. L’objectif de cette communication est donc de démontrer comment s’actualise la polygynie au Burkina Faso et comment cette situation plurale génère de nombreux floues juridiques.
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De la Choura à la Démocratie : l'islamisme à l'épreuve de la modernitéMohamed Fadil (UdeM - Université de Montréal)
Il existe actuellement un débat parmi les islamistes concernant la légitimité religieuse de la démocratie. Ce débat fourni un apport original concernant la question plus large du rapport de l’Islam à la modernité. La plupart des «néo-islamistes» vont signer des écrits sur le thème de la démocratie dans son rapport à l’islam. Cela diffère d’ailleurs grandement de l’aspect absolutiste du cadre de pensée et d’agir des mouvements islamistes de la première génération, lequel empêchait toute possibilité de négociation avec les modèles politiques modernes. En effet, les conceptions des Pères fondateurs de l’islamisme référaient à un modèle tellement absolu que ce dernier se trouvait en contradiction avec tout ce que la raison humaine aurait pu produire en dehors de références religieuses, voire islamique.
Cette présentation réfère à l’expérience du courant de la participation politique au Maroc incarnée par le parti de la Justice et du Développement (PJD), lequel est au pouvoir depuis 2011. Elle vise à exposer et analyser les rapports ambivalents que ces islamistes entretiennent avec la démocratie. De plus, elle présentera les résultats d’une analyse des documents et des écrits de ses idéologues, ainsi que d’entrevues que nous avons effectuées avec plusieurs de ses leaders au Maroc. Cette analyse sera appuyée par un cadre théologique référant au concept coranique de la chura (consultation), que l’on présente comme un équivalent ou même une alternative à celui de démocratie.
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Le prisme du virtuel : impact du passage en ligne de « fatwas juives »Roxanne D Marcotte (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Exploration de l’impact d’internet sur les représentations musulmanes de l’"autre" lors du passage en ligne de fatwas sur les juifs ou le judaïsme. Produits, et productrices d’un certain regard musulman sur l’altérité, ces "fatwas juives" demeurent des constructions particulières, situées dans le temps et l’espace. Mais lors de leur passage en ligne, ces représentations sont mises à l’épreuve, à la merci de nouvelles logiques communicationnelles et des pratiques qui en découlent. Analyser le contenu d’une centaine de fatwas d’IslamOnline.net pour en relever les éléments tant jurisprudentiels (traditionnels) que ceux ancrées dans des réalités contemporaines. Ces constructions dynamiques de l’altérité juive en ligne s’inscrivent dans des relations de pouvoir, implicites ou explicites, établis ou ébranlées. Certains contenus relèveront, en partie, du positionnement des autorités auxquelles ces fatwas font appel : chercheurs d’IslamOnline.net, individus-expert provenant de différents pays, organisations transnationale ou nationale, certaines fatwas ayant même deux sources d’autorité ou plus. De surcroît, ces fatwas présentent des horizons d’interprétations normatifs "dé-localisés" (Echchaibi) et 'dé-territorialisés" (Roy) qu’infléchissent de nouveaux réseaux transnationaux (Mandaville) de collaborateurs-producteurs de fatwas. La migration en ligne de ces fatwas et des pratiques qui y sont associées opère un infléchissement de ces représentations musulmanes de
l’altérité juive. -
La gouvernance théorique et pratique de la diversité culturelle : le cas du QuébecAriane Le Moing (Université de Poitiers)
Nombre de travaux qui s’inscrivent aujourd’hui dans une ère « post-multiculturelle » s’interrogent sur les effets néfastes d’une reconnaissance des spécificités culturelles sur une culture publique commune. Le débat semble aussi se déplacer progressivement sur les notions de pluralisme et de cosmopolitisme où l’accent est mis dorénavant sur l’individu et sa propension à rencontrer l’autre, plutôt que sur le multiculturalisme qui consiste en une simple juxtaposition de réalités hétérogènes. La notion de gouvernance de la diversité culturelle implique cette conversation entre les cultures. Mais de quelle gouvernance parle t-on ? Sur un plan strictement théorique, la question de la gouvernance en matière d’inclusion et de relations entre citoyens de toutes origines illustre la nécessité mais aussi la difficulté à délimiter des valeurs collectives qui sont véritablement au centre du dialogue démocratique. Sur un plan pratique, la gouvernance s’incarne dans les actions multiples engagées notamment par les différents acteurs des organismes communautaires et des associations qui orientent les immigrants vers diverses institutions et les initient aux valeurs culturelles et civiques locales mais qui, face au retrait progressif de l’Etat, doivent sans cesse être renouvelées, en particulier pour pallier les difficultés d’intégration vécues par les nouveaux arrivants. Notre communication se proposera d'explorer les deux acceptions de cette gouvernance de la diversité culturelle au Québec
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Musiciens migrants dans le contexte montréalais : (re)trouver son identitéCaroline Marcoux-Gendron (UdeM - Université de Montréal)
Cette communication traitera du processus d’intégration des musiciens migrants dans une optique de professionnalisation de ces derniers. En regard de la formation Constantinople – fondée à Montréal par deux frères d’origine iranienne travaillant avec des musiciens de diverses appartenances socioculturelles – nous verrons quels facteurs interviennent dans le processus d’intégration et la (re)définition identitaire qu’opèrent les musiciens migrants.
Grâce à quatre témoignages recueillis par entrevues semi-dirigées, nous déclinerons ce processus sur les plans social, culturel et professionnel. Nous verrons comment se (re)définit l’identité du musicien migrant, d’abord en regard de sa propre culture, ensuite vis-à-vis de la communauté culturelle à laquelle il appartient dans sa société d’accueil et, finalement, par rapport à la société d’accueil elle-même.
Notre travail d’analyse fera appel à des concepts relevant de l’ethnomusicologie (stratégies de résistance aux phénomènes d’acculturation de Defrance, processus d’intégration du musicien migrant d'Aubert) et de la sociologie de l'art (notion de réseaux de Menger, rôle de l’école dans la socialisation professionnelle chez Liot et Nicolas-Le Strat).
Nous constaterons ainsi que le « niveau d’intégration » du musicien est imputable à des choix de vie et de carrière à la fois de natures musicale (discours sur la musique et attitude vis-à-vis de celle-ci) et extra-musicale (réseaux, langue, liens avec la communauté culturelle).
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Penser la diaspora Sikh montréalaise: réalité hétérogène d'un « groupe ethnique » aux symboles communautaristesMarc-André Morency (UdeM - Université de Montréal)
Depuis Barth (1969), le "groupe ethnique" n’est plus conçu comme entité homogène dotée de traits culturels observables et déclinables, l'éthnicité étant plutôt un phénomène subjectif et interactionnel. Concernant les Sikhs, W.H. Mcleod (1989) et Oberoi (1994) retracent l’évolution du sikhisme et son produit, poli, contemporain. Après « Who is a Sikh » (Mcleod 1989), je me demande qui est un Sikh "diasporique"?
Tölölyan (2007), Brubaker (2005) et Anthias (1998) questionnent la notion "diaspora" sur son potentiel explicatif. Elle apparaît d'abord comme outil typologique (Cohen 1997). Ce constat posé, est-ce que tous les "membres" d'un "groupe ethnique" sont diasporiques? D’autre part, quelles sont les lignes de conflits internes? Suivant Brubaker, il faut analyser empiriquement les degrés et formes de support à un projet dit diasporique (Brubaker 2005).
Concrètement, la diaspora Sikhe montréalaise est incarnée par :
1. le/la sikh amritdhari porteur/se des cinq symboles religieux, astreint (par choix) à une pratique rigoureuse prescrite dans le code de conduite (Reht-Maryada),
2. une ethnicité symbolique traversée par quelques grands thèmes/valeurs (martyrs, Gurus, charité désintéressée),
3. l’institution Gurdwara (temple)
Sous cette "communauté imaginée" (Anderson 2006) se cachent diverses tensions à souligner, elles-mêmes mises en lumière par une observation ethnographique (observation participante), des entretiens semi-dirigés et leur analyse de contenu.
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L'émergence d'un nouveau principe général du droit international en matière de la diversité culturelleIvana Otasevic (Université Laval)
La notion de la diversité culturelle est définit au sein de la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle de 2001 comme étant le résultat de l'existence d'une pluralité des identités qui caractérisent les groupes et les sociétés composant l'humanité. Elle est considérée comme étant une source d'échanges, d'innovation et de créativité.
Depuis sa création, l'UNESCO a pour objectif principal de préserver la riche diversité des cultures dans le monde par son action normative. Plusieurs conventions, déclarations ou recommandations tant au niveau régional qu'international favorisent directement ou indirectement le respect de la diversité culturelle. Comme il n'existe pas de textes juridiques contraignants sur la protection de la diversité culturelle dans son sens large, on peut se demander si on assiste à l'émergence d'un principe général du droit international en matière de la diversité des cultures ?
À côté de la conception traditionnelle des principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées selon l'article 38 §1 c) du Statut de la Cour Internationale de Justice, nous sommes en présence d'une nouvelle forme de cette source non écrite développée par la doctrine. Il s'agit des principes généraux propres au droit international, à la Communauté internationale. Ainsi, nous allons nous interroger sur le caractère autonome, sur le fondement théorique ainsi que sur le processus de création d'un tel principe en matière de la diversité culturelle.