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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Depuis quelques années, le mot « interculturalisme » connaît un regain d’intérêt au Québec. S’agit-il d’une nouvelle idéologie politique québécoise ou bien d’un réaménagement terminologique de certaine idéologie opposant sans doute indûment le Québec au reste du Canada et, dans une autre mesure, les immigrants aux Québécois « de souche » ?

Il nous importe de noter tout de suite que, comme toute société issue de l’immigration, le Québec a toujours composé avec les dynamiques interculturelles. D’où l’inquiétude épistémologique que suscite le recyclage du mot et, partant, la réalité de l’interculturel, dans le sens du nouveau mythe fondateur du Québec.

En effet, dans un texte récent au sujet de l’interculturalisme, l’historien et sociologue Gérard Bouchard donne l’impression que l’interculturalisme, malgré quelques flous autour de sa définition, serait l’objet d’un certain consensus, et pas seulement dans le milieu académique (2010 : 2). Mais de quel interculturalisme parle-t-on exactement ? Cette question se pose au sujet de la série d’activités qui visaient à définir la notion d'interculturalisme, visiblement dans l’optique d’articuler un modèle québécois de gestion de la diversité culturelle (voir http://www.symposium-interculturalisme.com/1/accueil/fr), suite au rapport final de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (La commission Bouchard-Taylor).

Le risque d’instrumentalisation du terme est ici patent. À ce seul titre, nous nous croyons fondés de proposer une lecture alternative de la « généalogie » du terme et de ses assertions dans le contexte québécois contemporain. Dans le cadre de ce colloque nous proposons une réflexion sur l’interculturalisme qui serait capable d'intégrer non seulement des données théoriques mais aussi des éléments sociohistoriques afin d’interroger la réalité interculturelle du Québec d’aujourd’hui.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

L'« archéologie » d'une terminologie

  • Il était une fois l'interculturalité : l'archéologie d'une terminologie
    Lomomba Emongo (UdeM - Université de Montréal)

    Interculturalité ; en voilà un terme aux multiples variantes graphiques : interculture, interculturalisme, inter-cultures, etc. En voilà surtout un terme en passe de devenir un maître-mot, un concept-mythe dans le chef de certains intellectuels et idéologues québécois. Nouvelle innocence ou bien nouvelle surcharge sémantique, la question mérite d'être posée. Des questions, il en est une autre préalable : quelle est l'archéologie du mot Interculturalité (et variantes), bien avant qu'il n'acquiert son certificat de sélection du Québec ? Le présent essai vise cette interrogation d'amont. Pour ce faire, il tiendra grandement compte des remarquables travaux de Raimundo Panikkar : partant de la rencontre entre l'Occident et l'Orient, ils conduiront leur auteur du phénomène religieux au phénomène culturel, de la démarche dialectique à la démarche dialogique, du logos au mythos ce, sans exclusion d'un terme par l'autre et sans confusion des deux termes. En un mot, Panikkar va du dialogue à l'interculturalité, cet « impératif philosophique de notre temps », ce « no man's land, dont tous nous pouvons jouir pourvu que nous ne veuillons pas le posséder. »

  • Le Congrès juif canadien et la promotion de l'éducation interculturelle (1947-1975)
    Pierre Anctil (Université d’Ottawa)

    Au début des années quarante, un Bureau of Intercultural Education a été fondé privément à New York, dans le but de soutenir la démarche des enseignants et des administrateurs scolaires confrontés à la diversité culturelle. On retrouve nettement les traces de ces préoccupations dans les archives montréalaises du Congrès juif canadien (CJC), qui en fait à partir de 1947 la promotion dans un cadre canadien. Cette forme d'interculturalisme traverse la frontière au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, alors que l'Europe se relève des conséquences d'un conflit dévastateur. Le Canada, qui n'est pas à l'abri des tensions intercommunautaires et des conflits linguistiques, semble au CJC un terrain fertile pour «l'éducation interculturelle». Né dans un contexte de lutte contre la discrimination raciale et rendu encore plus essentiel par l'Holocauste, l'interculturalisme apparaît aussi aux Juifs de Montréal comme un outil important en vue d'améliorer leurs rapports institutionnels avec le Canada français. À deux reprises, en 1958 et en 1962, le CJC propose le principe de «l'éducation interculturelle» (et non pas multiculturelle) au sein de deux grands forums pancanadiens destinés à former de nouveaux éducateurs. Les Juifs en effet ne peuvent se satisfaire, même au Canada, d'une ouverture générale au pluralisme sous une forme laïque, car ils forment une minorité religieuse contre laquelle s'exercent des préjugés bien précis.

  • Discussion

Communications orales

Pensée inaugurale et premières pratiques 

  • Le centre Monchanin et l'interculturel au Québec : de quelques figures marquantes
    Joseph Levy (RRSPQ - Réseau de recherche en santé des populations du Québec)

    Vers le début des années 1960, La création du Centre interculturel Monchanin à Montréal ouvre une étape nouvelle dans la rencontre interculturelle, à un moment où le Québec se transforme profondément et s'ouvre internationalement avec l'arrivée de groupes d'immigrants provenant d'horizons culturels et religieux divers. Figures dominantes dans l'établissement de ce Centre, les Père Jacques Langlais et Robert Vachon jouent un rôle majeur dans la mise en place des principes et des programmes qui régiront l'exploration de la rencontre interculturelle à Montréal. Celle-ci est profondément inspirée par les modèles et les philosophies des penseurs qui ont expérientiellement approfondi le rapport à l'interculturel. Nous baserons notre analyse sur un retour aux textes fondateurs de ces deux penseurs et nous analyserons leurs répercussions sur la vision du Centre et ses activités à partir des biographies de Jacques Langlais et Robert Vachon ainsi que des articles parus dans la revue du Centre qui ont traité de la contribution de Monchanin et le Saux à l'itinéraire original de cette institution. Cette rétrospective sur des sources aujourd'hui plutôt oubliées permettra de mettre en lumière quelques jalons significatifs qui ont orienté l'action des premiers pionniers de l'interculturel montréalais et ouvert la voie à des expériences inédites et exemplaires.

  • L'Autre « insider » : représentations de dialogue et transformations institutionnelles au Québec
    Danielle Gratton (UdeM - Université de Montréal)

    Toute rencontre interculturelle se réalise dans un contexte particulier qui rend possible des contacts entre des personnes issues de traditions et de savoirs différents. Une question se pose alors : Quelle est la trajectoire des idées qui sont échangées au cœur de rencontres significatives ? Nous savons que Kalpana Das de l'Institut Interculturel de Montréal, une immigrante, et Margalit Cohen Émérique, une consultante française qui a fait plusieurs aller-retour entre la France et le Québec, ont eu un impact majeur sur l'institutionnalisation de cette problématique au Québec. Si l'on peut voir le dialogue comme un contexte où le soi représente sa culture à l'Autre, qu'est-ce que les acteurs sociaux québécois de cette époque ont mis dans cette représentation ? Cette présentation vise à situer l'apport de Das et de Cohen Émérique dans le développement et l'institutionnalisation des approches de gestion de la diversité au dans le réseau de la santé et au niveau politique. Das insisté sur l'importance de reconnaître que c'est en premier sur leurs savoirs venus de leur pays d'origine que les immigrants s'appuient pour faire les adaptations exigées par les nouveaux environnements physiques et humains. En s'intéressant à la question autochtone, elle a aussi tenté de faire reconnaître l'importance de ce savoir dans la construction des sociétés canadiennes et québécoises.

  • Discussion

Panel / Atelier

Discussion libre


Communications orales

Interculturalisme dans la sphère publique

Présidence : Lomomba Emongo (UdeM - Université de Montréal)
  • Parler de l'interculturalisme: Langage et formes dominantes de discours interculturel au Québec
    Celine Cooper (University of Toronto)

    Influenced by the Bouchard-Taylor Commission on Reasonable Accommodation, a growing body of social science research has emerged in recent years to place particular emphasis on defining interculturalism (Bouchard 2011) and consider its viability as an “alternative” model of integration (in relation to Canadian multiculturalism) designed to manage the challenges of diversity as they relate to specific questions of majority/minority relations, language, culture, nation and state in the Quebec context (McAndrew 2007). These articulations of interculturalism – made dominant through various processes – are consistent in their endorsement of pluralism, but also in their assertion that Quebec is a distinct nation, that the French language is the key defining feature or ‘site of convergence' for this nation, and that the Francophone majority must be respected as the dominant culture into which all other groups must integrate (Bouchard 2011; Bouchard & Taylor 2008; Rocher & Labelle 2010). Language has of course always served as a key terrain across which processes of social organization, identification with and orientation to the nation in Canada have been structured. Yet the literature on interculturalism in Quebec does not adequately engage with critical approaches to linguistic and social theory that would offer valuable insight into how relations of social difference and inequality are constructed in this discourse, (Giddens 1991; Appadurai 1996; Heller 2010).

  • Contributions musulmanes à l'interculturalisme au Québec : faits, discours, et théories
    Patrice Brodeur (UdeM - Université de Montréal)

    Il existe une grande diversité de perspectives chez les musulmans québécois dans les débats sur l'interculturalisme au Québec et sur le multiculturalisme canadien. Les contributions sont de l'ordre de faits publics et privés (organisations d'événements divers et choix de vie personnelle et familiale) ainsi que de discours au sein des débats publics (immigration, fin de l'enseignement confessionnelle et mise en place du programme Éthique et culture religieuse, commission Bouchard-Taylor, etc.). Enfin, plusieur(e)s musulman(e)s québécois(e)s (Samia Amor, Ali Daher, Samira Laouini, etc.) ont également contribués à l'avancement théorique des notions de multiculturalisme et d'interculturalisme depuis quelques années. Cette présentation présentera, en résumé, un échantillon de cette diversité qui reflète bien les dynamiques complexes d'intégration de cette riche communauté à la société québécoise.

  • Discussion

Communications orales

Au-delà de la Commission Bouchard-Taylor

Présidence : Lomomba Emongo (UdeM - Université de Montréal)
  • L'interculturalisme au sein des travaux de la Commission Bouchard-Taylor : conception, utilisation et influence
    Jorge Frozzini (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Lors des travaux de la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles, mieux connue sous le nom de la Commission Bouchard-Taylor (2007-2008), une grande partie de la population de la province du Québec (Canada) entend parler pour la première fois de diverses politiques destinées à régir les rapports interculturels. C'est lors des travaux de cette Commission que l'interculturalisme est sanctionné comme le modèle le mieux adapté à la société québécoise. Une lecture critique des discours présents lors des travaux de la Commission permet de comprendre comment une vision particulière de l'interculturalisme est mise de l'avant et comment elle influence la rencontre de l'autre. En effet, la définition de l'interculturalisme favorise une visée politique qui, indirectement, permet la hiérarchisation des citoyens (la majorité canadienne-française est privilégiée) et des discours (l'interculturalisme est préférable au multiculturalisme) et façonne donc la représentation du dialogue interculturel qui n'en est pas un d'égal à égal à l'intérieur de ces paramètres. Finalement, nous avançons que ces orientations réduisent les possibilités en ce qui a trait aux divers trajets que pourrait prendre la société et contribuent au maintient d'une relation de pouvoir propice à la gestion de l'espace national.

  • La carrière politique de l'interculturalisme au Québec
    Bob W. White (UdeM - Université de Montréal)

    L'interculturalisme se trouve actuellement au centre d'un débat de société qui oppose d'un côté les immigrants et de l'autre les Québécois « de souche ». Dans un certain sens le Québec a toujours été une société qui compose avec les dynamiques interculturelles, et le terme non plus n'est pas nouveau au Québec. Afin d'interroger le consensus qui, selon certains auteurs, aurait émergé autour du terme dernièrement, ce texte propose une analyse de l'utilisation politique de l'utilisation du terme depuis la tenue de la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles (La Commission Bouchard-Taylor) en 2007. Suite aux audiences publiques de la commission, qui ont été diffusé largement au Québec et qui ont été l'objet de beaucoup de critiques, l'idée de l'interculturalisme a occupé une place importante dans les médias et dans l'espace public. Une analyse interculturelle de certains textes et discours entourant la publication du livre met en évidence l'instrumentalisation du terme à travers l'identification de trois stratégies rhétoriques : opposition entre interculturalisme et multiculturalisme, glissement entre facteurs prescriptifs et facteurs descriptifs, utilisation romantique de la notion du dialogue. La vision dominante de l'interculturalisme au Québec représente une vision monoculturelle de la diversité (et non pas interculturelle) parce qu'elle ignore l'histoire de la pensée interculturelle au Québec.

  • Discussion

Communications orales

Quelle politique interculturelle pour le Québec ? Discussion autour du livre L'interculturalisme (G. Bouchard, 2012)

Présidence : Danielle Gratton (UdeM - Université de Montréal)