Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les indicateurs sont devenus des instruments de gestion et de gouvernance incontournables dans pratiquement tous les domaines et toutes les échelles de la politique publique. En particulier depuis le début des années 90, les indicateurs « alternatifs » ont vu le jour, d’abord avec l’élaboration des indicateurs du développement durable, et plus récemment, sous forme des indicateurs de progrès social, de qualité de vie, de bien être, etc. Néanmoins, en tant qu’instrument de gestion publique, les indicateurs sont souvent critiqués du fait qu’ils sont issus de l’« expertocratie », en étant typiquement conçus par des experts-scientifiques, et ainsi ne répondant pas aux « vraies » préoccupations des citoyens concernés. Un tel dilemme entre l’expertise savante et les préoccupations citoyennes se manifeste également dans la tension entre deux demandes : les indicateurs alternatifs sont censés être à la fois représentatifs du territoire (demande sociétale) qu’ils renseignent et comparables au niveau international (demande politique).
Une suggestion logique et fréquente à ce dilemme consiste à renforcer la participation des citoyens dans l’élaboration des indicateurs. Souvent exprimée, cette recommandation n’est pourtant pas souvent suivie en pratique. Par ailleurs, on en sait encore peu sur les conséquences de la participation dans les différentes étapes du « cycle de vie » des indicateurs, allant des processus de production à leurs conséquences. La littérature sur les différentes formes de participation des citoyens dans de nombreux domaines de la vie politique a mis en évidence une tension entre les objectifs émancipatoires et du contrôle (à travers des formes de « gouvernementalité ») de la participation. Les leçons de cette littérature mériteraient à être mieux intégrées dans le développement et la recherche sur les indicateurs.
La thématique de ce colloque portera généralement sur les leviers et barrières à l’institutionnalisation des indicateurs alternatifs, et plus particulièrement sur les conditions pour qu’un indicateur puisse répondre à la fois aux demandes sociétales et politiques, à savoir représenter les citoyens et être comparable internationalement. Ainsi deux notions phares seront approfondies au cours de ce colloque : la participation et la question d’échelle.
Dates :- Léa Sébastien (Université de Toulouse II - le Mirail)
- Markku Lehtonen (Université du Sussex)
Programme
Nouveaux indicateurs : quand les échelles de gouvernance posent problème
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Processus de construction et modalités d'usages aux fondements de systèmes d'indicateurs efficaces en aménagement du territoirePierre-Henri Bombenger (HES-SO - Haute école spécialisée de Suisse occidentale), Florent JOERIN (Institut G2C, Heig-vd Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud)
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Les enjeux du processus d'institutionnalisation des indicateurs de bien-être territorialisés : le cas de l'expérience grenobloiseValérie FARGEON (Université Pierre-Mendès-France Grenoble 2), Anne LE ROY (Université Pierre-Mendès-France Grenoble 2), Claudine OFFREDI (Université Pierre-Mendès-France Grenoble 2), Fiona Ottaviani (Université de Grenoble)
Une expérimentation impulsée par des chercheurs et des professionnels des politiques publiques visant à construire des indicateurs de bien-être soutenable territorialisée à l'échelle du territoire de l'agglomération grenobloise a émergé à la croisée des considérations scientifiques sur les indicateurs alternatifs et des enjeux associés à l'enrichissement de l'observation locale face aux limites des indicateurs existants.
Cette communication analyse les Indicateurs de Bien Etre Soutenable Territorialisées pour apporter une contribution à l'analyse des leviers et barrières à l'institutionnalisation des indicateurs alternatifs. Différentes questions sont soulevées : comment approcher cet objet « bien-être » par essence multidimensionnel et transdisciplinaire ? Comment rendre compte des territoires et de la localité et en même temps, disposer d'indicateurs qui ont un sens dans la perspective de comparaisons nationales voire internationales ? Comment passer de la convention à la mesure pour permettre la transformation de catégories de connaissance en catégories d'action publique et collective ?
Construire et penser ensemble les trois éléments du triplet : la façon de penser la société et en l'occurrence le développement, les modalités de l'action publique et les modes de description, notamment statistiques, sans être une condition suffisante constitue sans doute une condition nécessaire à l'institutionnalisation des indicateurs de bien-être.
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Indicateurs : qui veut quoi? Analyse des écarts de représentations sociales entre acteurs dans plusieurs pays européens à propos des indicateurs alternatifs au PIBLéa SÉBASTIEN (Université de Toulouse II - le Mirail), Géraldine Thiry (ULB - Université Libre de Bruxelles)
Comment mesurer les notions de durabilité, de progrès social, de bien-être ? Doit-on remplacer le PIB ou le compléter par d'autres indicateurs sociaux et environnementaux ? Au niveau scientifique, nombreuses sont les approches qui se penchent sur ce mouvement dit « Au-delà du PIB » en décortiquant le processus d'élaboration des indicateurs ou le rôle qu'ils peuvent jouer dans les systèmes de gouvernance. Néanmoins, peu d'études questionnent la manière dont les acteurs sociétaux, politiques et scientifiques s'emparent de ce programme « Au-delà du PIB » dans leurs pratiques et représentations sociales. Nous souhaitons approfondir cette problématique au sein du projet européen BRAINPOoL.
Dans un premier temps, notre communication présente les différents contextes politiques, scientifiques et sociétaux de plusieurs pays européens à propos des initiatives autour des indicateurs alternatifs. La seconde partie détaille notre méthodologie basée sur une analyse documentaire et une série d'entretiens semi-directifs effectués auprès d'acteurs-clés (40 documents analysés et 40 entretiens menés). Nous proposons d'approfondir trois enjeux majeurs où les divergences entre acteurs s'avèrent problématiques : 1) le manque d'un socle théorique commun ; 2) la difficile combinaison d'échelles dans la mise en place d'indicateurs ; 3) le fossé entre les intentions et les actions concernant la participation citoyenne à l'élaboration d'indicateurs alternatifs.
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Indicateurs : qui veut quoi ? Analyse des écarts de représentations sociales entre acteurs dans plusieurs pays européens à propos des indicateurs alternatifs au PIBTom BAULER (Centre d'Etudes du Développement Durable, Université Libre de Bruxelles), Léa Sébastien (Université de Toulouse II - le Mirail), Géraldine THIRY (ULB - Université Libre de Bruxelles)
Comment mesurer les notions de durabilité, de progrès social, de bien-être ? Doit-on remplacer le PIB ou le compléter par d'autres indicateurs sociaux et environnementaux ? Au niveau scientifique, nombreuses sont les approches qui se penchent sur ce mouvement dit « Au-delà du PIB » en décortiquant le processus d'élaboration des indicateurs ou le rôle qu'ils peuvent jouer dans les systèmes de gouvernance. Néanmoins, peu d'études questionnent la manière dont les acteurs sociétaux, politiques et scientifiques s'emparent de ce programme « Au-delà du PIB » dans leurs pratiques et représentations sociales. Nous souhaitons approfondir cette problématique au sein du projet européen BRAINPOoL.
Dans un premier temps, notre communication présente les différents contextes politiques, scientifiques et sociétaux de plusieurs pays européens à propos des initiatives autour des indicateurs alternatifs. La seconde partie détaille notre méthodologie basée sur une analyse documentaire et une série d'entretiens semi-directifs effectués auprès d'acteurs-clés (40 documents analysés et 40 entretiens menés). Nous proposons d'approfondir trois enjeux majeurs où les divergences entre acteurs s'avèrent problématiques : 1) le manque d'un socle théorique commun ; 2) la difficile combinaison d'échelles dans la mise en place d'indicateurs ; 3) le fossé entre les intentions et les actions concernant la participation citoyenne à l'élaboration d'indicateurs alternatifs.
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Les chiffres et leur interprétation ou comment intégrer des indicateurs quantitatifs dans les études de l'EurocratieRaluca Calin (Université d'Avignon et des pays de Vaucluse)
Nous vivons dans une société où tout est quantifiable. Tout notre environnement (travail, commerce, enseignement etc.) est devenu une question de quotas et de ratios. La « culture du chiffre » modifie le monde et surtout la perception que nous en avons.
Notre communication s'inscrit dans le domaine des sciences de l'information et de la communication, afin de proposer une lecture qualitative et multidisciplinaire de la culture du chiffre. Nous sommes d'avis que les données qualitatives ne sont pas suffisantes à elles mêmes et doivent être complétées par des données quantitatives. Dans cette optique, nous souhaitons favoriser des indicateurs qualitatifs de réception des publics et mettre l'accent sur leur plus-value.
Sur la base de plusieurs enquêtes réalisées, nous cherchons à déterminer des typologies d'indicateurs factuels, qui tiennent compte de l'opinion publique et qui sont administrativement « traitables », avec l'objectif d'intégrer ces indicateurs auprès des institutions européennes. Pour ce faire, nous nous appuyons sur le Programme Media et sur le cinéma européen, en mettant en exergue les indicateurs utilisés et les écarts produits entre les données recueillies et l'opinion publique. Nous estimons des résultats qualitatifs et factuels qui puissent être intégrés en amont dans les processus administratifs et ainsi améliorer l'apport de l'expertise « citoyenne » dans les programmes européens.
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Mesurer l'état de propreté d'une ville? Comment? Pour qui? Pourquoi?Frederique Jacob (Université Joseph Fourier Grenoble 1)
Cette contribution examine les travaux en cours au sein de l'AVPU (Association des villes françaises pour la propreté urbaine) pour élaborer une grille d'évaluation de l'état de propreté à l'aide de critères quantitatifs. L'analyse de cette grille montre l'absence de critères qualitatifs, la non prise en compte des attentes des habitants en matière d'état de propreté de la ville ce qui paraît en contradiction avec les objectifs initiaux de la grille. L'influence de techniciens territoriaux, de sociétés de conseil oriente vers une méthodologie qualifiée de « robuste » qui sécurise les élus, qui peuvent communiquer sur des résultats qui paraissent représentatifs d'une évolution état de propreté de la ville. L'élaboration de cette grille montre les limites de la démocratie représentative locale et fait réfléchir à un nouveau paradigme où l'habitant est vraiment pris en compte tout au long du processus de décision politique.
Et si la participation citoyenne pouvait changer la donne?
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Les valeurs publiques : critère alternatif pour la construction d'indicateurs de gouvernance des services publics d'eau? Les leçons d'une démarche de recherche-actionVerdon DOMINIQUE, Even LOIC, Julien SOURIAU, Marie Tsanga Tabi (IRSTEA - Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture)
La construction des indicateurs pour piloter l'action publique a jusque-là résulté d'un processus dominé par les savoirs experts des corps d'ingénieurs propres aux métiers de l'eau. Les tentatives de conception d'indicateurs alternatifs intégrant la multi-dimensionnalité des enjeux de gestion de l'eau empruntent diverses voies depuis quelques années, parmi lesquelles le développement durable et ses déclinaisons citoyennes, mais sans véritable greffe de la participation de la société civile et sans réel accrochage du politique.
Cette contribution présente une expérience de recherche-action menée dans un grand service urbain pour refonder son dispositif de gouvernance. Elle propose les valeurs publiques de l'eau comme critère transcendant de la chose publique inhérente à l'eau et susceptible de sortir les indicateurs de l'enfermement de la technique et du marchand. Nous montrons les limites du nouveau dispositif national de gouvernance de l'eau par les indicateurs de performance à l'œuvre en France et démontrons en quoi l'approche par les valeurs publiques permet de relever le défi de la participation locale des usagers à l'élaboration du référentiel évaluatif d'un bien commun. Nous discuterons la portée de cette approche pour questionner les fondements normatifs du système de mesure à l'œuvre dans l'eau, et ses implications en termes de gouvernance, dans un monde où la référence au quantitatif et au marchand demeure la norme.
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Indicateurs et participation : promesses, écueils et déceptionsMarkku Lehtonen (Université du Sussex)
Le travail sur les indicateurs « alternatifs et participatifs » tend à s'inspirer d'une approche hautement normative, reposant sur l'hypothèse selon laquelle davantage de participation des citoyens dans l'élaboration des indicateurs serait nécessairement favorable à la démocratie « délibérative » ou « participative ». Néanmoins, l'expérience et recherche de nombreux domaines de l'action publique ont mises en exergue les nombreux écueils et paradoxes associés aux démarches participatives et délibératives, soulignant en particulier deux tensions : d'une part, celle entre les échelles de la participation et délibération « micro » et « macro », dans un contexte de « systèmes délibératifs », et de l'autre part, les tensions entre les fonctions émancipatoires et de contrôle, légitimation et justification de la participation. En se focalisant en particulier sur les questions de pouvoir, cette contribution puise dans cette littérature critique afin d'examiner les vertus et les embûches de la participation citoyenne dans le travail autour des indicateurs alternatifs.
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Entre stratégies et géogouvernance à multi-échelles : comment optimiser les projets de nature en ville?Gilles MAIGNANT (UNS - Université Nice Sophia Antipolis), Sebastien Passel (UNS - Université Nice Sophia Antipolis), Cynthia RONDELLI (UNS - Université Nice Sophia Antipolis)
En France, la thématique de la nature en ville présente un intérêt croissant chez le public comme chez le politique. Notre proposition s'inscrit dans le cadre d'une réflexion concernant les nouveaux défis sociétaux à promouvoir dans toute prospective territoriale. L'action d'aménagement de la ville se révèlerait stratégie : celle-ci permet, à partir d'une décision initiale, de créer un certain nombre de scénarios destinés à optimiser l'existant, pour agir en faveur d'une « géographie du mieux ». La stratégie requiert ainsi la connaissance complexe, et doit se mener en travaillant contre l'incertain et les logiques multiples du jeu d'acteurs et autres interactions à multi-échelles. Il s'agirait d'obtenir une situation d'équilibre entre les différents acteurs, en adoptant les principes de la géogouvernance.
Face à ces enjeux, nous proposons dans un premier temps d'étudier la mise en place de stratégies d'acteurs par la « théorie des jeux », dans le cadre de la réalisation de sites écologiques intercommunaux autour du Cap d'Antibes (Alpes-Maritimes). Dans un deuxième temps, il est à considérer que la qualité de vie doit également posséder une entrée relevant des préoccupations individuelles. Ainsi, nous avons créé une enquête baptisée « EnviroNice », où les Niçois doivent estimer leur représentation du bien-être au sein d'un espace public niçois. Cette démarche bottom-up impose une conception d'ensemble ayant pour dessein d'améliorer la qualité de vie au niveau intra-urbain.
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L'indicateur d'appropriation territoriale : vers une approche globale?Brigitte Nader (UPEC)
Nos sociétés sont confrontées à un vieillissement inédit dont la traduction territoriale oblige les différents acteurs à reconsidérer l'approche de la vieillesse. Cette évolution nécessite que la personne âgée soit considérée dans sa globalité, comme une personne mobile, citoyenne, intégrée dans la société, qui investit et s'investit dans son territoire de vie. Les indicateurs existants évaluent la qualité de vie souvent associée à la santé perçue, le bien-être mais ne considèrent pas le rapport au territoire, sa perception et son appropriation.
Une enquête a été menée auprès de 158 personnes âgées de 75 à 102 ans dans le 14ème arrondissement à Paris, pour recueillir les habitudes de vie et les pratiques spatiales aux travers des déplacements quotidiens. L'analyse des pratiques spatiales s'appuie sur deux outils, l'indicateur d'appropriation territoriale et les cartes mentales. L'indicateur est constitué de 6 groupes de facteurs, examinés dans une analyse factorielle qui permet de d'identifier types d'appropriation : fragile, assez bonne, bonne et très bonne.
20% des 75 ans et plus ont une mauvaise appropriation du territoire : les inégalités sociales de santé et la plus ou moins bonne perception du territoire apparaissent comme étant des facteurs discriminants. Cet indicateur permet en outre de détecter des situations de fragilité et s'insère dans toute politique de prévention de l'isolement, de la perte d'autonomie mais aussi dans tout diagnostic urbain ou rural.