Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Cette activité vise à mettre en lumière les modes de gestion de projets de développement international axés sur la participation, l’appropriation et la prise en charge locale et régionale. Les présentations et discussions permettront d’identifier des pratiques pouvant favoriser le développement et la participation des communautés afin d’améliorer les conditions de vie des individus.
Le colloque souhaite offrir une plate-forme d’échanges et de discussions où les chercheurs, les étudiants et les praticiens intéressés par la gestion de projets en développement international peuvent partager leurs expériences sur le terrain et discuter des voies d’avenir dans le domaine.
Les objectifs principaux de la rencontre sont :
- Identifier des moyens pouvant favoriser l’intégration des paysans et des groupes marginaux de la population dans les processus d’élaboration des projets de développement internationaux.
- Analyser les approches d’évaluation participative dans les processus de gestion, monitoring et suivi des projets.
- Favoriser le réseautage entre chercheurs, étudiants et praticiens impliqués dans la gestion de projets de développement international.
- Augmenter la visibilité des travaux de recherche portant sur la thématique de la rencontre.
Voici quelques-unes des questions qui seront approfondies :
- Comment les organismes locaux et internationaux réussissent-ils à intégrer des populations cibles (i.e., paysans, femmes, familles, communautés, etc.) dans le processus d’élaboration (planification, gestion, monitoring et évaluation) de projets de développement?
- Quelles sont les approches participatives privilégiées par les organismes locaux et internationaux durant la gestion (le monitoring et le suivi) et l’évaluation des projets ?
- Quels sont les potentiels et les limites de l’approche du développement géré par les communautés (Community driven development) ?
- Comment lier les objectifs de projets de court terme à une stratégie de développement durable selon la perspective des communautés impliquées?
- Alain Olivier (Université Laval)
- Jihane Lamouri (Université Laval)
Programme
Mot de bienvenue et présentation du colloque
De la théorie à la pratique
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La gestion stratégique et la gestion de projets : défis de l'organisation par projets en développement internationalOlga Navarro-Flores (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
Le rôle que les organisations non gouvernementales (ONG) du Nord et du Sud ont joué dans la mobilisation des populations marginalisées des pays en voie de développement, ou dans le financement et l'assistance technique aux organismes communautaires et mouvements sociaux locaux est essentiel en développement international. Plusieurs des ONG du Nord ont vu le jour dans les années 1950 au sein de missions religieuses tandis que d'autres ont émergé dans les années 1960 en tant que groupes laïques d'aide humanitaire (Ryfman, 2004). Dans les pays du Sud, les ONG se sont organisé parallèlement aux activités appuyées par le ONG du Nord, dans le but d'exprimer les souhaits, les aspirations et les projets des populations locales. Depuis, les ONG du Nord comme celles du Sud ont été au cœur de la dynamique de développement et leur importance a été reconnue.
Même s'il existe une littérature abondante sur le rôle, l'impact, les partenariats et défis organisationnelles des ONG dans le secteur du développement international, il n'existe pas d'études, à notre connaissance, sur l'impact de la structure organisationnelle des ONG axée sur les projets (court terme) sur les résultats de développement (long terme) de leurs projets. Nous arguons dans cette proposition que les études sur les ONG et sur la gestion de projets de développement international sous-estiment largement le contexte organisationnelle des ONG et son impact dans l'atteinte de leurs objectifs de développement local.
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Paradoxe et défis du renforcement des capacités locales : le cas des organisations humanitaires
La participation des bénéficiaires et l'appropriation par les partenaires locaux des projets humanitaires et de reconstruction sont aujourd'hui considérées comme des approches incontournables dans les interventions internationales (Juma et Suhrke 2002; Gizelis et Kosek, 2005; Harvey et al., 2010;). Si un consensus existe sur les défaillances du développement des capacités pour les organisations humanitaires, peu de recherche scientifique ont tenté de comprendre pourquoi les organisations humanitaires ne s'y investissent pas adéquatement.
Certaines études-terrain ont mené à différentes hypothèses. Par exemple, de multiples situations de dédoublement de tâches et parfois même de compétition ont été notées des suites de la crise du tsunami en Asie du Sud-Est où il a été observé une tendance évidente de subordination des capacités locales aux acteurs internationaux. Également, les autorités et organisations locales ont été systématiquement marginalisées dans les processus décisionnels et de mise en œuvre, avec comme résultat le recrutement rapide des professionnels qualifiés des organisations locales par les organisations internationales. Ce type de relation entre les organisations locales et internationales inhibe, plutôt que renforce, les capacités locales. Cet exposé permettra de présenter les résultats d'une recherche sur les défis auxquels sont confrontés neuf organisations humanitaires.
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L'accompagnement vers la gouvernance locale : moteur de réappropriation du développement. L'approche du CECIIsabelle Vandeplas (Centre d'Étude et de coopération Internationale CECI, ONG)
L'implication des communautés dans la planification de projets de développement internationaux est cruciale mais insuffisante pour un développement long terme. Un partenariat public-privé, avec les élus locaux présents dans toutes les étapes du développement local permet plus d'harmonisation et de cohérence avec les politiques nationales. La gouvernance locale, avec un pilotage stratégique par les élus locaux, en dialogue et partage de responsabilités avec la société civile est ainsi motrice du développement local.
Cet exposé présente l'approche et quelques outils de gestion du CECI permettant l'accompagnement effectif des acteurs locaux, étatiques et civils, hommes et femmes, dans la planification, mise en œuvre, gestion et l'évaluation des projets de développement internationaux. Cette approche vise le renforcement des capacités à long terme des acteurs de la société civile et des institutions décentralisées, en gouvernance participative et en gestion du développement local. Le CECI tient compte des enjeux autour de l'égalité entre les femmes et les hommes dans tous les aspects de cette approche.
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Pause
Études de cas
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Enjeux et défis liés à l'adaptation des projets d'une ONG canadienne visant le soutien à l'entreprenariat en Afrique du SudSophie Brière (Université Laval)
Des efforts importants ont été accomplis au cours des dernières décennies par les organisations internationales et les gouvernements nationaux des pays en développement pour promouvoir l'entrepreneuriat. Dans la plupart des cas, ces programmes sont toutefois basés sur l'expérience des pays en développement notamment ceux privilégiés en Amérique du Nord, une approche discutable en terme de transférabilité. Cette question a été explorée à travers une étude de cas d'une organisation non gouvernementale (ONG) canadienne qui soutient les entrepreneurs en Afrique du Sud. L'analyse montre que la transposition d'un modèle de soutien à l'entrepreneuriat développé au Nord pour le Sud a des limites importantes en raison des spécificités du pays et des multiples logiques qui convergent. Il devient évident que des adaptations sont nécessaires afin d'assurer la pertinence de l'intervention dans le contexte spécifique du pays ciblé. La recherche a permis d'identifier plusieurs stratégies d'adaptation lors de la mise en œuvre du projet, basées en majeure partie sur la participation des parties prenantes, et de développer un modèle stratégique des facteurs de succès pour les projets internationaux de développement de l'entrepreneuriat.
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Savoir intégrer les savoirs : le cas des haies anti-érosives au BurundiGeneviève Laroche (Université Laval)
Pour faire face au problème majeur de l'érosion hydrique sur les collines du Burundi, les autorités gouvernementales et plusieurs organisations non gouvernementales sont associées dans des projets visant à implanter des rangées d'arbres et d'arbustes sur les collines cultivées de façon à freiner le processus d'érosion. Or, malgré des années d'efforts de la part des acteurs en présence et une implication massive de la population locale, les haies sont tôt ou tard partiellement ou totalement détruites, et ce souvent sous l'action même des agriculteurs. Comment expliquer un tel non-sens ?
La littérature fait état de l'importance de l'intégration des savoirs des agriculteurs dans les projets de développement pour assurer leur durabilité. Nous basant sur ces constats, nous avons mené en 2010 une enquête exploratoire dans trois communes de la province de Ngozi pour comprendre comment le processus de communication entre les agents de projet et les agriculteurs avait pu influencer l'intégration des savoirs des agriculteurs dans le projet. Notre étude fait ressortir l'importance pour les gestionnaires de prévoir une implication des populations en amont des projets et des structures, ainsi que des modes d'évaluation souples permettant l'adaptation des objectifs et des impératifs du projet aux réalités vécues par les bénéficiaires.
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Les parcs agro-forestiers en Basse Casamance : contribution à la réduction des risques de pauvreté des ménages de la communauté rurale de Mangagoulack au SénégalMamadou Goudiaby (Université Laval), Nancy GÉLINAS, Alain OLIVIER
Depuis 2001, le Sénégal a décliné des stratégies nationales de réduction de la pauvreté, conformément au troisième objectif du millénaire pour le développement. Parmi les axes prioritaires, figure la promotion du développement agricole, notamment de l'agroforesterie dont dépend près de la moitié de la population nationale pour sa survie. Sur un taux national de 48,5 % de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté, la région de la Basse Casamance enregistre le plus grand taux avec 67,1 % de ménages vulnérables (DSRP2). Paradoxalement, considérée autrefois comme le grenier du Sénégal, cette région détient les plus riches ressources forestières du pays avec des réserves importantes de produits forestiers non ligneux (PFNL), longtemps utilisés par les ménages ruraux pour combler leurs déficits vivriers en année de mauvaises récoltes.
Les résultats de cette étude réalisée dans la communauté rurale de Mangagoulack au Sénégal démontrent que les populations de l'ethnie Diola accordent aux arbres une place importante dans leurs activités socio-économiques et culturelles.
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Le renforcement des capacités dans un projet d'aide humanitaire en santé mentale. Le cas d'un projet d'Action contre la Faim (ACF-France) en Haïti.Alexandre LETZELTER (ÉNAP - École nationale d'administration publique), Olga Navarro-Flores (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
Nous présentons les résultats d'un processus de recherche-action menée dans le cadre d'un projet de développement visant la malnutrition infantile et le choléra en Haïti par l'ONG française Action contre le Faim. Notre objectif est de présenter les enjeux qui entourent les objectifs de renforcement des capacités dans un contexte d'aide humanitaire, face aux défis complexes et mouvants, pour développer tant que faire se peut des moyens d'actions aux effets durables. Il s'agit d'une démarche scientifique participative où nous avons privilégié des processus continus, cohérents, pertinents et transversaux, centrés sur l'apprentissage et l'appropriation plutôt que sur les résultats quantitatifs.
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Dîner
Vers une gestion locale plus effective
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L'entrepreneuriat dans la production des plantes à valeur ajoutée : moteur de développement durable pour les communautés rurales africainesJérôme Leblanc (Fondation biotechnologie pour le développement durable en Afrique (BDA))
Le développement d'écoentreprises rurales florissantes au cœur de ces communautés constitue l'élément central de ce modèle de développement durable au triple impact économique, social et environnemental.??
En pleine innovation, la Fondation BDA a créé son programme Plante Action qui vise principalement à former et accompagner des écopreneurs entrepreneurs écologiques, africains dans la production moderne et la commercialisation de plantes à valeur ajoutée vers les marchés internationaux.
La biodiversité africaine, et plus précisément celle des Forêts du bassin du Congo où BDA met en œuvre son programme, est d'une richesse exceptionnelle. Le programme Plante Action donne des outils aux populations locales pour qu'elles puissent exploiter elles-mêmes les produits de la biodiversité locale pour leur propre intérêt, en créant de la richesse et de l'emploi dans ces communautés, tout en préservant durablement cette biodiversité et en luttant contre les changements climatiques par le reboisement et la prévention de le déforestation. Les écopreneurs et leurs communautés deviennent par le fait même des acteurs du changement qui prennent en main leur développement.
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Impacts socioéconomiques de l'utilisation de la jachère forestière améliorée pour la récupération des terres salées dans la région de Kaolack, au SénégalNathalie GRAVEL, Adama Koné (Université Laval), Alain OLIVIER
Dans la région de Kaolack au Sénégal, la jachère forestière améliorée a été utilisée par des paysans de Koutal pour la restauration de terres dégradées. Après cinq ans de mise en place, elle a fait l'objet d'une étude portant sur l'évaluation des impacts socio-économiques de celle-ci sur la vie des paysans. La recherche qualitative, basée sur des enquêtes socioéconomiques avec des variables relatives au chef de ménage, au capital économique, au capital social et au capital humain a été utilisée pour appréhender les impacts socioéconomiques. Les statistiques descriptives et l'analyse de contenu thématique ont permis d'analyser les données recueillies sur le terrain. Les résultats de l'étude ont révélé que la jachère forestière améliorée a procuré des bénéfices importants aux paysans. Ces bénéfices sont appréciables à partir du capital boisé du site, des produits forestiers vendus ou autoconsommés, du renforcement de la cohésion sociale et du développement du tissu relationnel.
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Potentialités de l'approche du développement géré par les communautés : le cas des Manta-Huancavilca (Région littorale de l'Équateur)Bahar Tuncay (Université Laval)
Dans le contexte de marginalisation généralisée pour l'ensemble des groupes autochtones répartis sur les trois bassins versants du pays, ceux de la région littorale de l'Équateur sont davantage marginalisés. Cela découle premièrement du fait d'être absents dans les imaginaires nationaux en tant qu'Autochtones et deuxièmement, en ne faisant pas l'objet d'études alors qu'existe une littérature abondante sur les groupes autochtones andins et amazoniens. Parallèlement, leur accès aux ressources et à l'appui des divers organismes de développement international demeure limité comparativement à leurs pairs andins et amazoniens qui bénéficient d'une plus grande visibilité à l'échelle internationale.
La communication a comme objectif de présenter les potentialités des stratégies utilisées par les groupes autochtones de la région littorale équatorienne pour s'intégrer dans les stratégies de développement économique mises en place par l'État concernant leur région afin d'en tirer profit pour le développement local.
Les stratégies de développement étatiques pour la région littorale consistent à combiner ses attraits naturels avec le patrimoine culturel issu des civilisations préhispaniques afin de favoriser le tourisme. Les communautés autochtones du littoral ont mis en place certaines initiatives en vue de tirer profit des revenus engendrés par les activités touristiques.
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