Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Le colloque propose de réfléchir sur les frontières entre le privé et le politique au regard des violences sexuelles, conjugales et politiques. Nous nous demanderons dans quelle mesure le privé peut et doit devenir plus politique pour mettre fin à ces violences. Contextuelles, elles se forment en déformant et déplaçant les espaces sécuritaires. Individuelles et collectives, elles se posent en s’opposant à la stricte séparation des sphères privée et publique. Mais jusqu’où le privé peut-il devenir politique et jusqu’où le privé doit-il être politisé ? Jusqu’où peut-il relever du droit à l’information ?
Sachant que certains outils des nouvelles technologies de communication permettent de prouver mieux que jamais les violences domestiques ou sociales, on commence à équiper les personnes victimes de violence de téléphones de sécurité. En visant à diminuer les risques de revictimisation, on complexifierait paradoxalement la lutte contre ces violences. À mesure des progrès faits en matière de violence, on les amènerait à se subtiliser.
Suite aux études des violences sexuelles, l’émergence sociale et la conscientisation politique des violences conjugales ont particulièrement attiré notre attention. Nous verrons que les violences politiques et systémiques n’y sont pas non plus étrangères. La politisation des violences sexuelles et conjugales peut contribuer à égaliser les rapports de pouvoir et les autres rapports sociaux entre hommes et femmes. Ces violences n’étant pas un destin irrémédiable et se complexifiant proportionnellement au développement des droits des femmes, elles peuvent être combattues, limitées, voire éliminées.
Face à la porosité des frontières entre le privé et le politique dans les nouveaux enjeux relatifs à ces violences, on peut penser que la politique est à la fois le mal et la solution du mal, qu’elle se forme en les réformant. Au regard de nouvelles lectures (biopolitique, épistémologique, sociale, interventionniste, etc.), les interventions se situeront tant sur le plan politique, théorique et public que sur le terrain communautaire. Ce colloque multisectoriel s’adresse à tou(te)s, intervenant(e)s et chercheur(e)s intéressé(e)s aux politiques publiques de prévention et protection des victimes de violence, aux politiques sociales de réduction des méfaits et besoins des victimes de populations vulnérabilisées, notamment les femmes, les enfants et les aîné(e)s. Pour contrer à plus long terme les nouvelles formes de violence qu’elles vivent socialement ou potentiellement, il est urgent de former de nouvelles alliances interdisciplinaires, politiques, sociales et communautaires.
Dates :- Lawrence Olivier (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- David Risse (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Accueil et Mot de bienvenue
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Mot de bienvenue
Violences systémiques (emploi, famille et couple)
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De la violence systémique chez les femmes immigrantesAmel Belhassen Maalaoui (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Violence politique au Maroc et violence au sein de la famille : quels rapports ?Merieme Yafout (CM2S (Centre Marocain des Sciences Sociales))
Mon intervention propose d'étudier l'influence de la répression subie au sein de l'espace public ( de la part des autorités politiques) sur les relations au sein de la famille au Maroc. Je propose de partir d'un dicton marocain très significatif dans ce sens : « Le makhzen (système politique marocain) me torture et je torture Aouicha, mon épouse » afin de montrer que la violence au sein de la famille est, en partie, produit de la violence des autorités à l'égard du citoyen. De surplus, l'intervention tentera de montrer comment les différentes mesures prises par les organisations de la société civile marocaine sont aussi influencés par le politique puisqu'ils ne centrent leur attention que sur la violence au sein de la sphère privée comme si celle-ci naît indépendemment de la violence générale au sein de la société.
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Crimes d'honneurs au Liban : socialisation, sanctions et stratégies de survieMarie-Hélène Paré (University of Oxford)
Au Québec, les crimes d'honneur sont associés au procès de la famille Shafia et à la pression montante sur les services de prévention en violence familiale afin d'éviter que de tels drames se reproduisent. Cependant, que savons-nous exactement des logiques endogènes de l'honneur, du concept adjacent de la honte et des scénarios mis en place afin de restaurer l'honneur familial entaché? Cette communication répondra à ces questions en présentant les résultats d'une recherche au Liban portant sur les sanctions et stratégies de survie imposées aux filles et femmes de la famille lorsque leur honneur sexuel, communément appelé ‘ird, est entaché. Partant du postulat que les fémicides d'honneur sont une affaire de famille et souvent de clan, cette étude fournit une compréhension approfondie du phénomène à partir de six groupes de discussion menés avec 56 parents résidant dans les six régions du Liban en 2003. Les frontières du privé et du politique seront discutées à la lumière des trois scénarios qui sont ressortis de l'étude: 1) les familles affrontent le scandale par la sanction létale, c'est-à-dire le meurtre; 2) elles évitent le scandale via des mécanismes de tromperie - hymenoplastie ou mariage forcé de leur fille avec le violeur; 3) elles assument le scandale et offrent soutient moral et psychologique à leur fille. Cette étude fut financée par le gouvernent des Pays-Bas lequel a propulsé le projet de résolution 57 /179 à l'Assemblée générale des Nations Unies en 2002.
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Imbrications des pouvoirs publics-privés dans la violence conjugale ?, Myriam DUBÉ (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L'Organisation des Nations Unies, dans son compte-rendu sur les femmes, constate qu'en 2011, malgré des dispositifs légaux dans le monde entier pour contrer la violence conjugale, elle constitue encore un des obstacles au progrès de leur égalité et de leur autonomisation. Déjà en 2002, dans son rapport sur la violence et la santé, l'Organisation mondiale de la santé souligne que les sociétés plurielles contemporaines ne sont pas à l'abri des violences sociétale et conjugale, même si des actions sont prises politiquement, notamment au Canada et au Québec. Peu de recherches portent sur leurs imbrications. L'objectif de la présentation est de réfléchir sur les liens entre ces violences à partir de l'analytique du pouvoir foucaldien afin de repenser des modèles qui rendent compte de la complexité des interrelations entre pouvoirs public et privé. De là, l'importance de documenter, à partir de nos recherches empiriques sur la violence en contexte migratoire et sur l'homicide, comment agit la capacité du pouvoir individuel. Le but est de déceler ses maillages et ses filets dans les interactions systémiques multiples et dans les différents niveaux écologiques, avec leurs impacts sur la dyade partenaire dans la maisonnée, qui peut anéantir surtout la femme, voir la tuer. Une démarche renvoyant à des réponses éthiques, individuelles, communautaires et sociales, en amont de ces violences, donc de promotion et de prévention primaire, afin de briser la transmission intergénérationnelle.
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Discussion
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Pause
Traite humaine et violences sexuelles
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Des violences sans victime. L'impossible accès aux droits des victimes de la traite des êtres humainsMilena Jaksic
L'objet de la présente contribution est de discuter comment dans les conditions où les personnes sont avant tout appréhendées comme coupables de racolage ou de séjour irrégulier, parviennent-elles à faire reconnaître la réalité des violences subies et à accéder ainsi à un certain nombre de droits. On se propose en d'autres termes d'interroger l'application des politiques de reconnaissance des violences endurées à travers le cas spécifique de la traite des êtres humains. La contribution s'appuie sur les résultats d'une enquête ethnographique menée à Paris, auprès des principales instances de contrôle et/ou de protection des victimes de la traite : services de police, associations, préfectures, tribunaux.
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Violence sexuelle, migration et refuge : une impasseRita Acosta, Diana YAROS (Mouvement contre le viol et l'inceste)
Nous travaillons depuis dix ans avec une nouvelle clientèle : les femmes immigrantes et plus particulièrement les femmes demandeures d'asile.
C'est dans le cadre du Colloque sur les frontières entre le privé et le politique que le MCVI présentera dans un premier temps les politiques migratoires qui condamnent les femmes qui dénoncent ces violences. Dans un deuxième temps, nous présenterons le « recul important » des gains précédemment obtenus pour les femmes immigrantes parrainées.
Nous montrerons comment la violence, dans un contexte « privé », est cautionnée par l'État et ses politiques d'immigration afin que celle-ci demeure dans le privé et comment y contribue la « catégorie » des femmes parrainées qui se taisent face aux violences qu'elles vivent. Nous regarderons les politiques implantées qui bâillonnent les femmes demandeures d'asile.
Nous questionnerons le constat selon lequel les frontières du privé de la violence vécue par les femmes immigrantes et demandeures d'asile « doit rester dans le privé ». Les droits des femmes à une vie libre de violence seront bafoués par le politique.
Nous explorerons pourquoi, malgré la violence vécue, « les femmes immigrantes et demandeures d'asile » n'oseront pas traverser cette frontière.
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Le privé est politique. Les stratégies d'occultation de l'exploitation sexuelleLaurence Fortin-Pellerin (Université d’Ottawa)
La Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle (CLES) regroupe depuis 2004 des organismes et de personnes opposées à l'industrie du sexe. Elle dénonce publiquement l'exploitation sexuelle et forme des intervenantes et des intervenants susceptibles de rencontrer des femmes aux prises avec la prostitution. Pour ce faire, plusieurs milieux sont interpellés : gouvernement, services sociaux, communautaires et policiers, médias, mouvements sociaux et universités. En dénonçant publiquement l'exploitation sexuelle, les travailleuses et militantes de la CLES font face à une énorme résistance se manifestant notamment par des discours occultant l'exploitation sexuelle. De par sa mission, la CLES occupe donc une position privilégiée pour constater l'étendue et le degré des stratégies d'occultation de cette forme de violence masculine. Pour cette raison, je parlerai des stratégies d'occultation de l'exploitation sexuelle que les personnes impliquées à la CLES sont à même de constater à partir leur expérience. Je me base sur les stratégies d'occultation de la violence masculine telles que conceptualisées par Patricia Romito (2006).
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Discours sur le viol, discours sur le genre. Les rapports sociaux de sexe dans les représentations sociales en FranceCaroline Herasse (UL - Université de Lorraine)
Cette communication se propose d'interroger le champ des représentations qui structurent notre imaginaire, collectif et aussi individuel, en matière de viol. Appuyer en cela sur des analyses issues du travail de thèse – en cours – il s'agira de déconstruire le mythe du viol. Que nous dit-il ? Que le viol n'existe que rarement, qu'il prend scène dans un cadre spécifique – l'espace public, jamais le privé –, que les protagonistes sont un homme contre une femme – un monstre, un maniaque, contre une victime imprudente, naïve. Et le sens commun continue la répartition des rôles : la femme, celle qui provoque, celle qui n'ose pas, celle qui émet des signaux poussant l'homme à passer à l'acte. L'homme, celui aux besoins croissants, celui qui est frustré, celui qui cède aux pulsions, à ces instincts sexuels les plus bas. Dès lors, le viol, le vrai, ne peut être que brutale, fait de coups, de menaces, de cris. Un assaut sexuel où l'un exprime avec force un désir quasi animal ; où l'autre affirme vivement son non-consentement, se défend, exprime son refus à tout prix. Le viol, d'autant si l'on considère sa forme hétéronormée, apparait comme une agression sexuée. Ainsi, si le phénomène symbolise la négation sujet, l'on note aussi combien la femme est sexualisée et réifiée dans les représentations du viol. Le mythe, dans tous les cas, limite le champ de perception et de compréhension du phénomène, participe de la négation des réalités telles qu'elles sont objectivement vécues.
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Discussion
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Dîner
Acteurs et valeurs autour des violences (politiques et programmes d'intervention, police et justice)
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Une des ambitions de la collectivité parisienne : lutter sans merci pour l'éradication des violences faites aux femmesFatima Lalem, Valérie SUCHOD
Pleinement conscient de l'importance de cet enjeu, la municipalité parisienne a souhaité mettre en place une démarche originale en direction des femmes victimes de violence, s'engageant ainsi bien au-delà de ses prérogatives.
Nous suivons ainsi un positionnement clair et volontariste sur cette question en mettant en place un plan global d'actions contre les violences faites aux femmes :
- Prise en compte de la lutte contre les violences faites aux femmes dans le contrat parisien de sécurité
- Un partenariat privilégié avec une cinquantaine d'associations de lutte contre les violences, d'accompagnement des personnes prostituées.
- Mise en place de formation des acteurs, travailleurs sociaux et de toute personne pouvant être en contact avec une femme victime de violences.
- Un partenariat avec les bailleurs sociaux (échange, suppression de la dette de loyer etc.)
- Une politique volontariste en matière d'hébergement : 3 centres spécialisés existants pour mettre à l'abri les femmes victimes de violences, deux autres devraient prochainement être ouverts
- Des campagnes d'information et de sensibilisation régulières (mariages forcés, violences dans le couple, ordonnance de protection…)
- Un renforcement de la politique de prévention du sexisme et des violences sexistes.
- Un plan interne en direction des agents de la ville (commission de lutte contre le harcèlement, structure d'hébergement dédiée etc.)
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Intervenir auprès d'hommes ayant des comportements violents ou intervenir en violence conjugale ? Défis et enjeux dans la pratique avec les utilisateurs de services et partenairesValérie Meunier (GAPI - Groupe d'aide aux personnes impulsives)
À venir.
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Les femmes – À la fois victimes et auteures de meurtre par compassion et de suicide assistéHélène Montreuil (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Contenu de la présentation:
Quelques définitions pertinentes
Le Code criminel et la mort
L'éthique, le droit et les droits fondamentaux
Le caractère sacré de la vie
L'acceptabilité du meurtre par compassion et de suicide assisté
Quelques cas célèbres au Canada, aux États-Unis et en France
Rapport de la Commission – Mourir dans la dignité
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Discussion
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Pause
Violences symboliques, morales et politiques
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Violence publique ou privée ? Les formes androcentriques de la domination symboliqueAntoinette DE FEO ((Università di Cagliari)), Orazio Irrera (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
La mobilisation publique contre la violence domestique sur les femmes ainsi que sur les formes de dominations qui relèvent des relations de genre pose des questions d'importance incontournable aux sciences humaines et sociales. Les actions gouvernementales mises en place pour contraster un ordre social et symbolique encore profondément androcentrique semblent néanmoins ignorer certaines dynamiques propres à cet ordre et donc souvent n'arrivent pas à le modifier efficacement. Les rapports de pouvoir à l'intérieur de la sphère privée apparaissent dans la majorité de cas comme « naturels » par le biais d'une adhésion, de la part du ou de la dominé(e), à la violence soit symbolique soit physique subie par lui/elle-même. Il en résulte que les actions publiques de condamnation n'atteignent presque jamais les objectifs que l'Etat s'était posé. Au contraire, ces actions peuvent s'avérer même comme une forme d'« intromission » ou voire de une véritable coercition. Notre intervention se propose d'analyser et de mettre en relation d'un côté toute une série de stratégies rhétoriques repérables à l'intérieur de beaucoup de discours publiques en Europe et, de l'autre, un certain nombre de témoignages de cette violence subie mais non-perçue en tant que telle. Cette opposition apparente entre coercition évidente et soumission irréfléchie ou tacite sera explorée à travers des outils méthodologiques empruntés à Pierre Bourdieu et à Michel Foucault.
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Pour une politisation non biopolitique du privéAlain Naze (Université de Vincennes Saint Denis (Paris 8))
Que les violences faites aux femmes aient pu proliférer sur le terrain du conjugal, cela devrait militer pour un débordement de l'espace privé (au sein duquel les rapports de sexe obéissaient à un état d'exception) par celui de la politique. Or, les analyses de Michel Foucault ont montré comment les pratiques biopolitiques ont engendré toute une normativité constitutive de l'objet « sexualité », au point que, sans militer pour un retour à l'espace privé des pratiques sexuelles et des rapports de sexe, on peut s'interroger sur le bien-fondé d'une politique sans nuances de visibilité sociale, pour les risques de normalisation qu'elle emporte.
Quelle voie reste donc praticable pour échapper aux effets biopolitiques du pouvoir, sans retomber dans les violences propres aux pouvoirs répressifs, ni dans celles qu'engendre la fermeture sur soi de l'espace privé ? Une politisation du privé, qui soit aussi une politisation du désir, demanderait qu'on interroge les catégories structurant les espaces privé et public, c'est-à-dire les catégories à partir desquelles le partage entre les deux s'effectue – il serait en effet vain d'importer dans l'espace public des pratiques inchangées, et propres à l'espace privé, ou, inversement, d'inciter des pratiques privées à s'exporter dans un espace public, lui-même inchangé. Il arrive que certaines mouvances du « post-porno » portent la question des frontières privé/public à ce niveau de radicalité.
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À venir.Lawrence Olivier (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À venir.
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Si le privé ne peut pas toujours être politique pour contrer les violences, quand doit-il le devenir ?David Risse (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À venir.
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Discussion
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Pause
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Souper
Violences et non-violence, genre et théorie
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Ce que la non-violence fait à la violence de genre. Une lecture de Judith ButlerGuillaume Le Blanc
À partir d'une lecture de quelques textes fondamentaux de Judith Butler, nous nous proposons d'éclairer les dilemmes des partages public/privé en nous concentrant sur des régimes de violence en rapport à des assignations de genre et nous chercherons à examiner dans ce contexte dans quelle mesure la non-violence peut remettre en cause ces assignations ainsi que ces violences et troubler les frontières du privé et du public qui les soutiennent.
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Quelle violence pour quelle aliénation ? Les approches féministes du jeu pornographique des corpsNathanael Wabled (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La pornographie est considérée comme reproduisant une sexualité dégradante et condamnée moralement à ce titre. Cette critique peut prendre essentiellement deux formes incarnées aux États-Unis dans les années 1980 et en France dans les années 1990 et 2000. Aux Etats-Unis, où le Premier Amendement autorise la manifestation de tout opinion sauf dans le cas où celle-ci équivaut à un acte violent, l'enjeu est de montrer que les représentations violentes sont en elles-mêmes une dégradation des femmes. En France, où le code pénal condamne l'incitation à la violence, l'enjeu est de montrer que l'exposition à ces représentations provoque une certaine propension à agir de manière dégradante envers les femmes. De telles tactiques visent à induire et à fonder une interdiction des représentations pornographiques en tant qu'elles signifieraient nécessairement comme des violences.
Contre cette critique, d'autre féministes opposent la liberté et la capacité de chacun(e) à interpréter et à réinvestir ce qui lui est donné. Est refusée l'idée d'une aliénation irréductible aux images et aux représentations dégradantes au nom d'agencivité irréductible. Judith Butler montre notamment que donner aux femmes une dignité de sujet passe par la reconnaissance de leur capacité à ne pas être soumises aux discours reçus mais à les réinvestir pour les troubler et les déstabiliser. Pour elle, interdire pénalement ces discours reviendrait à nier cette capacité et à renvoyer les femmes dans une aliénation essentielle.
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Quel genre de violence ? Controverses et mésusages politiques des recherches en sciences sociales portant sur les violences échappant au schéma femme victime/homme agresseurJulie Mazaleigue (Université de Picardie)
Cette intervention propose une analyse critique des difficultés politiques liées au champ de recherche et d'intervention sur les violences échappant au schéma femme victime / homme agresseur. Il est en effet possible de les prendre en compte sans tomber dans l'affirmation fallacieuse d'une symétrie entre violences masculines et féminines. Sur le fondement d'un état des lieux des recherches, nous analyserons les erreurs et manipulations épistémologiques des données à l'œuvre dans les positions antiféministes, puis soulignerons la nécessité d'endosser un point de vue féministe non essentialisant et non victimisant sur ces violences, prenant en compte les gais, lesbiennes, trans' et intersexes. En effet, oblitérer les violences alternatives au schéma femme victime / homme agresseur amène à exclure les contextes non hétérocentrés, tend à renforcer les effets de domination hégémoniques sur le corps des femmes et à les déposséder de leur agentivité, ainsi qu'à rejeter les femmes violentes du côté de l'anormalité, de la pathologie, voire de la monstruosité. Il s'agit ainsi de privilégier une approche différentielle des violences (guerre, situations conjugales homo et hétéroaffectives, violences transphobes, prostitution, violences de guerre et insurrectionnelles, criminalité, etc.), qui doivent être appréhendées dans le cadre d'une étude multidimensionnelle des dominations car elles sont des faits sociaux et politiques et non des données de nature.
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Danseurs nus et clientèle féminine et masculine : relations de genre et rapports de pouvoirRobillard Julie (Prévention Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce)
La recherche vise à mieux comprendre l'influence du genre dans la relation de pouvoir entre les danseurs nus et leur clientèle féminine et masculine. Ces bars bouleversent les rôles sexuels classiques, car les hommes danseurs occupent la position traditionnellement féminine de « l'objet-regardé-payé » et les client-e-s, celle du « sujet-voyeur-payeur ». Ils brouillent également les frontières entre le privé et le politique en exposant une conception de la relation sexuelle et intime publiquement acceptable pour chacun des genres.
À partir du concept de phallus de Judith Butler, qui nous permet de repérer qui domine en « ayant » le phallus et qui est dominé en l'« étant », nous concluons que les femmes clientes sont, à quelques exceptions près, celles qui « sont » le phallus pour les hommes danseurs et animateurs qui le « possèdent ». La structure des soirées rend très difficile pour elles de s'en emparer. En contexte homosexuel, ce sont les danseurs qui « sont » le phallus pour les clients qui l'« ont », ce qui est très similaire aux bars de danseuses nues. « Être » le phallus signifie que les personnes danseuses ont le pouvoir de reconnaître ou non le phallus à l'homme client afin qu'il puisse (ou non) matérialiser son pouvoir masculin en subvenant à leurs besoins et en étant désirable à leurs yeux. Dans tous les cas, les danseurs nus font un travail émotionnel différent selon le genre des client-e-s, rehaussant le statut social des hommes et diminuant celui des femmes. -
Discussion
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Dîner
Violences de genre et genre de violences : des réalités aux théories
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Pause
Résistances collectives et individuelles : outils et limites
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Période de questions
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Mot de clôture
Savoirs, produits de violences : nouvelles recherches et outils de documentation, de sensibilisation et d'intervention
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Plénière
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Discussion
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Plénière
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Discussion
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Plénière
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Discussion
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Pause
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Souper