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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Dès leur mise en circulation, mots et termes sont sujets à la variation. Celle-ci peut s’articuler dans le temps. « Les mots s’empruntent, s’oublient, se perdent, se renouvellent », écrit si bien Arsène Darmesteter en 1889 dans La vie des mots. La variation lexicale peut aussi s’articuler dans l’espace, ce qu’illustrent notamment les travaux de Claude Poirier sur le français québécois et d’André Thibault sur les français des Antilles. D’autres mouvements lexicaux, telles la terminologisation et la déterminologisation (mouvements décrits et nommés par Ingrid Meyer), sont moins connus. La terminologisation correspond au passage dans la langue générale d’unités lexicales spécialisées; la déterminologisation correspond au phénomène inverse, lorsque des unités lexicales connues de tous migrent vers le discours spécialisé. La description généralement adoptée du lexique en fonction de domaines de spécialité cloisonnés ne permet pas de décrire et de saisir adéquatement le passage des unités lexicales d’une sphère de connaissances à une autre. Si les linguistes qui oeuvrent en lexicologie s’intéressent depuis longtemps à la variation sous ses diverses formes, il en va autrement de ceux qui oeuvrent en terminologie. La variation terminologique est un phénomène qui n’est décrit que depuis la fin des années 1990, à la suite de travaux plus étroitement liés à la linguistique de corpus et à l’informatique. L’étude théorique de la variation, bien qu’intéressante, doit pouvoir déboucher sur des approches méthodologiques visant la prise en charge lexicographique et terminographique des divers types de variation dans les dictionnaires et les bases de données lexicales. Dans un tel contexte, réunir des chercheurs provenant de la lexicologie, de la lexicographie, de la terminologie, de la linguistique de corpus et de l’informatique, des sciences cognitives, etc., contribuera nécessairement à enrichir la réflexion sur le sujet.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque

  • Mot de bienvenue
  • La dynamique de la diffusion des diatopismes dans l'espace francophone
    André Thibault (Université Paris-Sorbonne (Paris 4))
  • Pause

Communications orales

Session 2

  • Les avancées récentes de la lexicographie généraliste québécoise quant à la description de la variation qui affecte les mots et termes servant à dénommer les espèces naturelles
    Louis Mercier (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La lexicographie généraliste a longtemps été soumise à d'importantes contraintes matérielles ayant pour effet de ralentir, voire d'entraver l'ouverture des dictionnaires usuels du français aux unités terminologiques et notamment aux unités complexes. Heureusement, bon nombre de ces contraintes peuvent aujourd'hui être levées par le passage au numérique et par le choix de la diffusion en ligne. Tirant profit de ce nouvel environnement, le tout récent dictionnaire général du français produit à l'Université de Sherbrooke (www.franqus.ca) est allé beaucoup plus loin que ses prédécesseurs dans la voie de l'intégration à sa description des unités terminologiques (comme objets décrits et comme outils définitoires). Cela est particulièrement manifeste en ce qui a trait aux noms techniques relevant des terminologies botaniques et ornithologiques, qui sont décrits et mis en relation avec leurs concurrents synonymiques, dont les dénominations plus usuelles de la langue générale. Le traitement de ces termes a permis d'observer divers cas de variation (nom technique/nom usuel; terme actuel/ terme ancien ou déterminologisé; terme québécois/terme hexagonal; etc.). À partir d'une série d'exemples permettant d'illustrer ces divers cas de variation, nous entendons décrire l'approche méthodologique qui a été adoptée dans ce nouveau dictionnaire électronique de façon à mieux rendre compte de la complémentarité des mots et des termes, et de leur cohabitation dans le discours québécois actuel.

  • L'étude des propriétés sémiotiques des sigles en français : une piste afin de parfaire notre compréhension des unités abréviatives
    Maxime Lambert (Université Laval)

    Les sigles ont pris dans les dernières années une place importante autant dans les vocabulaires spécialisés que dans la langue générale. S'il est de mise d'associer l'augmentation de l'emploi des sigles à leur fonction abréviative, cette association entraîne un questionnement sur la nature de la relation entre les sigles et leur source, notamment au plan du sens. Pour mieux comprendre cette relation, nous nous sommes interrogés à savoir si les sigles sont à considérer comme des signes linguistiques prototypiques ou comme une classe d'unités lexicales à part. Pour ce faire, nous avons mené auprès de 72 participants une enquête par questionnaire portant sur 27 sigles et avons effectué l'analyse de quelques 10 000 articles journalistiques et scientifiques en nous intéressant aux cas de cooccurrences des sigles et de leur source. Nous avons ainsi pu déterminer, entre autres choses, que la relation que les sigles entretiennent avec leur source varie de locuteur en locuteur et que la fonction abréviative des sigles ne constitue pas la raison première de leur emploi. Ces résultats nous permettent de mener plus loin la réflexion sur la nature sémiotique des sigles et mènent au constat que ceux-ci forment une classe de signes linguistiques particulière. Nous nous proposons de mettre en lumière certaines des propriétés sémiotiques qui concourent à en faire une catégorie lexicale singulière, catégorie dont les caractéristiques globales restent néanmoins à définir plus avant.

  • Les emprunts du français dans la langue comorienne et leurs variations lexicales
    Ali Abdoulhamid (Université des Comores)

    Comme toutes les langues du monde, la langue comorienne, langue bantoue, contient des emprunts. On estime que 30 % des mots de la langue sont d'origine arabe. Mais dans la langue contemporaine, les emprunts les plus fréquents proviennent du français. Cela peut être expliqué par deux raisons. La première tient au fait que les cadres comoriens sont en grande majorité francophones et se servent souvent des termes français si le terme n'est pas disponible en comorien (comme dans la langue technique). La seconde est liée au phénomène d'émigration comorienne en France de ces 40 dernières années. En effet, plus de 150 000 Comoriens vivent en France (la population des Comores est de 691 000 habitants au dernier recensement), et beaucoup d'entre eux reviennent souvent au pays accompagnés de leurs enfants. Une fois sur place, ils emploient des termes français dans leurs échanges avec la population restée au pays. C'est ainsi que dans tous les domaines de la langue les emprunts du français sont présents. Une fois dans la langue comorienne, ces emprunts du français sont en mouvement : ils varient selon les axes diachronique, diaphasique, diastratique et diatopique. Mais dans certains cas, on remarque également une variation terminologique. À partir de l'observation d'un corpus oral, nous proposons une analyse des mots du français dans la langue comorienne : comment sont-ils pris en charge? Quelles sont leurs différentes formes de variations?


Communications orales

Session 3

  • Les mouvements migratoires des termes entre les textes spécialisés et de vulgarisation : le cas de manejo dans la terminologie de l'environnement en portugais
    Mariana Botta (UdeM - Université de Montréal)

    Quel est le statut d'un terme qui est employé par un non-spécialiste dans un texte de vulgarisation? Cette question guide notre présentation qui s'inscrit dans une étude plus vaste, laquelle vise à analyser les mouvements migratoires des termes entre les langues de spécialité (LSP) et la langue courante. Nous proposons une étude des usages du terme portugais manejo et de son équivalent en français dans le domaine de l'environnement et dans la presse.


    Dans le champ sémantique de la régénération des forêts en portugais, nous trouvons des termes qui ont été introduits dans la LSP par l'appropriation d'une unité de la langue courante. Ils subissent un processus de terminologisation, par l'ajout de traits spécifiques, ce qui les rend homonymes d'un lexème de la langue courante. C'est le cas de recomposição (reconstitution). Il existent par ailleurs des termes qui ont été créés dans le domaine, tels que reflorestamento (reboisement).


    Quand ils sont utilisés par des journalistes, ces deux termes portugais perdent des traits spécifiques et subissent une tension qu'il est désormais convenu d'appeler déterminologisation (Meyer et Mackintosh, 2000). Manejo se distingue des deux autres termes susmentionnés. Il s'agit d'un mot très rare dans la langue courante, mais qui correspond à un concept bien défini dans l'environnement. Nous proposons de décrire son fonctionnement et les processus de changement de sens auxquels il est soumis dans les mouvements entre la langue courante et la LSP.

  • Détournement sémantique et développement durable : l'exemple de quelques adjectifs
    Aline Francoeur (Université Laval)

    Le développement durable est à l'origine d'un mouvement lexical riche et parfois déconcertant. Des termes nés dans son sillage sont devenus des mantras des discours politique et institutionnel; d'autres foisonnent dans les discours médiatique et publicitaire. Certains adjectifs, parmi lesquels vert, écologique et environnemental, semblent se vider de leur sève sémantique; d'autres, comme durable et responsable, nourris par la surenchère verbale, s'enflent d'un sémantisme parfois surprenant.

    Afin d'examiner à fond l'emploi des adjectifs « typiques » du développement durable, nous avons constitué deux corpus, l'un tiré de la presse générale (quotidiens, magazines grand public, etc.), l'autre, de revues universitaires spécialisées dans des domaines liés au développement durable (environnement, sociologie, économie, etc.). Le recours à deux corpus distincts permettra notamment de déterminer si certains des emplois adjectivaux observés sont plus susceptibles d'apparaître dans des domaines de discours, par rapport à d'autres qui seraient exclusifs à des domaines de connaissances.

  • Étude des procédés d'explicitation dans les traductions anglais-français de textes environnementaux
    Tetiana Kalinichenko (UdeM - Université de Montréal)

    Dans notre communication, il sera question des procédés d'explicitation touchant le lexique spécialisé, plus spécifiquement, des procédés qui s'observent dans les traductions anglais-français de textes environnementaux. Le terme explicitation désigne le processus consistant à convertir l'information implicite contenue dans le texte original et comprise par des locuteurs natifs en information explicite. L'objectif de notre recherche est d'identifier les procédés lexicaux et textuels utilisés dans les traductions d'un corpus du domaine de l'environnement et d'en faire l'analyse. Nous situerons notre recherche par rapport aux recherches antérieures basées sur des corpus de langue générale (Vinay et Darbelnet 1958, Blum-Kulka 1986) et des corpus spécialisés (Pápai 2004, Becher 2011).

    Notre recherche sera effectuée à partir d'un corpus de quelque 60 000 mots, aligné à l'aide de l'aligneur LogiTerm. Une analyse manuelle sera faite pour détecter et observer les procédés d'explicitation dans ce corpus spécialisé. Notre étude contribuera à une meilleure compréhension des mécanismes d'équivalence en corpus spécialisé, où les équivalences sont moins figées que celles décrites dans les dictionnaires spécialisés.

  • Choix lexical et construction d'objet de discours dans le roman Leite Derramado de Chico Buarque
    Lopes Pinheiro Clemilton (Universidade Federal do Rio Grande do Norte)

    Ce travail propose une analyse linguistique de roman Leite Derramado de l'écrivain brésilien Chico Buarque, traduit aux éditions Gallimard sous le titre Le Jour où je sortirai d'ici. L'objectif est d'analyser la fonction des choix lexicaux en tant que stratégie de construction et reconstruction d'objets de discours en comparant les positions énonciatives et les réajustes mutuels de la signification du texte. La notion théorique d'objet de discours s'assimile au cadre de la linguistique textuelle et est comprise comme étant une création qui se reconfigure aussi bien par les pistes que par les structures syntaxico-sémantiques, et les contenus lexicaux fournissent d'autres données de débordement sociodiscursif et culturel mobilisées par les participants de l'énonciation. Nous avons réalisé l'étude de tous les termes lexicaux qui introduisent et reprennent quelques-uns des principaux objets de discours du texte : « le narrateur-protagoniste », « la fille », « l'épouse », « la mère », « l'infirmière », « la famille ». Avec l'analyse qualitative de cette étude nous avons montré comment les choix lexicaux qui catégorisent et recatégorisent les objets de discours indiquent les diverses perspectives énonciatives assumées dans le roman. Cette analyse de la fonction textuelle énonciative du lexique spécifiquement dans le roman Leite Derramado prétend, donc, contribuer aussi bien aux études du lexique qu'aux études sur la création littéraire.

Communications orales

Session 4

  • Verbes spécialisés et verbes à emploi spécialisé dans un corpus de jugements : critères de sélection et comparaison interlinguistique
    Janine Pimentel (UdeM - Université de Montréal)

    Cette étude utilise un corpus comparable portugais-anglais contenant un seul genre de textes, à savoir les décisions des cours suprêmes, à partir duquel 100 verbes spécialisés ont été sélectionnés pour chaque langue. La description des verbes se base sur la théorie de la sémantique des cadres (Fillmore 1976, 1977, 1982, 1985; Fillmore and Atkins 1992), sur la méthodologie de FrameNet (Ruppenhofer et al. 2010), ainsi que sur la méthodologie développée à l'Observatoire de linguistique Sens-Texte pour compiler des ressources lexicales spécialisées, telles que le DiCoInfo (L'Homme 2008). Les 200 termes ont été regroupés en 76 cadres sémantiques. Certains cadres sémantiques sont propres aux procédures des jugements, tels que [Compliance] et [Verdict], tandis que d'autres, tels que [Argumentation] et [Granting], ne le sont pas. Nous montrons que, dans le premier cas, les cadres sémantiques regroupent des verbes spécialisés et que, dans le deuxième cas, ils regroupent des verbes à emploi spécialisé. Dans les deux cas, les verbes peuvent causer des problèmes de production et de compréhension tant aux traducteurs qu'aux rédacteurs techniques, d'où l'importance de les inclure dans les ressources terminologiques.

  • Gestion du phénomène de la variation terminologique dans une démarche aménagiste : la vision de l'Office québécois de la langue française
    Johanne Maltais (OQLF - Office québécois de la langue française)

    L'action de l'Office québécois de la langue française en matière linguistique s'applique aussi bien au lexique général qu'à la terminologie, conformément au cadre défini par la Charte de la langue française. À l'Office, nous considérons que si la norme de référence fournit un modèle aux usagers, elle ne vise en aucun cas à éliminer la diversité linguistique. Une langue sert, en effet, à exprimer la diversité des situations, des lieux et des types d'interaction dans lesquels les locuteurs sont susceptibles de se trouver. Cette ouverture à la diversité et à la variation, qui était en gestation depuis plusieurs années, s'est confirmée en 2001 dans la Politique de l'officialisation linguistique (POL). Pourtant, l'acceptation de cette idéologie innovante bute encore sur des années de pratique terminologique traditionnelle à l'Office. Les défis actuels sont de développer et d'implanter des méthodes de travail actualisées qui intègrent les avancées théoriques et de réussir à orienter l'usage rationnellement en hiérarchisant et en expliquant nos choix (plutôt que d'accepter ou de condamner, sans nuances), tout en tenant compte des changements sociolinguistiques de plus en plus rapides. Notre exposé présentera les approches méthodologiques mises en place à l'Office afin de respecter le cadre idéologique imposé par la POL, ainsi que celles à venir. Nous mettrons également en perspective les difficultés liées à ces nouvelles approches et donnerons un aperçu des solutions envisageables.

  • Contribution du traitement automatique de la langue à la description topolectale
    Patrick Drouin (UdeM - Université de Montréal)

    Pour le lexicographe ou le terminologue, la prise en charge de la variation topolectale dans le processus de rédaction d'articles de dictionnaires ou de fiches terminologiques, se fonde souvent sur une connaissance intuitive du phénomène. Afin de mener à bien ces descriptions de façon adéquate, une longue expérience et une vaste connaissance du lexique sont donc essentielles.

    Avec cette proposition, nous décrirons une étape d'analyse semi-automatique en amont du travail lexicographique et terminologique de façon à isoler des phénomènes liés à la variation topolectale. L'étude proposée s'appuie sur des techniques utilisées en linguistique de corpus, en statistique lexicale et en traitement automatique de la langue. Nous présenterons des expérimentations effectuées sur des textes journalistiques et des textes spécialisés. Les résultats obtenus seront représentés sous forme de graphes permettant de visualiser les liens lexicaux. Ces liens contiennent bien souvent de l'information sémantique et lexicale pouvant être exploitée par humain pour la rédaction de dossiers lexicographique et terminographique.

  • Changement de paradigme et terminologie des troubles de la personnalité
    Louis Thivierge (Université Laval)

    En terminologie, la définition, d'une importance de premier plan, dépend du réseau conceptuel dans lequel s'inscrit le terme correspondant. La révolution dans la catégorisation des troubles de la personnalité (TP) qui marque le passage de la quatrième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) à la cinquième édition (changements proposés, entérinés en date du premier décembre 2012 par l'American Psychiatric Association) engendrera des changements importants dans la manière de conceptualiser les TP, qui auront un impact profond sur leurs définitions. En considérant la transition de la classification des TP – de catégoriel à hybride – comme un changement de paradigme tel qu'élaboré par Thomas S. Kuhn (1962), nous étudierons l'impact de cette dernière sur la structure conceptuelle inhérente à ces troubles mentaux spécifiques, de même que l'éventuelle incidence de ces changements sur leur définition correspondante.

    Nous nous appuierons pour ce faire sur l'approche sociocognitive de Temmerman (1997, 2000) et, incidemment, sur la théorie du prototype élaborée par Rosch (1978) et étayée par Lakoff & Johnson (1980) et Lakoff (1987). Nos résultats permettront d'élaborer une réflexion sur la relation d'interdépendance entre la terminologie des TP et les aspects taxonomique, cognitif ainsi qu'épistémologique du mode de catégorisation relative à leur classification diagnostique.

  • Pause

Communications orales

Clôture du colloque

  • Variation terminologique dans le domaine médical
    Serge Quérin (UdeM - Université de Montréal)
  • Mot de clôture