543 - Masculinités et diversité en éducation : états des lieux et perspectives internationales

Au Québec, la profession enseignante est occupée par peu d'hommes à l'école primaire. Alors que plusieurs études ont déjà montré que la présence plus marquée d'enseignants hommes n'a pas d'incidence positive sur la réussite scolaire, notamment celle des garçons, il apparaît tout de même que les élèves, autant garçons que filles, bénéficieraient d'interactions avec une diversité d'enseignants hommes incarnant différents principes des masculinités positives (rapport égalitaire hommes-femmes, valorisation de la diversité humaine, promotion de la compétence socioémotionnelle). En effet, en étant exposés à ces masculinités, les élèves seraient davantage en mesure de remettre en question les normes sociales associées à la masculinité traditionnelle (patriarcat, hétéronormativité) et d'adopter une conception plus émancipatrice de la masculinité. Cette présentation a pour objectif de mettre en évidence l'importance de la valorisation et de la promotion de la profession enseignante auprès des hommes dans l'expectative d'offrir davantage de représentations des masculinités positives.  

C’est connu : au collégial, les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons et elles persévèrent davantage dans leurs études qu’eux. Constats qui trouvent écho au secondaire comme à l’université. Ce peut-il que des mécanismes de socialisation différenciée selon le genre puissent contribuer aux écarts observés? Selon une étude ayant porté sur une analyse secondaire des données de quatre recherches sur la réussite scolaire en milieu collégial (un total de 4 289 collégiens, répartis dans 51 établissements collégiaux), deux modèles compréhensifs propres à la socialisation selon le genre permettraient d’apporter un éclairage sur les parcours différenciés entre garçons et filles quant à la réussite scolaire et à la persévérance aux études. Chez les garçons, un modèle d’affirmation de type ludique où leur volonté d’être autonomes devant les professeurs et devant leurs parents ainsi que le plaisir recherché dans les mécanismes d’apprentissage où ils pourraient ainsi s’éprouver à travers des activités pédagogiques, exprimerait davantage leur réalité. Chez les filles, un modèle d’engagement de type conformiste traduirait davantage leur rapport à l’éducation. Le projet scolaire se maillerait davantage à leurs propres aspirations personnelles à travers un mode de socialisation où est recherchée la conformité aux exigences scolaires. L’objet de la communication est de présenter les deux modèles compréhensifs. 

Les inégalités de genre et les stéréotypes enracinés suscitent un vif débat au Maroc, notamment dans son système éducatif qui, en tant que moteur de changement social, possède la capacité de lutter contre l’inégalité. Les programmes d’études et de recherche jouent un rôle important dans la promotion d’une transformation profonde des mentalités et l’intégration active des valeurs d’égalité et d’équité dans l’enseignement et dans la société en général.

Le centre d’enseignement inclusif et de responsabilité sociale de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech (CEIRS) a élaboré des actions pour combattre la résistance culturelle ou traditionnelle et pour déconstruire les perceptions négatives liées au genre. L’expérience universitaire via une multitude d’actions concrètes et convergentes cible l’éradication de toute forme de discrimination. La formation, la recherche, la sensibilisation et la collaboration entre le CEIRS ainsi que les associations féminines, des droits humains et du développement ont permis d’agir au sein et en dehors de l’université pour la promotion des principes d’égalité des genres dans l'éducation, la prévention contre le décrochage scolaire, la lutte contre le mariage des mineures, l’inclusion universitaire des étudiantes et la pleine citoyenneté des femmes.

Cette présentation examine les rapports qu’entretiennent les enseignants hommes et les élèves garçons dans les écoles primaires marocaines de Marrakech, à savoir comment ils influencent la formation de l'identité masculine et favorisent des normes sociales plus inclusives. En prenant en considération les préjugés de genre et les normes socioculturelles, nous montrons comment la présence d'enseignants hommes peut influencer positivement le dévouement scolaire, le comportement et la régulation des élèves. Grâce à une démarche qualitative impliquant des discussions avec le personnel enseignant et des parents, nous mettons en lumière les bénéfices, les entraves et les contraintes associés aux différentes interactions entre les enseignants hommes et les élèves garçons. En dépit des obstacles sociopolitiques et culturels qui freinent la participation des hommes dans le domaine de l'éducation, les principaux résultats indiquent que des relations dignes peuvent favoriser des modèles sains de masculinité, promouvant l'égalité et l'inclusion.