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Informations générales

Événement : 81e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Le rapatriement occupe l’actualité muséale depuis quelques décennies. Au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande notamment, de réelles avancées ont eu lieu dans le domaine du retour des restes humains, l’établissement d’une nouvelle éthique et d’un nouveau respect entre les musées centraux et les communautés sources. Notamment suivant des politiques et lois telles que le NAGPRA aux États-Unis, mais aussi avec l’évolution des mentalités et des pratiques de (re)conciliation comme au Canada. Les avancées sont nettement moins probantes en ce qui a trait aux objets culturels significatifs. Les communautés sources peinent à faire valoir leurs droits sur les objets de leur patrimoine, voire même la possibilité d’y avoir accès. Les musées centraux sont réticents à laisser aller les collections qui fondent leur notoriété. Des exemples internationaux occupent le devant de la scène, telles des frises du Parthénon qui opposent la Grèce à la Grande-Bretagne. Le mouvement entrepris par les peuples autochtones envers les anciens empires coloniaux s’y apparente en partie, mais pas entièrement. Une lutte symbolique pour la reconnaissance des droits fondamentaux est engagée et le rapatriement d’objets en est un épiphénomène. Le territoire et la culture sont au centre des considérations. D’autres groupes culturels minorisés ou spoliés ont entrepris de telles démarches. L’exploration des ressemblances et différences des actions entreprises comme les façons d’aborder ces questions seront riches d’enseignement. Plusieurs études de cas seront présentées. Par ailleurs, il est de plus en plus question de rapatriement virtuel, les technologies de l’information permettant un échange d’information à plus grande échelle et à plus grande distance. Ces nouvelles technologies apportent-elles de nouveaux moyens ou sont-elles uniquement un moyen d’esquiver les demandes, permettant aux musées centraux de conserver les objets, en un simulacre de partage d’informations avec les communautés sources?

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Conférence d'ouverture

  • Mot de bienvenue
  • « Unringing the Bell » : appropriation, rapatriement et le problème du temps
    Sally Price (College of William & Mary)

    Les rapatriements d'objets s'insèrent dans l'histoire de leurs appropriations. Suivant les changements qui se sont succédés au fil de du temps, le retour vers les descendants de leurs propriétaires initiaux est le plus souvent une entreprise épineuse qui requiert une compréhension raffinée d'un ensemble de facteurs. Parmi ces derniers, mentionnons les mouvements de revitalisation, les transformations linguistiques, les rivalités entre factions.

  • Discussion

Communications orales

Session I : Retour, rapatriement, réappropriation : enjeux symboliques et expériences de vie

Présidence : Claire Nigay (UdeM - Université de Montréal)
  • Le musée comme représentation symbolique du territoire : les enjeux du rapatriement
    Élise Dubuc (UdeM - Université de Montréal)

    Entreprendre une recherche sur le rapatriement ouvre une porte sur une scène encombrée par l'histoire du colonialisme, l'assimilation des peuples, le destin des êtres, la vie étrange des objets, leurs déplacements, ce dont ils sont investis : savoirs et âmes. L'idée de départ est de suivre un homme, Frank Gouldsmith Speck (1881-1950), ses pérégrinations et ses collectes entre les Etats-Unis et le Canada qui l'ont menées aujourd'hui à réunir deux communautés dans leurs démarches d'affirmation culturelle et à engager des musées dans une médiation des objets du passé devenus enjeux contemporains, témoins, passeurs et révélateurs. En arrière plan, une politique du territoire et tout ce qui lui appartient, le paysage, la culture et ceux qui la font.

  • Tshiue-natuapahtetau : Le retour des objets du patrimoine, vers un mieux-être individuel et communautaire
    Bibiane Courtois (Projet ARUC Tshiue Napuapahtetau/Kigibigiwewidon)

    Bibiane Courtois est membre de la communauté ilnue de Mashteuiatsh. Elle a fait carrière comme infirmière et administratrice dans le domaine de la santé. Elle fut directrice du conseil d'administration puis Présidente de l'Association des femmes autochtones du Québec. De 2003 à 2007, elle a été directrice du Musée amérindien de Mashteuiatsh, très active dans l'ouverture communautaire qui a caractérisé ces années au musée. Sa conscience du patrimoine issue de sa famille et son désire de mieux-être pour sa communauté l'ont amenée à s'intéresser au rapatriement d'objets culturels. Une réflexion qui s'est précisée lors du Symposium international sur le rapatriement tenu à Old Masset, Haida Gwaii en mai 2004. Elle partagera avec nous sa vision holistique du rapatriement.

  • Pause
  • Kigibiwewidon, le retour des restes humains et objets culturels significatifs : la démarche des Anishinabeg de Kitigan Zibi
    Anita Tenasco (Kitigan Zibi Anishinabeg Education Sector)

    Anita Tenasco est membre de la communauté Anishinabeg de Kitigan Zibi. Partenaire du projet d'Alliance de recherche universités-communautés sur le rapatriement des objets et la reprise de contrôle du patrimoine par les Autochtones, elle nous relate ici le parcours de sa communauté dans la défense du respect des sépultures anciennes sur leur territoire, le retour et le réenterrement des restes humains et objets associés qui était en possession du Musée canadien des civilisations, en 2005. Elle abordera aussi les enjeux de la démarche actuelle de recherche sur le rapatriement en lien avec de grands musées américains.

  • Réappropriation et renouveau culturel : l'exemple du tambour de bois plié chez les Haida
    Julian Whittam (UdeM - Université de Montréal)

    Entre 1897 et 1968, les restes humains de cent quarante-huit personnes de la Nation Haida ont été collectionnés et conservés au Musée canadien des civilisations. En août 2000, les ancêtres des Haidas ont été rapatriés de Gatineau à Haida Gwaii. Trois objets, incluant un grand tambour fait en bois plié, ont suivi le même chemin, prêtés à long terme au Centre culturel de Haida Gwaii. Figure représentative du processus de rapatriement, le tambour a été acquis par le Musée des civilisations en même temps que les restes humains. Il a été redécouvert par les Haidas et ceux-ci en ont joué au musée lors d'une cérémonie de rapatriement. Tout comme les restes humains, il est aujourd'hui revenu à Haida Gwaii. Cependant, là où le retour des restes humains a souligné la fin d'un chapitre pour les Haidas, le retour du tambour en a ouvert un nouveau. La création et l'utilisation d'une copie du tambour ont permis de faire renaître une tradition que les Haidas affirmaient avoir perdue depuis des générations. Actuellement, les tambours de bois plié font de nouveau partie de la culture et des cérémonies, utilisés pour fêter la mise en place d'un nouveau chef ou comme prix d'un tirage de financement communautaire. Cette communication porte un regard particulier sur l'importance du patrimoine intangible dans la réintégration du tambour de bois plié par les Haidas ainsi que sur l'insertion de pratiques renouvelées dans des traditions existantes.

  • Discussion
  • Dîner

Communications orales

Session II : Violence, pouvoir et éthique : propriété intellectuelle et culturelle, propriété individuelle et collective

Présidence : Bibiane Courtois (Projet ARUC Tshiue Napuapahtetau/Kigibigiwewidon)
  • Le retour des biens spoliés aux Juifs. Quelques points de repère
    Reesa Greenberg (Carleton University)

    Le retour des biens spoliés aux Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale a occupé ces dernières décennies l'attention du monde des musées et du marché de l'art. Les processus de restitution furent longs à se mettre en place, tout comme la constitution d'une éthique que pourraient partager les différents acteurs du milieu. Dans le cadre de notre réflexion sur le rapatriement d'objets autochtones, Reesa Greenberg présentera quelques points de repère sur le processus du retour des biens spoliés aux Juifs, des luttes qu'il a occasionnées, des résistances passives, parfois actives, de divers organismes, le rôle des expositions, et encore d'autres. Par ailleurs, elle questionnera les notions de propriété individuelle et collective, notamment dans le contexte d'objets rituels ou sacrés.

  • La réappropriation du patrimoine autochtone : des enjeux de propriété intellectuelle et d'éthique
    Murielle Nagy (Université Laval)

    La réappropriation du patrimoine autochtone comporte des enjeux importants de propriété intellectuelle et d'éthique. Cette communication présentera le contexte dans lequel les peuples autochtones ont revendiqué leur patrimoine culturel matériel et immatériel au niveau politique, auprès de musées et dans la recherche. La deuxième partie montrera comment cette réappropriation culturelle se réalise, en donnant quelques exemples de collaborations entre peuples autochtones et musées au Canada, aux États-Unis et au Groenland. Suivront également des commentaires concernant des expositions autochtones dans des musées nord-américains.

  • Discussion

Communications orales

Session III : Proximité et distance : les promesses et les enjeux du virtuel

Présidence : Julian Whittam (UdeM - Université de Montréal)
  • Créer un environnement virtuel de recherche inclusif : le «Reciprocal Research Network» initié en Colombie-Britannique
    Susan Rowley (Univeristy of British Columbia)

    Le «Reciprocal Research Network» (RRN, <http://www.rrncommunity.org > ) est un environnement virtuel basé sur la collaboration et la réciprocité. Co-dévellopé par trois communautés autochtones de Colombie-Britannique — Musqueam Indian Band, Stó:lo Nation/Tribal Council, and the U'mista Cultural Society — , et le musée d'anthropologie de l'Université de Colombie-Britannique, avec la participation d'une douzaine d'autres institutions culturelles, le réseau se propose d'explorer et de mettre en valeur les collections des musées et des archives concernant le patrimoine culturel des Premiers Peuples.

    Ce réseau de recherches réciproques a pour but d'ouvrir un espace permettant de réunir les objets, les personnes, le territoire, la langue et les traditions. Un grand nombre de musées doivent leur existence à la collecte intensive d'objets et autres biens acquis durant la période d'expansion coloniale des XVIIIe et XIXe siècle. Conservés souvent à des grandes distances et ainsi aliénés de leur communauté d'origine, ces biens et objets sont très difficilement accessibles aux individus et aux communautés qui considèrent ces collections partie de leur héritage. Par le RRN, les Premières Nations peuvent voir ces objets et collections et développer leurs recherches de leurs propres points de vue et connaissances, ainsi que d'engager un travail de collaboration avec les chercheurs universitaires.

  • Le «rapatriement virtuel» : un défi pour les sciences de l'information
    Claire Nigay (UdeM - Université de Montréal)

    D'un point de vue documentaire, la notion de «rapatriement virtuel» nécessite quelques explications. Les disciplines de la bibliothéconomie et de l'archivistique prônent depuis les dernières décennies un accès élargi aux collections et aux informations auparavant accessibles aux seuls professionnels qui en avaient la charge. Elles ont également réalisé de grandes avancées à l'aide des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour relier virtuellement des données qui étaient cloisonnées dans diverses institutions. Le domaine de la recherche collaborative amène de nombreux défis, tant au niveau de la conservation, de la diffusion que de l'accès à l'information. Il s'agit de choisir des formats visant à une certaine pérennité tout en prenant en considération les réalités technologiques des communautés. Dans le même temps, il est crucial de prendre en considération des aspects linguistiques liés aux idiomes autochtones. De plus, rendre accessible virtuellement des inventaires de collections muséales tout respectant les volontés des communautés et des institutions repose sur des enjeux politiques, éthiques et sociaux. Nous nous attacherons à mettre en lumière ces défis en présentant les travaux du comité de documentation du grand projet de recherche mené par Élise Dubuc et portant sur le rapatriement.

  • Discussion
  • Pause

Communications orales

Session IV : Reprise de possession : patrimoine, gouvernance et territoire

Présidence : Anita Tenasco (Kitigan Zibi Anishinabeg Education Sector)
  • Reprendre leur territoire : le cas du Peuple Saramaka contre État du Suriname
    Richard Price (College of William & Mary)

    Le dernier livre de Richard Price, Peuple Saramaka contre État du Suriname : combat pour la forêt et les droits de l'homme a pour sujet un peuple, les menaces qui pèsent sur sa forêt et son combat pour tenter de protéger son mode de vie en se saisissant des instruments juridiques internationaux des droits de l'Homme. Les Marrons saamaka, des descendants d'esclaves africains auto-libérés qui vivent dans la forêt tropicale de la République du Suriname, mènent depuis des années leur propre campagne. En 2007, la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme rendit en leur faveur un jugement qui fit jurisprudence. Désormais, les peuples marrons et les autochtones auront les mêmes droits devant la loi internationale – des droits de gérer leurs territoires, des droits de titres collectifs sur ces territoires, et beaucoup d'autres. Et la décision dans Saramaka a déjà aidé, par exemple, les Amérindiens Sarayaku d'Équateur de gagner leur propre procès contre les multinationales pétrolières devant la Cour interaméricaine de droits de l'homme en 2012. L'édition américaine de Peuple Saramaka contre État du Suriname a gagné le « 2012 Best Book Prize » de l'American Political Science Association dans le domaine des droits de l'homme et le 2012 « Senior Book Prize » de l'American Ethnological Society pour le meilleur livre d'ethnologie des deux dernières années.

  • Reconstitution du patrimoine culturel et gouvernance : regards d'acteurs patrimoniaux Míkmaq sur leur pratique

    Engagées dans la gouvernance de leur culture et de leur développement, plusieurs collectivités autochtones mettent de l'avant des actions destinées à se rapproprier leur patrimoine culturel, et à promouvoir la relation entre leur territoire et leur mode de vie. L'analyse compréhensive de six récits de pratique, recueillis dans deux institutions muséales de la nation Míkmaq, met en lumière la façon dont ces professionnels conçoivent leur engagement dans la reconstitution du patrimoine culturel et comment ils essaient, au quotidien, d'articuler la relation entre deux composantes qui se retrouvent au cœur de la gouvernance autochtone du territoire : le territoire matériel et le territoire social.

  • Discussion
  • Synthèse
  • Mot de clôture