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Alexandre Turgeon, Université d'État de Bridgewater, Massachusetts, États-Unis

Nous sommes le 16 mai 2012, au plus fort du « printemps érable ». Les rumeurs se font de plus en plus persistantes indiquant que le gouvernement libéral de Jean Charest s’apprête à déposer une loi spéciale visant à restreindre le droit de manifester. Je suis alors candidat au doctorat en histoire à l’Université Laval, et mon association étudiante est en grève depuis quelques mois. Tout en poursuivant mes recherches sur les origines caricaturales de la Grande Noirceur, j’observe de près les débats, à l’Assemblée nationale comme dans la rue, dans les médias traditionnels comme sur les médias sociaux.

Récit - Turgeon
Maurice Duplessis et la démocratie. Source : Robert La Palme, Le Devoir, 10 mars 1958, p. 4. Diffusion autorisée par le fondé de pouvoir de la Fondation Robert La Palme, Me Jean-Pierre Pilon

 

Sur Twitter, je scrute les tweets liés aux hashtags #ggi (grève générale illimitée), #polqc (politique québécoise),et #assnat (Assemblée nationale). C’est ainsi que je tombe, le 16 mai 2012, sur un tweet parmi tant d’autres.

Comme je m’intéresse à la Grande Noirceur dans ma mire doctorale, une telle référence me fait sourire. Voir le coporte-parole de la CLASSE évoquer de la sorte le nom de Maurice Duplessis au plus fort du « printemps érable » n’est pas anodin. Non seulement cela montre-t-il que la Grande Noirceur est encore dans l’air du temps, selon l’expression consacrée, mais qu’elle s’invite encore, pourrait-on dire, dans les débats et combats. Sur le coup, je me suis dit que cela ferait une citation en exergue pour le moins savoureuse pour l’un de mes textes, un jour! Aussi, afin de conserver quelque trace de ce tweet, je le partage sur mon propre compte Twitter.

Récit - Turgeon 2
Source : Capture d’écran de compte Twitter de @GNadeauDubois), 16 mai 2012, 10h57.

Au fil des heures qui suivent, je réalise que Gabriel Nadeau-Dubois n’est pas le seul à y aller de telles références, loin de là. Qui plus est, la Révolution tranquille n’est pas en reste, alors qu’ils sont nombreux sur les médias sociaux et ailleurs à rappeler son souvenir. Devant tout cela, je me mets à ramasser cette matière. Les heures deviennent des jours, des semaines, des mois. Du 16 mai au 12 septembre 2012, j’aurai recueilli tous les tweets liés au phénomène que j’ai appelé « Grande Noirceur et Révolution tranquille 2.0 », lequel a donné lieu à un projet de recherche postdoctoral subventionné par le FRQSC. Depuis, je continue de fouiller les liens entre l’histoire, la mémoire et les médias sociaux, au-delà des événements du « printemps érable » et des frontières du Québec.

Tout cela, à partir d’un tweet parmi tant d’autres. Pour l’anecdote, je continue d’ailleurs de garder cette citation en exergue en réserve!

 


  • Alexandre Turgeon
    Université d'État de Bridgewater, Massachusetts, États-Unis

    Alexandre Turgeon est présentement le Killam Visiting Professor of Canadian Studies à Bridgewater State University. Titulaire d’un doctorat en histoire à l’Université Laval, il vient de compléter un stage postdoctoral en histoire numérique à l’Université d’Ottawa financé par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture. Spécialiste des enjeux politiques liés à la mémoire, ses recherches actuelles portent sur les liens entre l’histoire, la mémoire et les médias sociaux. Ses travaux ont paru dans The Canadian Historical Review, Histoire sociale/Social History, Journal of the Canadian Historical Association/Revue de la Société historique du Canada, Revue d’histoire de l’Amérique française, Recherches sociographiques, Québec Studies et Études canadiennes/Canadian Studies. À l’hiver 2018, il sera le titulaire de la Fulbright Distinguished Chair in Québec Studies à SUNY Plattsburgh.

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