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Ted Hewitt, Président du CRSH
Cette célébration de la science en français qu’est le congrès annuel de l’Acfas offre un contexte idéal pour réfléchir à l’essentielle contribution de la recherche et de la mobilisation des connaissances au devenir de notre société.

84e Congrès de l'Acfas - 2016

Cette célébration de la science en français qu’est le congrès annuel de l’Acfas offre un contexte idéal pour réfléchir à l’essentielle contribution de la recherche et de la mobilisation des connaissances au devenir de notre société. La parution du rapport sur les conséquences tragiques des pensionnats destinés aux enfants autochtones, préparé par la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada, donne un caractère bien particulier à toute réflexion sur le rôle de la recherche dans les décisions importantes que nous devons prendre en tant que société.

En effet, si les conclusions de la CVR interpellent directement chacun de nous comme citoyen, elles trouvent également un fort écho au sein de la communauté des chercheurs et des établissements d’enseignement postsecondaire, dont les connaissances et les compétences sont grandement mises à contribution en lien avec les enjeux cruciaux soulevés par la CVR – entre autres, la protection de l’enfance, l’éducation et la préservation des langues, des cultures et du patrimoine autochtones.

Déjà, des avancées importantes sont réalisées dans les établissements d’enseignement postsecondaire afin de sensibiliser et de former les étudiants eu égard aux enjeux autochtones et, également, d’accueillir des étudiants et des chercheurs autochtones au sein de la collectivité et de les soutenir.

À titre d’exemple, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) offrira aux étudiants inscrits à des programmes en sciences humaines de suivre, dès la rentrée de septembre, une nouvelle concentration de premier cycle en études autochtones. L’Université de Winnipeg et la Lakehead University de Thunder Bay, pour leur part, rendront obligatoire l’enseignement des questions autochtones à l’automne 2016. L’Université de Winnipeg, d’ailleurs, a été l’un des premiers établissements au Canada à abolir le paiement de droits de scolarité par les anciens élèves des pensionnats autochtones.

Tous ces efforts et bien d’autres sont prometteurs et laissent présager qu’on abordera de front et rapidement les appels à l’action lancés dans le rapport de la CVR. S’y ajoutent les engagements stratégiques majeurs qu’ont pris les établissements d’enseignement postsecondaire en matière d’appui à la recherche autochtone.

Les chercheurs en sciences humaines et leurs partenaires d’autres secteurs et disciplines sont dans une position privilégiée pour faciliter l’accès aux connaissances qui nous aideront à aborder la vaste gamme d’enjeux ciblés par la CVR. Les chercheurs autochtones et non autochtones ont élaboré de nouvelles règles de collaboration, remplaçant notamment la recherche réalisée « sur et pour » les Autochtones par la recherche effectuée « par et avec » eux. Grâce à ce changement de pratiques et de discours, la recherche et la mobilisation des connaissances ont grandement bénéficié du leadership des chercheurs autochtones et de leurs communautés ainsi que des partenariats établis avec eux.

«Les chercheurs en sciences humaines et leurs partenaires d’autres secteurs et disciplines sont dans une position privilégiée pour faciliter l’accès aux connaissances qui nous aideront à aborder la vaste gamme d’enjeux ciblés par la Commission de vérité et réconciliation».

Il faut souligner aussi à quel point la croissance de la recherche dans ce domaine a été impressionnante ces 15 dernières années. Le nombre élevé de communications et de colloques portant sur des questions « autochtones » dans le cadre du 84e Congrès de l’Acfas cette année illustre bien la richesse et la diversité de ces questions.

Par ailleurs, ces dix dernières années, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a attribué près de 300 millions de dollars à la recherche et à la formation en lien avec les peuples autochtones, et ce, dans de nombreuses disciplines – allant de la philosophie aux études en urbanisme.

À titre d’exemple, le CRSH a subventionné un projet mené par Élisabeth Kaine de l’Université du Québec à Chicoutimi, directrice de l'organisme à but non lucratif autochtone La Boîte Rouge vif et du groupe de recherche Design et culture matérielle. L’organisme, dont la mission est la mise en valeur du patrimoine et des cultures autochtones, a aidé dernièrement la communauté d’Ekuanitshit en accompagnant sa démarche d’inventaire, de mise en valeur et de transmission culturelle.

Les travaux de Marguerite MacKenzie, linguiste à la Memorial University of Newfoundland, sont un autre exemple digne de mention. Mme MacKenzie a été la lauréate du premier prix Savoir du CRSH, attribué en 2013, pour son projet Connaissances et ressources humaines pour le développement de la langue innue, point culminant de plus de 40 ans de collaboration avec les Cris, les Naskapis et les Innus du Québec et du Labrador pour la sauvegarde de leur langue. Ses travaux ont mené à la création du premier dictionnaire innu-anglais-français. Comptant plus de 27 000 mots, il est considéré comme le dictionnaire d’une langue algonquienne le plus complet à ce jour. Sa version Web gagne en popularité, et les applications pour iOS et Android ont été adoptées très rapidement par les jeunes.

Non seulement le CRSH se réjouit-il du travail accompli par les établissements d’enseignement postsecondaire et la communauté des chercheurs, mais il a en outre lui-même réitéré récemment son engagement envers la recherche effectuée « par et avec » les Autochtones. En 2015, dans la foulée d’échanges soutenus avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, ainsi qu’en étroite collaboration avec le Cercle consultatif en matière de recherche autochtone, le CRSH a rendu public son Énoncé de principes en matière de recherche autochtone et les ressources qui l’accompagnent, notamment la définition de la « recherche autochtone », lesquels orientent son soutien à la recherche et au développement du talent autochtones. Ainsi, les perspectives, les connaissances, les méthodologies et les approches des peuples autochtones sont maintenant dûment intégrées dans le concept d’excellence en recherche mis de l’avant par le CRSH.

«Les perspectives, les connaissances, les méthodologies et les approches des peuples autochtones sont maintenant dûment intégrées dans le concept d’excellence en recherche mis de l’avant par le CRSH».

La recherche autochtone est aussi un élément clé des domaines des défis de demain retenus dans le cadre de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada du CRSH. Sous peu, le CRSH invitera d’ailleurs sa communauté de chercheurs à se pencher sur les expériences de vie et les aspirations des peuples autochtones en lançant un concours de subventions de synthèse des connaissances à ce sujet (prévu en juin 2016).

Avec l’adoption de son nouveau Plan stratégique 2016-2020 [pdf], le CRSH s’est engagé encore davantage à reconnaître et à favoriser les différentes formes, toujours en évolution, que prend l’excellence en recherche et en formation des chercheurs – tant sur le plan de la qualité que de l’impact –, et cela en collaborant avec les établissements d’enseignement postsecondaire, les sociétés savantes et d’autres organismes.

En particulier, il s’est engagé à soutenir et à faire progresser les recherches menées par et avec les communautés autochtones du Canada. Le CRSH reconnaît aussi combien la collaboration sans égard aux frontières disciplinaires, géographiques et sectorielles est en train de transformer le contexte dans lequel s’inscrit la recherche. Compte tenu de la complexité des questions autochtones et de leurs multiples ramifications, l’essentielle contribution de perspectives pluridisciplinaires et de secteurs non universitaires à la création et à la mobilisation des connaissances s’impose d’elle-même. En résultent de nouveaux types de recherche, de formation et de mobilisation des connaissances qui tiennent compte de différents points de vue dans le processus de recherche.

Au regard des conclusions de la CVR, il va sans dire que l’élaboration de politiques reposant sur des données probantes sera une priorité incontournable dans les années à venir, et ce, afin de donner suite comme il se doit aux recommandations du rapport.

En dernière analyse, le travail accompli dans les universités et les collèges, notamment grâce au soutien du CRSH à la recherche et au développement du talent, produit les connaissances et les compétences dont le Canada a besoin pour comprendre son passé et assurer un avenir meilleur à tous. Il s’agit là d’une contribution essentielle à la quête de vérité et de réconciliation mise de l’avant par la CVR.

«Au regard des conclusions de la CVR, il va sans dire que l’élaboration de politiques reposant sur des données probantes sera une priorité incontournable dans les années à venir, et ce, afin de donner suite comme il se doit aux recommandations du rapport».

  • Ted Hewitt
    Président du CRSH
    Présentation de l’auteurTed Hewitt a été nommé président du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) en mars 2015. Auparavant, il était vice-président directeur et chef des opérations du CRSH. De 2004 à 2011, M. Hewitt a été vice-recteur (Recherche et relations internationales) à la Western University de London, en Ontario, où il était professeur de sociologie depuis 1989. M. Hewitt a effectué des recherches sur les politiques publiques au Brazil Institute du Woodrow Wilson International Center for Scholars, à Washington (D.C.). Éminent spécialiste des questions liées au Brésil, il a publié ses travaux dans des monographies, des ouvrages collectifs et diverses revues spécialisées. M. Hewitt est titulaire d’un doctorat en sociologie de la McMaster University.

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