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Maude Laliberté, Université de Montréal, Jean Nicolas, Université de Sherbrooke

"Faire prendre conscience aux organisations de tous types, la chance que représente d'avoir un doctorant, une doctorante parmi eux. À condition bien sûr de l'avoir bien préparer à un contexte qui n'est pas celui de "clone de prof" dans un milieu universitaire", de souligner Jean Nicolas en conclusion de l'entretien.

Un imposante étude : Le doctorat en question

En 2008 parait une imposante étude sur la formation doctorale intitulée Le doctorat en question; « une première initiative de cette envergure au Québec », soulignent les auteurs. Cette étude est réalisée par le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération étudiante universitaire du Québec (CNCS-FEUQ) avec l'appui de nombreux collaborateurs. Parmi ceux-ci, l'on retrouve le désormais professeur émérite de génie de l'Université de Sherbrooke, Jean Nicolas.

Pour converser avec lui autour de cette étude sept ans après, les rédacteurs invités ont proposé Maude Laliberté, une doctorante bien engagée dans son parcours, et dont les expériences professionnelles tout autant qu'académiques lui permettent de poser un regard critique et curieux sur la question.

Le présent dossier, Un doctorat.. et après?, était l'occasion parfaite de revisiter cette étude avec l'un de ses auteurs, car les enjeux abordés sont encore et toujours d'actualité, tout comme les solutions d'ailleurs. Retenons ici pour fins de réflexion, pour estimer un tant soit peu le chemin parcouru ou à parcourir, le chantier proposé en 2008 « pour les 10 prochaines » :

  • Un chantier d’envergure pour les 10 prochaines années : créer une synergie des acteurs, extrait de l'étude Le doctorat en question, p. 148, 2008.

Une pertinence :

Le défi est de taille, les impacts encore plus importants. La formation de chercheurs n’évoluera pas sans une volonté collective bien affirmée assortie de moyens correspondants. Malgré quelques initiatives louables et pour lesquelles il faut saluer ces pionniers, le Québec n’a pas fait jusque-là de la formation de chercheurs un enjeu important. Le sujet ne fait pas débat. Le Québec n’a pas emboîté le pas des réflexions importantes entreprises aux États-Unis et en Europe. Il ne s’y fait pas non plus d’expériences d’envergure impliquant plusieurs institutions et plusieurs secteurs. Le Québec n’est pas monté dans le train de première génération d’initiatives. Il lui faut mettre les bouchées doubles non seulement parce qu’il n’a pas encore bougé, mais aussi parce que certaines de ses caractéristiques propres font de l’adaptation de la formation de chercheurs, un enjeu encore plus important qu’ailleurs.

Une action d’envergure :

Pour relever ce formidable défi, la  mobilisation de ressources humaines et financières devra concourir à atteindre les objectifs suivants :

  • 1) Promouvoir l’amélioration de la trilogie formation, encadrement, qualité;
  • 2) Soutenir une concertation des acteurs : universités/professeurs ET doctorants ET employeurs ET ministères ET organismes subventionnaires;
  • 3) Fournir un tableau de bord d’indicateurs clés notamment sur l’emploi;
  • 4) Faire une veille des « bonnes pratiques » et les diffuser;
  • 5) Promouvoir et faciliter l’insertion professionnelle des jeunes chercheurs auprès des employeurs et de la société.

Ses principes :

En fonction de l’étude approfondie qui a précédé et vu les leçons que l’on peut tirer des expériences et des démarches en cours, la création et le fonctionnement de cette fondation devraient se faire selon certains principes.

Primo,  un  effort  collectif  regroupant  dans  la  réflexion  et  dans  l’action  les  principaux intervenants et nommément : les universités, les professeurs, les étudiants des 2e et 3e cycles, les employeurs, les ministères et les organismes subventionnaires. Ce sera difficile, mais c’est la condition sine qua non pour relever le défi. Ce serait d’ailleurs original par rapport aux approches en cours qui effectivement tendent à regrouper des organisations, mais surtout de type universitaire. Il s’agira plutôt dans ce principe d’un effort sociétal.

Secundo, les projets devraient être de type systémique – formation, encadrement, qualité – et s’appuyer sur une collaboration interdisciplinaire, intersectorielle et interinstitutionnelle. Il faudrait favoriser les collaborations internationales.

Tertio, la chaîne vocation formation insertion devrait être le fil conducteur des activités de la fondation.

Ses retombées :

  • Rattraper le retard et se repositionner en tête du peloton;
  • Un projet collectif emballant et concrétisant bien des souhaits répondant à des besoins clairs et importants;
  • Une visibilité accrue au niveau national et international pour nos chercheurs et un recrutement stimulé;
  • Une employabilité élargie en possibilités par des emplois de qualité;
  • S’assurer qu’on ne valorise pas seulement les technologies, mais aussi le potentiel des chercheurs de toutes les disciplines.

  • Maude Laliberté
    Étudiant·e au troisième cycle universitaire
    Université de Montréal

    Maude Laliberté, doctorante en sciences biomédicales (option bioéthique), Université de MontréalAprès quelques années de pratique clinique comme physiothérapeute, Maude Laliberté retourne aux études supérieures en 2005 pour compléter une maîtrise en sciences biomédicales tout en effectuant un certificat de premier cycle en éthique et droit. En 2009, elle est nommée professeure adjointe de clinique à l’École de réadaptation. L’année suivante, elle devient membre du bureau du syndic de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, tout en continuant à temps partiel sa pratique clinique à l’Institut neurologique de Montréal ainsi qu’à l’Hôpital Royal Victoria. Sa décision d’approfondir l’aspect bioéthique de la physiothérapie dans des études doctorales, en 2012, est étroitement liée à son expérience de clinicienne, d’éducatrice et de membre d’un ordre professionnel. Son projet de thèse propose une exploration des enjeux éthiques liés à l’accessibilité aux services de physiothérapie.

  • Jean Nicolas
    Professeur·e retraité·e
    Université de Sherbrooke

    Jean Nicolas, professeur émérite de génie, Université de SherbrookeProfesseur au Département de génie mécanique à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke durant plus de trente ans, Jean Nicolas a consacré une grande partie de sa carrière au développement d’un nouveau créneau, celui de la vibroacoustique. Il fait figure de pionnier dans son domaine et a apporté une contribution marquante dans le développement de la recherche sur la réduction du bruit en milieu industriel. Parmi ses plus belles réalisations, notons la création du Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ), du Groupe de recherche en acoustique et vibration de l’Université de Sherbrooke (GAUS) ainsi que de la Journée de la recherche à l’Université de Sherbrooke. En plus, Jean Nicolas est l’auteur de plus de 70 publications dans des revues scientifiques internationales et il s’est impliqué, au cours de sa carrière, dans divers organismes. Ce n’est donc pas un hasard s’il a reçu le prestigieux prix Bazinet pour la qualité de l’enseignement en 1991 et le prix Carrière institutionnelle en 2004.

    Dès la fin des années 1990, lorsqu’il était vice-recteur à la recherche, toujours à l’Université de Sherbrooke, Jean Nicolas se met à questionner très sérieusement la formation doctorale, constatant l’écart grandissant entre celle-ci et les différentes réalités du métier de chercheur. Il consacrera alors beaucoup d’efforts pour conscientiser la communauté de la recherche mais aussi pour expérimenter de nouvelles manières de faire, au sein même des programmes de doctorat. En 2008, il cosigne et contribue largement à la réalisation de l’imposant rapport, toujours d’actualité, Le doctorat en question, une étude du CNCS-FEUQ sur la formation doctorale.

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