Le chercheur Stéphane Plourde et ses collègues de l’Institut Maurice-Lamontagne ont produit une « image » historique – synthétisant presqu'une décennie de données – de la distribution du krill dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
[Colloque 212 - Krill du Saint-Laurent : écologie, abondance et valorisation]
Si vous êtes allé observer les baleines au Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, on vous a sûrement expliqué que c’était là leur principal garde-manger régional. En effet, on y retrouve d’importantes concentrations de krill, ces petits crustacés semblables à des crevettes. Les baleines s’en nourrissent directement, ou indirectement en mangeant ceux qui mangent aussi du krill, tels le capelan et le hareng. Mais les baleines vont voir ailleurs aussi. De fait, des chercheurs de Pêches et Océans Canada ont récemment montré qu’il y a plusieurs autres frigos potentiels pour ces mammifères marins dans les alentours. C’est une donnée importante, car ces zones d’alimentation sont cruciales à la survie des espèces en péril, notamment le béluga, le rorqual commun et le rorqual bleu.
Rassembler les connaissancesDes travaux très détaillés documentent bien l'occurrence du krill dans le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Toutefois, à l’échelle de l’écosystème du Saint-Laurent, il n’existait pas d’informations sur les autres zones abritant de fortes densités de krill. Le chercheur Stéphane Plourde et ses collègues de l’Institut Maurice-Lamontagne (Pêches et Océans Canada) souhaitaient donc obtenir une « image » historique – synthétisant presqu'une décennie de données – de la distribution du krill dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
« En général, on fait un suivi saisonnier temporel à des endroits spécifiques, mais les échantillonnages à grande échelle sont beaucoup plus rares. C'est très coûteux. La plupart du temps, pour produire une image spatiale de la distribution, on amalgame de plusieurs missions d’échantillonnage ».
Pour ce faire, les chercheurs ont récupéré de façon opportuniste des données récoltées dans le cadre de projets portant sur d’autres composantes de cet écosystème marin. Toutefois, puisque les protocoles n’étaient pas adaptés pour l’échantillonnage du krill, des biais ont du être corrigés et ce, grâce à des connaissances acquises au cours de récents travaux de recherche. Il en résulte une carte composite de l’estuaire et du golfe dans laquelle on peut observer les zones de fortes densités de krill. « L’idée est d’identifier les endroits où on retrouve du krill, ces zones d’intérêt pour les prédateurs tels que les poissons ou les mammifères marins. Ces secteurs sont donc probablement très importants au niveau écologique. »
Soutenir les espèces menacéesCes nouvelles connaissances alimenteront les travaux de recherche réalisés sur le rorqual bleu, une espèce en voie de disparition dont l’ « habitat essentiel » doit être défini selon la Loi sur les espèces en péril. « Pour certaines espèces menacées, comme la baleine bleue, le ministère doit améliorer les connaissances et l'un des éléments de base pour la gestion de ces espèces, c’était vraiment de connaître les endroits où elles vont s'alimenter. »
Selon M. Plourde, ce projet est avant tout la première de plusieurs briques qui permettront de construire des modèles mathématiques qui intègreront les travaux de plusieurs collaborateurs portant sur le krill et son écosystème. Cet effort concerté vise ainsi à évaluer l’état des stocks de krill, espèces clés dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
- Pascal Royer-Boutin
Université du Québec à Rimouski
Pascal Royer-Boutin a obtenu un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Rimouski. Aujourd’hui, il est en voie de compléter une maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à cette même université. Ses travaux de recherche dans le laboratoire du professeur Joël Bêty concernent principalement le succès de nidification des oiseaux dans l’Arctique canadien et le risque de prédation.
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