Dès l’ouverture, lors du Bar des sciences animé par Valérie Borde, journaliste scientifique de renom, les échanges fusent pour répondre à cette question ambitieuse : quelle est la valeur des savoirs scientifiques?
Des océans aux étoiles
Des océans aux étoiles en passant par des molécules chimiques, mais vertes, et allant jusqu’à l’évocation des théories antisciences les plus farfelues, la 14e édition du Forum international science et société de l’Acfas a permis à 300 étudiants venus de tout le Québec de voyager dans des univers scientifiques multiple grâce à 18 chercheurs passionnés. Un évènement interdisciplinaire, mais aussi international puisque six scientifiques français avaient notamment traversé l’Atlantique, avec le soutien du Consulat général de France à Québec, pour échanger avec ces jeunes.
Durant toute une fin de semaine, les 25, 26 et 27 octobre 2013, le Cégep Garneau à Québec a été le théâtre de débats riches et stimulants. Dès l’ouverture, lors du Bar des sciences animé par Valérie Borde, journaliste scientifique de renom, les échanges fusent pour répondre à cette question ambitieuse : quelle est la valeur des savoirs scientifiques? Un sujet à la croisée des disciplines qui a mené les étudiants à débattre d’éthique ou d’exploration spatiale, mais aussi d’éthique de l’exploration spatiale.
Mais si certains rêvaient à la découverte de nouveaux espaces, d’autres, comme Mathieu Cusson de l’Université du Québec à Chicoutimi, ramenaient vite les participants sur Terre! « On connait mieux la surface de la lune que le fond de nos océans! », rappelle-t-il. Explorer les océans, c’est justement la mission de Tara, « un projet unique qui a eu l’ambition de faire la plus complète étude planétaire du plancton », explique André Abreu, membre de cette expédition et venu, lui aussi, participer au Forum. Un engagement qu’il juge indispensable pour porter le message d’urgence écologique de la mission tara, mais surtout d’espoir, car, dit-il « nous pensons qu’il est encore possible de bien s’adapter au dérèglement climatique ou au moins de prévoir et minimiser ses impacts. Mais à condition que toute la société s’engage : sans éducation et sensibilisation des citoyens, ce sera extrêmement difficile de faire bouger les choses! »
Une collectivité d’intelligences
Entre sciences humaines et sciences naturelles; scientifiques et citoyens; micro et macro; jeunes et moins jeunes; hommes et femmes; étudiants, chercheurs et enseignants; chimistes, sociologues et astrophysiciens… Ces interactions multiples constituaient un bel exemple d’intelligence collective! « Cette forme d’intelligence, explique Raphaël Suire, professeur en économie du numérique, s’impose aujourd’hui comme un impératif. Les compétences et les regards sont des plus variés pour penser, prototyper et fabriquer des services ou produits toujours plus complexes et qu’il faut savoir rendre simple… ». L’intelligence collective était un thème de l’un des six ateliers, en compagnie de qui se de fleuves et océans, pseudosciences; chimie verte, espace et astrophysique et robotique. Autant de sujets qui ont suscité l’enthousiasme chez les étudiants : « C’est une chance incroyable de pouvoir poser toutes nos questions directement aux chercheurs! », confie un jeune homme à la sortie d'un atelier.
Après une brève présentation du sujet par les chercheurs, les cégépiens ont commenté, questionné et interpellé près de trois heures durant. Des sessions denses, mais très appréciées par les scientifiques. « Cet évènement est un bon moyen de stimuler l’esprit critique, explique Alexandre Moatti, ingénieur en chef des Mines, écrivain et éditeur scientifique, et face à une mondialisation qui touche aussi les opinions et qui les fait circuler au plus près de chacun de nous, face à des discours idéologiques ou religieux radicaux, il est bon d’apprendre à exercer son propre discernement et à réaffirmer la force de la valeur “connaissance”, ensemble en société comme pour chacun de nous, et la force contagieuse de la libido sciendi, le désir d’apprendre. »
Et les étudiants ont fait preuve de ce désir d’apprendre en posant leurs questions jusqu’aux tout derniers instants du Forum, continuant les discussions pendant les pauses et les repas. Ces moments étaient aussi l’occasion de faire de la science ludique. Les étudiants et les chercheurs ont notamment été invités à rivaliser de créativité en réalisant un bateau avec une feuille d’aluminium, embarcation qui devait rester à flot alors même que sa cargaison (de billes) ne cessait d’augmenter! Dominique Duhaut, chercheur en robotique faisait partie de l’équipe des étudiants gagnants. Il s’est dit « particulièrement surpris par la vivacité d’esprit de ces jeunes, et ce tout au long du Forum, et il a tenu à souligner “leur curiosité et la pertinence de leurs questions. Je peux partir à la retraite en toute sérénité, ajoute-t-il, la relève est assurée! ».
Dans une ambiance détendue, mais studieuse, chacun de ces ateliers a mis en présence trois chercheurs et une cinquantaine d’étudiants.
- Mathilde Hubert
Consulat général de France à Québec
Mathilde Hubert est chargée de mission science et université au Consulat général de France à Québec. Elle s’intéresse tout particulièrement aux enjeux de la communication scientifique et au traitement médiatique des sciences.
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