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Clémence Cireau, Stagiaire en journalisme scientifique
Le gouvernement canadien annonçait, le 19 avril 2012, le report de 65 à 67 ans, de l’âge de la retraite, dès 2023. Mais cette mesure, qui risque de pénaliser certains travailleurs, était-elle nécessaire?

7 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – « Si les gens qui ont 50 ans aujourd’hui ont le même comportement que ceux qui avaient 50 ans en 2009, ils travailleront en moyenne 16 ans de plus : s’ils ne font pas d’interruption, ils resteront actifs jusqu’à 66 ans », affirme Yves Carrière, de Ressources humaines et développement des compétences Canada. Selon lui, le recul de l’âge de la retraite ne montre aucun ralentissement. C’est une tendance lourde.

Dans ce contexte, les politiques publiques de report de l’âge de la retraite seraient superflues. Et elles risquent de pénaliser certains travailleurs. « Augmenter l’âge donnant droit à des prestations de retraite risque d’affecter plus durement certains travailleurs plus exposés à la maladie ou aux pertes d’emploi », ajoute Yves Carrière.

Le chercheur participait au colloque Le vieillissement démographique : de nombreux enjeux à déchiffrer.

Des statisticiens, des économistes et des spécialistes de la gestion et des ressources humaines se sont retrouvés autour du thème « À quand la retraite?»

Yves Carrière avoue avoir de « la difficulté à imaginer que cette tendance va changer, compte tenu de la couverture des régimes de retraite à prestations déterminées qui tendent à diminuer, les taux de rendement, l’endettement des ménages et le fait que le marché du travail va être plus serré ».

D’autres facteurs jouent aussi. Ainsi, Pierre Lefebvre, de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, a analysé les Enquêtes sociales générales sur la retraite et les travailleurs âgés, réalisées en 1994, 2002, et 2007. Selon lui, les raisons qui ont poussé les interrogés à prendre leur retraite sont principalement les problèmes de santé et les différentes politiques de départ à la retraite dans les entreprises. Or les travailleurs sont en général en meilleure santé, et les politiques de mises à la retraite n’ont plus cours.

Outre les incitatifs financiers et les problèmes de santé, plusieurs facteurs personnels poussent les travailleurs à partir à la retraite. Plus on commence à travailler tard, plus on repousse son âge de départ, note Benoît-Paul Hébert, du même ministère. Plus on a d’interruptions dans sa carrière, plus la retraite est tardive. Le fait d’être célibataire, séparée, divorcée ou veuve, diminue le risque de départ à la retraire de 20 % pour les femmes de chaque tranche d’âge. Ou la possibilité d’avoir des enfants. Par contre, Benoit-Paul Hébert souligne que la perte d’un conjoint augmente de 65 % le risque de départ à la retraite.

Autre tendance lourde, le retour sur le marché du travail après un premier départ à la retraite. Pierre Lefebvre constate notamment une augmentation très nette chez les hommes de 1994 à 2007. Et en majorité chez les 55-60 ans. Les raisons financières sont encore une fois la motivation principale. Mais également, le sentiment d’être inutile en n’étant plus sur le marché du travail. « Dans le fond, ils se rendent compte qu’ils s’ennuient à la retraite », explique-t-il.


  • Clémence Cireau
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Clémence Cireau part durant sa dernière année de licence en information et communication à l’Université de Bordeaux, en échange au Québec. Elle y réalise alors une maîtrise en journalisme scientifique à l’Université Laval. Elle a travaillé pendant deux ans à la Chaire de journalisme scientifique de l’Université Laval. Désormais, elle écrit des articles en journalisme scientifique, en parallèle de son poste d’adjointe de direction au sein du magazine Médecine Sciences Amérique.

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