René Doyon
Le prix Acfas Urgel-Archambault 2017, pour des travaux en sciences physiques, mathématiques, informatique et génie, est remis à René Doyon, professeur au Département de physique de l’Université de Montréal.
Entrevue vidéo avec le lauréat au 73e Gala de l'ACFAS.
La vie existe-t-elle ailleurs que sur Terre? Sommes-nous seuls dans l’Univers? Ces questions enflamment encore et toujours l’imaginaire collectif. Pourtant, les scientifiques n’ont jamais été aussi proches d’une réponse. En effet, si la découverte d’une vie extraterrestre ne relève plus de la science-fiction, c’est en partie grâce au travail du lauréat qui, avec patience et conviction, consacre ses recherches à ce projet, tout en enrichissant au passage la science des découvertes qui parsèment ce chemin.
Le parcours de René Doyon est une belle étoile filante. La piqûre pour la physique, il l’a eue très jeune. Débutant par des études à Thetford Mines, il poursuit à l’Imperial College à Londres où il termine son doctorat en 1991. Il se joint ensuite au groupe d'astrophysique de l'Université de Montréal en tant que stagiaire postdoctoral. Pionnier de l’instrumentation pour l’exoplanétologie, il s’intéresse particulièrement à l’astronomie infrarouge. Il s’agit d’une contribution fondamentale à l’avancement des connaissances puisque, dans plusieurs domaines de la science, le développement de nouveaux instruments est un passage obligé vers de nouvelles découvertes. Pratiquement tout astronome qui a eu recours à des observations infrarouges au cours des vingt dernières années a bénéficié du travail du lauréat. Avec son équipe, il a réalisé et construit de toutes pièces des instruments, et mis au point des techniques uniques, utilisés à l’Observatoire du Mont-Mégantic et sur plusieurs grands télescopes au sol tels que le télescope Canada-France-Hawaii (CFH) et les télescopes Gemini.
Ces nouvelles approches du ciel ont mené à la découverte en 2008 du premier système planétaire multiple (HR 8799) par imagerie directe à haut contraste et à la première image d’un tel système situé à l’extérieur de notre système solaire. Cet exploit scientifique, qui a fait le tour du monde et la une de nombreux médias, récompense dix années de travail acharné et place le Québec dans la course à la découverte des exoplanètes.
Le lauréat ne s’arrête pas à ce succès. Faisant preuve d’un leadership scientifique et technologique sur le plan national comme international, il permet au Canada de jouer un rôle de premier plan dans le développement instrumental du plus grand télescope spatial jamais construit, James Webb, successeur du célébrissime Hubble. La caméra infrarouge NIRISS (Near-InfraRed Imager and Slitless Spectrograph) sera capable d'enregistrer le spectre de l'atmosphère d'une exoplanète pour y déceler les molécules et les atomes qui la composent. NIRISS pourrait également parvenir à détecter « les premières lumières de l'Univers », c'est-à-dire la lumière provenant des étoiles situées dans les toutes premières galaxies formées après le Big Bang
Avec toujours en toile de fond l’espoir de découvrir la vie hors du système solaire, le lauréat a mis sur pied en 2015 l'Institut de recherche sur les exoplanètes (iREx), dont il est le leader scientifique et le premier directeur. Cet institut, l'un des plus grands centres de recherche dans le domaine de l’astrophysique au monde, a quatre objectifs : se positionner comme un pôle mondial de la recherche sur les exoplanètes; stimuler le développement technologique et les collaborations internationales; promouvoir le développement de l'astrophysique ainsi que la culture scientifique auprès du grand public; assurer une formation scientifique de haut niveau. En effet, tout en investissant une très grande énergie dans la conception et la réalisation d’instruments à la pointe de la technique, René Doyon a toujours mis un point d’honneur à former une génération de jeunes chercheurs dans son Laboratoire d'astrophysique expérimentale (LAE).
Pédagogue et mentor engagé auprès de la relève, il a formé plusieurs scientifiques reconnus comme leaders dans le domaine. Christian Marois, par exemple, a conduit à la découverte du système HR8799 et reçu de la Société royale d’astronomie du Canada et de la Société canadienne d’astronomie la médaille Plaskett pour sa thèse. David Lafrenière, quant à lui, a développé le cadre mathématique rigoureux utilisé actuellement pour presque toutes les images de détection des planètes et appliqué ces techniques à une série de publications très bien reçues par les pairs. .
Celui, qui, adolescent, rêvait de travailler un jour à l’observatoire du Mont-Mégantic en est non seulement devenu le directeur mais a également su se tailler une réputation internationale dans le domaine de l’astrophysique.