Le prix Acfas Pierre-Dansereau 2017, pour l’engagement social, est remis à Louise Potvin, professeure titulaire en médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Entrevue vidéo avec la lauréate au 73e Gala de l'ACFAS.
Et si la santé était une affaire collective? Et si plus de médicalisation n’était pas la solution? Prendre en compte les milieux de vie pour ajouter de la santé à la vie, voilà la troisième révolution en santé publique, émergeant dans les années 1980. C’est là que s’inscrivent les travaux de la lauréate qui, depuis plus de 30 ans, s’intéresse aux déterminants sociaux de la santé. Chercheuse socialement engagée, n’économisant ni son temps ni son énergie, elle a mis sa carrière et sa recherche au service de sa société en remuant les pratiques individuelles et collectives, et en travaillant de près avec les décideurs de la santé publique.
Accroître l’équité sociale en matière de santé. C’est dans cette perspective que Louise Potvin débute sa carrière dans les années 1980. Après une maîtrise en psychologie à l’Université Concordia et un doctorat en santé communautaire à l’Université de Montréal, elle mène une recherche engagée socialement sur des sujets qui touchent les citoyens dans leur vie quotidienne et dans leurs actions.
Dès le début des années 1990, en s’impliquant dans le développement d’un projet de recherche sur la prévention du diabète dans la communauté de Kahnawake, elle codirige un des programmes de recherche et d’intervention les plus fructueux pour la santé des populations autochtones au Canada. Avec cet élan, les populations autochtones sont désormais intégrées à différentes étapes de la recherche.
Son engagement pour améliorer les conditions de vie des populations démunies ne se limite pas aux communautés autochtones. Elle a de fait conduit des projets de recherche, avec l’implication des acteurs locaux, dans des quartiers défavorisés de Montréal et des favelas des grandes villes brésiliennes. Elle a mobilisé l’expérience et l’implication des communautés afin de faire avancer considérablement la recherche.
Elle a documenté les initiatives locales, portées en partie par les citoyens, et qui concourent à la promotion de la santé de la population. Par cette approche, Louise Potvin a pu éclairer la façon dont les actions des décideurs publics en général et de la santé publique en particulier produisent des transformations durables dans les milieux de vie lorsqu’elles s’articulent avec l’action citoyenne. Afin de promouvoir ces actions et d’en assurer le financement par les pouvoirs en place, elle a, au cours de sa carrière, participé bénévolement à de nombreuses initiatives, conseils et comités. Le tout sans faire de compromis sur les fondements scientifiques de son évaluation, mais en coopération avec les intervenants.
Sur le plan national, Louise Potvin a eu un impact considérable sur la formation de l’actuelle génération de leaders dans le domaine de la santé publique. Depuis 2004, elle est directrice scientifique du Centre de recherche Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé de Montréal. Elle est également membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé, coprésidente de l’Initiative canadienne de recherche interventionnelle en santé des populations et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les approches communautaires et les inégalités dans le domaine de la santé (CACIS). Sous sa direction, elle a regroupé un réseau de scientifiques prêts à travailler à améliorer le sort de ceux qui vivent dans la pauvreté ou qui font face à d’autres formes de marginalisation.
Travaillant notamment en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, les États-Unis et la France et possédant un intérêt marqué concernant les travaux provenant d’Afrique ou d’Amérique latine, le rayonnement de Louise Potvin dépasse largement les frontières nationales.
Si on déplore souvent qu’en santé publique la productivité scientifique ne suive pas toujours le travail sur le terrain, Louise Potvin est certainement un contre-exemple marquant puisque ses publications – plus de 150 articles de recherche dans des revues avec comités de pairs, plus de 60 chapitres dans des anthologies, 8 ouvrages collectifs, 10 numéros spéciaux de revue ainsi que plus de 200 communications dans des conférences nationales et internationales – ont contribué de façon importante à légitimer et institutionnaliser les pratiques d’application intégrée des connaissances dans les programmes de financement de la recherche.