Le prix Acfas Michel-Jurdant ex aequo 2017, en sciences environnementales, est remis à Michèle Prévost, professeure titulaire au Département des génies civil, géologique et mines de Polytechnique Montréal.
Entrevue vidéo avec la lauréate au 73e Gala de l'ACFAS.
L’eau recouvre la surface de la Terre à 75 %, mais moins de 1 % de cette eau est douce et liquide, et pas toujours potable. La protection des sources, le traitement et la distribution des eaux potables deviennent alors un des enjeux cruciaux pour notre civilisation mondiale surpeuplée. Voilà où baignent les travaux de la lauréate à qui l’on reconnait une contribution remarquable aux solutions de traitement tout comme à l’élaboration de normes de potabilité. Pour ce faire, elle rallie des connaissances venant de la microbiologie, de la chimie tout autant que du génie civil et des sciences environnementales. L’originalité de ses travaux réside dans le développement de liens durables entre scientifiques, utilisateurs des résultats de la recherche et organisations développant des technologies innovatrices.
Affiliée au Département des génies civil, géologique et mines de Polytechnique Montréal depuis 1992, Michèle Prévost est une experte de renommée internationale en traitement et distribution des eaux potables. Ses travaux de recherche portent notamment sur la désinfection, le traitement des contaminants émergents (toxines algales et composés pharmaceutiques), la caractérisation des risques, la protection des sources, ainsi que sur la qualité de l’eau dans les réseaux de distribution, dont le contrôle de la légionelle.
Les travaux de la titulaire d’une chaire industrielle CRSNG en traitement des eaux potables s’articulent plus précisément autour de trois thèmes : la caractérisation des risques et la protection des sources d’eau potable; le développement et l’intégration de procédés novateurs de traitement d’eau potable; et la qualité de l’eau potable dans les grands bâtiments et les réseaux de distribution. Pour réaliser ces travaux, elle collabore régulièrement avec des universitaires de Belgique, de France, du Brésil, des Pays-Bas, d’Australie et des États-Unis.
La professeure Prévost a été la première à établir une chaire industrielle en partenariat avec des municipalités, et ce dès 1992. Les municipalités sont responsables de la production et de la distribution de l’eau potable au Canada, et elles en sont des actrices de premier plan en innovation technologique. Leur implication a permis à la lauréate de mener une recherche appliquée menant à des solutions efficaces et économiquement optimisées, et surtout d’assurer l’application rapide des résultats de la recherche au bénéfice des citoyens. Dans ce secteur, ses travaux ont donc des retombées qui se calculent non seulement en impacts financiers, mais aussi en bénéfices pour la santé publique. À titre d’exemple, ses travaux ont permis de confirmer le choix de filières vertes de traitement minimisant l’utilisation de produits chimiques et les rejets dans les usines de filtration de plus de 25 municipalités. À la seule Ville de Montréal, le développement de filières innovatrices de traitement a mené à des économies de capitalisation de plus de 20 M$ en plus de minimiser les coûts d’exploitation et la production de déchets.
De plus, les travaux de la chercheuse permettent de faire progresser l’état des connaissances pour faire face aux défis posés par les contaminants émergents dans l’eau potable, dont la présence est exacerbée par les changements climatiques. Ses travaux récents ont proposé des solutions concrètes aux enjeux liés à l’augmentation des toxines algales et à la présence de traces de produits pharmaceutiques et perturbateurs endocriniens dans l’eau potable.
Une autre retombée des recherches de la lauréate est l’incidence directe sur la réglementation sur la qualité de l’eau potable. Concrètement, ses recherches contribuent à l’élaboration de nouvelles directives, politiques et stratégies de plusieurs paliers gouvernementaux au Québec, au Canada et à l’international.
Michèle Prévost contribue également au dynamisme du Québec et du Canada par la formation de chercheurs de haut niveau dans le domaine du traitement et de la distribution d’eau potable. La formation de personnel hautement qualifié possédant des expertises en génie civil, chimique et des matériaux, en microbiologie, chimie, aménagement et sciences environnementales constitue l’une de ses plus importantes contributions à la société québécoise. En effet, les dizaines de diplômés formés par la professeure Prévost œuvrent aujourd’hui dans l’industrie des technologies environnementales, dans des firmes de génie-conseil, des organismes provinciaux et fédéraux, des municipalités, des organismes internationaux renommés, ainsi que dans plusieurs institutions de recherche et d’enseignement.