Maxime Fortin
Le prix Acfas IRSST – Doctorat 2017 a été remis par l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) à Maxime Fortin, inscrit au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal.
La majorité des gens a déjà vécu une situation dangereuse pour sa sécurité ou celle d’un proche. Une telle situation est habituellement source de stress intense; un mécanisme naturel utile à la survie. Toutefois, pour certaines personnes, l'événement traumatique et le stress associé laissent une trace indélébile à la mémoire. Ceci peut mener à développer plusieurs symptômes psychologiques. Les principaux comprennent un sentiment de revivre l'événement traumatique, du stress intense dans des situations rappelant l'événement traumatique, mais n'étant plus dangereuses et l'évitement de rappels externes (comme des lieux) ou internes (des souvenirs) associés à l'événement traumatique. On parle alors du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ce trouble entraîne de sévères répercussions sur la vie quotidienne. Il peut altérer, par exemple, la capacité des individus à travailler, augmentant par le fait même l’absentéisme au travail et les frais d’indemnisation.
On pourrait croire que le TSPT concerne uniquement les militaires ou les policiers. Il n’en est rien. Les évènements traumatiques peuvent prendre de nombreuses formes et affectent un nombre important d'individus de la population générale, par exemple lors d'accidents de travail, d'accidents de la route ou d'actes criminels.
Plusieurs thérapies existent actuellement pour le TSPT. Parmi celles-ci, la thérapie cognitivo-comportementale est la plus validée scientifiquement et la plus recommandée par les organismes gouvernementaux et de santé. Toutefois, elle comporte certaines limites qui mériteraient d'être palliées. De fait, elle présente des taux d’abandon de 20 à 30% et de non-réponse au traitement pouvant dans certains cas atteindre 50%.
Maxime Fortin, étudiant au doctorat en psychologie à l'UQAM sous la supervision des Drs Ghassan El-Baalbaki et Christophe Fortin et affilié au Centre d'étude sur le trauma de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, travaille sur un projet proposant d'optimiser la thérapie cognitivo-comportementale par l'étude d'un nouveau format adapté aux besoins individuels. Ce format comprend un nombre de séances flexibles et prend compte des problèmes connexes, tels les troubles du sommeil et la dépression majeure. Pourquoi tenir compte des problèmes connexes? Car ils sont présents chez environ 83% des individus en TSPT et peuvent agir comme entrave au traitement s'ils ne sont pas traités également. Ce projet est novateur puisque les études existantes à ce jour se sont plutôt centrées sur un format non flexible de la thérapie comprenant un nombre limité de séances (habituellement 12) et sans « module » spécifique pour traiter les problèmes connexes au TSPT.
La thérapie cognitivo-comportementale « flexible », sur laquelle le lauréat effectue sa recherche, consiste en des séances hebdomadaires de 90 minutes sur une période de 8 à 32 semaines, administrées en fonction des besoins individuels. Elle comprend les éléments de base de la thérapie auxquels sont ajoutées des stratégies visant l’amélioration des problèmes connexes : enseignement de la régulation émotionnelle, stratégies ciblant les symptômes dépressifs, amélioration de l’hygiène du sommeil, amélioration du soutien social et gestion des stresseurs. Les impacts sur le niveau de qualité de vie ainsi que sur les problèmes connexes seront évalués, et le lauréat s’attend à ce qu’ils soient supérieurs à ceux d’une thérapie cognitivo-comportementales classique. Il est également attendu que le format flexible permette de diminuer les taux d'abandon et de non-réponse au traitement puisque le traitement sera adapté aux besoins spécifiques de chaque individu.
Les avancées de ce projet novateur, ancré dans la pratique clinique et la réadaptation et développé par l'équipe de recherche du Dr Stéphane Guay, directeur du Centre d'étude sur le trauma et également professeur titulaire à l'école de criminologie de l'Université de Montréal, présentent le potentiel d'avoir des retombées concrètes auprès des travailleurs ayant développé un TSPT. L'étude sur laquelle travaille le lauréat permettra de déterminer les paramètres d’efficacité de cette thérapie et d’éclairer les cliniciens et cliniciennes sur les stratégies à privilégier avec des individus présentant un TSPT et des problèmes connexes. Les résultats de cette étude seront bénéfiques à la fois aux travailleurs, aux employeurs et aux organismes d'indemnisation. Cette étude est financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).