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Prix Denise-Barbeau 2017 : Éric Tamigneaux
Recherche au collégial

Éric Tamigneaux

Cégep de la Gaspésie et des Îles

Le prix Acfas Denise-Barbeau 2017 pour la recherche au collégial est remis à Éric Tamigneaux, professeur à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec du Cégep de la Gaspésie et des Îles, et chargé de projet sénior à Merinov, un centre collégial de transfert de technologie, appelé aussi le CCTT des pêches. 

Entrevue vidéo avec le lauréat au 73e Gala de l'ACFAS.

Faire le tour de la Gaspésie, c’est flâner sur les plages de galets, et s’étonner de la verte laitue de mer et des interminables laminaires brunes. Mais de la peinture aux électrodes, des fertilisants aux plats préparés, ces algues habitent désormais d’autres lieux que la mer. Et pour réussir ce passage, il faut les cultiver, pratiquer l’algoculture. Et c’est là que se mouille le lauréat. Formé en aquaculture, des pétoncles aux ombles de fontaine, on le reconnait d’abord comme le grand spécialiste de l’écologie des algues d’eau froide. Son expertise scientifique, tant théorique qu’appliquée, tout comme son talent de rassembleur, sont au service des entreprises, des ministères, des universités, et bien sûr au service des étudiants dont ceux en techniques d’aquaculture du  Cégep de la Gaspésie et des Îles. « L’enseignement mène à la découverte, et la découverte se doit d’être transmise », se plait-il à dire.

Dès sa thèse de doctorat (1996), Éric Tamigneaux se met les pieds à l’eau. Il travaille alors sur la dynamique des assemblages planctoniques sur quatre sites d’élevages expérimentaux de pétoncle géants, Placopecten magellanicus, répartis le long de la baie des Chaleurs. L’objectif des équipes auxquelles il est associé, soit celles de Louis Legendre et John Himmelman de l’Université Laval, vise à caractériser les particules alimentaires disponibles aux pétoncles d’élevage à l’étude. Résultats : la publication de modèles conceptuels originaux décrivant les changements dans la dynamique saisonnière de ces communautés planctoniques. Sa carrière était bien lancée.

En 2002, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Éric Tamigneaux se voit confier l’analyse de douze sites gaspésiens d’intérêt maricole. Il y compare le potentiel biophysique des lieux; des connaissances indispensables au développement de l’industrie de la mariculture. 

De 2002 à 2003, il coordonne le programme Élevage expérimental en cage marine d’omble de fontaine dans la baie de Gaspé, une initiative conjointe du MAPAQ et de la Société de développement de l’industrie maricole (SODIM) à laquelle participe le CCTT des pêches. Le lauréat contribue à dresser le tout premier portrait détaillé de l’hydrodynamisme et des communautés benthiques et planctoniques de la baie de Gaspé. L’expérience acquise est intégrée dans les cours du DEC en techniques d’aquaculture du Cégep. 

De 2003 à 2008, il participe, avec des chercheurs du MAPAQ, de l’ISMER, du MPO et de l’Université de Dalhousie en Nouvelle-Écosse, à un programme de recherche sur les interactions entre une activité de mariculture et son écosystème récepteur. Dans cette même période, il agit comme chercheur principal d’un programme visant l’optimisation de la méthode du boudinage (placement de jeunes moules dans des filets tubulaires) mécanisé de la moule bleue (Mytilus edulis) pour les mytiliculteurs gaspésiens. Au terme de l’étude, les entreprises mytilicoles ont accueilli avec empressement ces informations vitales pour leurs activités d’élevage. 

Au fil d’échanges professionnels et de rencontres scientifiques, Éric Tamigneaux a progressivement pris conscience du potentiel d’innovation et de développement économique des macrophytes marines d’eau froide. De ce fait, entre 2006 et 2013, il a convaincu ses collègues d’axer leurs travaux sur la culture d’algues brunes, rouges et vertes, dont Saccharina longicruris, Palmaria palmata et Ulva lactuca. Le but ultime : acquérir la maîtrise des techniques d’algoculture. Il fallait surtout réussir à les adapter aux espèces, au climat et au marché québécois. Pour ce faire, M. Tamigneaux s’est entouré de collaborateurs québécois, américains, français et irlandais.
 
Ainsi, les efforts de M. Tamigneaux et de son équipe sur la culture d’algues ont permis, entre autres, d’optimiser le calendrier de culture et la profondeur de culture en mer, de documenter l’effet de la densité de culture, de documenter les taux de croissance, etc. À la suite de différents essais et d’améliorations apportées, les rendements de culture de la laminaire à long stipe dans la baie des Chaleurs sont passés de moins de 1 kg par mètre de filière en 2006 à plus de 12 kg par mètre en 2012. Avec des résultats aussi concrets, M. Tamigneaux a piqué la curiosité des mariculteurs et de plusieurs producteurs de moules et de pétoncles. En 2013, les techniques de production de laminaires mises au point au Cégep ont été transférées avec succès dans une entreprise et depuis 2017, ce ne sont pas moins de 4 entreprises qui se sont lancées dans la production et la valorisation des algues de culture au Québec, ce qui constitue l'émergence d'une toute nouvelle filière industrielle. 

Le lauréat est aujourd’hui titulaire de la Chaire de recherche industrielle dans les collèges du CRSNG en valorisation des macroalgues marines, qui s’appuie notamment sur six entreprises – InnoVactiv, Pro Algues Marines, Organic Ocean, Fermes Marines du Québec, SCF Pharma et
Biotaag International. En plus de stimuler et de coordonner des projets de recherche appliquée, cette Chaire offre un soutien scientifique et technique aux industriels, et propose de la formation aux entreprises et aux étudiants. De ce côté, il accueille des stagiaires de niveau technique et à la maîtrise, en provenance d’Espagne comme de l’Islande, et collabore avec le Centre d’initiation à la recherche et au développement durable du Cégep en supervisant des projets d’étudiants.

Adepte de la communication vulgarisée, il présente périodiquement les résultats de ses travaux dans des ateliers destinés aux étudiants, aux industriels et aux scientifiques internationaux. À l’international, les résultats de ses projets sont transmis aux utilisateurs par des rapports techniques, des conférences et des séminaires spécialisés en concordance avec le mandat des chercheurs collégiaux.